Toutes
nos
Critiques
2001 -
2002
Les
Chroniques
de
 |
 |

6ème
Saison Chroniques
76
à
80
Recherche
par mots-clé
|
HILDA
de Marie
NDiaye
mise en scène
Frédéric
Belier-Garcia
|
****
Théâtre de l'Atelier
Tel: 01 46 06 49 24
|
Au fond d'un parc, une grille bordée d'hortensias mauves! La
frontière entre raison et délire paranoïaque, c'est là
que Mme. Lemarchand va développer son emprise destructrice à
l'égard de sa future "femme de peine", c'est-à-dire avant tout
sur elle-même!…
Incapable de se faire aimer des siens, esclave de sa bonne conscience,
elle va devenir la maîtresse tyrannique au service des "bons sentiments",
régressant jusqu'aux limites sans cesse reculées de
l'incapacité à agir par soi-même!…
Alors prenant appui sur Franck, un mari tétanisé par le
verbe, la patronne bourgeoise va s'emparer de l'épouse Hilda pour
en faire son jouet imaginaire de tous les caprices!…
Moins dans l'exploitation des tâches domestiques que dans l'isolement
progressif et insidieux, la nasse va se refermer comme une secte, en mal
d'influences négatives!…
Franck, leurs enfants et Corinne sa soeur, tous emportés comme
dans un cauchemar éveillé, ne pourront empêcher l'enfermement
d'Hilda. Les barrières psychiques se surajoutant aux contraintes physiques
et financières, Hilda va se laisser déposséder de tout
"quant à soi", et Mme. Lemarchand hystérisera un pouvoir qui
va dégénérer en crises maniaco-dépressives!...
Métaphore de la dialectique maître-esclave, le thèse
hégélienne ici s'effondre pour ne laisser à terre que
des vaincus de l'identité!…
Seule Corinne, de passage, fait mine d'offrir une résistance au
vampirisme de l'esprit, mais il est déjà trop tard pour
empêcher Mme. Lemarchand d'engloutir en substance sa domestique, son
obligée!…
Jeter son dévolu sur un être pour en broyer l'esprit et le
corps résonne dans cette pièce de Marie NDiaye comme un
mécanisme à peine déréglé de l'âme
humaine!…
Zabou effectue une interprétation magistrale de l'être humain
confronté au miroir inquiétant de l'altérité!…
Elle intuitionne l'étrangeté des sentiments d'amour et de haine,
régnant dans la violence subtile de leurs contradictions! La mise
en scène de Frédéric Belier-Garcia lui laisse toute
latitude d'exprimer les fantaisies fantasques de
l'égocentrisme!…
Une pièce s'imprimant dans l'inconscient, en vue de fulgurantes
réminiscences!…
Theothea 08/02/02
|
LA GRIFFE
de Claude
d'Anna & Laure Bonin
mise en scène
Annick Blancheteau
|
*
Théâtre Fontaine
Tel: 01 48 74 74 40
|
En réunissant à huis-clos dans une station service d'autoroute,
isolée par une grève des routiers, autour d'Irène Coleman,
sa mère, sa sœur et son compagnon, les auteurs Claude d'Anna et Laure
Bonin offraient a priori à Muriel Robin, un véritable rôle
de théâtre face à des partenaires très incisifs,
Nadia Barentin, Aude Briant & Bernard Verley!…
D'emblée, nous observons qu'Annick Blancheteau, la metteur en
scène, a opté avec l'aval de la production, pour le choix
d'un décor reconstituant de façon réussie et très
réaliste, une station service où le sponsoring d'une des plus
grandes marques de carburant apparaît avec une évidence
(significative ?), rarement égalée sur un plateau de
théâtre!…
Ensuite, en présence du pompiste (Erwan Creignou) les quatre
protagonistes entrent donc en piste tour à tour pour une scène
d'exposition où va se mettre en place une unique et définitive
manière de jouer.
Nous le savons, dans ces one woman show, Muriel Robin agite fébrilement,
au grand plaisir des spectateurs, des personnages fantoches qui sont autant
de silhouettes virtuelles sur lesquelles elle a tout le loisir de dispenser
sa morve truculente!…
Ici au théâtre Fontaine, la comédienne agit de même
avec des partenaires bien réels qui lui rendent la réplique
sur le même ton!… Au demeurant, cela crée une atmosphère
de règlement de compte tout azimut où le linge sale
déballé en famille s'accumule en autant de tas estampillés
selon l'air du temps, en faits de société!…
Dans cette perspective, point de développement psychologique des
conflits qui amènerait le public à une réflexion, sans
doute préjudiciable à l'objectif d'un spectacle de divertissement
délibéré!…
Effectivement, tout au long de cette halte forcée dans un havre
symboliquement contemporain, les rires fusent à jets successifs et
télécommandés pour mieux enrayer tout processus de mise
à distance des problèmes familiaux et des états d'âmes
transparaissant avec une vérité trop douloureuse!…
Bref, Muriel Robin persiste au théâtre à faire du
"Muriel Robin" et ses partenaires semblent l'accompagner sur son chemin de
Damas où " l' enjeu comique" demeure exclusivement en lieu et place
d'un improbable centre de gravité!…
Theothea le 11/02/02
|
LE TESTAMENT D'UN
REMOULEUR
de Marcos
Malavia
mise en scène
Marcos Malavia
|
**
Théâtre Essaïon
Tel: 01 42 78 46 42
|
L'imaginaire d'un rémouleur ressemble à celui de tout un
chacun, à ceci près que celui-ci manie des outils tranchants
qui, insidieusement, pourraient éveiller des idées de
meurtre!
Cependant en partageant cette sensibilisation, ne serait-ce pas son
épouse qui serait le plus efficacement touchée par
l'envoûtement de l'inspiration criminelle?
Qui de l'Homme ou de la Femme sera celui qui donnera le coup de grâce
à ce découpage artisanal? Victime ou bourreau, ce choix capital
ne sera lié qu'à une juste répartition des tâches
au sein du couple!…
Quelques mots prononcés ou interprétés de travers
et voilà le couteau qui s'abat en impulsions irrésistibles
pour parachever leur osmose infinie!…
Voici désormais la tête de la bien aimée trônant
sur un plateau dans le salon! Peut commencer alors à rebours la
genèse d'une histoire d'Amour, celle de Marta et José
confrontés au vertige des forces insondables de l'inconscient!
C'est Jean Gillibert, en grand connaisseur des mythes, qui a conseillé
Marcos Malavia (auteur-metteur en scène-acteur) d'appréhender
ce geste meurtrier comme étant le chef d'œuvre de sa victime!…
Le remords, à l'instar de l'œil de Caïn dans la tombe, peut
alors se métamorphoser à satiété, en enfant,
mère, épouse, amante, il n'en restera au demeurant qu'un mari
meurtri et confondu d'avoir été joué par des forces
malignes!…
Muriel Roland, en tête à tête avec le masque mortuaire
de Marta gère avec une assurance presque cynique, cet excès
d'autoritarisme se faisant ainsi le chantre de la passion amoureuse!…
Comme en un espace mental où agiraient librement les pulsions de
vie et de mort!…
Theothea le 14/02/02
|
FAUT-IL TUER LE CLOWN
?
de
Jean-François Champion
mise en scène
Jean-Pierre Dravel
& Olivier Macé
|
**
Théâtre Comédia
Tel: 01 42 38 22
22
|
 |
Michel Roux est un comédien surdoué, mais sans doute pas
suffisamment utilisé dans des rôles échappant aux registres
qui ont construit sa notoriété!...
Ce dilemme rend ses prestations d'autant plus savoureuses qu'un spectateur
attentif peut déceler derrière ses mimiques attendues, la
distanciation aguerrie du professionnel capable de jouer toute la gamme des
émotions, sous le contrôle du metteur en scène qu'il
est par ailleurs!...
En endossant présentement l'imaginaire du clown "Broc", ayant perdu
son partenaire de scène "Bric", le comédien a toute latitude
d'exercer un cynisme ravageur à l'encontre de tous les artifices de
la médiocrité environnante!...
Dans un magnifique décor où transparaît la magie du
rêve à la fois dans sa profusion et sa complexité, les
illusions de la vie ont sous sa baguette l'opportunité d'éclater
en des bulles consternantes!...
Rien, ni personne ne lui résiste, car il semble avoir fait le tour
des lâchetés humaines!...
Alors il se prête avec condescendance à la bêtise pour
mieux la pourfendre d'un revers de main ou de mots d'esprit!...
Dans cette tourmente de l'âge venant et celle de la tentation d'en
finir, l'incompétence générale n'a cependant pas dit
son dernier mot!...
Sous l'impulsion de l'écriture de Jean-François Champion,
la mise en scène de Jean-Pierre Dravel & Olivier Macé va
ainsi réussir à tempérer le mécanisme du
divertissement, par une interrogation du destin au-delà des effets
comiques!...
Aussi cajolé par Alexandra Stewart, et piqué au vif par
Daniel Jean et Emeric Marchand, le clown a des chances de résister
à ses propres faiblesses de l'âme!...
Theothea le 15/02/02
|
UNE NUIT SANS ELLE
Texte & mise en scène
Anne -Sophie Scheffler
|
*
Théâtre Daniel Sorano
Tel: 01 43 74 46 88
|
Beaucoup de talent au service assez vain d'un texte plus adapté
à un récit d'auto-analyse qu'à une interprétation
théâtrale!... En effet, l'auteur se complaît à
ce jeu du "je me souviens" tout azimut, nous emmenant dans les méandres
des révoltes existentielles, non sans faire des détours laborieux
et pesamment démonstratifs autour de la nature aliénante du
média télévisuel!...
Guidé par son double qui s'identifie spontanément en "petite
musique intérieure", Jean le narrateur déroule le chapelet
des aléas qui ont empoisonné son rapport au monde, ne nous
épargnant ni les lieux communs, ni les circonstances autobiographiques,
ni les états d'âme relevant de l'intimité.
Mais comme l'ambition du spectacle est également de le magnifier
en comédie musicale, une valse hésitation s'instaure entre
d'une part le dialogue récurrent de soi à soi et d'autre part
le feeling instrumental qui ne demanderait qu'à voler de ses propres
ailes!...
Cette dichotomie alourdit l'ensemble qui ne cesse de vaciller entre plaisir
furtif du spectateur et frustration interminable!...
Pourquoi en effet, plutôt que de gloser sur un "monde à refaire",
n'avoir pas osé un livret se fondant intégralement sur la
compétence de Bob Boisadam, fantastique pianiste de Jazz, ainsi que
sur la prestation polyvalente de Henri Costa, acteur doué de toutes
évidences pour la comédie.... fût-elle musicale?
Mettre l'écriture d'une fiction thématique au service du
talent de ses interprètes, voilà ce qui aurait pu donner à
l'auteur, Anne-Sophie Scheffler, l'opportunité d'un spectacle exaltant
au théâtre Daniel Sorano (Vincennes) récemment
rénové et qui de toutes évidences, resterait à
créer avec les mêmes protagonistes!...
Theothea le 17/02/02
|
Recherche
par
mots-clé
 |

|
|