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 Sommaire / Editorial   Nos  Critiques  en  2001 - 2002

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6ème  Saison          Chroniques     21  à  25

 

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L'ECHANGE

de  Paul Claudel

mise en scène    Jean-Pierre Vincent

 Choix des Chroniques ***

Théâtre Nanterre-Amandiers

Tel:  01 46 14 70 00 

 

Le Théâtre de Claudel peut inspirer a priori une certaine appréhension; cependant c’est souvent un sentiment de plénitude qui prédomine au terme de toute représentation!...

Jean-Pierre Vincent, en fin de mandat aux Amandiers de Nanterre, nous convie effectivement à ce moment de régal:

Sur scène, une plage du bout du monde qui avec son ponton de bois invitant au farniente, pourrait être un lagon du Pacifique, si elle n’était située par l’auteur précisément sur la côte est des Etats-unis face à l’Atlantique!...

Des lumières pastel étranges du lever au coucher du soleil vont baigner la dramaturgie dans laquelle les deux couples en présence se délecteront à tisser la toile d'une confuse sensualité!... Comme une sorte de fugue céleste cherchant à illustrer la dialectique hégelienne du Maître et de l’esclave!...

En noyau atomique, se dresse Marthe avec sa force du désespoir amoureux indigné!...

C’est Louis qui mettra feu à la mèche initiant l’explosion à ciel ouvert, sur cet atoll perdu au fin fond de l’immensité bleu azur!... En acceptant l’échange de son épouse contre un magot que lui remettra Thomas Pollock, cet élégant financier brassant les affaires du nouveau monde!... Pendant que Lechy Elbernon, en égérie diabolique, se complaira à manipuler les sentiments contrariés de ses trois compagnons balnéaires!...

Un zest de transcendance tombant comme la grâce sur les vers de Claudel dont la respiration emporte le souffle de l’Amour face au cynisme, l’immersion liturgique des quatre comédiens pourra se contresigner comme un tableau de maître!...

A ce grand jeu, Elisabeth Mazev tire à ravir l’épingle de la condescendance distinguée et perverse!... Jérôme Huguet emballe une prestation subtile de jeune amant de rechange!... Jean-Marie Winling arbore avec la sérénité jouissante, les bonnes manières d’un gentleman à mauvaise conscience!.... Quant à Julie Brochen, elle endosse à elle seule tout le poids de la faute originelle!...

Cette création de Jean-Pierre Vincent est un véritable plaisir voyeuriste de l’esprit!...

Theothea le 08/10/01

LEONCE ET LENA

de  Georg Büchner

mise en scène    André Engel

 Choix des Chroniques **

Théâtre de l'Odéon

Tel:  01 44 41 36 36 

Enigme, contre-romantisme, ironie, raillerie de la raillerie, voilà quelques-uns des termes qui agrémentent les commentaires autour de cette pièce du jeune auteur allemand Georg Büchner en 1836!...

Sous forme de conte politique, un mariage arrangé donnera lieu à une union factice de deux automates, dissimulant un prince et une princesse en quête d’échapper à leur destin royal!...

Tous deux en rupture de protocole, c’est leur vagabondage errant qui les réunira avec la détermination utopique de s’affranchir du temps et de l’espace, l’ambition de l’Amour éternel, le goût pour l’abolition du travail, le souhait d’une religion commode!...

Ingénuité et candeur se mettent ainsi au service d’une naïveté à demi-feinte, propre à ignorer le carcan des contingences pour mieux atteindre la dimension cosmique des perceptions et sentiments humains!...

Mise en scène et décor se fondent en cadrages cinématographiques enchaînés qui zooment sur une succession de séquences théâtrales aussi surréalistes qu’oniriques!...

Tels des enfants assis au pied d’un théâtre de marionnettes, André Engel convie les spectateurs à se laisser fasciner par la magie de l’innocence, en pleine découverte néo-métaphysique!... Chacun se placera au degré d’entendement qui lui convient et pourra même à loisir en changer sans que cela nuise à son appréciation du spectacle!...

Cette comédie musicale à géométrie variable emporte les comédiens en un doux et subtile délire où Isabelle Carré et Jérôme Kircher peuvent roucouler à l’ombre d’une cour fantasmatique!...

Theothea le 09/10/01

LE FOU QUI PARLE

de  David Blumental

mise en scène    Anne Monfort

 Choix des Chroniques **

Théâtre des enfants terribles

Tel: 01 46 36 19 66

   La compagnie du Théâtre de l'heure

Cela commence tranquillement comme un repas aux chandelles entre amoureux fébriles!...

Au travers d’un immense oeil de boeuf découpé à même une toile suspendue à demi-transparente, le voyeurisme s’installe entre l’apparente intimité du couple et la salle des «enfants terribles»!...

Et pourtant son sourire à elle se fige alors que lui, bredouille des propos de plus en plus inquiétants à son égard!...

Plus proche du harcèlement que du viol, ce fou à qui David Blumental donne la parole, s’engage alors, en une logorrhée sophiste éperdue!...

Otage tenue incarcérée, la femme s’essaye à convaincre de l’impasse dérisoire où l’homme les engage tous deux!...

Elle ne l’aime pas et d’ailleurs si le fantasme du viol ne lui est pas nécessairement indifférent, son bourreau imaginaire n’aurait pas le profil de l’agresseur actuel!...

Lui n’écoute pas, ne veut pas entendre, car précisément son plaisir réside en la non réciprocité!.. Sa victime ne posséderait en droit que celui de souffrir à petit feu, au nom d’un cynisme revenu de toute compassion!...

Mais avec le temps, seul le verbe se déchaîne, sans que jamais celui-ci soit en mesure de se métamorphoser en acte!..  En tout cas, elle, la femme en doute!...

Un texte fort pour un sujet politiquement incorrect, une mise en scène construisant l’espace avec la force des symboles, une direction d’acteurs stylisée et délibérément retenue, mais une interprétation inégale en sa vérité, en son intensité!...

Vanina Roché toute en subtilités d’expression du visage, s’immisce en une sérénité troublée que seules pourraient combler les vertus de la dialectique!...

Olivier Coulon, mimant l’arlequin pitoyable assoiffé de mots qui font mal, semble moins à l’unisson d’un rôle, manifestement de composition!...

Jouant l’envers de la séduction amoureuse, tous deux flirtent sans cesse avec la transgression pour mieux éprouver le vertige de l’interdit!...

Au-delà de la morale, leur complicité s’exécute dans l’ivresse de la joute rhétorique!...

Theothea le 11/10/01

SIX PERSONNAGES EN QUÊTE D'AUTEUR

de  Luigi Pirandello

mise en scène    Emmanuel Demarcy-Mota

 Choix des Chroniques ***

Théâtre  de la Ville

Tel:  01 42 74 22 77 

 

Hugues Quester et Valérie Dashwood illuminent d’un regard intérieur magistral, la mise en scène d’Emmanuel Demarcy-Mota qui insuffle aux «Six personnages...» de Pirandello, une puissance dramatique digne d’une tragédie grecque!...

Tout d’abord il y a le choeur antique, composé en la circonstance par les acteurs rejoignant peu à peu la cohorte de simples figurants, en observateurs attentifs d’un enjeu qui les dépasse!...

Et puis, il y a cette famille venue de nulle part chargée d’une malédiction originelle et cherchant, dans la répétition de «l’impensable», de «l’innommable», à expier le venin l’ayant gangrenée du plus jeune au plus ancien!...

Ensuite il y a le directeur, à la fois metteur en scène, auteur à son insu, accoucheur à son corps défendant, et maintenant en charge de légitimer l’art du théâtre qui, en fantasmant la transgression des faits objectifs, devrait permettre d’en assumer leurs déviances criminelles!...

Enfin, il y aura la couturière, à la fois témoin muet et «oeil de Caïn» qui posera un regard de continuité sur l’éphémère du théâtre, tentant de s’interposer quelque part entre Réalité et Fiction!...

Scandée en une interprétation vigoureuse au diapason d’une réalisation scénique mêlée de visions felliniennes, s’élance alors comme une rafale de plans séquences cinématographiques au service du spectacle vivant, en train de se créer, de se vivre et de se dissoudre devant le choeur des spectateurs!...

Theothea le 10/10/01

LES VAGANTS

de  Jean Gillibert

mise en scène    Jean Gillibert

 Choix des Chroniques **

Théâtre du campagnol

Tel: 01 41 24 24 41 

 

Après avoir beaucoup adapté et traduit, Jean Gillibert est devenu également auteur de théâtre sur le tard!... Avec une dizaine de pièces à son actif, «Les Vagants» constitue sa dernière production en date dont la création eut lieu en avril 2001 à Bruxelles. Puis dans le cadre d’une "carte blanche à Jean Gillibert", deux représentations de ce poème dramatique furent proposées en ce début d’octobre 01, au théâtre du Campagnol d’Arcueil.

L’homme de théâtre explique ainsi les motivations de son écriture: «J’ai donc choisi des formes de théâtre oniriques, quelquefois fantastiques, souvent chorales pour mieux cerner ce qui apparaît pour moi comme l’événement théâtral de l’au-delà de la présence, la conscience de l’imaginaire de soi. Retour à un certain sens du sacré et de ses dérisions sacrilèges. retour au tragique et à la bouffonnerie...».

En ce qui concerne précisément Les Vagants, «Ce sont des hommes vivants: entre la vie et la mort. C’est un spectacle à quatre acteurs, un danseur et un musicien (piano et bols japonais). Passant des haï-ku (poèmes courts) à des effusions lyriques, puis à des fatrasies...., l’histoire sans fable, raconte poétiquement la vie humaine sans Dieu, avec Dieu, avec l’Enfer et les temps modernes. C’est un mélange de genres qui se doit de dire la bâtardise tragique de toute vie humaine.»

L’autre soir, les spectateurs étant assemblés sur les gradins, une fulgurance mystique traversa l’espace théâtral du Campagnol!... Jean-Christophe Paré commençait sa ronde lente et infinie, en vrille autour d'une planche comme projeté en plongeons successifs dans le déséquilibre!... Alain Kremski martelait des vibrations sidérales qui résonnaient en vol plané parmi les silences!...

Jean Gillibert et les récitants s’entrechoquaient en mots venus d’ailleurs, comme si le temps suspendait tous les sauf-conduits de référence!... Bardée de costumes toujours plus affriolants, la procession se mettait en recherche de lignes de fuite, sous couvert de "peau de lapin"!... Plus indicible que conceptuelle, la mise en scène impliquait les comédiens jusque dans le tempo de leur respiration, en une échappée vertigineuse!...

En cette mélopée, fallait-il reconnaître le chant du cygne ou celui du Phénix?

Theothea le 18/10/01

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