Magazine du Spectacle vivant ...
   

   

Ce serait presque un crime de lèse majesté que d’apprécier la création de Daniel Mesguish, si l’on se réfère aux critiques qui, depuis Février 98, ont estimé nécessaire de dissuader le public de se rendre à l’une des représentations de « La Tempête ».    Assistant à une représentation de fin de saison théâtrale près de cinq mois après cette cabale, la surprise est effectivement de découvrir un spectacle magnifique avec un charme poétique, onirique et avec une volonté de qualité et de perfection dans les décors, les costumes, les effets musicaux etc... démontrant ainsi un réel respect vis-à-vis des spectateurs.    En outre si la mise en scène cherche à mettre en valeur la magie qui caractérise l’imaginaire Shakespearien, c’est la tempête comme essence du théâtre, véritable tourbillon des Esprits, qui s’offre à notre réflexion!...    Par ailleurs Daniel Mesguish révèle une envie certaine de côtoyer la comédie musicale, tellement la perspective d’un spectacle utilisant toutes les approches sensitives semblent le séduire et c’est donc sans faux fuyant et avec un goût très sûr qu’il nourrit notre imaginaire avec toutes les techniques du spectacle.    Serait-ce l’adaptation et la traduction de Xavier Maurel qui ont dérangé les vigies du conservatisme.? Certes Shakespeare , c’est comme de la dynamite et mieux vaut ne pas laisser celle-ci entre des mains maladroites!...    Mais que l’on ne se trompe pas, cette création n’est pas une démonstration provocatrice mais tout au contraire révèle une volonté délibérée d’ouvrir les vannes retenant le fleuve tumultueux de l’imaginaire collectif: Ainsi les mots et les phrases s’entrechoquent, font image, suscitent des associations d’idées simplissimes ou vertigineuses, selon les mécanismes contradictoires de l’inconscient....    Et puis, visiblement les comédiens prennent un plaisir certain à s’impliquer et à évoluer dans une mise en scène à la fois spectaculaire et subtile, ainsi qu’à charrier un langage crûment sagace!...     Dans cette foultitude de rôles fantasmatiques, deux comédiens affirment une nature charismatique, généreuse et communicative à l’ensemble de leurs partenaires: Véronique Vella et Eric Génovèse qui interprètent respectivement les rôles d’Ariel et Caliban.    Theothea vous confirme donc que d’ici la Dernière représentation ( le 26 Juin 98 ), « La Tempête » de Daniel Mesguisch sera jouée sept fois à la Comédie Française et qu’il serait peut-être judicieux que nonobstant la majorité des critiques professionnels, les spectateurs aient le désir de confronter leur propre opinion!....    Theothea le 30/05/98