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CHRONIQUES

    Saison 99-00

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LA MAISON TELLIER

de Guy de Maupassant

Mise en scène: Jean-Pierre Hané

 Choix des Chroniques *

Théâtre Mouffetard

Tel: 01 43 31 11 99

La programmation du nouveau théâtre Mouffetard a acquis cette vertu de proposer au résidents du 5ème arrondissement et par extension aux spectateurs parisiens, des pièces d’auteur de talent reconnu selon la recette de mises en scène fédératrices de tous les publics!...

Ce commun dénominateur a pour effet positif d’assurer une fréquentation appréciable et assidue de cette salle à petite jauge mais permet difficilement d’oser des productions audacieuses!...

Au pire les réalisations seront sans couleur ni saveur, au mieux elles feront un succès d’estime!...

Pour l’heure, «La maison Tellier» hésitera entre ces deux tendances en ayant pour principal mérite, et il faut le reconnaître non le moindre, de susciter l’envie de découvrir ou de relire Guy de Maupassant!...

En édulcorant la spécificité des personnalités et l’atmosphère pesante d’une telle maison close, Jean-Pierre Hané semble s’être inspiré pour sa mise en scène plus de l’ambiance farfelue d’un pensionnat de jeunes filles que de la description acérée et clairvoyante d’une situation sociale inscrite dans la province française vers 1890!...

En apposant ce panneau «Maison fermée pour cause de première communion» se révèle le souhait de l’auteur de confronter toute cette «petite famille» gravitant autour de «Madame» avec les contrastes de l’idéologie bon enfant, naïve et néanmoins très maligne du milieu rural en cette fin de XIX ème siècle!...

C’est ainsi toute l’atmosphère d’une époque que souhaitait faire respirer Guy de Maupassant et qui, ici, nous parvient au théâtre Mouffetard par les filtres donnant priorité au seul divertissement!...

Se fondant dans une joyeuse compagnie en constante recherche de frénésie, la qualité intrinsèque des comédiennes s’évalue à l’aune d’un «esprit maison» dont il n’est guère possible de différencier les composants!...

Au demeurant ce spectacle est agréable et permet à chaque spectateur de passer une bonne soirée!....

Theothea le 31/05/00

CAFE

de Edward Bond

Mise en scène: Alain Françon

 Choix des Chroniques **

Théâtre de la Colline

Tel: 01 44 62 52 52

Passer de l’imaginaire à l’hyperréalisme et vice-versa, c’est la technique qu’utilise Edward Bond pour sa pièce «Café» de façon à décaler le propos et à éveiller la critique du spectateur!...

La guerre sur le terrain, c’est tout d’abord la vie quotidienne d’un régiment en proie tant aux problèmes d’intendance qu’aux ordres belliqueux de la hiérarchie!...

Par ailleurs la réflexion sur la guerre, ce peut être l’irruption de personnages fantomatiques qui, vous prenant par la main, entreprennent une démarche initiatique à toutes les horreurs que celle-ci sous-tend!...

Télescopant ces deux approches en les intriquant au point de les fondre, Edward Bond suscite un malaise généralisé en effaçant provisoirement les repères manichéens qui facilitent tout jugement a priori!...

Aussi le spectateur se débattant avec les motivations de ces soldats qui prennent le temps méthodiquement de préparer leurs armes afin de massacrer en toute impunité l’ennemi, doit-il tenter de corriger sans cesse son point de vue en replaçant la métaphore au centre d'une telle démonstration!

- L'objectif pédagogique de l’auteur pourrait-il être interprété comme un apprentissage au voyeurisme suggéré par le metteur en scène?

- Au coeur de l’action une femme et une fille seraient-elles les jouets de l’humeur de deux soldats ou plus précisément les otages d’idéologies contraires se débattant dans une vaine dialectique de l’urgence?

- L’aspiration à la survie constituerait-elle un point de fuite universel qui tendrait à devenir l’unique paramètre tangible d’appréciation de tous?

Tels pourraient être quelques-uns des éléments de la problématique de ce «Café» reposant sur des faits réels qui se sont produits à Babi Yar en 1926 et dont Edward Bond souhaitait apporter écho en une interprétation dichotomique, pour montrer ce qui se passe lorsque l’être humain ignore ou feint d’ignorer la substance de ses pulsions!...

En prolongement à cette perspective, Alain Françon prépare d’ores et déjà la mise en scène de la nouvelle pièce qu’Edward Bond vient d'écrire: «Le crime du XXIème siècle» qui sera présentée en ouverture de la saison 00-01, dans ce même théâtre de la Colline!...

Theothea le 28/05/00

HELAS PAUVRE FRED

de James Saunders

Mise en scène: Philippe Ferran

 Choix des Chroniques **

Théâtre de l'île Saint Louis

Tel: 01 43 67 55 81

Tout d’abord, il y a le théâtre de l’île Saint- Louis qui fait oeuvre de charme, niché dans un immeuble au fond d’un passage de verdure!...

Comme «un grand», il possède sa scène, ses coulisses, ses trois rangées de fauteuils et même sa cabine technique surélevée jusqu’aux poutres apparentes!...

Un petit joyau au royaume des glaces «Bertillon» qui donne un parfum de pérennité à ce Paris de toutes les découvertes récurrentes!...

Ensuite, il y a Pascale Roberts qui pareillement décline les sortilèges de la séduction jusqu’au point de nous faire oublier qu’elle est, trois fois hélas, l’épouse d’Ernest!...

Et lui qui est-il, tout planqué dans les cintres de sa penderie ad vitam aeternam?

Par ailleurs, ne cherchez pas Fred!... Il a été découpé en morceaux et le but du puzzle de 55 minutes sera précisément de lui donner «corps» ou mieux «substance», de façon à ce qu’Ethel et Ernest puissent tenter de résoudre ce qui fait tâche au plus intime de leur union!...

James Saunders oblige aux grands écarts qu’aucune langue de bois ne pourrait circonscrire!... Constamment sur la brêche, les deux personnages s’affrontent à coups de mémoire forcément lucide, à force d’être défaillante!...

La mauvaise foi se livre pieds et poings liés aux verdicts de points de vue antagonistes et cependant mâtinés de logique irréductible!...

Tout à la recherche d’un tempo scandé par la mauvaise conscience d’Ethel, Michel Carnoy s’efforce d’adapter son rôle de traducteur autant que celui d’Ernest, de façon à parfaire le magnétisme des mots qui révèlent en se dissimulant!...

La mise en scène de Philippe Ferran se développe «champ/contre-champ» en se fixant alternativement à l’intérieur ou à l’extérieur de la fameuse penderie, lieu de tous les cache-cache fantasmatiques d’Ernest!...

Un fascinant moment de théâtre, en un lieu magique autour d’une comédienne charismatique!...

Theothea le 5/06/00

LE SIRE DE VERGY

de  Flers / Caillavet

Mise en scène: Alain Sachs

** Choix des Chroniques  

Théâtre des Bouffes Parisiens

Tel: 01 42 96 92 42

 

Jean-Claude Brialy, Directeur des Bouffes Parisiens, a osé accueillir dans son théâtre, le projet d’Alain Sachs de monter cet opéra-bouffe qui avait été joué à sa création au théâtre des Variétés en 1903 pour 50 représentations.

La partition écrite par Claude Terrasse assure une brillante succession à Offenbach et trouve en s’associant à Flers et Caillavet un livret prodigieux qui témoigne de la belle époque, tellement affairée dans sa recherche du temps perdu !...

Six musiciens se fondent dans le splendide décor du château de Vergy en accompagnant côté cour et jardin cette joyeuse troupe de douze comédiens-chanteurs qui assurément ne recourent à aucun artifice technique pour orchestrer avec maestria les trois actes de cette oeuvre musicale décalée et si réjouissante!...

En amour, un nombre pair serait-il préférable à l’impair ? C’est précisément cette interrogation qui emmènera facticement Jean-Paul Farré aux croisades et laissera au château de Vergy, Fabienne Guyon et Bernard Alane en proie avec leurs terribles doutes d’amants, ainsi qu'Isabelle Spade avec son remariage sans doute trop précipité!....

A contre-pied, à contretemps, les faux-fuyants vont enfermer chacun des protagonistes en des embarras qu’en définitive seuls le chant et la musique permettront de transgresser en délire collectif!...

La qualité de l’oeuvre et le talent mis à la défendre devraient emporter l’adhésion de tous, tant ce divertissement est réellement digne d’une excellente réputation contemporaine!...

Theothea le 7/06/00

L'OMBRE DE MART

de  Stig Dagerman

Mise en scène: Harold David

 Choix des Chroniques **

Théâtre Aktéon

Tel: 01 43 38 74 62

 

L’exigence d’Harold David cherche sa voie!... Après une formation universitaire consacrée aux lettres et aux spectacles, tout à la fois auteur, médiateur culturel, comédien, c’est au titre de metteur en scène qu’il nous fait découvrir un auteur suédois Stig Dagerman qui s‘est suicidé à l’âge de 31 ans!...

Au coeur de leurs préoccupations communes, le concept d’identité qui ronge l’être humain pris dans les mailles d’un système de valeurs référentielles!...

Où est-il le héros digne de l’admiration collective, si ce n’est dans l’aliénation qu’il fait peser sur des êtres humains qui se noient dans l’oppression initiée par un modèle absolu ?

Mart, c’est donc le frère dont la disparition prématurée empêchera d’outre-tombe, avec la complicité des vivants formatés, l’autonomie et le bon développement de la personnalité de Gabriel, son cadet!...

L’amour d’une mère qui étouffe, le ressentiment d’une fiancée veuve, la conscience culpabilisante d’être le rescapé, projettent avec l’assentiment de la victime et de ses tourmenteurs, la subjectivité de la laideur et des handicaps polyvalents!...

Dans un sursaut ultime, Gabriel tentera de s’affranchir de ces multiples contraintes mais comme dans la bible, «l’oeil était dans la tombe et regardait Caïn!».

Effectivement le «regard» est un thème récurrent essentiel au sein des mythes fondateurs et c’est peu de choses que penser que la paire de lunettes de Gabriel pourrait y apporter compensation!...

Quatre comédiens emplis d’un souffle que masculin et féminin ne peuvent épuiser car se situant au-delà de cette différenciation, dans les limbes de l’unité originelle!...

Une création qui a rebondi par phases successives aux théâtres du Renard, de Proposition, du Funambule (Avignon off), à l’Aktéon et qui est annoncée pour une représentation aux Arènes de Lutèce en septembre 2000!...

En outre la compagnie «La Scène du Balcon» sera de nouveau présente en Avignon off pour une nouvelle création «Dyptique» en juillet.

Theothea le 15/06/00

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