Mise en scène: Peter Brook
Théâtre des Bouffes du Nord
Qu’est ce qui pourrait faire différence entre une émission télévisée de « Société » comme « La Marche du Siècle » et la reprise de « L’Homme qui » que nous propose Peter Brook?
Celles-ci ont en commun de mettre l’analyse des comportements de l’Homme au centre de leur intérêt et de leur compassion avec sans aucun doute une perspective morale et citoyenne pour la première!
C’est en effet à partir de ce point que commence la divergence, car la théâtralisation présuppose elle, la distanciation et donc l’humour !
La première nous montre une image fugitive, la seconde nous révèle un abîme d’images en réflexion de miroirs!....
En outre par la permutation incessante des rôles de patients et de soignants, Peter Brook provoque à la fois le vertige de l’identité qui se divise à l’infini ainsi que la proximité des émotions de chacun.
Son théâtre abolit les frontières pour nous révéler des personnages qui se "projettent" les uns sur les autres.....
Alors évidemment nous rions aux tics gestuels, aux erreurs de langage et de reconnaissance des objets, aux compulsions difficilement maîtrisables et néanmoins assumées:
Insupportable par exemple pour celui-là de ne pas toucher périodiquement le microphone malgré et sans doute à cause de l’interdiction technique, impossible pour celui-ci de parvenir à raser la partie droite de son visage ou cet autre de reconnaître un paysage autrement que par l’analyse de ses composants etc....
Derrière ces situations d’échec se révèle la puissance d’une logique plus forte que la Raison et avec laquelle chacun est contraint de se soumettre.....et éventuellement d’en rire ou d’en sourire!....
Peut-être qu'une faiblesse dans la démonstration se glisse à la toute fin du spectacle, lorsque rejoignant « La Marche du Siècle » Peter Brook nous laisse seuls en prise avec une image video suggérant le mystère encore total que représente le cerveau face à l'actuelle compréhension humaine!.....
Mais entre temps il s’est agit effectivement de Théâtre, ainsi que de Comédiens qui se glissent successivement dans un matériau humain qui leur échappe et qu’ils rattrapent sans cesse.....au milieu du décor surréaliste et émouvant du Théâtre des Bouffes du Nord.
Theothea le 3/11/97
