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2004
Les
Chroniques
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8ème
Saison
Chroniques 08.01
à
05
Page 108
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HYPOTHEQUE
de Daniel
Besse
mise en scène
Patrice Kerbrat
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****
Théâtre de l'Oeuvre
Tel: 01 44 53 88 88
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C'est autour d'une bouteille de champagne dont ils ne cesseront de
différer l'instant propice pour faire sauter le bouchon des
réjouissances dans un huis clos agrémenté d'un simple
canapé que pendus à un téléphone, véritable
diktat de l'humeur générale, les trois protagonistes qui
s'avéreront effectivement quatre, vont lever l'hypothèque des
bons sentiments semblant les réunir!...
Comédie sociale démontrant la lâcheté et
l'égocentrisme de tout un chacun, toujours plus soucieux de ses
intérêts propres que d'un désir pourtant ostensiblement
affiché d'aider le prochain!...
Entre la désillusion de se "faire plaquer" et l'amertume de se
"faire arnaquer", la hantise de l'un ne peut rien changer à l'obsession
des des deux autres, d'autant plus que le quatrième en apparaissant
comme "le mort" d'un bridge virtuel, agit comme un empêcheur de ne
pas tourner en rond!...
Victor suspecte Patrick de le tromper, mais le couple Marc et Sergine
tente de le rassurer alors même qu'un tissu de mensonges a peu à
peu submergé leurs liens d'amitié et qu'il sont eux-mêmes
en proie à une inquiétude irraisonnée d'être victime
d'une corruption immobilière!...
La mise en scène de Patrice Kerbrat agite les quatre rôles
comme autant de marionnettes qui seraient prises dans la nasse d'un filet
que ceux-ci ne cessent de construire à l'instar d'une araignée
désemparée!....
L'interprétation se veut distanciée d'une angoisse
réaliste mais aboutit à une parodie de personnages dont la
crédibilité se cherche à tâtons dans un jeu de
cache-cache avec le faux-semblant!....
Roland Giraud et Stéphane Hillel, comme les deux faces d'une même
médiocrité, progressent dans une lutte aveugle dont
Maaïké Jenken assurera l'arbitrage palliatif et dont Tristan
Girard viendra à son insu sonner le glas, dans un happy-end en
trompe-l'oeil!...
Davantage bande dessinée que psychodrame, le spectateur hésite
dans un étrange malaise sur son adhésion avec le ton de la
pièce, en pressentant toutefois qu'il aurait sans doute été
contre-performant de s'appesantir sur la subjectivité des ressentiments
!...
Daniel Besse, l'heureux auteur de la pièce
"Les Directeurs" aurait-il
pu réussir présentement un second coup de maître?
Theothea le 10/09/03
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LA NUIT DES ROIS
de William
Shakespeare
mise en scène
Andrzej Seweryn
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****
Comédie Française
Tel: 08 25 10 16 80
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©
Jean-Paul Lozouet -
Si ce n'est à la première des comédies musicales
de la saison théâtrale, c'est à coup sûr à
un véritable feu d'artifices du spectacle vivant qu'Andrzej Seweryn
nous convie pour sa deuxième mise en scène à la salle
Richelieu, après celle du Mariage forcé de Molière en
2000. C'est peu dire qu'il signe ici à nouveau une réalisation
enthousiasmante qui fera date à la Comédie-Française
et cette "Nuit des rois" devrait avoir d'évidence, vocation au triomphe
du public!...
Dans un espace structuré en deux niveaux dont l'étage
supérieur est lui-même découpé en trois zones
reliés par des portes battantes, le décorateur Rudy Sabounghi
a concrétisé une hypothèse initiale où "Tout
ce qui dans les séances précédentes avait été
travail et effort, devenait soudain jeu et plaisir"!....
Effectivement ces deux mots "jeu" et "plaisir" caractérisent à
merveille ce sentiment de plénitude accomplie qui, durant 180 minutes,
traverse en ionisant la scène, la vingtaine de comédiens
plongés dans la jouissance de ce délire Shakespearien!...
"Le déguisement décide de ce que nous sommes, que sommes-nous
réellement au-delà de notre image?" commente Andrzej Seweryn
séduit par les jeux de miroir et d'optique suscitant de fait une
réflexion identitaire!...
Thierry Hancisse (Messire Toby Rototo) s'exhibe comme habité par
le génie d'une ivresse bouffonne!...Porté par la cocasserie
de ses compagnons, Messire André Fièvrejoue (Laurent Natrella),
Feste (Guillaume Gallienne), Fabien (Nicolas Lormeau) et même Marie
(Véronique Vella), celui-là semble investi d'une mission en
croisade pour la facétie que tous convoitent a parité comme
un seul être halluciné!....
Qui de Mathieu Genet (Sébastien) et d'Audrey Bonnet (Viola) apportera
la preuve manifeste d'être frère et soeur et non le fruit d'un
fantasme collectif ne sachant plus, à force d'alternances androgynes,
à quel duc Orsino (Laurent d'Olce) ou à quelle comtesse Olivia
(Coraly Zahonero), se vouer d'Amour ?
Malvolio (Gérard Giroudon) sera-t-il le dindon d'une folle ronde
où des lettres se substituent à leurs auteurs pour mieux les
compromettre et où, même la parole du capitaine Antonio (Bakary
Sangaré) sera bafouée?
Personne n'échappera aux foudres du travestissement, mais c'est
dans une joviale délectation que tous entonneront un joyeux madrigal
à plusieurs voix, confirmant en guise de divertissement final que
Piotr Kaminsky et Nicole Fallien ont effectivement collaboré à
un fabuleux spectacle musical... de William Shakespeare of course!....
Theothea le 12/09/03
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LA CUISINE D'ELVIS
de Lee Hall
mise en scène
Marion Bierry
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***
Théâtre Poche Montparnasse
Tel: 01 45 48 92 97
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Dans une perspective tragi-comique oscillant entre boulimie et anorexie,
une résurgence fantomatique d'Elvis Presley au théâtre
de Poche-Montparnasse vient stigmatiser et instrumentaliser la "bouffe" comme
vecteur d'appropriation des corps et de perdition des esprits!....
Tant qu'à faire d'être devenu "légume" au royaume
des vivants, la mémoire d'un temps où le King régnait
en idole des foules s'interpose en arbitre de conflits surréalistes
où s'affrontent le plaisir et le devoir, la jouissance et la
morale!....
Qu'une adolescente se mette en compétition avec sa mère
face à un amant de fortune, et voici que les frustrations se coltinent
avec les fantasmes en des métaphores culinaires où les goûts
de l'une s'opposent aux appétences de l'autre!....
A la satisfaction générale, Jean-Pierre Kalfon endosse alors
avec une délectation non feinte l'habit rock de lumière permettant
à un paralytique de fustiger ses stupides contraintes physiques afin
de retrouver le temps de l'engouement, l'extase de l'ange de Memphis!....
En parallèle, le handicap de Dad étant devenu l'enjeu d'une
dialectique quasi métaphysique entre Mam son épouse (Marina
Moncade) et Jill sa fille (Marie Ballet), c'est à un tiers Frank (Eric
Verdin) pâtissier de son état qu'il incombera de dénouer
les noeuds qui ne cesseront de s'inviter au festin de la libido!...
Marion Bierry réussit pleinement à entraîner le spectateur
dans la connivence avec des rythmes asynchrones que l'auteur Billy Elliot
s'est plu à juxtaposer et à entrecroiser!....
L'interprétation est irrésistible car elle pastiche de
manière burlesque des comportements sociaux où chacun se rêve
autre qu'il n'est!....
Theothea le 16/09/03
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SHIRLEY & DINO
de Achille
Tonic
mise en scène
Achille Tonic
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****
Théâtre de Paris
Tel: 01 48 74 25 37
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Molière 2003 pour "Le Duo", voici maintenant Shirley et Dino dans
"Les fantaisistes" où ils rendent hommage au music-hall, en foirant
systématiquement leurs numéros d'artiste!...
De temps en temps, l'exception d'un tour ou d'une prestation réussie
surprend d'autant plus le public: Dino grimpant aux rideaux pour mieux
s'éclipser en coulisses, Shirley vocalisant avec Grégoire la
grenouille en ventriloque accompli ou faisant disparaître dans la paume
de sa main un simple mouchoir de papier rose!...
Mais l'hilarité des spectateurs n'est jamais aussi intense que
quand les deux comédiens sur le ton de l'improvisation dissertent
à tout va dans un dialogue sans queue ni tête!... Prêts
à rebondir sur n'importe quelle opportunité, ils jouent alors
aux "cousins ennemis" campés dans une candeur nostalgique, telle une
"image d'Epinal" issue directement des années cinquante avec comme
emblème la fameuse robe vichy!....
Ce culte de la naïveté a le don de rafraîchir les
consciences contemporaines engluées dans l'idéologie de la
performance mercantile et c'est donc en pleine reconnaissance de salubrité
que les spectateurs garantissent un triomphe à la compagnie "Achille
Tonic".
Peut-être aimerions-nous cependant qu'à l'avenir ils s'emparent
de l'actualité pour mieux la stigmatiser au travers de leur filtre
magique, peut-être souhaiterions-nous qu'ils commentent ou racontent
à leur manière facétieuse, leur incapacité à
rendre le monde intelligible!...
Theothea le 17/09/03
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CINQ FILLES COULEUR
PÊCHE
de Alan
Ball
mise en scène
Yvon Marciano
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****
Théâtre de l' Atelier
Tel: 01 46 06 49 24
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Cette chambre de jeune fille ne rassemble pas une "académie
d'étoiles" mais dans le concept cela pourrait effectivement s'apparenter
à de la "T.V. réalité" ou plus exactement à sa
théâtralisation!...
Septième personnage d'un huis clos dont il est le seul à
ne pouvoir s'extraire durant la représentation, le spectateur assiste
en voyeur patenté aux coulisses d'un mariage dont il n'entendra que
les échos glanés successivement au cours de la party par cinq
demoiselles d'honneur et accessoirement par le seul représentant
mâle faisant irruption en fin de conciliabules!....
C'est qu'elles ne sont pas à la fête ces cinq filles comme
imprégnées d'adolescence prolongée découvrant
que la libération du langage pourrait mieux décorseter les
âmes et les esprits à défaut des corps!... Pour certaines
cependant, ce n'est pas faute d'avoir multiplié les rencontres avec
le sexe opposé dans leur déjà si longue expérience,
mais le bilan doit se raconter aux copines à coups de frustration
mêlant allègrement le fou rire aux larmes!...
Le constat d'échec succédant à l'analyse
désinvolte, viendra ensuite le temps des "bonnes résolutions",
celles de faire payer à qui de droit cette insatisfaction
générale, y compris celle des toujours vierges!....
Le ton est à la farce potache variante couleur pêche, mais
les mots peuvent être crus, voire indécents et inattendus dans
de si tendres bouches!... L'impression du spectateur est rafraîchissante
et distrayante, mais c'est avec grand soulagement qu'il observe la venue
de Tripp ( Michael Cohen) au sein de cette bonbonnière féminine
en diable et peut constater, un brin rassuré, que le flirt reprend
immédiatement ses prérogatives!...
Dans une mise en scène d'Yvon Marciano se voulant
délibérément réaliste et un décor en
adéquation avec une maison cossue du sud des Etats-Unis, Irène
Jacob, Camille Japy, Elisabeth Vitali, Constance Doll et Adriana Santini
défendent en des robes insupportables à porter mais fort jolies
à regarder, un texte irrévérencieux d'Alan Ball pouvant
se décliner comme le verso féminin d'une contrexpérience
initiatique!...
Theothea le 24/09/03
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