CHRONIQUES
 106 à
110
S42
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POUR UN OUI OU POUR UN
NON
de Nathalie Sarraute
Mise en scène: Jacques Lassalle
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Théâtre de l'Atelier
Tel: 01 46 06 49 24
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«C’est bien... ça!», ce leitmotiv est en passe de devenir
au Théâtre aussi célèbre que «Atmosphère,
atmosphère....» ou «Qu’est-ce que je vais faire? J’sais
pas quoi faire!...» le sont devenus au cinéma!...
D’abord, il y a la toute première fois, celle où le spectateur
découvre fasciné la pièce de Nathalie Sarraute «Pour
un oui ou pour un non» avec son bagage de susceptibilité, de
condescendance et son rapport de force entre intimités menacées!...
Tous ces sentiments proustiens qui développent en interne une
sensibilité d’écorché vif, transgressant allègrement
les zones d’ombre de l’amitié!...
C’est une histoire d’hommes; il y a H1 face à H2 que le couple
H3 et F abandonnera définitivement à leurs tourments sans prendre
partie !...
Aussi par la suite, le spectateur éprouvera l’envie convulsive
de se coltiner à nouveau et toujours plus avec cette situation à
jamais esquissée par l’auteur et qui désormais ne pourra plus
s’épuiser que dans l’imaginaire des familiers de H1 et H2, ce duo
ne formant peut-être qu’une seule et même personne!...
C’est précisément à cet endroit que les comédiens
entrent en scène avec leur charisme personnel et l’aura qui s’y projette
nécessairement de manière contradictoire!...
Ce pourrait être par exemple Samy Frey et Jean-François Balmer
à la Comédie des Champs-Elysées, ou ici Hugues Quester
et Jean-Damien Barbin à l’Atelier, en reprise de la Colline.... Rien
n’y fera!... La personnalité de ces acteurs fera, sans doute pour
le meilleur, écran avec l’idée que le spectateur se fait de
H1 et H2!...
Et c’est justement pour cela qu’il y retourne le spectateur, tentant à
chaque fois de percer le mystère de cette pièce qui
l’entraîne dans les méandres de l’inconscient collectif!...
Que Jacques Lasalle ait choisi ici l’esthétique de faire déclamer
par Hugues Quester «C’est bien.....ça! », sous le regard
délibérément médusé de Jean-Damien Barbin,
implique une schizophrénie latente qui telle un boomerang surgit de
cause à effet, dès que les mots magiques sont
prononcés!....
Qu’importe donc le parti pris de mise en scène et
d’interprétation, pourvu qu’on en ressente la sensation de vertige
infini qui accompagne inexorablement cet espace indicible entre le
«Oui» et le «Non», entre soi et soi!...
Theothea le 21/06/00
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OSSIP
MANDELSTAM
de Michel Cournot
Mise en scène: Martine Pascal
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***
Théâtre Molière
Tel: 01 44 54 53 00
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Martine Pascal possède la classe et le talent qui lui permettent
de mettre en valeur les personnes et les causes qu’elle soutient, avec une
sincérité pleine de discrétion!...
Ainsi en était-il la saison précédente au
théâtre du Rond-Point pour «Savannah Bay» qui consacrait
les adieux aux planches de sa mère Gisèle Casadesus!...
De même ici dans la magnifique cave voûtée de la Maison
de la poésie, en compagnie de Michel Ouimet, ont-ils osé durant
ce mois de juin 2000, faire connaître et réhabiliter la
mémoire d’Ossip Mandelstam, poète russe brimé par le
pouvoir stalinien qui paralysait bourreaux et victimes dans une même
impuissance non à se rebeller mais à renverser
l’impondérable!...
Ce spectacle à deux voix se présente comme une ode à
la pudeur qui transgresse à la fois tout sentiment de résignation
en même temps que toute tentation de pathos!...
Mettant à l’écart tous les artifices de mise en scène,
les deux comédiens se présentent, feuillets du script en mains,
comme s’il s’agissait d’une simple lecture alors même que
l’interprétation du couple qu’Ossip forme avec son épouse Nadejda
se sublime avec retenue, selon le diapason des mots dialogués par
les deux comédiens !...
Cette absence de fard invite les spectateurs à l'osmose et incline
à faire penser que le professionnalisme de l’acteur est directement
engagé dans son aptitude à l’oubli de soi!... Une véritable
leçon de dignité et d'humilité!...
Theothea le 28/06/00
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L'OPPOSE DU
CONTRAIRE
de Martial Courcier
Mise en scène: Didier Caron
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Théâtre Mélo d'Amélie
Tel: 01 40 26 11 11
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De la plume au pinceau, l’auteur Martial Courcier s’amuse, en opposant
les contraires, à effectuer le grand écart pour mieux se
rétablir debout sur ces deux supports phalliques!...
Certes Ecriture et Peinture ont en commun de laisser des traces visibles
et d’influer sur la perception que le Temps et l’Espace savent induire!...
Cela pourrait-il impliquer qu’écrivain et peintre seraient des
interlocuteurs privilégiés pour accéder à la
maïeutique Platonicienne?
C’est assurément la légitimité que revendiquent
respectivement Fulgence et Marco, mais sauront-ils pour autant s’accorder
mutuellement une écoute réciproque et engager ainsi un dialogue
humainement profitable?
C’est le pari de cette pièce qui confronte ainsi un philosophe
enfermé dans l’étude des concepts fondamentaux avec un peintre
en bâtiment enclin aux évasions oniriques?
La dialectique engagée entre la misanthropie initiée par
l’exclusion intellectuelle avec la convivialité illusoire inspirée
par le pragmatisme de la «vraie vie», pourra-t-elle alors se frayer
un passage vers une réelle acceptation de la différence?
Voilà bien l’un des enjeux spéculatifs de cette comédie
métaphysique agrémentée cyniquement par des jeux de
mots au premier degré et des rodomontades qui ont charge de maintenir
avec un incontestable succès, le cap de la farce dans ce sympathique
petit théâtre du Mélo d’Amélie!...
Theothea le 30/06/00
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KHAYYAM: VOYAGE
SOUFI EN TERRE TANGO
de Enrique Morales
Mise en scène: Enrique Morales
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Théâtre du Kibélé
Tel: 01 48 87 14 52
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reprise du 18/10 au 7/12/00
Au théâtre du Kibélé, ce vendredi 30 juin avait
lieu la dernière représentation du «Voyage soufi en terre
Tango» de la saison 99-00.
A l’instar de nombreux spectacles qui, en ce début de période
estivale, prennent leurs quartiers de villégiature, une prolongation
est envisagée pour la Saison prochaine!...
Créé en Argentine en 98, repris à l’Institut du monde
arabe à Paris en 99, ce spectacle a trouvé son rythme de
croisière durant mai et juin 00 dans cette belle cave
aménagée, sous le restaurant Kibélé.
Comme une quête assoiffée d’amour et de nostalgie, se cognant
aux aléas et impasses de la vie, Enrique Morales s’inspire des Roubaiyyat
du poète Omar Khayyam pour engendrer une ode au vin, apparaissant
comme le véritable catalyseur des chants
désespérés!...
Rappelant «La chambre verte» de François Truffaut, des
dizaines de bougies tentent vacillantes d’éclairer l’espoir de
l’homme qui, dans son enfermement, bute et se relève, confronté
aux muses de la musique et du chant!...
Celles-ci apparaissent, telle la Lorelei des bateliers du Rhin, aussi
fascinantes qu’inaccessibles!... Leurs chants d’une beauté étrange
exercent une sublime attirance qui engloutit inexorablement celui qui, en
vain, tente d’y résister!...
La voix de Nathalie Bentolila enivre ses mélopées de tango,
avec une sensualité retenue et déterminée!...
Sa complice Stéphanie Blanc achève de scander fièrement
avec sa guitare, le harcèlement qui ronge peu à peu les
velléités libératrices de l’homme pris au piège
de cet ensorcellement!...
Lui, c’est Paolo Palermo; il représente ici avec ses deux partenaires,
«Les
infatigables navigateurs» qui proposent à tous, leur structure
de création artistique!.. Vinum ad libitum!...
Theothea le 03/07/00
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TRITON 2TER
de Philippe Decouflé
Mise en scène: Pascale Henrot
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Tuileries (Paris quartier d'été)
Tel: 01 44 94 98 00
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Dans le jardin des Tuileries, à proximité de la grande roue
de l’an 2000 et de la catapulte foraine made in USA qui projette les grands
frissons dans les airs, la compagnie DCA a posé ses tréteaux,
le temps d'une quinzaine, au cours de sa tournée internationale 00-01,
dans le cadre du festival annuel
«Paris quartier
d’été»!...
Ainsi en cette fin juillet, aux alentours du grand bassin côté
«Concorde» se propage vers 21h00, une atmosphère bon enfant
bruissant entre Avignon et must branché!...
Au coucher du soleil, des torchères accueillent les spectateurs
dans l’enclos de palissades en bois où se forme une queue estivale
prête à emplir comme un oeuf, une tribune rendue festive par
des distributions au lancer, de confiseries joyeusement
convoitées!...
Chacun ayant trouvé sa place, les rôles des artistes peuvent
alors se télescoper et se transmuer, inventant un imaginaire à
ressorts, tant mental que physique!...
Sous l’inspiration thématique du cirque, la compétence
polyvalente envers l'ensemble des arts de la scène semble s’affirmer
comme valeur fédératrice des membres de la compagnie
créée par Philippe Decouflé qui prolonge ici la
création du «Triton» de 1990 au festival d’Avignon... par
aujourd'hui ce «Triton 2Ter»!...
Aussi, à l’instar de la planète homonyme se distinguant
de ses consoeurs par une rotation inversée, et comme en un clin
d’oeil délibérément artisanal aux chorégraphies
superlatives, c’est dans la désynchronisation, la perte
d’équilibre, la dissymétrie que le metteur en scène
puise la sève d’un plaisir que la surprise dispute sans cesse à
l’humour!....
Ici, la star du spectacle, c’est l’engouement collectif pour un concept
élastique du corps et de l’esprit qui se meuvent comme en apesanteur,
dans les ondes d'un été fin de siècle à Paris,
soudain devenu très aphrodisiaque!...
Theothea le 22/07/00
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