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         Sommaire / Editorial

         

             Magazine du Spectacle vivant ...
   

          
PENTHESILEE

     

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PENTHESILEE

      

  

Théâtre de la Bastille

  

  

     

D'après

Heinrich von Kleist

Dans la traduction de

Julien Gracq

  

Mise en scène

Julie Brochen

  

avec

Muriel Amat, Sandrine Attard, Hélène Babu, Jeanne Balibar, Eric Berger, Valérie Bonneton, Dominique Charpentier, Julie Denisse, Marie Desgranges, Cécile Garcia-Fogel, François Loriquet, Laurent Lucas, Madeleine Marion, Gildas Milin, Prunella Rivière, Elise Roche, Juliette Rudent-Gili, Marie Vialle

                                

       

         
   

PENTHESILEE

  

          Le Théâtre de la Bastille est devenu un lieu théâtral surprenant: A partir d’un balcon relativement profond a été constituée une petite salle à part entière alors que la scène principale, elle, se referme sur les anciennes places d’orchestre. Salles de jauge similaire, leurs plateaux sont complémentaires; si l’un est intime, l’autre permet les grands effets de cintres!.....

         Julie Brochen a su s’emparer de cette infrastructure pour transporter au propre et au figuré son public qui occupe l’espace disponible jusque dans les moindres recoins. Le Théâtre semble même recourir au surbooking escomptant une très légère défection au cours des allées et venues entre salles haute et basse!....

         Penthésilée se présente alors comme un rêve éveillé dont scénographie et chorégraphie suscitent les images successives: Tout d’abord un mur de briques ajourées nous sépare des Amazones qui, retranchées hors du monde, préparent leurs conquêtes. Se séparer du masculin pour tenter de le faire sien et mieux le rejoindre ensuite de façon à s’y fondre dans une mort sublimée, telle pourrait être leur quête commune!....

         Ce jeu sur l’unité du groupe et les identités successives de ses éléments détermine « le féminin » à se constituer en entité intangible fondée sur le vide laissé par l’absence du masculin....

         Julie Brochen construit ainsi un jeu de rôles où chacune des Amazones peut s’identifier à Penthésilée et où cette dernière peut même s’incarner en l’objet hostile de son désir passionné qu’est Achille. Les frontières de l’Amour et de la Haine s’estompent, les contraires ne résistent plus à s’assembler.....

         Au travers de la lumière estompée d’un rideau tamisé, les ébats intimes des Amazones espiègles et joyeuses maintiennent la perspective ludique du metteur en scène. Le chant, la danse, le mime tissent tour à tour l’impressionnisme onirique de cette création qui pourrait s’apparenter à un «comédie musicale» revisitée par l’intensité du choeur antique de la tragédie grecque.

         Initiant ce jeu dans le jeu, puisque selon Julie Brochen les Amazones de retour de la bataille interprètent pour le plaisir la pièce « PENTHESILEE » en se distribuant au sort les rôles à la fois masculins et féminins, les comédiennes des « Compagnons de jeu » se distinguent donc chacune grâce à des prestations différenciées et talentueuses sous l’ascendant notamment de la très fière Jeanne Balibar et de la fougueuse Cécile Garcia-Fogel, fort remarquée récemment dans «Les Reines» au Théâtre du Vieux-Colombier.

         PENTHESILEE est un spectacle rare, qui en transmutant l’ensemble de ses spectateurs en une troupe itinérante, les entraînent inéluctablement dans les méandres fantasmatiques du jeu Théâtral....

  

Theothea le 6/2/98

  

  

  

              

   

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