Les
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13ème
Saison
Chroniques 13.96
à
13.100 Page
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Les
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LE CID FLAMENCO
de Pierre
Corneille
mise en scène
Thomas Le Douarec
|
****
Théâtre
Comédia
Tel:
01
42 38 22 22
|
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photo © Jean Chenel
|
Cela aurait pu être un brillant pastiche de la fameuse tragédie
de Corneille, cest en fait la version originale du Cid sous sa forme
tragi-comique quelle eut en 1637 avant sa version remaniée de
1682.
Plus exactement encore, Thomas Le Douarec a procédé à
un habile montage de ces deux versions extrêmes, en privilégiant
donc la forme initiale mais aussi en intervertissant certaines scènes,
en recomposant la chronologie et en supprimant plusieurs rôles dont
celui de lInfante, afin de préserver lespace tauromachique
où il a voulu situer le drame.
Une formation de Flamenco vient épouser le souffle de cette
re-création en contresignant la musicalité des alexandrins
par des envolées de guitares et de pas cadencés, surgies en
râles des entrailles andalouses.
Voici un Rodrigue (Olivier Bénard), comédien-danseur-chanteur
en provenance des spectacles musicaux de Roger Louret, « Les années
Twist » & « Les années Zazoues », ainsi que des
« Amazones 1 & 2 »!
Voilà une Chimène (Clio van de Walle), sortie du Conservatoire
de Paris ayant récemment joué dans le « Sainte Jeanne
des abattoirs » réalisé par Bernard Sobel!
Place à un Don Fernand, roi de Castille (Florent Guyot), acteur
déjà fétiche de Thomas le Douarec que celui-ci ose faire
descendre des cintres sur un trône de pacotille afin de singer les
contorsions maniérées de la Cour Royale!
En tout, huit comédiens en quête dune parodie où
le conflit Cornélien prend ses distances avec le purisme académique
identifié traditionnellement par la règle stricte des trois
unités.
En tournant par lhumour, voire la dérision gestuelle, le
symbolisme attaché à loeuvre classique, la mise en
scène sactualise comme une corrida où taureau et
toréador saffronteraient dans un duel damour que le principe
dhonneur serait censé arbitrer.
Le danseur (Kuky Santiago / Carlos Hernandez) et la danseuse (Melinda
Sala / Karla Guzman) se chargent alors dune émotion sombre,
extravertie de tout voile, pour canaliser les flux de vengeance que
latavisme familial dicte à celui et celle qui ne peuvent
savouer leur inclination réciproque: « Va, je ne te hais
point ».
Un CID magnifique, enjoué et drôle qui transgresse, avec
une félicité diplomatique, la problématique du mélange
des genres en respectant au vers près, le style et lesprit de
Corneille. Olé !...
Theothea le 07/05/09
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MAIS n'te promène
donc pas toute nue
& FEU la mère de Madame
de Georges
Feydeau
mise en scène
José Paul
|
****
Théâtre de
Paris
Tel: 01 48 74
25
37
|
José Paul est à la fois un acteur malicieux et un metteur
en scène au regard acéré sur les comédies de
moeurs contemporaines qui, pour ces deux courtes pièces classiques
de Feydeau, ne semble pas avoir su atteindre la mécanique implacable
liée au Vaudeville.
Là où le conflit verbal entre les protagonistes devrait
se constituer exclusivement en un échange de répliques
pétaradantes comme un feu dartifices, sa direction dacteurs
semble introduire une dose non négligeable de morale et de psychologie
qui, certes, valide une compréhension humaniste du train de vie bourgeois
dun autre siècle mais freine, en même temps, la
spontanéité du comique de situation.
Dans un décor délibérément kitsch et flashy,
un brillant échantillon de comédiens dont il connaît
parfaitement le savoir-faire, défend vaille que vaille les codes maritaux
de décence en vigueur à cette époque, en confrontation
directe avec une aspiration à la liberté comportementale
revendiquée successivement par le mari et par lépouse.
Ladaptation actuelle à une différenciation de moeurs
quelque peu désuètes nest pas en cause dans une
réussite non aboutie où effectivement Lysiane Meis excelle
dans la provocation sensuelle ingénue et où Phillippe Magnan
pousse la distanciation du rôle au-delà des normes
conventionnelles.
En trublion maniaque, Marc Fayet joue la composition aux limites de
lexcès pendant que Michèle Garcia lui rend, perfidement
désabusée, la monnaie de la gente domestique.
A voir pour apprécier un jeu dacteurs en décalage
assumé avec la perspective traditionnelle du Vaudeville.
Theothea le 04/06/09
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L'ECORNIFLEUR
de Jules
Renard
mise en scène
Marion Bierry
|
****
Théâtre La
Bruyère
Tel:
01
48 74 76 99
|
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photo © Lot
|
Au jeu de lamour et de la candeur, voici quatre néophytes
qui nous plongent avec ravissement dans le siècle impressionniste
finissant, au gré dune rencontre fortuite dans un tram
jusquà une villégiature balnéaire au charme
suranné.
A linstar dun conte dEric Rohmer, ces personnages de
Jules Renard y pressentent quils jouent avec le feu mais cela leur
semble tellement bon quil paraîtrait hors question de tempérer
les ardeurs du troubadour (Hugo Seksig), de renforcer la vigilance dun
époux (Julien Rochefort), de limiter la disponibilité de
lépouse (Sarah Haxaire) ou de modérer
lingénuité dune nièce (Lola Zidi), eu
égard à la satisfaction relationnelle escomptée.
En effet, cest la subtilité de lauteur, relayée
par la retenue de ladaptation scénographique (Renée Delmas
& Marion Bierry) qui, osant braver les conventions bourgeoises, va organiser,
avec un bonheur certain, la politesse des sentiments en émois face
à limpétuosité du désir charnel.
Ainsi, Rastignac en poésie de salon, le jeune Henri semble très
à laise pour se trouver des ouvertures au grand monde. Face
à lui, le couple Vernet, quelque peu empêtré dans les
convenances mais fort curieux de goûter aux attraits aphrodisiaques
de la culture, cherche à en capter les clefs initiatiques.
De repas intimes dans lappartement parisien jusquau séjour
estival en bord de mer, le trio va sinventer un modus vivendi de la
séduction que larrivée de la nièce aura beau jeu
de faire imploser avant quune quelconque muflerie latente ne puisse
semparer de tant dinclinations amoureuses.
Un régal de mise en scène (Marion Bierry) partagée
par quatre comédiens en plein flirt avec des mots daffection
et de tentation délicieuse, si plaisants à dire et à
entendre.
Theothea le 23/06/09
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LA ESTUPIDEZ "La
Connerie"
de
Rafaël Spregelburd
mise en scène
Marcial Di Fonzo Bo & Elise Vigier
|
****
Théâtre de
Chaillot
Tel: 01
53 65 30 00
|
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photo ©
Christian Berthelot
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Polar tansgressif de toutes les conventions et de tous les codes de bonne
conduite dune dramaturgie sachant tenir sa route, cet objet
théâtral non identifié, traduit à dessein par
« La Connerie », débarque dans la salle Jean Vilar de Chaillot
en boomerang dun premier abordage de la salle Gémier en 2008.
Sur le pont du dériveur, cinq pointures dont deux en proue
magistralement féminines (Karin Viard & Marina Foïs) pour
vingt-cinq rôles à larraché durant trois heures
trente de bagarres opiniâtres entre des imposteurs du chaos, des maffiosi
de lart et autres marginaux de largent roi.
Selon une intrigue passant cul par-dessus tête, cest à
rien ny comprendre de la cacophonie à plusieurs niveaux
dinterprétation, tant la scénographie du nihilisme est
fascinante comme du Andy Warhol.
Tel un road movie slalomant entre les chambres dun Motel de Las
Vegas avec vue sur piscine et cabine téléphonique, la course
poursuite met en péril de chaque instant, les lois de la gravitation
cinétique au point de fonder la schizophrénie en point
dancrage sécurisé.
Alors que Marcial Di Fonzo Bo, co-metteur en scène de ce sit-com
théâtralisé se dédouble en acteur pour cinq
personnages à lui seul, ses deux partenaires masculins (Pierre Maillet
& Grégoire Oestermann) rivalisent dinventivité sous
fondu enchaîné pour légaler au score de
lincarnation en temps réel.
La performance transformiste devient pour chacun le stratagème
dun changement à vue validé par le passage éclair
en coulisses... pour le principe et, à nen pas douter, pour
le respect de la règle des trois unités... élevée
au énième degré.
Flirtant sur le fil de la catastrophe pressentie, chacun joue la montre
pour tenter de sen mettre plein les poches en narguant et apostrophant
ses compagnons de fortune.... jusquà jouer la mise contre
soi-même... poussant ainsi celle-ci au comble de « la connerie
»
Annoncée dores et déjà pour la rentrée
prochaine à Chaillot et de nouveau grâce à la
réalisation de Marcial Di Fonzo Bo et Elise Vigier, « La
Paranoïa » de ce même auteur, Rafaël Spregelburd viendra
compléter son exploration des sept péchés capitaux,
intitulée « Heptalogie de Hieronymus Bosch », effectivement
inspirée initialement par loeuvre de Jérôme Bosch
exposée au Musée du Prado.
Theothea le 05/06/09
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UBU ROI
de Alfred
Jarry
mise en scène
Jean-Pierre Vincent
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****
Comédie
Française
Tel: 08 25 10
16
80
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dessin
© Cat.S / Theothea.com
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En faisant entrer aujourdhui « Ubu Roi » à la
Comédie Française, Muriel Mayette, son administrateur navait
aucunement lintention de raviver le scandale quil y eut en 1896,
à sa création au Théâtre de lOeuvre.
Au contraire, en mettant délibérément les rieurs
de son côté, la mise en scène de Jean-Pierre Vincent
a la vertu de consacrer Alfred Jarry, lauteur de cette pochade de jeunesse,
en un précurseur visionnaire des mouvements modernes: le
surréalisme, le théâtre de la cruauté d'Antonin
Artaud, celui de l'absurde d'Eugène Ionesco, l'invention lexicale
d'un Boris Vian etc...
« Merdre », trois fois « Merdre » et voilà
le ton de cette « anti-pièce » livré demblée
aux oreilles, juste interloquées mais, en réalité, si
peu choquées de nos jours.
Reste que la farce va prendre de telles proportions dictatoriales que
seule la métaphore pourra savérer la clef adéquate
dune acceptation des dérèglements engendrés par
la folle tyrannie dUbu (Serge Bagdassarian) sur son royaume de nulle
part... autrement dit, la Pologne.
Non satisfait den avoir usurpé le pouvoir étatique,
le couple maudit, quil forme avec Mère Ubu (Anne Kessler), va
semer la terreur sur la population jusquau point où la révolte
des assujettis va contraindre les Ubu à sexpatrier... pour
recommencer, comme si de rien nétait, une nouvelle vie en France
!!!
Initialement destinés à des marionnettes, les rôles
sont, comme à guignol, des sortes de coquilles souples dans lesquelles
le génie des acteurs est en charge doccuper les planches, tout
en évitant précautionneusement deffectuer un numéro
qui pourrait mettre à mal le délire sémiologique savamment
orchestré par Alfred Jarry dont, par ailleurs, le clone (Christian
Gonon) hante, continûment, la représentation.
Ainsi, le père de la Pataphysique joue avec ses personnages comme
sils étaient mus par un sens du rapport de forces
quinstinctivement lenfance ose cultiver dans
limaginaire.
De cette exacerbation des tensions pulsionnelles va naître, en retour,
un défoulement général quune perspective moderne
pourrait aisément comprendre comme un jeu de rôles, fort
bénéfique à tous.
Theothea 03/06/09
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