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SURENA

***

 

   

             

     

Théâtre du

Vieux-Colombier

  

Suréna

  

    ** 

  

de Pierre Corneille

Mise en scène:

Anne Delbée  

avec:

François Beaulieu

Dominique Constanza

Michel Favory

Eric Ruf

Nathalie Nerval

Clothilde de Bayser

Christian Gonon

et en alternance:

Mme. Savitry Nair

Mlle. Shantala Shivalingadda

   

   

       
Qu’on le veuille ou non, ce « SURENA » créé au Vieux-Colombier est profondément marqué du sceau d’Anne Delbée au point que la lecture du Dossier de presse et du programme est une condition sine qua non pour comprendre les intentions de sa mise en scène.

D’ailleurs la publication in extenso du texte de la pièce intégrée au programme incline à faire penser qu’assister au spectacle ne peut être suffisant pour comprendre les intentions propres à l’Auteur, Pierre Corneille.

Avant tout il nous faut lire ce commentaire d’Anne Delbée:

« Seule l’Inde a gardé ce lien essentiel du Théâtre et de la Danse avec la mystique. Depuis des millénaires, la même source nourrit l’Art, la Vie et la Religion. Le monde est un Théâtre..... Dieu a donné le moyen à l’homme à travers le Théâtre et la Danse d’accéder au divin. Telle est l’origine du Théâtre et de la Danse. Le rideau symbolise l’illusion du monde »

Fort de cet avant-propos d’Anne Delbée, les connotations chorégraphiques et musicales indiennes de sa réalisation rencontrent leurs perspectives cornéliennes pourtant peu évidentes a priori. Ainsi sont plus compréhensibles le comportement bonze bouddhique de Surena et l’interprétation dansante et légère du roi Orode !

Il serait ainsi possible de multiplier les clés permettant d’appréhender la direction d’acteurs et l’interprétation mais une question s’impose conjointement à cette compréhension: Les intentions d’Anne Delbée recoupent-elles, sont-elles assimilables, compatibles ou complémentaires avec les intentions de Pierre Corneille?

Est-il par exemple crédible qu’à peine prononcée la dernière réplique de la pièce: « Ne souffrez point ma mort que je ne sois vengée », l’ensemble des comédiens se présentent à nos applaudissements en dansant comme les hara Krishna ?

Cette dernière observation caractérise cette impression d’étrangeté voire de porte-à-faux qui imprègne le déroulement de la pièce qui par ailleurs inspire le respect qu’impose un travail très élaboré de mise en scène et d’interprétation.

Pour cette dernière Clotilde de Bayser et François Beaulieu ont particulièrement retenu notre attention par le charisme de leur jeu très coulé, voire sensuel.

SURENA est donc une pièce très intéressante car la complexité des personnages est inversement proportionnelle au refus du compromis qui cherche à s’insinuer entre Amour et Raison d’Etat et surtout parce qu’elle pose la problématique de l’Idéal confronté au Pouvoir.

A chacun de considérer si Anne Delbée a su rendre compte avec efficacité de cet enjeu.

Theothea le 1/5/98

   

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