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 Sommaire / Editorial     Toutes nos  Critiques  2003 - 2004

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 - Le Théâtre à Paris -

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8ème  Saison     Chroniques   08.06   à    10      Page  109

 

 

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LA PARISIENNE

de  Henry Becque

mise en scène    Bernard Murat

 Choix des Chroniques ****

Théâtre des Mathurins

Tel: 01 42 65 90 00

  

 Les Portraits de Cat.S  
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Quelle est cette délicieuse étrangeté qui émane de Caroline Silhol? Comme si son charme devait s'apparenter à la troublante sensualité d'Arielle Dombasle!... Comme si son élocution devait flirter avec l'articulation consciencieuse de Fanny Ardant!...

Bien évidemment, le grain de beauté au bas de sa joue gauche signe une trace A.D.N. qui n'appartient qu'à elle, il n'empêche son charisme semble épouser une séduction venue d'ailleurs!...

Et c'est ainsi que Patrice Kerbrat, Joël Demarty et Georges Gay paraissent sur scène, tour à tour être saisis par un vertige que le mariage, le démon de midi et même l'aventure passagère n'expliquent en rien, si ce n'est qu'ils devront tous abdiquer, ne serait-ce que pour un "moment de grâce"!...

Bien sûr "La Parisienne" d'Henry Becque, chef d'oeuvre de cet auteur dramatique du XIXème, apporte de l'eau au moulin des atouts que Clotilde possède naturellement, mais comment élucider que la gent masculine, Lafont, Adolphe, Simpson confondus se morfondent en réagissant de manière totalement hétérogène?

L'amoureux transi n'aura que la jalousie chronique pour se défendre des attraits féminins, l'époux ne saura que feindre l'indifférence amicale, le jeune amant devra prendre ses jambes à son cou!... Comment alors interpréter autrement que cyniquement, le malheur que les uns et les autres tissent autour de Clotilde jusqu'à l'enfermer dans une détresse morale que seule la communication épistolaire pourra combler, comme étant son dernier pré-carré de réelle liberté?

Guerre des sexes, rapport de forces!... En ajoutant dix années plus tard un quatrième acte intitulé "Veuve" et créé pour la première fois en 2003 au théâtre des Mathurins par Bernard Murat, Henry Becque aura évolué d'une thèse où la "confiance" aurait dû être le maître mot de l'Amour à celle plus pragmatique où c'est le "réalisme" qui devra avoir le dernier mot!...

Theothea le 19/09/03

LA BELLE MEMOIRE

de  Pierre-Olivier Scotto

mise en scène    Alain Sachs

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Hébertot

Tel: 01 43 87 23 23

  

 Les Portraits de Cat.S  
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Déconcertante par les ruptures de ton, la mise en scène d'Alain Sachs obéit à un rythme syncopé qui contraint les comédiens à faire fi des états d'âme de leurs personnages en zappant sur des moments successifs de vérité dont le spectateur aura le plaisir excitant d'en reconstituer subjectivement le puzzle!...

D'emblée, il apparaît que Claire est victime de la maladie d'Alzheimer. Seule dans une véranda vitrée donnant sur un coin de verdure, la moindre tâche domestique l'oblige à une fastidieuse gymnastique mentale pour finaliser la succession de gestes en vue de modestes objectifs!...

A priori chronique, son état de santé nécessiterait une aide ménagère, voire médicale.... qui débarque à l'improviste sous les traits d'une charmante jeune femme proposant ses services, pouvant fort bien dissimuler une motivation mystérieuse!...

Ce nouvel équilibre vital étant en cours d'adaptation, surgit à domicile tout aussi brusquement un petit-fils "oublié" comme tous les autres souvenirs de cette pianiste d'exception dont la carrière internationale semble désormais compromise par son handicap!...

Le chemin sera rude pour remonter un à un les échelons d'une succession chronologique de traumatismes comme autant de paravents que la mémoire aurait dressés en contreforts de protection, pour échapper à l'insupportable réalité!...

Psychanalyse en raccourci d'une nuit cauchemardesque, les fantômes abandonnés de part et d'autre du "mur de la honte" au profit de la renommée d'une artiste ayant voulu consacrer sa vie à son talent, vont peu à peu prendre une silhouette et un visage!....

Effectivement Claire a devant elle respectivement issus de deux unions amoureuses, sa fille et le fils de son propre fils décédé récemment!.... Le choc est immense, les ressentiments et la culpabilité vont s'observer mutuellement, mais c'est l'Art qui en définitive sublimera si non ces retrouvailles tout au moins une renaissance collective, se débarrassant des scories du doute et de la spéculation négative!...

Sautant du rire aux larmes, de l'indifférence à l'amour, du pathologique au positivisme, c'est donc dans l'allégorie que doit s'apprécier ce nouvel opus freudien de réminiscences signé Pierre-Olivier Scotto et Martine Feldmann et c'est dans l'allégresse que doit se déguster l'interprétation spirituelle de Geneviève Casile (ex Comédie-Française), Claire Borotra et Grégori Baquet.

Theothea le 25/09/03

LE JOUR DU DESTIN

de  Michel del Castillo

mise en scène    J-M Besset

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Montparnasse

Tel:  01 43 22 77 74

  

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Si renvoyer dos à dos Franquisme et Stalinisme pour recherche de responsabilité originelle en matière de processus dictatorial pourrait s’apparenter à la quête d’une cause initiale liant l’oeuf et la poule, il est intéressant de voir s’établir leurs interactions et le jeu des références croisées que Michel del Castillo dissèque en agitant la lutte de la discipline et du désordre comme dynamique essentielle à la maturation respective de ces deux systèmes tyraniques!...

Le «Jour du destin», c’est le fruit tragique d’une rencontre concomitante entre trois personnages symbolisant Idéalisme, Anarchisme et cynisme!...

Face à face à Barcelone en 1950, un redoutable directeur de la sûreté, un inspecteur stagiaire tout frais émoulu et un résistant déterminé!...

C’est pour l'objectif délibérée d'une déliquescence des repères spatio-temporels, garantie par la durée d’une incarcération en huis clos absolu que sera donnée la préférence d’une méthode lente mais inexorable, au grand dam du jeune policier ne croyant, candide, qu’aux vertus de l’ordre!...

Mais la véritable question qui taraude le spectateur tout au long de la représentation, c’est pourquoi donc Jean-Marie Besset, le metteur en scène a-t-il voulu que Michel Aumont endosse la silhouette, les mimiques, les expressions jusqu’aux tics d’élocution qui signent l’image de marque «Michel Bouquet»? Si ce n’est la taille légèrement plus grande, tout dans le comportement, les déplacements, la manière de regarder ses partenaires semblent faire apparaître le clone fantomatique de l’immense comédien de «A tort ou à raison» qui intériorisait jusqu’à l’extrême, sur cette même scène du théâtre Montparnasse en 1999, le moindre des affects en synergie!...

Si toutefois la maîtrise de Michel Aumont apporte ici davantage de distance, au-delà du défi de l’imitation et de la performance engagée, l’interrogation reste entière quant à la signification à donner à ce choix de direction d’acteurs, si ce n’est d’élever délibérément l’interprétation de Michel Bouquet en maîtresse absolue «à penser et à jouer»!...

Christophe Malavoy, lui reste fidèle à une discrétion le plaçant de fait en retrait du faire-valoir de ses compositions, renforçant par là-même sa propre petite musique de crédibilité!...

Loïc Corbery endosse un rôle qui attire d’emblée l’empathie; ce jeune comédien tire de cette opportunité, le bénéfice de ceux qui n’attendent pas la fameuse loi du nombre!...

«No man, no cry!...», c’est sans aucune larme de regret que le coup de feu ultime pourra être tiré!...

Theothea le 29/09/03.

SIGNE DUMAS

de  Cyril Gely & Eric Rouquette

mise en scène    Jean-Luc Tardieu

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Marigny (Popesco)

Tel: 01 53 96 70 20

  

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Alexandre Dumas-Auguste Maquet, alias Francis Perrin-Thierry Fremont!... Si l’association des deux écrivains s’est largement construite au profit du premier, la rencontre inattendue des deux comédiens se révèle elle, tout aussi profitable à l’un et à l’autre qu’à leur tandem!...

Dans une mise en scène de Jean-Luc Tardieu qui privilégie la dialectique argumentaire contenue dans le texte des deux coauteurs (Cyril Gely-Eric Roquette) au détriment d’éventuelles invectives ou autres effets de colère physique, le spectateur assiste à un soudain rapport de forces entre deux écrivains jusque là complémentaires où la puissance imaginaire de l’un pouvait s’appuyer sur le travail d’écriture planifié et organisé de l’autre!...

Dans un contexte politique en pleine mutation liée à la chute de Louis-Philippe, faisant surgir de facto deux points de vue antagonistes, l’asservissement apparent de Maquet va subitement se transformer en révolte maîtrisée sur des positions très fermes face à un Dumas médusé devant une telle remise en question de son autorité naturelle!...

C’est qu’effaré par l’opportunisme de l’écrivain renommé, Auguste Maquet a soudain pris conscience que non seulement Dumas est entrain de scier la branche dorée sur laquelle il trône mais qu’en plus celui-ci risque d’entraîner son collaborateur dans une chute socio-professionnelle inéluctable!...

En tout cas l’analyse de l’un s’oppose à l’intuition de l’autre qui, en outre, se révèle comme un emprunteur sans scrupule ayant jusqu’ici abusé du savoir-vivre de son associé sans le rémunérer à sa juste valeur pour sa participation efficace à l’écriture de l’oeuvre de Dumas!...

Est-ce que la révolte de l’un pourra s’affranchir du charisme de l’autre? Parole contre parole, conviction contre confiance en soi, rationalisme contre lyrisme, les deux personnalités qui jusqu’ici avaient su se compléter, ne parviennent plus désormais à tenir les brides de leur association!...

Les deux comédiens excellent dans l’interprétation subtile des motivations des duellistes littéraires!.. De surcroît, les coauteurs et le metteur en scène façonnent avec pertinence l’intérêt suscité par ce pugilat au sommet où la raison pragmatique de l'"anonymat " s’affronte au talent créatif de la "notorièté"!...

Theothea le 30/09/03

COMME EN 14

de  Dany Laurent

mise en scène    Yves Pignot

Reprise   au Théâtre  Montparnasse

 Choix des Chroniques ****

Théâtre 13

Tel:  01 45 88 62 22

  

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A proximité de la ligne de front, la salle de garde d’un hôpital en 1917 vibrionne alors que seules quatre femmes tentent dans l’abnégation de soigner dans une salle annexe, les blessés des combats dont le canon se charge à intervalles réguliers d’en rappeler la tragédie en cours!...

En charge médicale, un médecin efficace mais invisible, ainsi qu’une infirmière Mlle Marguerite (Marie Vincent) qui cherche à communiquer son savoir-faire et son énergie positive à trois femmes civiles bénévoles (Valérie karsenti, Rosalie Symon, Colette Venhard), dont l’éloignement cruelle des hommes renforcent la détermination!...

La présence parmi elles d’un jeune garçon handicapé mental (Pierre-Vincent Chapus) dont le frère doit être incessamment amputé les obligent à une vigilance affectueuse renforcée!...

Et cependant, la nuit de Noël approche et il est fort réconfortant que chacune pense à apporter ce supplément d’âme qui fera la différence dans ce quotidien à la fois effrayant et absurde!...

Autour d’une table va pouvoir s’improviser un réveillon de fortune, ponctué par la sonnerie d’appel aux soins, où pourront s’évoquer la nostalgie d’avant guerre et l’espoir d’en terminer avec le cauchemar actuel!...

Les langues se délient dans la bonne humeur avec quelque alcool et cigarettes précieuses amenées pour la circonstance mais soudain la conversation se cristallisera sur la problématique politique du «pacifisme»!... Le débat s’avère impossible, tellement pour certaines la remise en question de la guerre et du patriotisme apparaît criminelle, en tombant d’ailleurs sous le couperet de la loi!...

En définitive, c’est la solidarité féministe qui l’emportera sur ce lourd différent idéologique et c’est dans l’intelligence de l’espoir que le rideau se refermera sur cette photographie couleur sépia écrite avec l’observation du coeur par Dany Laurent et mise en empathie par Yves Pignot.

Theothea le 01/10/03

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