Si Jean devait vraiment sortir de lombre, ce ne pourrait être
quà son détriment car rien ne semble pouvoir le capter
et le retenir en pleine lumière, dautant plus que le mal-être
existentiel qui lenvahit napparaît guère comme une
promesse à une sortie harmonieuse de ladolescence.
En effet, à la veille de passer son bac, le jeune homme tourne
comme une bête apeurée, voire prostrée entre
lappartement familial et les alentours dun cabaret,
emblématique de toutes les transgressions.
Au domicile, seule lattend sa mère pleine daffection
névrotique, bien enivrée de reproches à adresser à
un fils si mal aimant et pas suffisamment préoccupé par leur
vie en duo.
Le père, officier sur un sous-marin toujours en partance pour de
longues missions, pourrait fort bien avoir déserté
définitivement le lien familial sur lequel, en revanche, la
présence-absence dun frère aîné pèse
lourdement en tant que harcèlement de tous les instants.
Restent les rencontres fortuites avec la tentation de pouvoir sextraire
à jamais dune telle oppression psychologique, que celles-ci
se traduisent par un appel à une affection sincère ou même
à une sexualité différenciée assumée;
cest pourtant dans la perplexité voire dans
lincrédulité que Jean en supportera les sortilèges
malfaisants.
Le retour contraint et désemparé dans la cellule maternelle
ne pourra quamener ces deux protagonistes à un tête à
tête de tous les dangers partagés.
Virginie Pradal et Sylvain Dieuaide jouent sur le fil du rasoir lenjeu
de ces destinées paradoxales, à coups de force que Jean-Marie
Besset alterne avec des périodes de rémission où il
serait permis de croire que tous les espoirs puissent demeurer permis.
Du côté des tentateurs à des perspectives de vie
alternatives, Sophie Lequenne (en alternance avec Chloé Oliveres)
et Marc Arnaud semploient à cajoler, séduire et troubler
ladolescent au point daiguiser leurs confrontations respectives
en des duels fort troublants.
Sous les auspices de Jean-Marie Besset et, en loccurrence, grâce
au Théâtre de Poche Montparnasse, un auteur, Régis de
Martrin-Donos, naît au monde selon sa peinture des
vulnérabilités en phase avec lâme humaine,
elle-même en proie aux douloureux tourments de filiation et
didentité.
Theothea le 17/06/13