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7ème  Saison     Chroniques   07.21   à    25      Page  91

 

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4.48  PSYCHOSE

de  Sarah Kane

mise en scène    Claude Régy

 Choix des Chroniques ****

Théâtre des Bouffes du Nord

Tel: 01 46 07 34 50 

   Les Bouffes du nord 
 Le site web

Ainsi au moment où Michel Bouquet a rencontré son Minetti, Isabelle Huppert s'incarne en Sarah Kane, tous deux rejoignant par delà toute contemporanéité, la quintessence de l'acteur qu'ils sont devenus en dépouillant leur âmes respectives de toutes contingences!...

Il faut la voir surgissant de l'obscurité plantée à jamais sur ses deux jambes, se débattant mentalement dans le rayon de lumière puisque la mise à mort se mérite!...

Là, sur le plateau vide des Bouffes du Nord habité par Claude Regy, faisant face définitivement aux forces hostiles et au centre du public, Isabelle Huppert entreprend un parcours de cent minutes durant lequel le moindre pli de son jean en cuir noir restera vierge de toute déformation initiale!...

Tronc immuable à l'instar d'un chêne multicentenaire, le torse moulé dans un t-shirt encre bleue, seule l'extrémité de quelques doigts semble chercher la rémission d'une respiration!...

Le regard porté aux transgressions de l'absence, son visage s'abîme en des expressions fluides faites de tous les âges de la Femme!...

Sa voix casse à plaisir chacun des rythmes que la diction a appris à maîtriser et cherche dans le labyrinthe acoustique, la psalmodie du silence!...

Capitaine, seule maître à bord d'un corps en position de Yoga, elle s'identifie aux forces de l'esprit et reste avec nous, en nous quittant!...

Derrière le rideau, le murmure de son double (Gérard Watkins) s'agite discrètement, accompagnant le chemin de croix psychotique jusqu'à la renonciation du vivant!...

Le Théorème Huppert s'avance immobile vers son Golgotha, au diapason du testament de Sarak Kane qui ne sera dénoué qu'à 4:48, heure à laquelle les flux de l'obscurité sont sur le point de basculer dans l'énergie du jour à venir!...

Inexorable déchirement qu'un texte clairvoyant jusqu'à la moindre syllabe emporte comme une marée de cafards!...

Dépression sublime forcément que la fascinante Isabelle regarde avec l'étrangeté d'un public qui l'ovationne!...

Theothea  le 23/10/02

HYSTERIA

de  Terry Jonhson

mise en scène    John Malkovich

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Marigny

Tel: 01 53 96 70 00 

 Théâtre Marigny 
 Le site web  

Hysteria sous-titré "Fragments surréalistes d'une névrose obsessionnelle" agit comme une descente dans l'inconscient collectif où tout ne serait que logique chaotique et effervescence maligne!...

Dans un maelström scénique, des fulgurances infernales faisant irruption tel un volcan soudain éveillé succèdent à de très sérieuses dialectiques où des enjeux contradictoires confirment leur antagonisme:

Freud le père de la psychanalyse (Pierre Vaneck), Yahuda son confrère ange gardien (Roger Dumas), Jessica la patiente emblématique (Marie Gillain), Dali en artiste déjanté et empêcheur de tourner en rond (Vincent Delbaz), tous quatre se relaient comme pour faire miroiter chacune des facettes du psychisme en ébullition où tel sera pris qui croyait prendre!...

Freud aurait-il fait marche arrière lorsqu'il lui aurait fallu authentifier derrière le traumatisme, la réalité objective de l'inceste en place de la séduction symbolique? Sa recherche théorique se serait-elle délibérément limitée au huis clos d'un "imaginaire protégé" ?

Dans la cure comme dans le vécu, le "passage à l'acte" ne serait-il qu'un obstacle fallacieux pour la libido ?

Voilà précisément Jessica qui presse Freud, le harcèle, le supplie de réviser son diagnostic, d'admettre la forfaiture; elle qui souffre dans son corps et son esprit d'un malentendu, d'un déni transgénérationnel; elle prête à toutes les provocations, toutes les hystéries afin de faire entendre sa "raison" de mère à fille!...

Quant à Dali, identifié par Freud comme l' "Assassin des rêves", il utilisera la transgression comme moyen d'expression systématique, entraînant dans son sillage un capharnaüm de quiproquos grandioses et truculents!....

Qu'un semblant de cohérence puisse émerger à quelques instants en la présence du docteur Yahuda, voilà sans doute la dernière imposture que nous réserve l'auteur (Terry Johson) dont l'objectif est précisément de faire surgir en permanence le doute dans les esprits!...

Succès garanti, car le public apprécie et fait confiance à un metteur en scène (John Malkovich) sachant l'emmener dans les dédales du délire, pressentant que chaque bizarrerie fait sens alors même que celui-ci échappe le plus souvent à l'interprétation présente!....

Cette capacité à mettre en branle les forces lubriques sur un plateau de théâtre sans que jamais celles-ci se recouvrent d'un voile de vulgarité, tout en déclenchant des salves de rire si authentiques qu'elles en aboliraient les défenses du Surmoi, est une performance rarement atteinte et à juste titre plébiscitée!...

Theothea  le 30/10/02

LIAISON TRANSATLANTIQUE

de  Fabrice Rozie

mise en scène   Patrice Kerbrat 

 Choix des Chroniques ****

Petit Théâtre Marigny

Tel: 01 53 96 70 20

   Théâtre Marigny 
 Le site web    

 

De "L'Amour à vingt ans" (François Truffaut) à "Liaison Transatlantique" (Fabrice Rozié) en passant par "L'Amour en fuite" (François Truffaut) & "Céline et Julie vont en bateau" (Jacques Rivette) dont elle a été co-scénariste, il y a Marie-France Pisier l'actrice à la fois romantique et cérébrale, tour à tour sérieuse, passionnée et fantasque !...

Sur la scène intimiste du Petit Marigny, le gorge légèrement nouée et la respiration un peu courte, la comédienne cherche la jeune fille qu'elle est toujours et la retrouve effectivement en des petits riens de mimique ou d'esquisse à cloche-pied!....

Cependant la jeune femme qu'elle incarne n'a pas spécifiquement la réputation d'une fanfaronne débridée et c'est donc dans la retenue que Marie-France Pisier épouse la carrière affective de Simone de Beauvoir selon sa liaison amoureuse et néanmoins difficultueuse avec l'écrivain américain Nelson Algren (Peter Bonke) dans les années cinquante.

Celui-ci ne voulait pas s'installer en Europe; quant à elle, elle voulait par priorité absolue construire sa vie intellectuelle en la compagnie de Sartre!... Ainsi condamnés à des allers et retours plus ou moins fréquents entre Paris et Chicago, leur histoire d'Amour suivra la courbe parabolique classique des amants d'abord émerveillés de bonheur voyant néanmoins peu à peu s'effriter une motivation dont l'intensité s'avérera hors de leur maîtrise!...

C'est au travers d'une abondante correspondance qu'ils tenteront de gérer avec une alternance de convictions et de fatalisme, ce flux passionnel qui semblait leur échapper alors même que celui-ci continuait de naviguer de par et d'autre de l'Atlantique!...

Patrice Kerbrat et son décorateur Edouard Laug ont réuni les conditions d'un jeu dichotomique et dans cette relation de flamme littéraire où les mots d'emblée l'emporte sur les maux, gageons que l'interprétation du couple de comédiens va se bonifier tel un bon vin, afin de pouvoir en déguster toujours davantage, toutes les subtilités de frémissements et de sentiments!...

Theothea le 31/10/02

TOKYO NOTES

de  Oriza Hirata

mise en scène    Oriza Hirata

 Choix des Chroniques ****

Maison du Japon

Tel: 01 44 37 95 00 

 

 Maison du Japon 
 Le site web

 

Pour quelques représentations, la maison du Japon présentait récemment TOKYO NOTES mis en scène à Paris par l'auteur lui-même Oriza Hirata. Cette pièce écrite en 1994 en hommage au "Voyage à Tokyo" de Ozu a déjà été montée en France en 2000 par Frédéric Fisbach.

Il s'agit cette fois de proposer la version originale de cette oeuvre récompensée en 1995 par un prix prestigieux le "Kishida Drama award", telle qu'elle a été jouée au Japon mais surtitrée en français.

Ainsi le théâtre contemporain nippon initie-t-il ses premières incursions en Europe, présentant contextuellement celle-ci en état de guerre au cours de l'année 2004; ce qui justifierait l'envoi de nombreuses oeuvres d'art au Japon afin d'être protégées de tous dommages!...

Voici donc le hall d'un petit musée de Tokyo avec sa cafétéria où vont défiler 22 personnages dont la banalité des conversations n'aura d'égale que le mal-être dont ils sont la manifestation du symptôme collectif.

Avec Vermeer en toile de fond pour cause précisément de refuge, le spectateur tend l'oreille en déchiffrant les conversations qui se croisent, se télescopent, se contredisent, s'annulent mais tiennent de viatique à un peuple en manque de repères, de convictions et d'engagements.

Comme si une chape soporifique régentait les relations humaines sans toutefois être en mesure de leur donner du sens!...

En observateur attentif, Oriza Hirata donne à voir et à entendre, sans jamais chercher à expliquer les causes, ni même les remèdes à cet état de fait, soulignant néanmoins discrètement l'humour que peut engendrer cette difficulté à communiquer.

Relativement proche de l'univers de Jacques Tati, plus sociologue que politique, Oriza Hirata dépeint un point de vue perplexe, celui d'une modernité qui cache son vertige métaphysique dans la quotidienneté de ses gestes.

Theothea  le 29/10/02

DOIT-ON LE DIRE?

de  Eugène Labiche

mise en scène    Jean-Laurent Cochet

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Mouffetard

Tel: 01 43 31 11 99 

reprise au      Théâtre Tristan Bernard

   

Bien entendu qu'on doit le dire et plutôt deux fois qu'une!... Jean-Laurent Cochet reprend à nouveau sous forme de comédie musicale, cette pièce d'Eugène Labiche qu'il l'avait montée il y a vingt-cinq ans à la Comédie-Française avec grand orchestre, puis au théâtre Hébertot avec deux pianistes comme aujourd'hui!...

En effet, sous le plébiscite des spectateurs conservant un souvenir savoureux de la création originale et aussi selon l'engouement contemporain pour le théâtre musical, la compagnie Jean-Laurent Cochet s'est installée autour de l'homme de théâtre si renommé, au petit théâtre Mouffetard jusqu'à la fin de l'année 2002, et ce dans un bonheur renouvelé chaque soir car ça chante, ça danse, ça virevolte dans un humour où la précision semble se fondre dans la spontanéité!....

Initiée la saison dernière par "Frou Frou les bains", la bonne humeur impétueuse s'est immiscée dans le spectacle vivant au point de l'élever si non en art majeur, à tout le moins en nécessité absolue, telle une cure de jouvence sollicitée par tous!....

Qui mieux en effet que Jean-Laurent Cochet serait à même d'être le passeur entre texte et gaieté, alors qu'un seul frémissement de son visage peut déclencher l'hilarité générale?

Qui mieux que lui pourrait inspirer à la jeune génération du spectacle, le goût pour une discipline efficace que l'assistance est prête à congratuler avec enthousiasme?

Alors disons-le et surtout laissons Labiche nous emmener dans les méandres de la futilité humaine, son miroir comique et primesautier est tellement peu déformant qu'il en est vraiment réjouissant!...

Theothea le 05/11/02

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