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6ème  Saison          Chroniques     16  à  20

 

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EMY'S VIEW

de  David Hare

mise en scène    Bernard Murat

 Choix des Chroniques **

Théâtre  Hébertot

Tel:  01 43 87 23 23 

 

Question de point de vue!.... Celui d’Emy bien entendu, la jeune éditrice tourmentée, mais aussi celui de Dominique son amour, hésitant entre journalisme et mise en scène, celui d’Irène sa mère actrice au succès vacillant, influencée à son tour par celui de Franck le financier et compagnon éperdu!...

En définitive David Hare laissera le spectateur seul face à sa perception des êtres, de leurs intentions, de leurs affects, avec comme fil conducteur, le débat récurrent et partisan entre théâtre universel et télévision anglaise!....

C’est là un défi à contre-pied que jette le metteur en scène Bernard Murat à un public, habitué à des mises en scène brillantes s’imposant grâce aux ressorts internes des textes!...

Ici, la réflexion est noire et entraîne peu à peu les protagonistes dans un tourbillon où tout point de vue est inhérent à leur survie ou non!...

Chacun semble avoir une vue assez claire de ce que devrait faire autrui, mais sombre lui-même dans un réseau de contradictions et d’intérêts subjectifs!...

Chez David Hare, les êtres semblent se débattre dans une toile qu’ils contribuent à tisser avec l’énergie du désespoir, en inventant des dialectiques de substitution:

La mort du théâtre est-elle programmée par une époque où le «surf» apparaît comme la condition sine qua non de l’adaptation?

Le triomphe de la télévision est-il inscrit comme la valeur fédératrice de l’opportunisme?

Chacun y va de son couplet, en projetant son mal-être en des ressentiments apparemment intransgressibles!...

Judith Magre règne sur scène avec le tact de la séduction ravageuse!...

Evelyne Bouix vibre de tout son corps avec larmes et sourire boudeur!...

Hippolyte Girardot, tel un caméléon, excelle en transformisme idéologique!...

La lumière de Laurent Castaingt invente avec subtilités la lumière orangée de ce manoir anglais, tergiversant entre campagne profonde et banlieue de Londres!...

Ici, c’est la souffrance du monde contemporain qui est en question... de points de vue!...

Theothea le 28/09/01

A LA ROUMANOFF

de  Anne et Colette Roumanoff

mise en scène    Louise Latraverse

 Choix des Chroniques **

Bobino

Tel: 01 43 27 75 75

   ANNE ROUMANOFF   
   Son site d'humour  
 extraits de ses sketchs

Anne Roumanoff sur scène, c’est Bécassine au pays de «l'Art de vivre branché, pour les nuls»!... Telle le chaperon rouge, elle semble affronter les obstacles de la vie avec une candeur apte à déstabiliser l’adversité!...

Alignant les portraits de ses contemporains en proie aux tracasseries de l’existence, elle s’applique à leur ressembler au point de prendre en charge leurs échecs, sans toutefois jamais se départir d’une ingénuité délibérée!... En prise directe avec tout un chacun, elle surfe sur les désillusions en insufflant un optimisme artistique au moindre des aléas quotidiens!...

Et cependant derrière ces oripeaux rouge flamboyant transparaît le masque du clown blanc «sérieux comme un pape», celui qui a priori ne devrait pas être drôle!... Une sorte de «Buster Keaton» au féminin, auquel une mâchoire grimaçante de sourire sublimerait la parole du mime!...

Anne Roumanoff, jeune fille  se rêvait en tragédienne!... Mine de rien, elle l’est devenue, mais il faut avouer qu’elle cache bien son jeu!...

Si depuis 15 mois, l’artiste remplit soir après soir, la jauge de Bobino, c’est à n’en pas douter parce que le «bouche à oreille» plébiscite le rire dont l’intention de proximité est perçue à l’égal d’un certain mystère!...

D’ailleurs pour mieux faire diversion, La Roumanoff s’essaye aussi à la mise en scène et d’un coup de maître nous fait découvrir un jeune comédien, Sellig!...

Bref, Anne aime faire le Théâtre et cela commence à se savoir!...

Theothea le 01/10/01

LE MARCHAND DE VENISE

de  Shakespeare

mise en scène    Andrei Serban

 Choix des Chroniques ***

Comédie Française

Tel:  01 44 58 15 15

 

Si cette pièce écrite en 1596 semble résoudre rationnellement des problèmes connexes de dettes, de justice, de fidélité et d’Amour, sa dialectique permanente impliquant la question juive déroule une problématique qui interpelle, qui dérange en laissant persister un malaise insaisissable!...

Shakespeare a cependant l’avantage sur Céline d’ignorer tout angle idéologique ainsi que celui de laisser se confronter librement des motivations et des comportements totalement contradictoires!...

L’auteur ne laisse transparaître d’autre point de vue didactique que celui de la nécessité d’une justice relative dans sa dimension humaine, qu’il identifie sous le concept de miséricorde!...

Cependant au fil des haines latentes que de «couleuvres» à ingurgiter au point d’en ressentir la gêne, si ce n’est la nausée!...

Mais voilà qu’une mise en scène débridée, audacieuse, voire provocatrice tient en haleine trois heures durant, en investissant la salle Richelieu et en zappant avec fougue sur les ressorts d’une esthétique du transformisme abstrait!...

Andrei Serban signe là un moment passionnant de la Comédie Française en donnant notamment à Clotilde de Bayser et Andrezj Seweryn, l’opportunité d’une interprétation complexe où cynisme et élégance rivalisent de perfidie!...

C’est le souffle d’une tornade qui emporte les esprits et où la diplomatie de l’analyse doit s’effacer au profit d’un imaginaire se régénérant au contact d’une nature humaine toujours imprévisible, si proche du meilleur en côtoyant le pire!...

Theothea le 02/10/01

UBU ROI

d'   Alfred Jarry

mise en scène    Bernard Sobel

 Choix des Chroniques **

Théâtre de Gennevilliers

Tel: 01 41 32 26 26

 

Pour la reprise de sa mise en scène d’Ubu Roi en Avignon, Bernard Sobel tend sur la scène de Genevilliers, une main grande ouverte à un univers de marionnettes humaines, en total délire paroxystique!...

Il fallait bien Denis Lavant pour dynamiter la caricature grotesque du pouvoir temporel et c’est donc en déséquilibre permanent sur les parois pentues de cette paume de main que ce roi absolument déjanté va soliloquer en ajoutant sans réserve, la mégalomanie à la bêtise!...

Heureusement, il y a la mère Ubu toujours prête à stigmatiser l’incongruité de son mari et il est fort réjouissant d’observer que la folie en se rendant contagieuse, acquiert une nette propension à se neutraliser elle-même!... C’est Flore Lefebvre des Noëttes qui s’attelle à cette tâche complémentaire, avec un brio particulièrement remarquable!...

Depuis 1896, le «Merdre» de Jarry, symbole hyperbolique du juron, s'affiche comme un signe de ralliement à l’auto-dérision, dans sa lutte conceptuelle avec l’inacceptable!... De cette façon, l’éructation incantatoire devient un incontestable antidote au cercle névrotique de terreur, attiré par le mouvement perpétuel!...

Grand mérite à la souplesse physique et mentale de l’ensemble des comédiens qui transforme l’exercice théâtral quelque peu criard, en performance proche de la cascade acrobatique!...

Theothea le 03/10/01

JALOUSIE EN TROIS FAX

de  Esther Vilar

mise en scène  Didier Long

 Choix des Chroniques ****

Petit Théâtre de Paris

Tel:  01 42 80 01 81

 

Prendre la jalousie à bras le corps, la disséquer comme un entomologue, la concasser pour en définitive mieux la faire rejaillir de ses cendres, voilà l’objet de la recherche épistolaire et néanmoins théâtrale d’Esther Vilar qui pour ce faire, organise une dialectique à trois têtes en un chassé-croisé exclusivement bidirectionnel!...

Voici trois générations de femmes sur la scène du petit théâtre de Paris qui, par la grâce ingénieuse de la mise en scène de Didier Long et le décor de Claude Plet, vont se côtoyer durant 90 minutes sans jamais se rencontrer autrement que par correspondance télématique!...

Ecrit pour être vécu en temps réel, ce dialogue par fax interposé entraîne tour à tour ces trois femmes dans les arcanes de l’Amour en fuite et sous les fourches caudines de la jouissance ambiguë en pleine torture affective!...

Dans l’embrasure d’une cachette accessible à toutes par la magie d’un passe partout, le voyeurisme fera en parallèlle, des allers retours avec un exhibitionisme maladroitement complice!...

La présence bien réelle de l’homme n’apparaît effectivement que comme objet d’un fantasme non partagé mais transmis de femme à femme!...

Goûter à ce poison, c’est se condamner à vie, à ne plus pouvoir atteindre aux félicités, sans avoir recours à cette drogue étrangement délicieuse!...

Même le bouddhisme qui prêche la suppression du désir, source par essence de dépendance, n’en sortira pas indemne et seule la prise de conscience de la nature contradictoire des motivations psychiques et amoureuses devrait permettre à toutes trois, de refaire surface!...

Mais surtout l’auteur suggère en douce qu’assumer de manière délibérée la voie d’une certaine perversité pourrait en définitive s’avérer plus excitant que l’Amour lui-même!...

Thème «tendance» à débattre à l’issue de représentations où de toutes évidences les rires féminins s’épanchent d’emblée avec satisfaction non feinte!...

Magnifiques sont Dominique Labourier, Isabelle Gelinas et Eva Green !...

Theothea le 04/10/01

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