LE LIBERTIN
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d'Eric-Emmanuel Schmitt
Théâtre Montparnasse
Mise en scène: Bernard Murat
avec Bernard Giraudeau, Christiane Cohendy, Claire Keim, Elisabeth Commelin, Danièle Arditi, Christophe Wintrich.
Depuis sa création et en deux mois de représentations au Théâtre Montparnasse, "Le Libertin" a engrangé le plébiscite de 6 nominations aux Molières à égalité avec "Les Jumeaux Vénitiens", il n'est donc pas douteux que cette pièce d'Eric-Emmanuel Schmitt restera l'une des figures emblématiques de cette Saison Théâtrale 96-97:L'auteur connaît son sujet, puisqu'il a consacré sa thèse d'agrégation à Diderot et c'est précisément son talent que d'échapper à ses connaissances universitaires pour parvenir à brosser un essai de morale réellement dialectique tout en flirtant allègrement avec les joies du Vaudeville...
La scène se passe dans un pavillon de chasse aménagé en atelier: Tout en posant plus ou moins dévêtu devant sa portraitiste, Diderot est censé devoir rendre en urgence un article concernant "la Morale" et destiné à la publication de "L'Encyclopédie".
Pendant cette journée éprouvante, quatre femmes vont s'employer à le séduire et à le tourmenter de telle sorte que son article en prendra des couleurs caméléonesques!
Le duo que forment Christiane Cohendy et Bernard Giraudeau est particulièrement savoureux car malice, complicité, humour imprégnent autant l'interpétation que le texte!
Les trois autres femmes, son épouse, sa fille, une amie de sa fille, sont comme les autres facettes de la première auprès desquelles Diderot cherche à son corps défendant, une éthique pragmatique!
Le décor très soigné à l'aide de multiples objets fonctionnels, s'expose à notre nostalgie d'un monde simple, clair et sensuel!...
Bernard Giraudeau à l'instar d'une plaque photographique renvoie subjectivement des bouffées d'intonations évocatrices: Il est possible d'y retrouver la dégaine du jeu de Jean-Paul Belmondo, le rire sarcastique de Romain Bouteille, et même certaine tonalité de fin de phrases propre à Patrick Chesnay....
Ce n'est pas la moindre des qualités de cette pièce que de permettre au spectateur de la "quitter", de bonne humeur et relativement rassuré sur ses semblables et sur lui-même!
Theothea le 30 Avril 97
