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2004 -
2005
Les
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9ème
Saison
Chroniques 09.01
à
05
Page 130
THEA
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THEA
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SI J'ETAIS
DIPLOMATE
de A. l.
Rickman & K. Tiedemann
mise en scène
Alain Sachs
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****
Théâtre Tristan Bernard
Tel: 01 45 22 08 40
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Faudrait-il être diplomate pour être habilité à
rendre compte de cette première pièce de la saison 2004-2005
qui ne peut manquer de laisser perplexe tout esprit cartésien? Pour
ceux plus habitués à l'humour surréaliste d'Alfredo
Arias, il y aurait effectivement du grain à moudre tant les personnages
ici s'affairent à caricaturer les contre-modèles du savoir-vivre
ou de l'entregent!…
Entre une petite frappe demeurée au point de ne connaître
de la langue française qu'un leitmotiv des répliques de
"Drôle de Drame" et son chef excité, virevoltant comme une carpe
à l'air libre, face au président émoustillé d'un
pays d'opérette en plein marasme mais en recherche de
respectabilité, voici un ambassadeur de France nommé à
l'O.N.U. par le Général de Gaulle aux bons soins de son
épouse faisant office de secrétaire, qui est sur le point
d'extrader son cuisinier sur une île paradisiaque, à la suite
d'un fâcheux concours de circonstances l'ayant fait courtiser à
son insu la maîtresse d'un chef de la mafia locale!…
Le pitch pourrait être plus clair mais tel n'est pas l'objectif
poursuivi par les auteurs, Allen Lewis Rickman & Karl Tiedemann qui vont
prendre un malin plaisir à tirer le tapis sous les pas maladroits
du diplomate de pacotille en prise avec ses mauvais génies de
fortune!…
Tout ceci devrait être franchement hilarant si le délire
de la situation s'insinuait autant dans l'imaginaire des comédiens
que dans celui des spectateurs, mais il n'est pas évident que l'alchimie
concoctée par Alain Sachs suffise à déverrouiller le
lest rationnel qui s'oppose à l'attirance!…
Bien évidemment, nous apprécions le jeu de José Paul
ainsi que celui de Jean-Marie Lecoq; Marie Piton et Olga Sekulic évoluent
dans le ton que le metteur en scène attend d'elles; certes Charles
Schneider et Claude Guyonnet se démènent pour apparaître
déjantés; quant à Vincent Deniard difficile à
savoir s'il a le beau rôle, mais la rengaine de "Drôle de drame"
semble lui convenir telle une cotte mal taillée!…
Cependant du second degré au peltunième, il est toujours
envisageable de lâcher les amarres pour laisser l'invraisemblance envahir
le champ du divertissement!…
Theothea le 02/09/04
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NATURE ET DEPASSEMENT
de Olivier
Dutaillis & Joelle Seranne
mise en scène
Stephan Meldegg
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****
Théâtre La Bruyère
Tel: 01 48 74 76
99
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Renvoyant dos à dos les organisateurs de stage et les candidats
aux expériences de l'extrême, la mythomanie des gourous ne semble
rien avoir à envier à la perfidie de stagiaires bien
décidés à épuiser la sève nourricière
d'animateurs, victimes de leur volonté de vouloir trop bien faire!…
Comprendre la pièce élue en 2004 par Stephan Meldegg qui
tel un orfèvre a l'habitude de transformer ses choix pour le
Théâtre La Bruyère en pièces aspirant aux
Molières comme le serait un divertissement apte à remettre
en question le principe dynamique de stages intensifiés afin de mieux
en percevoir les motivations sous-jacentes et en pérenniser leurs
raisons d'être, pourrait être la perspective d'une ambition
accordée aux auteurs (Olivier Dutaillis et Joêlle Seranne) devant
se révéler en porte à faux avec leurs
objectifs!…
Et pourtant les trois personnages de ce happening (Attica Guedj, Joelle
Seranne, Jean-Luc Porraz) mis en scène dans un chalet en pleine montagne
ne vont cesser de démonter à leurs insu, les mécanismes
pervers qui les réunissent pour le pire, et voire le cas
échéant le meilleur!…
Bien entendu, c'est le rire qui doit sortir victorieux d'une lutte entre
les deux femmes (Marie-Jo et Béatrice) engageant une course de fond
vis à vis d'un pouvoir qui devrait rendre à leurs propres yeux,
la validation de leurs efforts surhumains à maîtriser si non
autrui, tout au moins l'image qu'elles ont d'elles-mêmes!…
Vaste sujet qu'un tiers (Jeff) profiteur des bénéfices
secondaires engendrés par le duel, sera censé arbitrer par
son talent de percussionniste n'en finissant de mettre de l'huile sur les
mœurs plutôt que de les adoucir!…
Complices d'un jeu qui renvoit chaque protagoniste dans les cordes d'un
ring où retentit le gong de l'intérêt personnel, chacun
en prendra pour son grade et le mérite reviendra au spectateur de
ne porter aucun jugement de valeurs à l'égard de l'ensemble
des comportements respectifs!…
Theothea le 05/09/04
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JACQUES A DIT
de
Marc Fayet
mise en scène
José Paul
& Agnès Boury
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****
Petit Théâtre de Paris
Tel: 01 42 80 01 81
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Au Petit Théâtre de Paris dirigé par Stéphane
Hillel, la bande de comédien(ne)s qui s'y est installée
(durablement) en ce début de saison 04-05, n'est ni celle de José
Paul, pas moins celle de Marc Fayet mais bel et bien celle de Jacques qui
les a sommés de s'y réunir au nom de leur amitié du
Val Fleuri!..
Se retrouvant à six, sans la présence des Pichon qui avaient
pris l'habitude de s'incruster dans leur groupe, il va leur falloir recomposer
un puzzle dont ils détiennent chacun un élément du message
mystérieux à découvrir ensemble!..
Une cassette vidéo devrait ensuite les éclairer
définitivement sur les desiderata de Jacques à l'égard
de qui tous vouent une fascination paradoxale!…
Prétexte à retrouvailles nostalgiques, cette petite
réunion de famille n'apparaît cependant pas du goût de
chacun des protagonistes; avec évidence des contentieux sourdent à
fleur de peau et les vacheries fusent avec la pertinence acerbée des
bons mots drainant une sensation d'ambivalence à tous crins!…
Annoncer d'emblée que la société de production "J'habite
au 21" détiendrait présentement l'un des succès des
Molières 2005, ne permettrait pas de savourer avec délectation
le petit jeu de société que cette équipe devrait assurer
avec superbe jusqu'au printemps prochain!…
Alors, osons affirmer que chacun des partenaires convoqués à
cette soirée entre amis est servi par des comédien(ne)s en
pleine maîtrise de leur art, caricaturant à souhait d'un geste,
d'une tonalité, d'un regard la verve d'un texte brassant à
qui mieux-mieux tous les faux-semblants imposés par les convenances
de l'entente cordiale!…
Aussi de José Paul qui, en complicité avec Agnès
Boury, excelle à mettre en scène avec humour les conflits latents,
ou de Marc Fayet démontrant à la fois une aptitude d'auteur
à entrechoquer les bons sentiments tellement dévastateurs et
d'une interprétation d'acteur à être odieux, tous les
autres rôles semblent se décliner comme des variantes oscillant
entre l'empathie implicite jusqu'à la misanthropie sous-jacente, sans
que jamais la crédibilité des personnages puisse être
soupçonnée d'être conforme au savoir-vivre ni même
d'ailleurs à l'égocentrisme!…
Bref, voici une véritable comédie où Anne Loiret,
Gérard Loussine, Eliza Maillot, Lysiane Meis & Stéphan
Wojtowicz s'ingénient à faire échec et mat à
tous les chefs de bande, en l'occurrence un certain Jacques!…
Theothea le 09/09/04
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TROIS JOURS DE PLUIE
de Richard
Greenberg
mise en scène
Jean-Marie Besset
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****
Théâtre de l'Atelier
Tel: 01 46 06 49
24
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Ce pourrait être l'histoire d'un journal intime si ce n'était
celle d'une géniale maison d'architecte, par là-même
celle de son propriétaire et en conséquence celle de ses
héritiers!…
Oui, mais voilà rien ne serait explicite, car la subjectivité
projetée sur les souvenirs d'enfance, la nostalgie et l'embellie qui
s'y attachent viendraient contrarier les options du présent en masquant
les intentions, les arrière-pensées, les convictions d'un
frère, d'une sœur, d'un ami d'enfance à l'égard de deux
pères associés dans une même créativité
architecturale!…
Présentement la susceptibilité de l'un pourrait nuire aux
ambitions des deux autres!… Comment ne pas fuir tête baissée
dans la paranoïa à la lecture d'un testament qui en les prenant
tous les trois à contre-pied révélera une part secrète
de la solidarité paternelle!…
En remontant le cours chronologique des évènements et de
la généalogie des protagonistes, l'auteur Richard Greenberg
invite à une réflexion sur la filiation et la transmission
qui, prises à rebours, pourraient éclairer les mécanismes
de la méprise et du malentendu!…
La mise en scène servie par un décor (Alain Lagarde) permettant
grâce à une demi-circularité mobile de se retourner
sur-lui-même, place de fait les acteurs sur des rings successifs où
malheureusement la remontée du temps pourrait se vivre comme un
pléonasme!…
Tout semble en effet écrit dès la première période,
celle où la jeunesse se rebelle!… Par la suite, celle de leurs parents
semblera bien récurrente!…
C'est ainsi que Mathieu Bisson séduit d'entrée de jeu par
sa fébrilité sensitive mais apparaîtra plus mal à
l'aise dans le symbolique bégaiement du père; Pierre Cassignard,
l'ami effaré par la tournure des évènements, confirmera
lui une prescience de chaque situation; quant à Léa Drucker,
son interprétation demeurera toujours, malgré une voix claire
et bien placée, comme en marge du drame où son rôle est
impliquée!…
Jean-Marie Besset et Gilbert Desveaux de nouveau en duo signent une adaptation
et une réalisation qui auraient pu convaincre si elles ne s'étaient
pas recopiées d'une phase générationnelle à
l'autre!…
Theothea le 14/09/04
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PARCE QUE CA VOLE
de de Muriel
Combeau & Nathalie Levy-Lang
mise en scène
Gilles Cohen
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****
Pépinière Opéra
Tel: 01 42 61 44
16
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Une écriture féminine à deux mains pour une
interprétation toute en nuances d'étrangeté, incarnée
par leurs auteurs Muriel Combeau & Nathalie Levy-Lang en mission de
comédie; deux mecs en faire valoir délibérément
caricatural de leurs nanas, l'un en bobo Maxime Leroux et l'autre en gagneur
Yvon Back, voilà en quelques clés une pièce qui ne vole
pas au-dessus d'un nid de stéréotypes afin de rendre compte
d'une vie en mono à assumer tous ensemble!...
En quête d'identité, les deux jeunes femmes tentent la
cohabitation en partage d'appartement, comme elles se lanceraient dans un
défi des extrêmes!...
Quelques règles simples au sujet de l'organisation domestique et
des petits amis de passage auront tôt fait d'éclater en
dérogations, portant des regards sans appel sur le déficit
d'obligeance des partenaires!...
De susceptibilités en chantages, de mesquineries en mufleries,
tout le bazar des relations humaines soldées à mauvais compte
défile dans un imaginaire subtil où l'humour semble surgir
à l'insu d'un volcan onirique!...
En décalant d'un petit degré les comportements de leurs
semblables, les deux comédiennes-auteurs réussissent à
renvoyer l'image d'une partie de plaisirs qui se ferait piégée
par une vie de substitutions, où la reconnaissance de l'autre serait
garantie par l'image que chacun a de soi... et vice versa!...
Un souffle de dérision sur les braises d'un cercle vicieux mis
en scène avec grâce par Gilles Cohen!...
Theothea le 15/09/04
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