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Les Chroniques de Theothea

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COMBAT DE NEGRE ET DE CHIENS

de  Bernard-Marie Koltès

Mise en scène:  Jacques Nichet

 Choix des Chroniques **

Théâtre de la Ville

Tel: 01 42 74 22 77

 

Dans ce no man’s land du rapport de forces, se joue le destin d’une humanité en perdition!...

Comme les seuls survivants d’une pensée binaire où le manichéisme renverrait inéluctablement à la paranoïa!...

Des hommes, aucun des trois ne sera en mesure d’arbitrer un conflit qui dépasse l’entendement, les continents, les civilisations!...

Quant à la femme, parachutée dans cet univers d’hostilité, aucune forme d’expression ne la sauvera des démons qui la poursuivent!...

Parce que c’était eux, parce qu’ils étaient les derniers représentants d’un monde Terminator, tout les poussait à s’entre-tuer!...

Un noir, deux blancs, un chantier isolé gardé par des miradors sous les feux des projecteurs d’une nuit sans lune, et puis un cadavre dont la dépouille a disparu!... Rien n’arrêtera l’incompréhension: pas même la compassion!... pas même les mots!... pas même l’argent!...

Koltès prévient: « Combat de nègre et de chiens ne parle pas de l’Afrique et des Noirs... elle ne raconte ni le colonialisme ni la question raciale. Elle parle simplement d’un lieu du monde... sorte de métaphore de la vie ou d’un aspect de la vie... »

François Chattot compose le personnage de Horn avec une truculence désespérée qui, mêlant à la fois cynisme et naïveté, imprime un rythme ludique à une situation qui pèse comme une chape de plomb!...

Dans cette même perspective le metteur en scène, Jacques Nichet portant un regard distancié, laisse un humour sans illusion s’insinuer dans le dédoublement de chacun des quatre personnages.

Le feu d’artifices préparé par Horn peut maintenant faire office de catalyseur: Tout est en place pour en finir avec le ressentiment collectif !...

Theothea le 08/03/01

UN FIL A LA PATTE

de Georges Feydeau

Mise en scène:  Georges Lavaudant

 Choix des Chroniques **

Théâtre de l'Odéon

Tel: 01 44 41 36 36

 

Ainsi Georges Lavaudant a choisi de monter Feydeau au théâtre de l’Odéon!.... Nouveau défi d’alternance entre comédie et tragédie, entre la légèreté du divertissement et la profondeur des mythes antiques!.... Mais également «air du temps» puisque pas moins de trois «Feydeau» se trouvent à l’affiche de manière concomitante à Paris!...

Trois actes à rebondissements incessants composent cette pièce qui brocarde autour du thème du futur marié, louvoyant entre les familles de sa maîtresse et de sa promise, afin de tenter d’esquiver les ennuis!...

Dans la mesure où le metteur en scène respecte à la lettre le cheminement du vaudeville sans jamais rendre excessif le comportement caractériel des personnages, disons-le, une certaine lassitude pourrait poindre, eu égard au choix de mettre en valeur les péripéties de cet imbroglio davantage que son extravagance!...

L’exception, c’est le troisième acte quand Patrick Pineau, effectuant sa toilette intime, entre des portes et des sonneries qui ne cessent de le perturber, offre véritablement la dimension délirante que tout cet enchaînement de tribulations scabreuses se devrait de susciter en échauffant les esprits!...

Paradoxalement le travail très approfondi que la troupe de Georges Lavaudant a effectué pour entrer dans l’esprit de ce vaudeville, souffre d’un excès de crédibilité!... Certes le synchronisme de la mécanique théâtrale est parfaitement en accord avec le jeu des comédiens qui progressent en phase dans la dialectique des répliques, mais peut-être tout cela reste-t-il trop convenu!...

En outre les contraintes contemporaines obligent à un compromis avec le respect du rythme voulu par l’auteur: En effet, la mise en scène nous frustre de deux entractes initialement prévus, en esthétisant dans la pénombre le changement à vue des décors et surtout en nous infligeant la fameuse sonnerie de rappel pour mieux en confirmer la privation!...

Bien entendu le public préfère actuellement l’enchaînement des actes, mais ne serait-ce pas au détriment d’une respiration nécessaire?

Sylvie Orcier, Patrick Pineau, Philippe Morier-Genoud, Gilles Arbona emmènent la dizaine de leurs valeureux partenaires en un labyrinthe où notre plaisir est de les voir se cogner sur des glaces... devenues présentement, peut-être un peu trop virtuelles!...

Theothea le 09/03/01

NOVECENTO PIANISTE

d' Alessandro Baricco

Mise en scène: Frank Cassenti

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Pépinière-Opéra

Tel: 01 42 61 44 16

 

Avec Novecento, Jean-François Balmer semble avoir découvert son Graal !... Visage juvénile presque émacié, voix bien placée grimpant avec souplesse dans les octaves, il se livre sur scène tel un chat sauvage, prêt à un cache-cache effréné avec une proie symbolique qui ne lui échapperait que par consentement tacite!..

Après déjà 150 représentations, la fraîcheur recouvrée d’un acteur dégustant la plénitude de son art s’empare d’une salle à la fois médusée par sa performance, en même temps que fascinée par une histoire qui semble sortir de la nuit des temps!...

Conte poétique, parabole, récit mythique, qu’est-ce que l’histoire de ce musicien qui, jouant fabuleusement du piano, ne quitta jamais le paquebot «Virginian» durant les vingt-sept ans de sa vie, sans jamais mettre pied sur la terre ferme?

Découvert bébé dans une boîte sur le piano de la salle de bal, il fut adopté par un des marins qui l’appela Novecento en l’honneur de la fin du XIXème siècle!...

A huit ans, lors de la mort de son père adoptif, il disparut sans que le capitaine réussisse à le débarquer... pour réapparaître durant la traversée, en pleine nuit jouant sur le fameux piano !....

Sa réputation fit rapidement le tour du monde, tellement sa musique et son talent furent extraordinaires!...

Enfant sauvage hyper-doué, le monde vint à lui pour découvrir l’innocence première, qu’aucun point de vue distancié n’avait pu altérer puisque totalement incapable d’aller au-delà de la deuxième marche de la passerelle vers ce «quai» où vit l’humanité en aspirant les immigrants vers l’Amérique!...

Un état de grâce enveloppe le récit d’Alessandro Baricco, sans cesse plébiscité par le public italien depuis 94, et gagne corps et âme l’interprétation fastueuse de Jean-François Balmer, mis en scène et en musique des mots, par le rythme très jazz de Frank Cassenti.

Theothea le 14/03/01

L'HOMME DU HASARD

de  Yasmina Reza

Mise en scène:  Frédéric Bélier-Garcia

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l'Atelier

Tel:  01 46 06 49 24

 

A l’instar du théorème de géométrie qui énonce que deux parallèles ne se rejoignent qu’à l’infini, Yasmina Reza place ses deux voyageurs dans un compartiment de train qui devrait les mener si non à Francfort, au moins à se reconnaître au terme d’un parcours ferroviaire, tout en réflexion intérieure!...

Comme les deux faces d’une même médaille, l’oeuvre littéraire et plus précisément ici, un roman «L’homme du hasard» est au centre de leur commune méditation:

Lui est l’écrivain «amer», comme il se complaît à le répéter, et se convaincre du peu de sens qu’il accorde à l’existence!...

Elle est la lectrice, perspicace et devinant ce que les mots cachent par pudeur, quand bien même seraient-ils au service de la littérature!...

Lui, absorbé par le dépit qui permet d’élever le ressassement en art de vivre, en art d’écrire!...

Elle, tout à l’intention de faire lien entre le roman qu’elle a dans son sac à main et l’homme qu’elle a immédiatement reconnu, en espérant qu’il fût conforme à l’image qu’elle se fait de l’écrivain!..

Mais au fond, elle est prête à faire moulte concessions avec le modèle de son imaginaire, pourvu que cet homme fasse in fine, preuve d’humour!...

En un va et vient de leur compartiment au wagon bar, mis ingénieusement en rails par Frédéric Belier-Garcia, ils s’observent, se guettent, se prêtent des sentiments, et craignent respectivement une réaction intempestive de l’autre qui mettrait un terme inéluctable au charme évanescent, les reliant par-delà leurs frustrations!...

Le temps ferroviaire a toujours su s’offrir aux privilèges des «brèves rencontres», permettant en raccourci saisissant, de pointer l’essentiel de deux êtres en errance spéculative d’avec leur vécu!...

Yasmina Reza ajoute ici, à l’enjeu d’une subtile approche, la dimension philosophique de la reconnaissance, de la complémentarité, de l’altérité du geste artistique, en l’occurrence celui de l’écriture!...

Philippe Noiret ne joue pas!... Il est le personnage, il semble exprimer à voix haute, ses propres réflexions que lui inspirerait l’amertume de la vie!..

Catherine Rich elle, joue sur une palette qui évolue de la discrétion réservée à l’audace admirative de l’aveu, en un regard mélancolique focalisant sur l’optimisme!...

Faisant fi du piège de la conversation, tous deux se jouent des mots en les taisant au fond d’eux-mêmes, pour mieux mettre en valeur d’une part l’auteur, d’autre part les deux comédiens qu’un immense éclat de rire peut emporter là-bas à l’infini!...

Theothea le 14/03/01

VOIX SECRETES

de  Joe Penhall

Mise en scène:  Hélène Vincent

 Choix des Chroniques ***

Théâtre de l'Est Parisien

Tel: 01 43 64 80 80

Les cinq comédiens de la compagnie Crac sont tout à fait remarquables dans l’interprétation de cette pièce du jeune dramaturge anglais Joe Penhall, particulièrement sensibilisé aux déviances mentales.

Les deux frères Tom et Steve, composés par Vincent Winterhalter et Didier Royant apportent une vérité au geste et à la parole, digne des théories de l’actor’studio!...

Quant à Laura que Claudine Bonhommeau doit faire slalomer entre les contradictions et les pressions opposées, elle se coule avec sensualité dans la violence des mots!...

Tous se laissent happés par une mise en scène perspicace d’Hélène Vincent qui occupe l’espace de la scène du TEP avec efficacité:

Sur fond de façade d’institution psychiatrique, des décors mobiles glissent depuis les côtés cour et jardin, les lumières tombent avec la précision d’un puzzle!...

Une atmosphère digne du tramway et du désir de Tennessee Williams ou du vol et des coucous de Dole Wasserman, là où les rapports de force exacerbent les malentendus et les fragilités des affects contrariés!...

Comment rester intègre quand les autres détruisent le peu de confiance que la vie vous accorde arbitrairement ?

Cette question chacun des cinq personnages pourrait la faire sienne avec plus ou moins d’acuité et d’extraversion selon les circonstances!...

Même le plus équilibré d’entre eux, Steve qui dirige avec succès un petit restaurant, semble dissimuler une faille indicible!... Sa force est de pouvoir la transgresser; ceux qui l’entourent n’ont pas cette capacité mais en revanche leur mal-être a libre accès aux expressions de la douleur, que tour à tour destructions et passions peuvent emporter en tourbillons!...

A terme, la problématique restera entière mais l’auteur a forcé durant 140 minutes nos yeux à s’ouvrir, fût-ce avec humour!...

Ainsi la réalité psychique et sociale peut s’offrir les voies de la stylisation du théâtre, celui-ci en retour peut, à qui se met à leur écoute, accorder un réel profit aux voix secrètes!...

Theothea le 15/03/01

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