Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

13ème  Saison     Chroniques   13.100   à   13.105    Page  226

 

 

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LAISSEZ-MOI SEULE

de  Bruno Bayen

mise en scène  Bruno Bayen

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Théâtre de la Colline

Tel: 01 44 62 52 52  

 

     photo ©  Wikispectacle / Vincent Pontet    

   

Avec une mise en scène à la fois magistrale et subtile de la « Cerisaie », Alain Françon achevait officieusement le 10 mai, ses douze années à la tête du Théâtre de la Colline dont il a, toutefois, laissé le soin de l’ultime création à Bruno Bayen.

« Laissez-moi seule », telle est la proposition que celui-ci offre, alors, en cadeau d’adieu à une époque qui va, ainsi dès janvier 2010, s’ouvrir sur l’ère de Stéphane Braunschweig.

Entre temps, une prise en charge bicéphale devrait donc permettre de passer en douceur d’une orientation artistique à l’autre.

Plus dur est donc le choc, car ce « Let me alone » s’inspirant du destin tragique de Lady Di, livrée au cortège de la mythomanie en une tonitruante orchestration médiatique planétaire, se laisse choir, deux heures durant, telle une feuille morte, sur les planches de la Colline qui ne sollicitait point tant, un tel requiem.

En effet, tétanisé par l’enjeu symbolique, l’auditoire regarde défiler, sous une combinatoire d’escaliers de cour à jardin, la procession d’ombres royales que l’auteur stigmatise en une mascarade bêtifiante à souhait.

De la destinée princière en papier glacé jusqu’au conte pour public averti, le scénario d’une reconstitution subjective amène l’observateur, droit au gouffre obscurantiste du pont de l’Alma, précisément juste sous la statue de la flamme de la Liberté, qui n’en peut mais.

Ainsi, de brillants acteurs s’entêtent à des propos confus ou codés, selon le point de vue adopté.

Laissée seule, selon son suprême souhait, sous le pseudo de Duch, le sosie inouï de Lady Di prend, alors, les traits de Clotilde Hesme au point de craindre qu’une telle réincarnation puisse engendrer quelques alliés pour cette cause théâtrale perdue.

En Superbe « Girl friday », Dominique Valadié confirme, à son tour, qu’il pourrait y avoir grand péril à tirer son épingle de ce maelström, fût-il sous la caution allégorique de Camilla Parker Bowles.

Mais, place au final grandiose où le choeur des premiers rangs de spectateurs est mis à contribution pour lancer des dizaines de roses rouges en hommage au sacrifice expiatoire d’une princesse fantasmée en temps réel, sous dérapage incontrôlé.

Theothea le 10/06/09

LA VIE SINON RIEN

de  Antoine Rault

mise en scène  Bruno Abraham-Kremer

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Comédie des Champs-Elysées

Tel: 01 53 23 99 19  

 

      dessin ©  Cat.S / Theothea.com 

     

D’aucuns peuvent danser sur un volcan en fusion!

Pierre Taraud (alias Bruno Abraham-Kremer), lui, c’est au-dessus d’un trou noir qu’il va défier, en funambule sans balancier, les lois de gravité soudain offertes en tremplin de vie.

En effet, à tort ou à raison, le diagnostic d’une maladie rare ayant sonné le tocsin des défenses instinctives, c’est, peu à peu, la loi du « Carpe diem » qui va tenter de s’imposer, en viatique d’une existence à réinventer.

Renvoyant, dos à dos, les ressentiments du martyr en puissance et les bons sentiments de son entourage, c’est une troisième voie qui va devoir se frayer un passage ardu au travers des comportements stéréotypés pour combattre la sublimation du « moi », posé en victime sacrificielle.

Par la suite, outrepassant l’échéance estimée par l’expertise médicale, c’est quasiment en clone Nietzschéen que notre surhomme va contracter la maladie du bonheur.

Ainsi, en proposant l’objectif de réconcilier l’existentiel avec le relationnel, « La vie sinon rien » d’Antoine Rault constitue la première partie d’une « Trilogie de l’homme ordinaire » qui rend Bruno Abraham-Kremer dépositaire de la maxime d’André Malraux, à l’instar de la chanson d’Alain Souchon:

« La vie ne vaut rien mais rien ne vaut la vie ».

Theothea le 12/06/09

MOI, ANNA POLITKOVSKAÏA

de  Jean-Jacques Greneau

mise en scène  Katy Grandi

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Théâtre de l'épée de bois / Cartoucherie

Tel: 01 48 08 39 74  

 

     photo © Emile Zeizig   

      

D’Avignon 08 en Avignon 09, ayant, entre-temps, fait l’affiche parisienne du théâtre de l’Epée de bois à la Cartoucherie, la comédienne Katy Grandi ramène en juillet, sur le lieu de sa mise en scène initiale au Temple St Martial, le texte de Jean-Jacques Greneau mettant Anna Politkovskaïa au coeur de la liberté d’expression et de la défense des droits de l’homme.

La désormais emblématique journaliste russe, assassinée le 7 octobre 2006 à Moscou, jour de l’anniversaire du chef de l’Etat Vladimir Poutine, y est montrée, seule dans son appartement, au diapason d’un dialogue tourmentée avec elle-même.

En effet, au retour des geôles policières, l’intellectuelle se pose la problématique de son travail d’investigation, de la prolongation de ses enquêtes, de son devoir éthique confrontés à la peur physique ressentie a posteriori de son incarcération pour raison d’Etat.

A l’instar du syndrome de tentation en revirement au mont des Oliviers, celle-ci se prends à douter en se remémorant les ultimatums et autres menaces d’intimidation émanant du Pouvoir en place.

Les étapes de son chemin de croix ne pourront alors se résoudre temporairement que par le travail d’écriture consistant à rendre compte au monde entier, de son témoignage d’exactions répertoriées.

Selon la démarche du pot de terre contre le pot de fer, c’est à l’honneur de la conscience humaine de savoir s’élever seule, hors du consensus au silence, afin de clamer haut et fort, la nécessité d’une justice universelle équitable.

Au prix de la vie humaine, le bras armé du meurtrier conservera nécessairement la trace indélébile d’un sacrifice qui ne pourra rester vain.

Theothea le 15/06/09

AMOUREUSE

de  Isabelle Janier

mise en scène  Eric Frey

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Maison des Métallos

Tel:  01 48 05 88 27

 

   photo ©  Theothea.com 

   

Auteur, metteur en scène et comédienne, Isabelle Janier souhaite faire vibrer toutes les tonalités de la création artistique à disposition de sa palette de peintre.

Ayant monté « La seconde surprise de l’Amour » en 98, c’est, avec esprit de suite, qu’elle prolonge sa fascination en rédigeant « Amoureuse ».

En effet, inspiré par l’oeuvre de Marivaux, son texte condense le temps des intrigues, en synthétisant l'ensemble des personnages de manière à ce qu’ils puissent, tous, être interprétés par un duo de comédiens.

Deux séries de lecture publique ont été organisées ce printemps, permettant à la comédienne et Gilles Guelblum, son partenaire, de mettre en perspective ce qui pourrait devenir un nouveau spectacle vivant.

Lors de l’audition récente à la maison des Métallos, le dialogue entre les protagonistes prenait des allures théâtrales alors que, sous la direction d’Eric Frey, Gilles occupait l’espace de jeu, en tournoyant autour d’Isabelle, à l’instar d’une cour amoureuse, en bonne et due forme.

Ainsi, confrontés à l’humour latent d’un décryptage de la carte du tendre se livrant, pieds et poings liés, aux fourches caudines de l’amitié, le comte et sa marquise feignaient le malentendu récurrent afin de perpétuer cet entre-deux délicieux où tous les possibles de l’Amour restent constamment à portée du désir.

Au violoncelle, Marie Tournemoufly aura le dernier mot qui transforme définitivement l’intermède musical, en art de vivre la passion, au présent conjugué.

Theothea le 14/06/09

LA DAME DE CHEZ MAXIM

de  Georges Feydeau

mise en scène  Jean-François Sivadier

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Théâtre de l'Odéon

Tel: 01 44 85 40 40  

 

       photo ©  Theothea.com 

   

Lendemain de fête pour Feydeau où les restes d’une nuit de champagne et de paillettes chez Maxim laissent, au coeur des pétales de l’amour, une situation maritale portant à confusion.

De la maîtresse à l’épouse, un charivari sociétale va entraîner monsieur Petypon dans un engrenage de quiproquos où il semblerait que rien, ni personne et encore moins l’auteur, n’aient envie que cette nuit d’ivresse se termine au petit jour.

Au comble de la palette grimaçante, Nicolas Bouchaud y exprime une exaltation à fleur de peau; la môme crevette, Norak Krief, star de ce vaudeville, rend à Arletty ce que la bourgeoisie attend, avec délice et profusion, d’une cocotte du Moulin Rouge; quant à Nadia Vonderheyden, c’est non sans un voile sensuel dans la voix éraillée, qu’elle abonde, sans limite, la bonne volonté de l’épouse constamment contrariée.

C’est dans le brassage des convenances et de l’étiquette que va se concocter une analyse en coupe, de l’art de vivre à la belle époque... si proche de la contemporanéité.

« Et allez donc, c’est pas mon père!... ».

Avec ce gimmick, n’ayant, a priori, l’air de rien, Georges Feydeau va porter au fer rouge, le comique de répétition qui, sous gage d’une tournure populaire dissimulant un conflit des bonnes manières, va joindre allègrement le geste à la parole.

Réussissant à faire adopter sa formule lubrique à l’intelligentsia provinciale toujours en retard d’un métro sur le tout Paris, la môme crevette va se faire entraîneuse d’une farandole mettant cul par dessus chaise, la hiérarchie bienséante du « larbin » à la « Duchesse ».

La mise en scène de Jean-François Sivadier parie sur une abstraction conceptuelle de portes qui claquent, alors que celles-ci, soutenues par des cordages tombant du haut des cintres de cour à jardin, jouent au théâtre de marionnettes avec des clones en contreplaqué.

Tels à guignol, vociférants à tout va, les acteurs se relaient sur le ring de l’Odéon, pour y faire pétarader un feu d’artifices où

l’Archange Gabriel et autres revenants illuminés s’allient à une chaise extatique pour faire gober le pouvoir de l’invraisemblable, à la pensée ingénue incarnée au meilleur de ses formes.

En régisseur zélé de ce carnaval, Gilles Privat n’aura de cesse de mettre tout ce beau monde aux pas cadencés du Général Petypon du Grêlé.

L’unique retransmission en directe sur Arte aura su être fidèle à l’emballement des coeurs et des esprits, ayant eu le privilège d’être placés in situ de mai à juin.

C’est pourquoi, après trois heures quarante de représentation et au-delà des applaudissements et des bravos, la scène de l’Odéon jonchée de pétales rouges conserve encore les stigmates d’une tornade festoyante, témoignage résiduel d’une direction d’acteurs ayant sublimé le ravissement de doux dingues à accompagner, sans réserve, le temps béni de l’enivrement et de ses fulgurances:

« Et allez donc, c’est pas mon père !».

Theothea le 16/06/09

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