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   - La Chronique critique du Théâtre à Paris - 
         Sommaire / Editorial

         

             Magazine du Spectacle vivant ...
   

       
ANDRE LE MAGNIFIQUE

     

***

       

         

   

Théâtre Tristan Bernard

  

Mise en scène:

Isabelle Candelier

Loïc Houdré

Patrick Ligardes

Denis Podalydès

Michel Vuillermoz

Rémi De Vos

  

avec

Isabelle Candelier

Loïc Houdré

Patrick Ligardes

Jean-Luc Porraz

Michel Vuillermoz

                                

       

       

           

   

ANDRE LE MAGNIFIQUE

  

          Voyant cette pièce après plusieurs mois d’une renommée enthousiaste grandissante, quelques idées acquises pouvaient néanmoins faire écran: Ainsi il s’agirait d’une troupe de mauvais comédiens qui au fur et à mesure de la répétition catastrophique d’une pièce, progressent dans l’absurde et le ridicule. Par ailleurs des extraits vus à la télévision renforçaient cette impression de burlesque navrant!....

          Mais la rumeur persistait donc de plus en plus intense: Cette pièce serait l’un des plus grands succès de la Saison 97-88, et elle se joue au Tristan Bernard. Ce théâtre discret à quelques pas de la gare Saint Lazare a en effet acquis en quelques années, une réputation de découvreur, hors des sentiers tracés.

          Donc Basta pour « André le magnifique ».....et résultat de la soirée: « C’est génial!....Oui c’est génial de la première à la dernière seconde ». En outre les comédiens semblent jouer avec la fraîcheur originelle de la création, ce qui n’est pas la moindre des performances!....

          Dès les premiers instants, il est possible d’observer que l’enjeu se situe délibérément dans la confrontation entre la France des champs et la France des villes, entre la France des traditions et celle du modernisme avancé....bref ces comédiens qui signent ensemble l’écriture, la mise en scène, et l’interprétation se révèlent être les enfants légitimes de Jacques Tati, celui de « Jour de fête », celui qui a su fédérer immédiatement tous les spectateurs par la perception d’une sensibilité de terroir qui s’éveillerait à l’ambition instinctive du progrès culturel!....

          Beaucoup de bonne volonté, de candeur et de naïveté s’entremêlent avec les fils de la notoriété condescendante! Où se trouve réellement la compétence et la connaissance de la représentation théâtrale? Qui du fat ou du naïf pourra tirer son épingle du jeu?

          C’est, imprégnés d’une sensibilité délibéremment rustaude, éloignée de toute connotation « franchouillarde », que ces comédiens issus majoritairement du Conservatoire et de la Comédie Française ont élaboré en commun l’histoire de ce couple rural dont les aspirations théâtrales vont susciter le recours aux services d’un comédien nationalement renommé ainsi qu’à ceux d’un veilleur de nuit qui fera office opportunément de souffleur.

          Un 5ème personnage, homme à tout faire de son état, et nécessaire en l’occurence à la figuration jouera le rôle de la mouche du côche, en affichant ostensiblement une débilité légère, supérieure à la moyenne supportable!....

          Ce cocktail fonctionne alors avec une sensibilité émotionelle irrépressible grâce à une interprétation enracinée dans le caractère profondément humain des personnages, livrés avec la vérité brute, celle où le 2ème degré ne peut être dévolu qu’à la part active du spectateur!....

          Tous ces petits gestes d’attention, d’intention que le quotidien secrète au sein des projets les plus exaltants façonnent cette humanité abyssale des personnages qui déclenchent en retour la compassion et l’attachement du spectateur. Ceux-ci ne se moquent pas, car ils savent délibérément qu’une partie d’eux-mêmes, sans doute la plus sincère, se trouve ainsi exposée à vif sur scène. Un spectacle irrésistible appelé aux plus hautes récompenses!....

  

Theothea le 11/02/98

  

   

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