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 Sommaire / Editorial     Toutes nos  Critiques  2002 - 2003

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 - Le Théâtre à Paris -

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7ème  Saison     Chroniques   07.31   à    35      Page  93

 

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PROMETHEE ENCHAÎNE

d'  Eschyle

mise en scène      Stéphane Braunschweig

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de Gennevilliers

Tel: 01 41 32 26 26 

 

La mise en scène de ce "Prométhée enchaîné" créée en 2001 au TNS de Strasbourg par son nouveau directeur Stéphane Braunschweig et reprise aujourd'hui au théâtre de Gennevilliers, est résolument technologique!...

Ainsi dans une pénombre sidérale, un vaste plateau circulaire donne-t-il à observer en trois dimensions, large écran video, table de torture futuriste, tout en mettant les dieux et leurs contradicteurs en orbite virtuelle autour de leur destin et celui de l'humanité!...

Pour avoir offert aux hommes le feu et par conséquent l'accès aux sciences, Prométhée se voit condamné par Zeus à une lente agonie de souffrances qui devient pour Eschyle l'objet d'une problématique mythique: "Est-ce que c'est bien de faire du bien aux hommes ?".

A partir de cette question sceptique, Stéphane Braunschweig s'interroge sur les motivations de la bonté ainsi que sur le concept de transgression et celui de capacité à modifier les lois de la vie!...

En soixante-quinze minutes, un spectacle envoûtant réinvente un golgotha où le supplice est infligé non pour racheter la faute originelle des hommes mais pour punir la miséricorde d'un Titan ayant divulgué le chemin de la connaissance!...

Les six comédiens jouent avec le feu mythique dans un ailleurs indifférencié en pleine osmose avec des forces audiovisuelles adaptées au monde contemporain.

Theothea  le 19/11/02

68 SELON FERDINAND

de  Philippe Caubère

mise en scène    Philippe Caubère

 Choix des Chroniques ****

Théâtre du Rond-Point

Tel: 01 44 95 98 00 

   Théâtre du Rond-Point 
 Le site web

Faute d'être devenu le nouveau "Gérard Philipe" en interprétant un désastreux Lorenzacio à Avignon, Caubère (Philippe malgré tout) se retourne depuis trente ans sur un matériau fulgurant et visionnaire qu'il a improvisé en 1980 en réaction à cet échec, produisant cent cinquante heures de vidéo et créant à l'époque une première synthèse initiale sous le nom de "La danse du diable".

Dans un deuxième temps, les onze épisodes du "Roman d'un acteur" virent le jour après une réécriture faisant de sa vie son sujet d'étude exclusif et donnant suite à une nouvelle improvisation plus structurée.

Mais depuis le comédien rongeait son frein, s'en voulant de ne pas avoir osé monter et montrer sa création originelle in extenso sortie de l'urgence fantasmatique à survivre à l'adolescence!...

Aussi s'interdisant tout autre projet et souhaitant mener à terme l'objectif faramineux du début, voici aujourd'hui le deuxième chapitre de "L'homme qui danse" sous le nom de "68 selon Ferdinand" faisant suite à "Claudine et le Théâtre" et précédant en 2004 l'ultime chapitre qui sera subdivisé comme les autres en deux spectacles, ce qui en fera six au total et bouclera théoriquement l'ensemble de l'oeuvre!...

" Il y a forcément une fin, dit Véronique Coquet, sa compagne. Il n'y a plus rien dans les boîtes. Tout ce qui a été écrit aura été joué. Il va être libéré de tout ça. "

Cependant nous n'en sommes pas là, bien au contraire car au théâtre du Rond Point reparti pour un nouveau cycle d'aventures sous la vigilance de Jean-Michel Ribbes, Octobre 68 et Avignon 69 alternent en cette fin 2002 dans une cure de jouvence où Philippe Caubère semble tirer le fil d'une pelote sans fin et pour cause!...

Oui bien entendu, il s'agit d'une psychanlyse, celle de Philippe bien sûr, mais surtout celle du théâtre au travers d'une époque, celle des générations du baby-boom qui sont loin, très loin d'en avoir fini avec les démons et les anges de cette fameuse révolution socio-culturelle occidentale!...

Alors il y "Octobre" qui sert de découverte et d'apprentissage à l'expression corporelle avec à la clef, la notion de transgression et son cortège d'aberrations!...

Cependant le comédien n'est jamais aussi bon que quand il interprète une foultitude de personnages, prenant à tour de rôle leurs poses et leurs mimiques et c'est pourquoi nous aurons une préférence pour "Avignon", car s'y croisent une "bande de jeunes" en plein délire politico-culturel et c'est rien de dire que Caubère s'y donne à coeur de joie d'en asséner un portrait, ô combien surréaliste!...

Et puis surtout, la deuxième partie de ce spectacle se transforme en apothéose onirique, projettant en un futur prochain, un regard attendri sur les acteurs d'une époque disparaissant tour à tour d'un manège que l'on avait appris à aimer!... Séquence émotions!...

Que Philippe Caubère en soit remercié à la mesure du risque pris à se livrer ainsi corps et âme!...

Theothea  le 21/11/02

LE DINDON

de  Georges Feydeau

mise en scène    Lukas Hemleb

 Choix des Chroniques ****

Comédie Française

Tel: 01 44 58 15 15 

   

 Photo Lot 
 Comédie Française 
 Le site web

 

Pour sûr que la mise en scène de Lukas Hemleb va faire école, car renforcer la farce par une interprétation virevoltante mâtinée de Kung Fu (sous la direction de Fabio Jambro), voilà bien une idée décoiffante en parfaite adaptation contemporaine avec l'esprit de Feydeau!...

Chacun dans le cadre de son emploi, tous se sont initiés au rythme des cascades de salon afin que dans une montée en puissance graduelle, le final s'approche d'un véritable feu de rires qui ne doivent rien à l'artifice!...

En effet dans le troisième acte, les gags, maladresses et autres malentendus s'enchaînent peu à peu à une telle vitesse qu'il n'est plus temps de chercher le pourquoi du comment, mais bel et bien de profiter de l'instant présent pour déguster la performance comique!...

En tête du bataillon, citons d'emblée Laurent Stocker qui tel un contorsionniste surprend par son exploit sans cesse réitéré à dégoupiller Rédillon!...

A l'autre extrémité du spectre, Florence Viala "classieuse" en diable affiche une superbe Mme. Vatelin s'essayant avec perfidie au style déluré b.c.b.g.!...

Que l'adultère ait été au centre du fantasme bourgeois en cette fin de XIXème, que sa transgression eût été à la source de toutes les turpitudes affriolantes, voilà ce que l'entendement du XXIème siècle est à même de s'imaginer avec compassion, mais pour en rire franchement encore faut-il dynamiter le procédé afin de le faire imploser en mille pétales de folie inattendue!...

C'est ainsi que Feydeau ayant posé consciencieusement toutes les mèches au cours des deux premiers actes, Lukas Hemleb n'a plus alors qu'à faire pivoter le plancher de trente degrés pour que la mécanique, en s'affolant dans l'imaginaire du stupre, dérape par surcroît dans l'instabilité délibérée, ouvrant ainsi les "vannes" d'une montée abyssale dans l'humour délirant!...

Ils sont dix-huit sur la photo, ils se complètent et se remplacent en alternance; coup de chapeau supplémentaire aux comédiennes qui doivent affronter le péril truculent en hauts talons, Céline Samie, Anne Kesler, Catherine Salviat, Cécile Brune et puis rendons aux Pinchard-Pontagnac-Vatelin-Soldignac ce qui leur appartient si non leurs épouses, à savoir Thierry Hancisse, Jean Dautremay, Igor Tyczka, Jérôme Pouly, Guillaume Gallienne, Laurent Natrella.

Enfin pour faire tourner la boutique du quiproquo, il faut des gens de maison aguerris dans l'art de l'esquive-ès-glissades, Véronique Vella en Victor, Michel Robin en Gérôme, Françoise Gillard en Clara, et enfin Pierre Vial le gérant de ce "bazar"!....

A la Salle Richelieu de "Savannah Bay" au "Dindon", il n'y avait qu'un pas à franchir dans la création concomitante!... La Comédie-Française sous l'administration de Marcel Bozonnet l'a osé!... C'est un régal!...

Theothea le 27/11/02

LA PREUVE

de  David Auburn

mise en scène    Bernard Murat

 Choix des Chroniques ****

Théâtre des Mathurins

Tel: 01 42 65 90 00 

   Théâtre des Mathurins 
 Le site web

La preuve par quatre que la vérité peut être multiple et son interprétation sujette à caution!...

Qu'il serait bien présomptueux l'observateur qui affirmerait détenir la clé de l'enjeu qui se noue entre ces quatre personnages: Deux soeurs, leur père universitaire et un de ses étudiants, il sont à Chicago dans la demeure familiale fort délabrée selon l'auteur, David Auburn!...

Quelle que soit la thése, le concept d'une folie indicible devrait s'imposer dans la subjectivité de chaque point de vue pour confirmer que le secret d'un théorème mathématique pourrait fort bien être l'arbre qui cache la forêt... celle par exemple de l'affection!...

Ambigus en effet ces liens reliant Catherine à Claire, Robert et Hal et pourtant qu'il est tentant de lire entre les lignes du destin qui les tourmente, même par delà la transgression de la vie!...

- Robert fabuleux mathématicien ne serait plus que l'ombre de lui-même, mais jusqu'à quel point?

- Catherine dont c'est le 25ème anniversaire serait devenue la dépositaire du talent paternel menacé, mais à quel degré?

- Claire apparemment objective grâce à la distanciation aurait les cartes en main, mais de quel droit?

- Hal, en chercheur néophyte pourrait se laisser abuser par une démonstration très brillante, mais selon quelles motivations?

Une telle exposition est certainement fallacieuse, car elle tente une approche des protagonistes en énonçant des questions que de toutes évidences ils ne se posent pas eux-mêmes; aussi gardons-nous du désir de clarifier le mystère qui les entoure, fùt-il algébrique et sachons apprécier à sa juste valeur leurs velléités respectives à rester sensibles aux sentiments, en se situant à égale distance du délire et de la raison!...

Anouk Grinberg face à Rufus, c'est la blessure à vif face à la spéculation affective et vice versa!...

Anne Consigny et Michaël Cohen se rejoignent eux dans une complicité spontanée à maintenir le volcan virtuel des chiffres en vigilance latente!...

A quatre, ils s'embrasent d'un feu passionnel pour une partie d'échecs collective, maintenant en état de sustentation le talent face à la déchéance et surtout la confiance face à la preuve!..

Et c'est donc, Bernard Murat qui signe la subtilité de ce jeu forcément sans dupes!...

Theothea le 26/11/02

LE PETIT PRINCE

de  Saint-Exupéry

mise en scène    Jean-Louis Martinoty

 Choix des Chroniques ****

Casino de Paris

Tel: 01 49 95 99 99 

   

 Le petit Prince 
 Le site web

   

Voilà un spectacle dont la notoriété va s'établir en fonction du bouche à oreille avec comme sanction son temps de présence à l'affiche: Salle de jauge moyenne, budget raisonnable, promotion restreinte mais ambition artistique maximale!...

Faisant le pari de la qualité, la mise en scène est confiée à Jean-Louis Martinoty ex-administrateur de l'Opéra de Paris, la réalisation musicale à Richard Cocciante, le texte des chansons à Elisabeth Anaïs, le décor à Hans Schavernoch, les costumes à Jean-Charles de Castelbajac, et c'est avec des concepts de sobriété de jeu, de proximité émotionnelle, de teintes vives sur fond pastel, de respect absolu de l'oeuvre, qu'une volonté partagée par tous doit porter sans conteste à l'excellence!...

C'est au service de ce petit prince dont la passion intérieure devra s'apprécier à l'aune d'un poème symphonique que cette comédie musicale s'installe tranquillement en cet automne 2002 au Casino de Paris, laissant présager une montée en puissance irrésistible!...

Alors bien entendu il y a Jeff, le garçon de 14 ans, emblème de ce formidable enjeu artistique qui à l'instar de ses partenaires partage son rôle en alternance avec d'autres comédiens de son âge, se fondant tous dans la perspective universelle et intemporelle du conte!...

Ainsi Daniel Lavoie en incarnant Saint-Exupéry peut laisser sa place à Laurent Ban qui lui-même joue les autres soirs  le rôle du "Vaniteux"; aussi sans que tous les acteurs soient interchangeables certains se relaient et se complètent afin d'assurer la plénitude de chaque représentation!...

La magie du décor a fait l'objet d'une prééminence évidente qui,  de l'espace sidéral des planètes jusqu'à la spiritualité du désert de sables terrestres, induit une réflexion philosophique influençant le subconscient des spectateurs au point de leur permettre de revivre avec l'innocence de l'enfance, la force rédemptrice du mythe!...

Ici pas de piège médiatique, pas d'ensorcellement collectif, seulement l'attraction fascinante d'un imaginaire que chaque être humain est en mesure d'étouffer ou d'épanouir selon son gré et celui de ceux qui l'éduquent!...

"L'essentiel est invisible pour les yeux, on ne voit bien qu'avec le coeur..."

Cela pourrait aussi s'appeler le respect de l'autre: "S'il te plaît, apprivoise-moi!..."

Theothea le 25/11/02

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