du Forum Théâtre d'AOL

   

     

CHRONIQUES

    Saison 98-99

         31 à 35  S6        

 

    

   

    

      

COUPLE OUVERT A DEUX BATTANTS

de Dario Fo

Mise en scène: Jean-Paul Tribout

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Théâtre d'Edgar

Tel: 01 42 79 97 97

« Un couple ouvert à deux battants, cela risque de faire courant d’air!.... » Michèle Simmonet ne peut s’empêcher de rire en interprétant cette réplique!.... Sont-ils des « battants » ou des « Has been », ces deux-là, de part et d’autre de cette porte, pivot de leurs désirs frustrés et de leur amour-propre?

Certes les tourments du couple qui se perpétue en tentant de se renouveler tel le phénix, s’offrent comme une inspiration permanente du théâtre, mais Dario Fo innove en inventant le dédoublement distancié qui commente et se commente lui-même comme si un jeu de miroir sans fin pouvait précipiter chaque partenaire du couple dans un abîme d’incompréhension et pourtant d’intuition à l’égard de l’Autre!....

La catharsis, ce serait donc l’humour que chacun est capable de porter sur le rôle que l’Autre lui assigne et qu’il serait nécessaire autant de respecter que de briser!...

La marge de manoeuvre est évidemment délicate, pour ne pas dire inconcevable mais c’est au prix de cette comédie que ces deux-là parviennent à se surprendre et sans doute est-ce là le secret de leur complicité!...

C’est drôle, décapant et permet de ne pas se prendre au sérieux, au cas où!...

Theothea le 18/11/98

FACE A FACE

de Francis Joffo

Mise en scène: Dominique Villard

*

Théâtre du Palais-Royal

Tel: 01 42 97 59 81

Avec une affiche aussi alléchante que Popeck, Roux et Castaldi, le Théâtre du Palais Royal  joue gagnant à tous les coups; en outre ce théâtre aussi désuet que cossu respire le parfum du Paris de toujours!... Ne serait-ce que son bar fumoir avec un balcon promenade pour mezzanine évoque à lui seul tous les rendez-vous galants ou mondains du siècle passé!....

Imbriqué à l’extrémité des jardins du même nom, ce théâtre oppose une résistance farouche au temps qui passe et c’est donc avec grand plaisir que l’on s’y rend fort de toutes les pièces à succès qu’il a hébergées!....

Michel Roux et Popeck sont des valeurs performantes et efficaces qu’il est impossible de prendre en défaut; aussi leur positionnement réciproque leur permet effectivement d’exceller dans les personnages qu’ils affectionnent: l’un le mari arrogant mais vulnérable, l’autre l’amant frêle mais opiniâtre!

Avec 8 comédiens sur le plateau, nous assistons à un chassé-croisé de couples en rupture, tentant de se reformer entre les générations comme dans un jeu de chaises musicales!...

Jean-Pierre Castaldi est enfermé dans un personnage alternativement tonitruant ou gémissant, poussé délibérément aux limites de la caricature, mais que les vertus du comique de répétition ne semblent pas épuiser!....

Au demeurant l’imbroglio et la pléthore des couples périphériques paraissent étouffer sensiblement l’aura de la tête d’affiche, en atténuant quelque peu le contentement que l’on s’attendrait à ressentir face à une pièce brillante !....

Theothea le 19/11/98

WOYZECK

de Georg Büchner

Mise en scène: André Engel

***

Théâtre de Gennevilliers

Tel: 01 41 32 26 26

Fortement inspiré par le découpage cinématographique et sans doute influencé par l’ergonomie du système d’exploitation « Windows », André Engel à la manière d’une comédie musicale échafaude un « Woyzeck » à    mi-chemin entre « West side Story » et « Fenêtre sur cour ».

En effet cette mise en scène stupéfiante fait effectivement appel à des « Fenêtres » qui alternativement vont apparaître comme différentes ouvertures de l’espace scénique précédées et suivies d’un effet optique de diaphragme .

Une dizaine de cadrages seront ainsi utilisés pour suivre les pérégrinations hallucinatoires de Woyzeck au sein d’un immeuble dont nous verrons successivement plusieurs pièces d’appartement, la cage d’escalier, un hall, le toit, la cour intérieure etc....

Entre chaque scène une musique tonitruante, pouvant évoquer quelques plages thématiques de la musique de Leonard Bernstein, couvrira le coulissement des décors!...

Nous devinons une structure technique extrêmement complexe et sophistiquée, que le nombre de techniciens venant saluer au final à la suite des comédiens confirmera, mais rien du côté salle ne laisse transparaître les contraintes de cette mécanique!....

Seule une large avant-scène nue sépare les travées de spectateurs de ce mur opaque d’où s’ouvriront ces fenêtres de lumière filtrante. La volonté manifeste du metteur en scène est de développer un espace onirique où les couleurs, la gestuelle et le déplacement chorégraphique esquisseront les repères d’un délire autant poétique que pathologique!...

Comme s’il était invité à ouvrir et fermer des boîtes magiques, le spectateur a le regard observateur, témoin et voyeur d’un James Stewart scrutant derrière sa fenêtre avec sa longue vue les indices d’une énigme domestique et fantasmée!...

Là haut sur le toit, le soleil a rendez-vous avec la lune!... Si près des étoiles, il ne reste plus à Woyzeck qu’à disparaître dans un précipice vertigineux et tourbillonnant, aspiré irrésistiblement par l’objet qui le condamne!.....

André Engel réussit à emmener la réalisation technique dans les hauteurs où règne la métaphore théâtrale et c’est peu de dire que la pensée a rendez-vous avec le plaisir des sens!...

Le cheminement égaré de Woyzeck trouve effectivement ici son point d’orgue dans l’accomplissement esthétique de l’oeuvre artistique!...

Theothea le 20/11/98

ARCADIA

de Tom Stoppard           reprise

Mise en scène: Philippe Adrien

***

Comédie Française

Tel: 01 44 58 15 15 

A l'instar de la dialectique Hégélienne, dans "Arcadia" la quête d'une vérité temporaire et relative se fait par étapes successives, en rebondissant de manière critique de la thèse à l'antithèse, ici entre deux époques distantes de deux siècles!...

La problématique ne sera pas tant d'appréhender la vérité, que d'avancer dans sa connaissance! D'ailleurs que pourrait-on dire deux siècles plus tard au sujet d'événements opaques à leurs protagonistes du moment?

La vérité ne serait-elle pas la part de Réalité destinée à rester cachée?

L'âme d'une famille à travers ses générations successives ne se pérenniserait-elle pas grâce à un jeu en abîme d'ombre et de lumière?   

Au coeur de cette famille aristocratique anglaise des Coverly, se déroule donc une saga dont le spectateur perçoit deux périodes symboliques: Le début du XIX siècle et la période contemporaine.

C'est donc comme si ces générations successives allaient répéter à leur insu les mêmes situations, éprouver des sentiments similaires....comme si elles se réincarnaient au plus profond de leurs ancêtres!...

Les préoccupations scientifiques, philosophiques, littéraires, amoureuses se renouvellent de manière récurrente au gré de l'interprétation de chacun des membres de cette famille et de leurs proches....

Etrangement ceux-ci se situent plus près de "leur vérité" en laissant le destin les guider plutôt qu'en s'appuyant sur des documents et des sources recoupés et dûment analysés contradictoirement!

La truculence des personnages est servie par une mise en scène à la fois charnelle et totalement en phase avec cet humour spécifique que les Anglais savent si bien porter sur eux-mêmes!

C'est un régal que d'assister au combat, maintes fois répétées durant cette saga et à deux siècles d'intervalle, entre les forces du "Scientisme pragmatique" et celles de 'l'humanisme irrationnel ", l'enjeu étant de décider s'il est efficace et souhaitable de déduire des faits observés un " déterminisme inéluctable " plutôt qu'un " libre arbitre volage"!

Tom Stoppard se garde bien de trancher et avec l'élégance de l'effacement, il préfère laisser aux générations à venir le soin à la fois d'interroger à leur tour les archives, ainsi que de s'adonner à la problématique insondable des ébats charnels!....

Theothea le 23/01/98

FRERES VOLCANS

de  Vincent Placoly   Présentation

Mise en scène: Anne-Marie Lazarini

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Théâtre Artistic Athévains

Tel: 01 43 56 38 46

Extrait du Dossier de Presse

Frères Volcans est une oeuvre paradoxale, à multiples facettes. Ecrite dans les années 80 par Vincent Placoly, brillant auteur antillais disparu en 1992, elle prétend être le journal d’un riche colon blanc gravement malade. Entouré de ses anciens esclaves qu’il a volontairement affranchis, celui-ci pose un regard lucide et désabusé sur les événements qui précèdent le décret de l’abolition de l’esclavage dans les colonies françaises. A travers une écriture d’une singulière beauté, Vincent Placoly fait vivre les espérances, les interrogations et les tourments d’une société en désarroi. Par la dialectique maître / esclave mais sans manichéisme, Frères Volcans nous mène aux sources de la culture antillaise et de son devenir. Anne-Marie Lazarini donnera à entendre cette langue si particulière qui transportera le spectateur dans un univers étonnant entre fiction et réalité.

 

 

 

   

 

   

   

   

   

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