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2001 -
2002
Les
Chroniques
de
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6ème
Saison Chroniques
26
à
30
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JOYEUSES PÂQUES
de Jean
Poiret
mise en scène
Bernard Murat
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****
Théâtre des Variètés
Tel: 01 42 33 09
92
|
Nominée pour trois Molières 01, «Joyeuses
Pâques» aura permis à Barbara Schulz de remporter celui
de la révélation théâtrale féminine!...
Il faut dire que le trio qu’elle forme avec Pierre Arditi et Caroline
Sihol est inénarrable, tellement la mauvaise foi y apparaît
comme un oxygène vital pour chacun!...
Le temps d'un mensonge par simple réflexe, afin de tenter de s'extraire
d’une situation embarrassante et voilà que la machine infernale de
l’engrenage apportera de l’eau aux moulins de toutes les suspicions
latentes!...
Si Stéphane, joué par Pierre Arditi, semble alors emporté
par le mouvement perpétuel d’un piège gigogne, ses partenaires
en poursuivant leur propre idée fixe, vont contribuer à faire
dérailler tout équilibre résiduel!...
Au petit jeu du «tel est pris qui croyait prendre», chacun
apparaîtra tour à tour élève et maître,
et sans doute faudra-t-il, lorsque se refermera la boucle de l’imbroglio
pseudo-familial, que l’indulgence ait le dernier mot, signé magistralement
"Jean Poiret"!...
Quasiment trois heures de rire où chaque réplique semble
faire jaillir d’un sac de noeuds récurrents, une perspective sans
fin sur l’amalgame de tous ceux qui s’approchent de la forfaiture!...
Une mécanique implacable où la sérénité
d’une épouse côtoie à la fois le stress d’un mari,
l’inconscience d’une aventurière et la bêtise humaine tout
azimut!...
Un régal d’interprétation, un divertissement de très
haute volée!...
Theothea le 15/10/01
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IRMA LA DOUCE
de Alexandre
Breffort
mise en scène
Jérôme
Savary
|
***
Théâtre des Bouffes Parisiens
Tel: 08 25 00 00 58
|
L’affiche du spectacle est révélatrice: Clotilde Courau,
c’est-à-dire Irma est non seulement l’égérie de la
comédie musicale montée en 2000 à Chaillot et reprise
aujourd’hui à l’Opéra Comique, mais de fait le seul rôle
féminin face aux quatorze masculins!...
Tous en faire valoir de la belle gouailleuse qui, à l’école
d’Arletty, aurait aisément emporté tous les suffrages!...
La comédienne se glisse avec un naturel déconcertant dans
cette épopée à l’eau de rose, où la jalousie
de son amant se transcende en schizophrénie échappant au
contrôle du sujet!...
Au sein d’un milieu interlope, cette rencontre entre ingénuité
et souffrance amoureuse évoque la nostalgie faubourienne du Paris
des années cinquante où même les difficultés de
la vie semblaient posséder une dimension humaine!...
Sous la plume d’un poète éclectique, Alexandre Breffort,
«Les harengs terribles» initialement sketch de cabaret devint alors,
en association avec la talentueuse compositrice Marguerite Monnot, comédie
musicale à succès international!...
Jérôme Savary lui rend son image de marque originale, en
installant une version édulcorée de tous effets spéciaux,
en donnant priorité au chant des comédiens, à une formation
orchestrale réduite autant qu’efficace autour du décor d'un
bistrot-hôtel de quartier, truffé de trouvailles
télescopiques!...
C’est un couple fort attachant qui se dessine en morphing de Nestor à
Oscar face à Irma!.. De ce glissement en va-et-vient naît une
image de femme paradoxalement autonome en Art d’aimer!... L'interprétation
duelle d’Anaud Giovaninetti ne compte évidemment pas pour rien dans
le plaisir non feint que le public ressent aux tribulations de cette histoire
d’Amour!...
En contrepoint, le choeur des malfrats sous la baguette du patron de bistrot
campé couleur locale, assure très fort ce conte musical
de déjà, l’autre siècle!...
Theothea le 16/10/01
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NOTRE DAME DE PARIS
de Luc Plamondon
mise en scène
Gilles Maheu
|
***
Théâtre Mogador
Tel: 01 53 32 32 00
|
Sans doute est-ce actuellement le moment judicieux pour apprécier
au mieux «Notre dame...» à Paris!... En effet après
un lifting général du théâtre Mogador, y compris
de l’infrastructure technique, la comédie musicale de Luc Plamondon
s’y installe jusqu’en février 2002!...
Ce toilettage concerne en premier lieu la distribution qui en rajeunissant
l’ensemble de la troupe, imprime de nouveaux visages, propose de nouveaux
talents à un public, gagné par le plaisir de la
redécouverte!...
En effet en accédant à la notoriété
médiatique, chaque comédien de la version initiale au palais
des Congrès avait contribué en quelque sorte à vampiriser
de fait quelques-unes des chansons phare!...
A Mogador qui ambitionne de devenir le temple du théâtre
musical avec une accoustique recouvrée voluptueusement nette, cette
cure de jouvence emplit d’un souffle de fraîcheur, l’oeuvre désormais
classique co-écrite avec Richard Cocciante:
Elle s’appelle Shirel (Esmeralda), ils se nomment Adrian Devil (Quasimodo),
Cyril Niccolai (Gringoire), Richard Charest (Phoebus), Roddy Julienne (Clopin),
Michel Pascal (Frollo), Claire Cappelletti (Fleur de lys), tous semblent
en prise avec la conviction de naître à la vie d’artiste à
part entière, tout en participant à construire l’avenir d’un
spectacle légendaire!...
Dans le même temps, celui-ci continue d’investir les grandes capitales
de la planète avec en prochains projets, Barcelone, Milan, Moscou
et Amsterdam!...
«Belle», «Le temps des cathédrales», "vivre",
toutes ces mélodies ont désormais conquis la mémoire
collective!... Chaque comédienne, chaque comédien, élus
ont ainsi l’opportunité de révéler leur charisme, en
sachant se mettre à la hauteur d’une enviable responsabilité
artistique!...
Theothea le 17/10/01
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ROMEO ET JULIETTE
reprise
de
Gérard Presgurvic
mise en scène Rehda
avec Cécilia Cara, Damien Sargue
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***
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Palais des congrès
Tel: 01
40 68 00 05
|
reprise
Ainsi depuis six mois, et dans la perspective d’une tournée avant
la reprise à l’automne prochain au palais des congrès de Paris,
Roméo et Juliette triomphent sereinement, fédérant les
publics familiaux et ceux des spectacles branchés!... Il faut dire
qu’au vue du générique, les producteurs ont su combiner les
talents, en les réunissant même de manière apparemment
contradictoire:
Associer le classicisme symphonique de l’auteur-compositeur Gérard
Presgurvic avec l’inspiration moderniste du metteur en scène
chorégraphe Rehda, c’était mettre en présence l’eau
avec le feu, en escomptant la fusion des talents!...
Chacun amenant ses affinités de création, autour d’eux se
crée alors un savoir-faire complémentaire au service d’un spectacle
d’où émerge dès les premières notes, un souffle
évident de qualité: Costumes, lumière, chorégraphie,
décor.... tout concourt à l’appréciation des spectateurs
attirés initialement par le tube « Les rois du monde
»!...
Sous-titré «De la haine à l’amour», c’est comme
un «West side story» qui reviendrait à rebours vers Shakespeare
que l’ensemble des concepteurs ont imaginé, offrant avant même
l’histoire d’amour, celle des forces de la jeunesse en prise avec le
destin!...
S’il devait y avoir du charisme sur scène, c’est du groupe des
danseurs-comédiens-chanteurs qu’il se dégage en ignorant
superbement et délibérément l’ego des
individualités!....
Si sentiments, passions et violence s’expriment au plus près de
concepts simples, c’est pour mieux distiller l’émotion artistique!...
Si le flux musical est pré-enregistré, c’est pour mieux garantir
un rythme intransgressable auquel tous les participants, y compris les
spectateurs, doivent s’accorder!...
Le destin est en marche, rien ne l’arrêtera pas même «la
mort» qui telle une Lorelei tout de blanc vêtue ne cessera de
tendre ses filets dans une chorégraphie fascinante, si proche de
l’immanence!...
Effectivement quand la comédie musicale s’approche aussi près
du théâtre, c’est tout le choeur antique qui déclenche
en chacun, les vibrations essentielles!...
Theothea le 19/07/01
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ULTIMA RECITAL
de Marianne
James & Véronique Vola
mise en scène
Jango Edwards
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****
Théâtre des Folies Bergère
Tel: 01 44 79 98 98
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Au théâtre des Folies Bergère à Paris
précédant une ultime tournée en 2002, sont annoncés
les irrévocables Adieux à la scène de la Diva
wagnérienne Ulrika von Glotte et de sa pianiste Yvonne de Saint-Coffre,
personnages créés au Théâtre du splendid en 1994
sous l’inspiration et la plume de Véronique Vola et Marianne James!...
Mais attention Ulrika et Yvonne ont effectivement l’intention de
disparaître à la fois pour mieux rester dans les mémoires,
mais surtout pour développer leur carrière de cantatrice et
musicienne!... En quittant résolument le travestissement, les personnages
laisseront place aux interprètes et à la polyvalence
transparente de leurs talents respectifs!...
Projet professionnel exemplaire, car basé à la fois sur
la sincérité de la motivation artistique en même temps
que sur la reconnaissance de leur compétence par le public!...
Face à la perspective de cette disparition programmée, nul
doute que s’attisent toujours plus la curiosité de la découverte
ainsi que l’excitation des afficionados d'Ulrika!...
D’emblée il faut dire que l’expérience est
phénoménale, hors d’atteinte de l’attente nourrie par la
présentation médiatique de la «Castafiore techno»!...
Ravageuse, dévastatrice, iconoclaste, Ulrika traverse l’imaginaire
collectif en bourrasques d'improvisations déjantées, d’humour
cynique et de violence fragile!... Flirtant à la lisière du
goût qu’importe qu’il fut bon ou mauvais, elle semble se dresser dans
la stature du Commandeur, héritière légitime de Coluche
réincarné en Walkyrie!...
Tout lui semble permis et cependant ses provocations fantasques transpirent
et trahissent une recherche exacerbée et jamais assouvie de la gratitude
du public!...
En quête de l’Amour de Siegfried là-bas dans la forêt,
des leitmotivs de légendes d’opéra rythment ainsi le spectacle
de psalmodies récurrentes, non sans entraîner la voix de soprano
en des hauteurs sublimes et totalement jubilatoires!..
En contrepoint le personnage d’Yvonne à la fois souffre-douleurs
et clown blanc, construit un rôle complexe et paradoxal de faire valoir
musical ainsi que celui d’opposant révolté et pourtant
malicieusement complice de tous les vampirismes!...
Du grand art lyrique et surréaliste qui restera inégalé!...
C’est pourquoi il est plus que jamais opportun d’apprécier à
sa valeur culte, ce Molière 99 du meilleur spectacle musical!...
Theothea le 24/10/01
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