Les
Chroniques
de
Theothea
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chroniques
de 81
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85
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LA CONFUSION DES
SENTIMENTS
de Stefan Zweig
Mise en scène: Stephanie Tesson
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**
Théâtre du Renard
Tel: 01
42 71 46 50
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Une démarche initiatique est souvent l’occasion pour un être
jeune de se laisser librement subjuguer par l’emprise d’une autre personne,
d’une science, ou même des deux réunies!...
Quand dans une université d’Allemagne, Roland rencontre pour la
première fois son professeur de philologie anglaise, sa
déférence initiale vis-à-vis de son futur maître,
est celle qu’il accorde a priori au savoir et au respect à
l’égard de celui qui le détient!...
C’est donc l’expérience et la pédagogie du savant qui devront
le mener à construire un esprit sain dans un corps sain!...
Mais qui pourrait soupçonner que la vénération viendrait
à se magnifier en amitié et même que l’amour allait
transcender celle-ci jusqu’à la crucifier!...
Dans le même temps, agissant comme un catalyseur, la ravissante
épouse plus ou moins délaissée du professeur ne
s’offrira pas comme le moindre des tourments de Roland!...
En effet celui-ci, ayant été séduit par cette jeune
femme à l’occasion d’une baignade, découvrira rapidement les
liens conjugaux unissant les deux êtres pour qui il éprouve
des sentiments d’Amour insensé, certes de nature
différente!...
Commence alors pour lui, un véritable chemin de croix, dont la
résultante paradoxale déclenchera la propre confession du
professeur dont le supplice amoureux éclatera en aveux
déchirés!...
Ce texte magnifique de Stefan Zweig, à qui nous devions
déjà celui du «Joueur d’échecs», éclaire
avec grandes subtilités, la torture morale que les normes de notre
civilisation a pu engendrer, sans apporter d’autres remèdes que la
culpabilité ou le déni!...
Peut-être aurions-nous attendu une plus grande émotion
intérieure dans l’interprétation qu’une mise en scène
épousant le récit chronologique à la première
personne, tient quelque peu à distance!...
A cette réserve près, unis dans la confusion, très
beau moment de parole sincère et douloureuse!...
Theothea le 27/02/01
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LES MONOLOGUES DU
VAGIN
d' Eve Ensler
Mise en scène: Tilly
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***
Petit Théâtre de Paris
Tel: 01
42 80 01 81
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Après avoir remporté l’Obie Award à Broadway en 1997,
«Vagina Monologues» apporte tout autour du monde la bonne nouvelle:
Le vagin doit être dit et pensé à voix haute pour
n’être plus le sujet de tabous obscurantistes!...
Nommé 123 fois dans ce texte qu’Eve Ensler a structuré autour
de nombreux interviews de femmes de toutes nationalités et conditions
sociales, son leitmotiv qui se veut source de découvertes
psychothérapeutiques, devient peu à peu incantation
poétique!...
Ecrit à la première personne du singulier, des comédiennes
se relaient de mois en mois aux commandes de ce manifeste théâtral
que la rumeur et le bouche à oreille ont plébiscité
en succès populaire!...
En France d’abord porté par Fanny Cottençon au
théâtre de l’Européen, c’est maintenant le tour de Christine
Boisson qui alterne avec Sophie Duez au Petit théâtre de Paris,
toutes sous la sobre mise en scène de Tilly, ne leur offrant qu’une
simple chaise et une balançoire!...
Chacune, avec sa personnalité mais surtout avec le savoir-faire
de l’actrice professionnelle, se doit de révéler l’intime tout
en conservant sans cesse la distance de celle qui sert et interprète
la subjectivité d’un auteur!...
L’exercice est délicat car il nécessite à la fois
implication et abstraction!...
A l’arrière de la scène, enveloppée par la bulle
des éclairages qu’il soient tamisés ou luminescents, la
comédienne peut le cas échéant adopter son rythme aux
réactions du public mais reste néanmoins totalement en osmose
avec ce monologue au féminin, qui ne laisse évidemment aucune
place à quelques improvisations spontanées!...
S’en suit une perspective pédagogique de ce travail de recherche
que le sourire de la brune Christine Boisson, vêtue tout de noir
éclaire paradoxalement d’une certaine froideur clinique!...
Malgré cela, les rires et sourires complices fusent effectivement
tout au long des 90 minutes de la représentation, dans une salle attentive
et acquise!...
Un véritable morceau de bravoure clôture ce spectacle en
faisant d’une galerie des gémissements amoureux, un numéro
d’actrice d’anthologie!...
Un très intéressant spectacle qui s’inscrit dans une
chaîne de solidarité que l’ambition artistique a pour vocation
de sublimer!...
Theothea le 28/02/01
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ENTREZ ! ENTREZ
!
de Gérard Pinter
Mise en scène: Guy Louret
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Théâtre Tristan
Bernard
Tel: 01 45 22 08 40
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Mesdames et Messieurs, entrez! entrez! sous le chapiteau de Gérard
Pinter!...
Embarquement immédiat pour 90 minutes de délire!...
De son «putain de conte de fée» à ce nouveau cauchemar
éveillé, ne se glisse que l’imaginaire en folie d’un
auteur-interprète, prêt à toutes les transgressions
oniriques, ne respectant fortuitement au passage que deux des règles
des trois unités!...
En effet trois semaines, c’est long!... Surtout, lorsqu’il s’agit de rester
en huis clos avec une femme ravissante qui n’a d’autre occupation que de
prendre à votre insu, des amants qui passent sous votre nez
contrit!...
Lorsqu’on est chauffeur de maître et que l’épouse de votre
patron vous nargue ainsi, on finirait pour le moins par se sentir
l’âme d’un «looser» en révolte!...
Et pourtant impossible de quitter ce foutu studio, sans délivrer
le mot de passe qui équipe le dispositif de sécurité
high-tech développé précisément par la
société du patron!...
Un casse-tête chinois qui ne laisse à la disposition de Georges
qu’un canapé clic-clac qu’il n’est même pas en mesure de convertir
en lit!...
Tant d’incompétences entraînant tant de vicissitudes que
tout l’imaginaire du cinéma, fût-il hollywoodien, n’a jamais
réussi jusqu’à ce jour à atteindre le romantisme
effréné d’un tel concours de circonstances!...
De Blow-up à West-side story, Guy Louret tente toutes les situations
musicales pour donner à Georges une chance de rejoindre le nirvana!...
A coup d’effets spéciaux, de rupture de ton, de décalages
en tous genres, et avec une énergie en diable des quatre comédiens,
Gérard Pinter mène une danse dont il ne se prive pas du plaisir
de nous montrer toutes les ficelles!...
Laissons-nous embarquer!.. Inutile en effet de tenter la moindre
résistance, face à l’enthousiasme de telles extravagances!...
Theothea le 01/03/01
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LE CERCLE DE CRAIE
CAUCASIEN
de Bertolt Brecht
Mise en scène: Benno Besson
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***
Théâtre de la Colline
Tel: 01 44 62 52 52
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Comment un simple cercle tracé à la craie à même
le sol peut faire acte de justice, celle qui rend compte davantage des intentions
que du droit ? Par surcroît si le jugement est rendu par un fripon
reconverti aux vertus humanistes, Benno Besson illustre en un conte
géorgien que de la misère du monde peut effectivement fleurir
l’utopie d’une morale saine.
Sur scène, comme en un tableau de vignettes et de miniatures, des
fils invisibles semblent animer des figurines chinoises dont courtoisie,
humour, et rite compassé mêlent aux sentiments désuets,
la force des conventions immémoriales!...
Tous les protagonistes avancent masqués par des bandages qui
immobilisent les expressions du visage, en suggérant la
pérennité de leurs comportements. Un charme étrange
enveloppe la mise en scène qui pousse les éléments du
décor comme de simples tables roulantes, qui viendraient faire un
petit tour et puis s’en vont!...
C’est Groucha qui échappe aux malheurs et aux intrigues successives
sans que jamais son absence de culture lui soit préjudiciable!...
Guidée par sa bonne étoile et la conviction que sa cause est
au-dessus des contingences, elle fuit avec l’enfant qu’elle a sauvé
des complots et des intrigues de palais et pour lequel elle pense avoir acquis
les droits de mère!...
Alors que son amoureux est à la guerre, elle sera mariée
à un agonisant pour tenter de régulariser sa situation aux
regards de la loi et des poursuivants; ce n’est pas cette contrainte conjugale
qui embarrassera le juge Azdak pour lui faire recouvrer sa liberté
de femme!...
Et c’est parce qu’en définitive, Groucha refusera
d’écarteler l’enfant hors du cercle de craie que celui-ci tranchera
en sa faveur au détriment de la mère naturelle!...
Disciple de Bertolt Brecht depuis leur rencontre en 48, et jusqu’à
sa mort en 56, Benno Besson à 79 ans, crée un charme suranné
autour de ce spectacle dont Coline Serreau et Gilles Privat en construisent
la couleur dominante, alors qu’à l’unisson une vingtaine de
comédiens en respirent la magie et la suave mélancolie!...
Theothea le 07/03/01
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L'AIR DE PARIS
de Jacques Pessis
Mise en scène: Thierry Harcourt
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Espace Pierre Cardin
Tel: 01
42 65 27 35
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La tour Eiffel dessine l’esquisse d’une robe de Femme!... Une Femme arrive
à Paris avec l’espoir de conquérir la capitale!... Paname!
Paname!... Fais-moi danser Julie la rousse!...
Qu’elle que soit l’époque, les chansons liées à Paris
possèdent toutes le privilège, dès que le mot magique
est prononcé, d’évoquer en un raccourci saisissant, une image,
une sensation à jamais inscrite dans les mémoires!...
«Paris sera toujours Paris», ce pléonasme raconte à
lui seul l’histoire de cet amour indicible que suscite l’âme de tous
ses quartiers s’enroulant autour de la Seine!...
Et c’est alors, Paris sur scène qui projette tous les scintillements
d’une ville que le monde entier cherche à apprivoiser!....
Quid de l’air de Paris? Celui du métro à nul autre pareil,
celui du printemps qui effleure les boulevards Hausmanniens, celui des taxis
qui bougonnent en bouchons, celui des rengaines qui trottent en boucle dans
les esprits en cavale!...
Jacques Pessis a réuni un florilège de ces odes,
égrenées comme des perles ravivées par les couleurs
de la déjà nostalgie du XXème siècle!... Un
garçon, une fille, peut-être ceux dont le fameux baiser de
l’hôtel de ville, a laissé plus de traces fugaces que tous les
serments d’Amour, se cherchent, se respirent, se pressentent comme tous les
amoureux que les bancs publics eussent attirés
irrésistiblement!...
Lui, Olivier Benard, elle, Manon Landowski, jouent brillamment à
ce jeu qui brûle tous les coeurs, en entonnant les refrains de toujours!...
Accompagnant le couple glamour, huit comédiens, quatre musiciens
enlèvent les rêves, hors des greniers cachés pour arpenter
les pavés de l’aventure d’une ville sans cesse en émois!...
Respectueux du patrimoine collectif, Thierry Harcourt, le metteur en
scène nous invite à flâner au gré de nos
mémoires que quelques notes suffisent à embraser de joie!...
Theothea le 06/03/01
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