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   - La Chronique critique du Théâtre à Paris - 
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POP CORN

         

   

  ***

                  

         

         

Théâtre la Bruyère

  

POP CORN

***

    

de

Ben Elton

Mise en scène:

Stephan Meldegg

avec:

Marc Fayet

Jean Lescot

Mélodie Berenfeld

Eliza Maillot

Pierre-Olivier Mornas

Léa Gabrièle

Géraldine Bonnet-Guérin

Ursule Piverd

Jean Mourière

   

              

POPCORN est un spectacle qui a toutes les vertus! Rappelons que cette pièce qui se joue au Théâtre La Bruyère depuis fin Janvier 98 a obtenu six nominations et obtenu en définitive le Molière de la meilleure adaptation; ce qui, s’il fallait en effet ne lui accorder qu’un Molière, est une excellente manière de synthétiser toutes les qualités qu’elle peut représenter.

L'intrigue est effectivement basée sur un fait divers américain très illustratif de nos sociétés médiatiques qui met en scène les intentions alternativement bonnes et mauvaises des individus face aux mécanismes viciés du comportement collectif:

- Dans sa maison hollywoodienne, Bob Dilamitri découvre le soir où il est consacré par l’Oscar du Meilleur film, un couple de tueurs à la fois mythomanes, crédules et fébriles, personnages tout droit sortis d’un de ses films ... -

Bref ce n’est pas joli, joli! mais nous y retrouvons ainsi tous les ingrédients qui permettent de regarder les problèmes de violence et de sexe sans langue de bois, tout en plongeant au coeur de l’acte théâtral, celui qui fait, du plaisir de jouer, la motivation essentielle de se réunir autour du simulacre cathartique.

«Tuer» est un jeu basique que l’enfant s’approprie instinctivement mais vis-à-vis duquel l’adulte, camouflé derrière sa mauvaise conscience et cerné par son environnement médiatisé, entretient des relations troubles et par conséquent dangereuses!

Y aurait-il de fait une complicité latente entre l’artiste censé à la fois rendre compte tout en transgressant les codes de la société et le tueur fou à la fois irresponsable et victime de cette société ?

Chacun vivant et exploitant les tares de son voisin pour justifier un comportement amoral; chacun exhibant sa vie privée comme le garant d’une nature initialement emphatique mais malheureusement perturbée par autrui...

La Société Américaine s’entend à merveille avec ce paradoxe car elle excelle à multiplier les procès et plaintes en tout genre desquels en définitive le souci de justice s'efface derrière la procédure jusqu’à l’aberration!....

Vince, le tueur bouffon de POPCORN voit très clair dans ces desseins tacites et déclare en substance que la Loi est opportuniste et qu’elle se fait et se défait au gré des intérêts des possédants du "Pouvoir".

Il tient, lui aussi, à faire partie de la fête avec Candie, sa compagne et à leur manière à s'approprier une partie de ce pouvoir, en effectuant un numéro d’équilibriste avec leurs propres intérêts vitaux face à ceux d’autrui...

Car on tue beaucoup dans "Pop Corn", on tue comme le font les enfants qui jouent «au gendarme et au voleur», on rit donc aussi beaucoup car chacun sait que c’est pour «de faux», que nous sommes effectivement au théâtre devant une caricature de nos moeurs voyeuristes en mal d’audimat cinématographique et télévisuelle, mais nous rions glacés d’effroi car nous savons depuis «Orange mécanique» de Stanley Kubrick que «le passage à l’acte» rôde et menace chacun d’entre nous!

Création et mise en scène excellentes! Western hollywoodien décapant! Délectation communicative des comédiens! Dialectique effrénée et sauvagement ludique! Un régal pour les spectateurs satisfaits de réfléchir en étant assurés de s’éclater!.....

Theothea le 11/06/98

   

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