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Les Chroniques de Theothea

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LE PAYS LOINTAIN

de Jean-Luc Lagarce

Mise en scène: François Rancillac

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Tempête

Tel: 01 43 28 36 36

 

Dès les premiers instants, les regards se croisent et se posent les uns sur les autres, avec une apaisante étrangeté et une intensité charnelle!...

L’immense drap blanc qui recouvrait précédemment de vagues tumultueuses l’espace scénique, s’est soudain rétracté, laissant libre place aux fantômes des morts et des vivants!...

Un assemblage de lits au métal rouillé dessinent un labyrinthe improbable sur deux niveaux, du monde apparent à celui du non visible!...

Tout se met en place pour que soit célébrée cette saga de famille extensive où affection et obscurantisme vont se heurter en un fracas incommensurable!...

Avec évidence, Louis est au coeur de toutes les préoccupations, puisque c’est lui qui a initié cette démarche des retrouvailles pour un Adieu définitif!..

Cependant avec les meilleures intentions, chacun lui opposera son centre du monde subjectif où chaque pertinence se nourrit d’une jubilation infinie!...

Tous, père, mère, frère, soeur, belle-soeur, nièce, amante, ami de longue date, ami récent, amours de passage... sont autant de planètes lancées sur des orbites où chaque appréciation subira un effet de translation!...

Le malentendu universel en substitut du témoignage d’amour, voilà le constat sur lequel silence et logorrhée seraient à même de se reconnaître!...

«Le goût des autres», c’est précisément ce lieu où guette l’enfer à moins qu’une infinie tolérance puisse envahir l’espace tel cet immense drap blanc recouvrant initialement les flots tumultueux!...

Les comédiens sont magnifiques!... La mise en scène de François Rancillac les emporte dans une sensualité concise des mots, des gestes, des expressions du visage!... Accaparés par ces forces intérieures, nous sommes submergés par la justesse du ressentiment!... Pour peu, les larmes affleureraient face à ce souffle de clairvoyance que pose Jean-Luc Lagarce sur une humanité désemparée d’espoir!...

Theothea le 06/02/01

COMEDIE SUR UN QUAI DE GARE

de Samuel Benchetrit

Mise en scène: Samuel Benchetrit

 Choix des Chroniques ***

Théâtre Hébertot

Tel: 01 43 87 24 24

  

 Les Portraits de Cat.S  
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Charles: «Il existe des couples où l’un boit du thé le matin, et l’autre du café!...»

Suzie: «Je n’en connais pas qui dure!...».

Ainsi vont les adages philosophiques de l’auteur de cette comédie, déposés de ci, de là par un petit poucet malicieux dont l’humour peut parfois côtoyer de près la blague de potache:

Vincent: «Vous allez à Paris ?»

Suzie: «Oui, car je n’aime pas me faire mal!...»

Vincent: «Quel rapport ?»

Suzie: «Puisque le train est direct pour Paris, si je descends avant, je vais nécessairement me faire mal; aussi comme je n’aime pas me faire mal, je vais à Paris!...»

Plus proche de l’imaginaire de Lewis Caroll que d’un réalisme psychologique, la pièce de Richard Benchetrit n’en conte pas moins les difficultés de rompre tardivement tout cordon ombilical qui pourrait relier une fille à son père, fût-ce sur le ton onirique!...

Le couple à trois, en attente d’un train improbable sur ce quai de gare de bout du monde, va poursuivre un jeu de banc musical où la place de l’un apparaîtra toujours usurpé aux yeux des deux autres!...

Père, fille et gendre virtuel vont s’emmêler les sentiments d’adultes et les aspirations d’autonomie dans un tapis de bonnes intentions, confrontés aux résistances des affections biologiques qui font que garçon et fille restent perpétuellement les enfants de leurs parents, quoiqu’en veuillent les uns et les autres!...

Le public ne s’y trompe point!... Charme et poésie sont au rendez-vous du théâtre Hébertot!... Jean-Louis Trintignant semble se régaler tel un poisson dans l’eau; comme libéré des contraintes de l’âge, c’est lui le Pater familias qui se trouve aux commandes d’un bateau emporté en des flots tumultueux mais revigorants!... En contrepoint ce jour-là, Marie Trintignant fortement enrhumée, mouchoir en main en permanence, n’en semblait qu’encore davantage dans sa robe droite à manches courtes rouge froissée, la tendre petite fille de son papa, lui le comédien traversant allègrement les siècles!...

Elle, très vigilante et protectrice à l’égard de Jean-Louis lors de leur précédente rencontre dans «Poèmes à Lou» au théâtre de l’Atelier, évolue ici à front renversé, se laissant délibérément influencer et guider alternativement des mains de l’amant potentiel aux auréoles de l’image du père perspicace!...

Pendant ce temps, venant du quai de l’au-delà, la voix du haut-parleur se complaît à tirer les ficelles du destin, comme pourrait le faire celle d’une Nicole Garcia, amusée et un tant soit peu narquoise!...

Tout le monde le sait, cette «Comédie sur un quai de gare» est assurément l’ode d’un amour indicible, le point d’orgue d’une passion respectueuse!...

Theothea le 05/02/01

BRECHT ICI ET MAINTENANT

de  Hanna Schygulla

Mise en scène:  Hanna Schygulla

*** Choix des Chroniques

Théâtre de Chaillot

Tel: 01 53 65 30 00

Hanna Schygulla, ici et maintenant à Chaillot!...

Et puis Brecht, pour permettre à une génération de mettre une mémoire mélodique sur des pensées politiques qui façonnent les nostalgies d’aujourd’hui!...

A l’instar de la petite fille malicieuse qu’elle fut, jouant à cache-cache, telle une marionnette qu'elle aurait aimé être, avec une flopée de vêtements suspendus à des portants, la comédienne évoque cette époque contemporaine d’un XXème siècle qui érigea ses références de part et d’autre du mur de Berlin!...

La compagne, la muse et l’actrice emblématique de Rainer Werner Fassbinder sont ainsi présentes comme une apparition renouvelée chaque soir face à un public du XXIème siècle en quête de témoignage sincère!...

Alors d’abord, il y a la voix chaude qui se délecte des consonances germanophones comme une Lorelei à la fois proche et inaccessible!... Et puis, il y a le minois de la toujours jeune femme dont le sourire fait preuve évidente de pérennité alors même que l’artiste nous révèle l’un des secrets de son charme étrange: la raideur de son bras droit durant la marche, alors que le gauche l’accompagne de son balancement!...

D’ailleurs la main droite gantée, Hanna Schygulla donne des gages attendus du mythe qu’elle contribue à élaborer délibérément!...

Cependant que l’ironie qui affleure sans cesse les commissures de ses lèvres semble en tracer la figure d’un soldat revenu de toutes les batailles, plus fort que jamais!...

«Bonne nuit !», elle aura le dernier mot après avoir flirté avec le plaisir des fausses fins qui font rebondir les applaudissements sans jamais les consommer!...

Sous contrôle, ici et maintenant, son show must go on!...

Theothea le13/02/01

WILD WOMEN BLUES

de Mel Howard

Mise en scène: Michael Downs

 Choix des Chroniques ***

Théâtre Mogador

Tel:  01 53 32 32 00

Du Stade de France à Mogador, de Tina Turner à Linda Hopkins, du souffle du rock aux voluptés du blues, un homme de spectacle à l’ambition délibérément imaginative s’affiche backstage, en gestionnaire culturel pragmatique, avec le souhait évident que ça se sache à Paris!... Et ça marche!...

En effet Jack-Henri Soumère a repris depuis quelques mois la direction du théâtre Mogador pour lequel il nourrit de grands projets de rénovation, en perspective notamment de superbes destinées musicales: Des comédies musicales «made in Broadway» à l’Orchestre de Paris qui y séjournera plusieurs mois en 02-03, en passant récemment  par Arturo Brachetti et ensuite par une reprise à l’automne 01 de «Notre Dame de Paris», ce magnifique «Wild Women Blues», séjournant pour 40 représentations, offre au public, une réelle qualité artistique dont J-H Soumère pourrait aisément faire sa profession de foi!...

Linda Hopkins, une enfant malicieuse de 76 ans accompagnée de Maxine Weldon, son enjouée partenaire de scène dès 1983  et de Mortonette Jenkins leur nouvelle complice expérimentée, nous emmènent toutes trois, grâce à leurs voix chaudes et rocailleuses, au coeur de la musique traditionnelle noire américaine, durant deux heures de plénitude et de voyage onirique!...

Rehaussé par les atours des toilettes de ces dames, osant s’étalonner de l’extravagant à paillettes au classique bcbg, le rythme pénètre les épidermes en distillant le feeling de toutes les musiques inspirées du blues, à l’image du gospel, du jazz, du rhytm’n blues, du rock etc...

Un solide blues band, à l'efficacité à la fois discrète et bon enfant, accompagne autant les âmes en souffrance que les facéties d’un spectacle auquel son créateur Mel Howard imprime en claquettes, un tempo aux multiples respirations!...

Vive la grandissime Linda Hopkins, marraine mythique en quelque sorte d’un Mogador en pleine cure de jouvence!...

Theothea le 08/02/01

UN HOMME A LA MER

de  Chigo de Chiara

Mise en scène: Stephan Meldegg

 Choix des Chroniques **

Théâtre La Bruyère

Tel: 01 48 74 76 99

 «Cet homme à la mer» aurait pu tout aussi bien s’intituler «transat» !...

En effet, tour à tour chaise longue et voilier, le divan qui trône au milieu de la scène du théâtre La Bruyère tient à la fois de la psychanalyse et de la bouteille à la mer!...

Cependant que diable Pierre Richard allait-il faire dans cette galère ? C’est l’une des interrogations qui peut tarauder tout au long de la pièce de Chigo de Chiara, tant semble manifeste le plaisir du comédien de se retrouver sur scène, avec l’assentiment du public, tant semble néanmoins fastidieux le délire fantasmatique de Ugo, cadre remercié puis balloté entre psychanalyse, entreprise et libido !...

Ces rapports de force le hantent au point de le faire cauchemarder les yeux grands ouverts, en le menant inexorablement vers le lieu d’une prédiction improbable, en plein archipel du Pacifique!...

Le grand blond aspiré par le grand bleu !... C’est le surréalisme de cette épopée onirique qui a sans doute séduit Stephan Meldegg, le metteur en scène, non sans lui rappeler en écho les frasques extravagantes de Dario Fo qui contribuèrent tant au succès de la saison précédente, au théâtre La Bruyère dont il est l’heureux directeur!...

Eliza Maillot en composant un melting-pot des multiples facettes des figures féminines propres à perturber Ugo, agrémente et pimente un spectacle oscillant entre burlesque et ennui !...

Une atmosphère poétique enveloppe le chassé-croisé des personnages qui transitent et surfent en lisière de l’écorce mental!... Aussi les méchants capitalistes interprétés par Gérard Maro et Patrick Messe n’effraient pas davantage que le psy en attention flottante, incarné par Philippe Laudenbach!... Tous se télescopent pour mieux alimenter la puissance d’un surmoi à dominante paranoïaque, à l’oeuvre chez Ugo!...

Une excellente équipe au service d’une pièce qui nécessiterait peut-être une interprétation plus noire et une mise en scène plus abstraite!...

Theothea le 12/02/01

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