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Les Chroniques de Theothea

 Choix des Chroniques

 

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LES FRERES TALOCHE

   

Mise en scène: Emmanuel Vacca

 Choix des Chroniques ***

Théâtre Trévise

Tel: 0 803 815 803

Prolongations  20h30  jusqu'au 30 juin 2003

Attention, voilà les Taloche!... Ils triomphent au théâtre Trévise où vers 22h00 se crée un véritable embouteillage, alors que leur public croise celui du spectacle précédent!...

Durant une heure et demie et une douzaine de sketchs qui s’enfilent comme des perles à broyer les zygomatiques, le rire des enfants se conjuguent avec celui des adultes selon des intensités et des tonalités hors normes!...

Proche d’un langage universel, c’est avant tout l’élasticité du visage et du corps qui brosse les personnages comme s’ils surgissaient de dessins animés!...

Les Marx brothers, Laurel & Hardy, Buster Keaton, Charlie Chaplin, Fernand Raynaud... sont appelés à la rescousse pour tenter d’expliquer la spécificité de leur univers... mais toutes ces influences réelles et bien d’autres résistent à la comparaison, car un nouveau style burlesque est né avec les Taloche!..

Leur texte semble se fondre dans la musique du spectacle comme s’il jaillissait d’un film de Jacques Tati où les répliques se devineraient en surface du bruit de fond!...

Bande son et images se côtoient en effet comme dans un film muet, en variant les possibilités de désynchronisation, et en se projetant en l’absence d’écran même virtuel, sur deux comédiens, disponibles à tous les transferts d’imaginaire!...

Du mime, des borborygmes, de la caricature, de la naïveté, de l’inquiétude, de l’émotion, de la farce, il est possible de décliner à l’infini les ingrédients sans pouvoir épuiser le charisme de ce duo, deux frères dans la vraie vie, auprès duquel les sentiments d’humanité semblent se lover instinctivement!...

S’il devait y avoir des taloches qui se perdent, pour sûr ceux-là seraient hors compétition!...

Theothea le 31/10/00

L'IMPOSTURE COMIQUE

de Pascal Bancou

Mise en scène: Xavier Lemaire

 Choix des Chroniques **

Théâtre de la Huchette

Tel: 01 43 26 38 99

    

Un auteur est né au moment même où celui-ci porte une sympathique suspicion sur deux de ses célébrés confrères, Molière et Corneille, excusez du peu!...

Se seraient-ils acoquinés, en se répartissant les tâches de la création? A l’un l’écriture dans l’ombre, loin de la cour et de son Soleil de Roi, des pièces signées respectivement Corneille et Molière!.. A l’autre les plaisirs de l’Amour, le public-relation et le plan médiatique sous la protection de Louis XIV!...

Mais que l’on se rassure, Pascal Bancou n’instruit pas présentement à charge, le procès de ces deux illustres confrères de Théâtre!... Son objectif est d’initier la problématique de l’Auteur face à son oeuvre et à ses droits, en utilisant le rire comme instrument de cette galéjade!...

Et c’est diablement réussi et surtout servi par des acteurs totalement investis dans cette affabulation provocatrice!...

Si le talent de Claude Debord n’est plus à découvrir, celui de Yann Bonny percute les murs du légendaire théâtre de la Huchette; en contrepoint Stéphanie Mathieu joue avec ses deux partenaires comme une chatte malicieuse et effrontée!... Une équipe joviale pour un succès assuré!...

Theothea le 26/10/00

CINNA

de Pierre Corneille

Mise en scène: Simon Eine

 Choix des Chroniques ***

Comédie Française

Tel: 01 44 58 15 44

 

Il est des pièces qui d’emblée imposent le respect tant par leur écriture que par leur réalisation théâtrale!... CINNA de Pierre Corneille est l’une d’entre elles!... Aussi Simon Eine, le metteur en scène influe-t-il une extrême dignité aux acteurs en un profond respect vis-à-vis de l’oeuvre!...

Une sérénité fébrile enveloppe jusqu’au dénouement, la rhétorique dialectique qui divisera avant de réunir les protagonistes de cette tragédie, apte à légitimer le Pouvoir!...

Avec en toile de fond, la grandeur et la décadence de l’empire romain, c’est la lutte entre radicalisme et relativité qui va imprimer sur les consciences un enjeu rare, sinon unique au sein du théâtre classique:

La mort frôlant chacun tour à tour sous les oripeaux du suicide, du meurtre, ou de l’assassinat, c’est en évoluant constamment sur le fil du rasoir que, par la concertation, le verbe aura finalement le «dernier mot» en instituant la magnanimité en valeur suprême!...

Jamais à l’aune de la trahison, la grandeur d’âme n’aura-t-elle triomphé avec un tel éclat!... Jamais au regard de la raison d’Etat, l’intelligence n’aura-t-elle été aussi bien inspirée par une stratégie tout à la fois pédagogique, morale et effectivement pragmatique!....

Car, si à la fin des fins, l’image de l’ex-tyran se transfigure en celle plus flatteuse d’empereur qui «maîtrise la terre et l’onde», celui-ci devient avant tout, aux yeux du monde et selon son propre jugement, celui qui se maîtrise lui-même face aux ressentiments!...

Pour en finir avec l’abus de Pouvoir, qu’advienne donc l’homme de la véritable «Res Publica»!...

Jean-Claude Drouot, tel un pilier vénérable de la Comédie Française qui y officierait depuis des lustres, apporte à l’empereur Auguste, la patine et la stature du commandeur que ce comédien semble incarner tout naturellement!...

Face à lui, Christian Cloarec évolue dans la sphère de l’ambiguïté pour composer un Cinna ambitieux, amoureux, idéaliste mais que ses contradictions enferment peu à peu dans un piège qu’il ne peut transgresser, à l’instar des autres conjurés!...

Sur scène, les vestiges d’une colonne grecque en pivotant sur elle-même, se transforment alternativement en trône, c’est dans un va-et-vient similaire de la pensée que se construit par métaphore, le concept de pouvoir «Royal», celui qui devra se mettre au service des hommes!....

Theothea le 8/11/00

COMMENT LES CHOSES ARRIVENT...

de Jean-Claude Danaud

Mise en scène: José Valverde

 Choix des Chroniques *

Théâtre Essaion

Tel: 01 42 78 46 42

 

Mais qui sont donc ces trois femmes, une mère et ses deux filles qui, vivant recluses dans leur cellule, n’ont d’autres contacts avec le monde extérieur que grâce à leur gardien qui leur apporte notamment les plateaux repas?...

Cependant ce poste de gardiennage est l’objet de remplacements successifs et leurs détenteurs se succèdent sur une liste noire qu’Eulalie et Euphèmie mettent à jour en apposant au fur et à mesure, une croix devant chacun des noms!...

Capricieuses dans leurs jeux et leurs passe-temps, les deux gamines virevoltent comme des mouches qui n’auraient d’autres objectifs que d’agacer le voisinage!...

Quant à la mère, elle plane sur les ailes de la logorrhée, en se réclamant d’un destin qu’elle semble avoir apprivoisé une fois pour toutes!...

Et ce n’est rien de se demander qui sont-elles, car une autre interrogation nous taraude, quel est ce lieu ?

A chacun de se faire son opinion, car ce n’est pas l’auteur Jean-Claude Danaud qui nous fera la suggestion d’une interprétation que par ailleurs d’aucuns pourraient estimer métaphysique!...

Dans la foulée de «L’Hôtel des deux mondes» de Eric-Emmanuel Schmitt, de «Le ciel est égoïste» de Pierre-Marie Scotto ou encore de «On ne refait pas l’avenir» de Anne-Marie Etienne, le surnaturel est actuellement dans l’air du temps et se conjugue fort aisément avec les anges.... fussent-ils gardiens!...

La métaphore y est toujours pourvue de grâce poétique propice à la réflexion, encore faut-il que celle-là se donne également en objet de représentation théâtrale!...

C’est nous semble-t-il présentement la faiblesse de cette pièce plus proche d’une dialectique philosophique appliquée que d’une intrigue propre à maintenir l’attention du spectateur!...

La mère ne décoincera pas de sa chaise, accrochée à son sempiternel tricot et c’est pourquoi l’interprétation d' Alida Latessa est d’autant plus remarquable que seule la mélodie de sa voix et le sourire de ses mimiques tente d’apaiser les âmes se blottissant les unes contre les autres dans la superbe cave du Théâtre Essaion qui signe ainsi sa 167ème création de «pièce inédite d’auteur vivant d’expression française»!...

Theothea le 6/11/00

L'AMANT / LA COLLECTION

de Harold Pinter

Mise en scène: Patrice Kerbrat

 Choix des Chroniques **

Théâtre de Chaillot

Tel: 01 53 65 30 00

 

   

Brigitte Fossey a la poésie de l’âme sur son sourire!... Sa malignité de femme est celle de l’éternelle enfance mutine!...

Aussi, la perversité d’un rôle se propose-t-elle à cette comédienne comme un art forcément contre nature!...

A priori donc, Brigitte Fossey ne s’offre pas comme un modèle adéquat de l’univers mental d’Harold Pinter et c’est sans doute pour cela qu’elle a été choisie par Patrice Kerbrat, de façon à faire contrepoint aux calculs sordides, aux non-dits, aux soupçons obsessionnels qui taraudent les personnages de l’auteur britannique!...

Mais que diable irait-elle faire dans ce rôle «d’amante» au beau milieu d’une «collection» de misogynie à peine voilée, de jalousie patentée et d’homosexualité masculine si peu latente?

Pour une raison aussi simple qu'un rafraîchissant «bonjour!» du matin!... Par goût du jeu!... Le jeu du théâtre, le jeu de la composition, le jeu du dédoublement, ainsi que bien entendu, le risque du jeu!...

Assurément dans cette perspective, elle rejoint en pleine osmose, les motivations perceptibles d’Harold Pinter qui adore induire dans ses pièces, des jeux de rôles où chaque protagoniste laisse transparaître plus ou moins consciemment des tombereaux de fantasmes qui se télescopent à tout va!...

Le contexte se présente alors comme un jeu de l’esprit qui confronte intelligence, instinct et émotion avec les roueries infernales du machiavélisme!...

A ce petit jeu, hommes et femmes se perdent à force de se damner mais néanmoins se retrouvent là-même où ils se perdent!...

Terriblement humain, ce suspens Hitchcookien où chacun avance masqué dans la jouissance secrète du double sens!...

Jean-Pierre Cassel en possède la distanciation flegmatique de l’école anglaise, Thierry Fortineau, l’impassibilité inquiétante cultivée à la manière de Patrick Chesnais; quant à Michel Voïta, celui-ci s’emploie habilement à jouer les «susciteurs» de tourner en rond!...

Il ne reste plus à Brigitte Fossey qu’à tirer son épingle du jeu!... Vous l’avez compris, elle joue gagnante!...

Theothea le 09/11/00

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