Les
Chroniques
de
Theothea
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CHANTONS SOUS LA PLUIE
de Betty Comden
Mise en scène: Jean-Louis Grinda
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****
Théâtre de la Porte Saint Martin
Tel: 01
42 08 00 32
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«Singin’ in the rain», c’est Broadway à Paris!... Voilà
que cette mythique comédie musicale coproduite en ce début
de siècle par l’Opéra royal de Wallonie et les opéras
d’Avignon et de Montpellier, apporte au théâtre de la porte
saint Martin, ses sublimes moments d’anthologie!...
Dans la fosse, un orchestre de vingt musiciens sous la direction de Gilles
Nopre; sur scène 24 danseurs-chanteurs ainsi que tous les rôles
emblématiques de ce fameux spectacle dont le film fut réalisé
en 1952 et la première adaptation scénique seulement en 1983,
à Londres!..
Comment Don Lockwood, Lina Lamont, Kathy Selden, Cosmo Brown allaient-ils
de nos jours, pouvoir prendre d’autres visages que ceux de Gene Kelly, Debbie
Reynolds, Jean Hagen, Donald O’Connor?
C’est le secret et le savoir-faire de Jean-Louis Grinda et de Claire Servais,
à la fois metteurs en scène et dirigeants de l’Opéra
royal de Wallonie d’avoir su conserver la magie initiale du film, en utilisant
judicieusement les ressources du plateau et surtout en s’entourant
d’acteurs, compétents à part entière pour la danse et
le chant, et qui soient en parfaite osmose avec le charme ludique de cette
comédie musicale!..
Evoquant les avatars du passage délicat et souvent cruel du
cinéma muet au parlant, c’est le doublage voix de Linda Lamont par
Kathy Selden qui, impliquant susceptibilités, quiproquos, et même
dénonciations de contrat, provoquera les tribulations d’une création
artistique toujours à la limite de l’échec retentissant et
du succès international!...
Pour ce faire, sans légende à ce jour et pourtant à
l’oeuvre de la danse et du piano depuis l’enfance, une véritable star
nous est née!...
Une aisance dans le mouvement à nulle autre pareille, un sourire
qui se pose dans les regards; pour tout dire un mélange de classe,
de simplicité, de gaieté qui ne serait pas s’en rappeler le
malicieux charisme d’Audrey Hepburn dans "my fair lady!"...
Oui assurèment, Isabelle Georges possède tous les dons pour
devenir une artiste d’exception, douée pour la comédie, la
danse, le chant, les claquettes et... la séduction!...
Son partenaire, Joel Mitchell interprète un Don Lockwood sympathique,
sensible et tonique pendant que Rodolphe Briand compose l’ami Cosmo Brown,
en débonnaire vigilant et farceur!...
Une mention spéciale à l’égard d’Estelle Danière
qui réussit à merveille à incarner une Linda Lamont
fantasque, drôle, pas très futée, et qui assume la
tâche ingrate de « se prendre sur la tronche» une tarte à
la crème à chaque représentation!....
Bref, un merveilleux spectacle pour un théâtre qui jubile
de spectateurs enthousiastes, de l’orchestre aux galeries!...
Theothea le 15/02/01
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TRANSFERTS
de Jean-Pierre About
Mise en scène: Jean-Claude Idée
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***
Théâtre Montparnasse
Tel: 01
43 22 77 74
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De l’étrange au burlesque, l’inconscient est un champ
d’investigation privilégié pour tout auteur dramatique, mais
si par surcroît celui-ci a fait carrière comme directeur d’une
compagnie d’aviation nationale, cela lui octroie désormais la jouissance
de s’adonner aux plaisirs réitérés du
«décollage» tout azimut !...
Ainsi Jean-Pierre About, jeune auteur de soixante ans nous livre tout
à trac, une famille bourgeoise confortablement installée dans
une maison de campagne isolée, tel un Sigmund Freud qui distribuerait
les cartes à jouer avant de lâcher les
«démons»!...
Laisser venir Tom Novembre, ce grand dégingandé flegmatique
accoutré en cadre à la dérive, il va savoir lever les
lièvres qui dorment derrière ces repas de famille hebdomadaires
qui se passent trop bien, pour ne pas dissimuler nombre de
ressentiments!...
Andréa Ferreol, madame mère pressentira d’emblée
qu’au sujet de cette histoire de panne de voiture à l’heure du
dîner, c’est avec l’inconnu, le «linge sale» qui, tel un
boomerang, fait irruption dans son salon!...
Pour elle, qui poursuivait ostensiblement le fantasme d’une famille heureuse,
il apparaîtra en premier lieu que son mari (André Falcon)
n’eut pas toujours la fidélité conjugale à hauteur de
son ambition d’épouse; il ne sera pas moins évident que sa
belle-fille (Bénédicte Roy) incarna le prototype maternel tant
espéré qui la comblerait en retour, comme grand-mère!...
Si donc, madame mère s’arroge le droit d’initiative de faire
«exploser» le couple inconnu, en effet Tom Novembre sera bientôt
rejoint par sa maîtresse Laurence d’Amélio, c’est pour mieux
tenter de mettre à l’épreuve l’amour conjugal de son fils (Geoffroy
Thiebaut) et de sa compagne!...
Ainsi cette opportunité de l’«Inconnu» devient par excellence
le lieu de tous les transferts, là d’où tout peut être
dit, tout peut être osé!...
Dynamique de groupe respectant la règle des trois unités
(lieu, espace, temps), cette pièce se présente comme une
comédie qui débute dans un suspens hitchcockien, se poursuit
dans une extravagance progressive pour se terminer en coup de théâtre
surréaliste!...
Attention, il neigera à l’atterrissage.... Des dégâts
sont à craindre.... mais bien entendu, c’était pour rire!...
Theothea le 19/02/01
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PREMIERE PORTE A
GAUCHE
de Jean Barbier
Mise en scène: Franck de la Personne
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**
Théâtre des
Nouveautés
Tel: 01 47 70 52 76
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Lorsqu’un mari est intéressé à se loger confortablement
et gratuitement, en échange des faveurs de son épouse,
accordées au propriétaire, Jean Barbier nous précise
que cette attitude relève du «syndrome du coucou» !...
Aussi, sa nouvelle comédie est censée illustrer cette conjugale
attitude et il faut dire que cette réunion de joyeux drilles pourrait
aisément nous convaincre des vertus de cette déviance amoureuse
!...
En premier lieu, célébrons l’acteur et néanmoins
metteur en scène, Franck de La Personne, qui à la manière
d’un Stan Laurel gratifie ses partenaires d’un souffre-douleur à la
fois irascible mais toujours le coeur sur la main!...
Tout à l’aise dans un embonpoint sympathique et virevoltant, il
développe le faciès rondouillard vif et grimaçant, plus
explicite que toutes doléances!...
Véritable phénomène d’un théâtre de
boulevard toujours en quête de lettres de noblesse, ce comédien
emporte ses camarades en une folle sarabande où Yannick Le Poulain
le plus souvent en tenue légère et affriolante, semble à
son tour prendre un plaisir de jeu, particulièrement communicatif!...
Marcel Philippot assure gaiement le rôle du bêta manipulateur,
toujours prêt à tirer les marrons du feu pendant que Patrick
Topaloff nous semble dissimuler un naturel plus sombre que le personnage
comique et perfide qu’il affecte!...
Quant à Agnès Jerlin, elle s’emploie efficacement, en
empêcheur de tourner en rond!...
Sur le qui-vive, chaque comédien semble s’attendre en permanence
à une facétie inattendue de ses partenaires; ce qui crée
sur scène une émulation à laquelle sont
particulièrement friands les spectateurs!...
Le théâtre des Nouveautés refait à neuf, pimpant
comme une bonbonnière, participe à sa manière, au patrimoine
du théâtre!... Gageons que le succès de «Première
porte à gauche» n’y sera pas le moindre!...
Theothea le 20/02/01
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MARIE HASPARREN
de Jean-Marie Besset
Mise en scène: Jacques Rosner
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*
Théâtre 14
Tel: 01 45 45 49 77
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L’étude entomologiste d’un milieu bourgeois privilégié,
campé dans un Paris artistique et médiatique contemporain pourrait
fort bien prendre valeur universelle, si telle était l’intention de
l’auteur!...
Mais pour cette pièce publiée en 1994, Jean-Marie Besset
semble avoir voulu restreindre son champ d’investigation à un cercle
intime qui n’en finit pas de faire sien l’air du temps pour mieux en
sécréter à son insu, un art de non-vivre!...
Autour de la reine Marie Hasparren, journaliste célèbre
en charge du journal télévisé de 20h00, bourdonnent
son ex-mari Vernon, un couple ami de ce dernier Denys et Jeanne Descaves,
sa compagne brillante éditrice Lise et last but not the least, son
père veuf, Eugène!...
Tout ce petit monde va initier une ronde où les rapports
d’influence pour ne pas dire de force, serviront de viatique à des
êtres, malades de ne pas savoir entrouvrir d’autres horizons
qu’eux-mêmes!...
Quelque part entre des ersatz de l’univers d’Eric Rohmer et celui du
«Bonjour tristesse» de Françoise Sagan, nous plongeons dans
l’ailleurs d’un ennui distillé par des coucheries croisées,
cause incessante d’insatisfactions affectives!...
Un décalage étrange s’opère entre les jeunes
comédiennes, Chloé Lambert, Odile Cohen, Florence Darel et
leurs clones qui hantent un imaginaire à leurs images!...
Quant aux hommes, Gilbert Desveaux, Jean-Marie Besset, Jean Négroni,
ils ont malgré leur apparent désappointement, le beau rôle
de ceux qui commentent le tourment!...
En interprétant lui-même le rôle de l’ex-mari,
l’auteur J-M Besset semble s’être pris délibérément
à son propre «je», sans jamais que le spectateur puisse
déceler si l’arrogance introvertie du personnage est virtuelle ou
réaliste!...
A l’instar du décor, la mise en scène de Jacques Rosner
est sobre, comme guidée par une abstraction des sentiments dont le
snobisme tendrait à l’épure!...
Seul un faux plafond, révélera le temps de la révolte
picturale de Jeanne, une expression artistique contenue dont
l’épilogue se concrétisera en un télégramme de
fuite indéfinie!...
En finir avec le microcosme, tel pourrait être le profond désir
de chacun, mais ce thème serait-il en mesure d’inspirer l’oeuvre à
venir de l’auteur?
Theothea le 21/02/01
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VALERIE LEMERCIER aux
FOLIES BERGERE
Mise en scène: Brigitte Buc
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***
Théâtre des Folies Bergère
Tel: 01
44 79 98 60
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Ainsi depuis cinq mois jusqu’au 3 mars prochain, Valérie Lemercier
effectue 90 minutes quotidiennes de «Folies Bergère» qu’un
bouche à oreille avantageux a façonné en
plébiscite!...
Quel talent atypique anime cette comédienne pour décrire
un monde si noir, plus proche de Zola ou de Céline que d’un divertissement
en paillettes de music-hall?
Et pourtant le public ne cesse de rire, pressé qu’il est de soulager
la pression que le sordide dispute à l’insoutenable
légèreté!...
Loin, très loin des chochottes des quartiers privilégiés,
c’est le coeur et les tripes de la France profonde, si ce n’est de la Wallonie
que l’auteur-interprète convoque au banc des prévenus de la
déliquescence consensuelle!...
D’une impartialité subjective, c’est le trop humain qui dicte son
errance dans le labyrinthe des perversions à peine
déguisées!...
Même si des haut-le-coeur devaient nous soulever, des rictus auraient
tôt fait d’étouffer la tentation indignée que la
«bête» de scène ne cesse de susciter avec une
vitalité ébouriffante!...
Du grand art, structuré en multiples facettes dont aucune improvisation
ne cherche à faire dévier le fil conducteur d’un imaginaire
en désarroi!...
Ni masculin, ni féminin, l’artiste accouche d’une meneuse de revue...
de presse dont le fait divers en serait la métaphore!...
«Je n’aime pas le théâtre !...», profère
un des personnages trompé par son conjoint, durant une sortie
culturelle!... L’effet pris pour la cause, voilà bien le signe d’un
aveuglement collectif face à la misère du monde!...
«C’est trop!», nous suggère Valérie Lemercier,
alors mieux vaut effectivement en rire!...
Theothea le 23/02/01
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