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2002
Les
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6ème
Saison Chroniques
86
à
90
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LA VIE PARISIENNE
de Jacques
Offenbach
mise en scène
Jérôme
Savary
|
****
Opéra-Comique
Tel: 08 25 00 00 58
|
 reprise du
11 oct. au
31 déc. 02
Attention chef d'uvre!
Jérôme Savary réussit à
l'Opéra-Comique qu'il dirige depuis 2000, à ressusciter cette
époque fin XIXème qui entre étonnamment en phase avec
la nôtre, sans jamais s'y fondre, sans jamais s'en distancier!
Cette "Vie Parisienne" nous émeut à la manière de
ce fameux tableau impressionniste de la gare Saint-Lazare, c'est-à-dire
en réfléchissant les signes impalpables d'un charme
embrûmé et multiple sur le canevas d'un imaginaire en bruissantes
vibrations harmoniques!
Offenbach voulait que sa musique enivre de gaîté, toutes
les disponibilités à rendre la vie festive!
Cet opéra-bouffe ayant pour décor Paris, lui permet
paradoxalement d'associer l'aspiration démocratique d'un peuple à
celle d'une classe privilégiée ne vivant que pour le
plaisir!
En s'inspirant du processus onirique, les situations de confrontation
sociale se télescopent en fusionnant dans le goût du
fantasque!
Le cancan déployé en étendard, hommes et femmes y
font l'expérience du désir de chacun de s'affranchir des
contingences et des conventions!
L'art de faire rire ne serait rien au regard de celui de mettre les rieurs
de son côté!
Tel est l'excellence de Jacques Offenbach d'avoir
su transmettre à un siècle de distance, ce formidable besoin
de complicité bouffonne que Jérôme Savary illumine avec
respect et humilité, d'une magnifique et intense énergie
vitale!
"Je veux m'en mettre jusque là !
", telle est la devise
éclairée de ces aventuriers de la vie mondaine et cosmopolite
de l'ère Haussmannienne, rejoignant (par la bande) le nomadisme
éclectique contemporain!
En quatre actes dans de splendides costumes chamarrés et un décor
discret au sein de la salle Favart toute rutilante, avec un orchestre de
dix musiciens sous la direction de Gérard Daguerre, des choeurs, une
vingtaine de danseurs, une troupe emmenée alternativement par Michel
Trempont et Patrick Rocca dans le rôle du baron, face à Maryline
Fallot, la baronne et Marie-Stéphane Bernard, Métella la
maîtresse courtisée à la fois par Gardefeu (Martial
Defontaine), Bobinet (Eric Huchet) ainsi que bien entendu
le baron, cet
Opéra-bouffe créé au Théâtre du Palais-Royal
le 31 octobre 1866, retrouve en 2002 en pleine lumière scintillante,
une toute nouvelle " vie parisienne " sous la baguette d'un démiurge
passionné de spectacle vivant, Jérôme Savary!
Theothea le 01/03/02
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RESTE AVEC MOI CE SOIR
de Flavio
de Souza
mise en scène
Didier Long
|
****
Théâtre de la Gaîté
Montparnasse
Tel: 01 43 20 60 56
|
Cristiana Reali est d'origine brésilienne!...
Pour ceux qui en douteraient, il suffit de rester avec elle et son
récent défunt de mari dans leur chambre nuptiale pour se convaincre
de la nature volcanique et fantasque qu'elle prête avec une aisance
non feinte, à cette jeune femme ne pouvant se résoudre à
un départ sans adieux!...
Cette nécessité du deuil maîtrisé dans la parole
qui explique, qui se souvient, qui pardonne, embrase les fulgurances de ce
jeune couple en quête désormais de paix éternelle!...
"Vous ne savez ni le jour, ni l'heure!..."
Et c'est pourquoi, elle et lui tentent de remonter le temps juqu'à
l'instant de leur dernière dispute pour mieux en savourer le miel,
condensant ainsi le périple turbulent de leurs amours!...
Ce pouvoir qu'elle s'accorde d'insuffler avec tant de convictions,
l'énergie vitale nécessaire à maintenir la moitié
d'elle-même en sustentation de paradis blanc, oblige à faire
place nette de tous parasites, à commencer par les proches et voisins
par trop envahissants!...
Le chagrin et la colère en étendard virtuel, elle apostrophe
ceux-ci, les stigmatise, les condamne à tous les enfers, au cas où
leur compassion indiscrète menacerait le tourbillon de son imaginaire
si proche de son compagnon en permission provisoire d'au-delà!...
S'enivrant jusqu'à la lie avec ce délai accordé par
les forces de l'Esprit, ces deux-là vont respirer le parfum d'Amour
infini au point d'atteindre le point de non-retour de la béatitude!...
Et maintenant que la messe a été dite, tout est vraiment
fini, tout est redevenu calme!...
Boris Terral et Cristiana Reali peuvent ainsi profiter des rappels pour
remonter par paliers, de ces grandes profondeurs où le plaisir
d'être sous le regard du public se confond avec celui de la fusion
spirituelle, sous les auspices divinatoires de l'auteur Flavio de Souza et
du metteur en scène Didier Long!...
Theothea le 04/03/02
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IMPAIR ET PERE
de Ray Cooney
mise en scène
Jean-Luc Moreau
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**
Théâtre de la Michodière
Tel: 01 47 42 95 22
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Coincé dans une salle de soins, alors même qu'il est sur
le point de prononcer un discours à la fois très important
pour sa carrière ainsi que pour le prestige de l'hôpital, ce
chef de service va se débattre entre un directeur soucieux d'obtenir
les subventions espérées et des proches qui n'auront de cesse
de se rappeler à son bon souvenir, le forçant à des
"vérités" successives et contradictoires!...
Ce n'est évidemment pas par hasard que se retrouvent les mêmes
ingrédients que pour "Panique au Plazza", puisqu'il s'agit du même
auteur américain, Ray Cooney qui cultive ainsi un comique de situations
dont les ressorts se télescopent dans l'art de mentir vrai!...
Au rôle du ministre Martin Lamotte correspond celui du chirurgien
Roland Giraud; à celui du député ami Eric Metayer celui
du médecin ami Stéphane Hillel; quant au directeur du Palace
Franck de la Persone, c'est Jacques Pater qui le métamorphose en patron
de l'hôpital où le personnel soignant s'est substitué
à celui du palace, comme par magie!...
Que l'embarras provienne d'un "mort vivant" à cacher ou du retour
d'un "fils" inconnu, portes et fenêtres claquent comme des tiroirs
à mensonge !
Reste évidemment, la manière de gérer dans chacun
des deux cas, l'escalade délirante vers les sommets du malentendu
feint!...
Déjantée au théâtre des Variètés,
c'est plutôt la rhétorique sophiste qui l'emporte à la
Michodière où il faut à la fois convaincre un entourage
réclamant sans cesse de nouvelles preuves et dans le même temps
maîtriser une situation qui dégénère au fur et
à mesure du compte à rebours égréné par
l'impatience d'un congrés de spécialistes en attente du fameux
discours!...
Un policier deviendra le point de mire et la tête de turc d'une
logique mise à l'épreuve de la manipulation des faits. Plus
l'agent semblera s'approcher d'une vérité plausible, plus celle-ci
prendra un malin plaisir à s'éclater!...
Au théâtre des Variètés, le rire fuse en fonction
d'une rationalité bafouée!
A la Michodière avec Roland
Giraud, c'est la vraisemblance du verbe qui mène le bal de l'illusion
comique!...
Triomphe de la folie ou de la parole, l'écriture de Ray Cooney
développe l'art de savoir prendre élégamment des vessies
pour des lanternes et juste pour le fun, de berner ceux qui s'y prêtent!...
Un grand moment de détente à partager entre les deux
théâtres ci-nommés, avec des vertus
complémentaires!...
Theothea le 03/02/02
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MADAME DOUBTFIRE
adaptation
Albert Algoud
mise en scène
Daniel Roussel
|
***
Théâtre de Paris
Tel: 01 48 74 25
37
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Attiré par l'idée d'une pièce hilarante où
le transformisme se fait l'outil d'un double jeu effréné, le
spectateur est agréablement surpris d'être embarqué dans
une histoire familiale éminemment tendre!...
En effet, quoi de plus touchant qu'un père ayant tellement d'affection
pour ses enfants qu'il est prêt à devenir la femme de ménage
de sa propre famille?
Chassé de la maison par l'épouse pour cause
d'irresponsabilité, celui-ci revient sous le masque d'une plantureuse
gouvernante au solide bon sens!...
Entre le rôle d'Alex assurant son droit de visite aux enfants et
celui de Madame Doubtfire arbitrant et gérant les états d'âme
de chacun, Michel Leeb se jette bien évidemment à corps perdu
dans ce malstrom familial où il excelle à féminiser
sa voix, à se façonner une silhouette ubuesque, à composer
un personnage de gardien moral, en allers retours incessants avec ce père
comédien de profession au chômage, ayant enfin trouvé
en quelque sorte le rôle de sa vie!...
Pour lui rendre la réplique, voici Catherine Tresca qui incarne
très naturellement Miranda, quelque peu dépassée par
sa triple vie de femme d'affaires, de mère et de partenaire conjugale!...
En outre Arthur le père de celle-ci et Antoine son prétendant
viendront corser encore davantage une situation devenant de plus en plus
loufoque mais où les trois enfants resteront constamment la
préoccupation de tous!...
C'est en effet de cette attention aux réactions de Charlotte, Léa
et Adrien que naîtront tous les subterfuges, cocasseries, et autres
guignolades qui authentifieront paradoxalement une véritable
affectivité au sein d'un couple et d'une famille en pleine bourrasque
existentielle!...
Guidée par cette perspective, la mise en scène de Daniel
Roussel a la volonté de tenir les gags à bonne distance, sans
jamais les charger d'intentions hors propos, garantissant ainsi la
crédibilité et l'émotion de cette aventure franchement
drôle, au théâtre de Paris!...
Theothea le 05/03/02
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VIRAGES
de Alain
Teulié
mise en scène
Daniel Roussel
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**
Studio des Champs-Elysées
Tel: 01 53 23 99 19
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Qu'une voiture vienne s'encastrer dans une maison située dans un
virage en bas d'une descente, quoi de plus prévisible
statistiquement?
C'est bien ce que Clara avait toujours dénoncé à
propos du choix de la maison familiale!...
Et voilà donc qu'après dix ans de silence, son père
divorcé débarque dans son studio à Paris, pour cause
de maison indisponible accidentellement!...
Ce stratagème mensonger, car c'en est un, va permettre de faire
le point sur leurs existences respectives durant une heure et demie,
jusqu'à ce qui pourrait bien être la rupture définitive
entre un père et sa fille!...
Et pourtant leur rencontre débute très mollement sans grande
passion ni inimitié, mais révélant au fur et à
mesure de la conversation, le profond mal être de Clara qui ne peut
s'empêcher de rudoyer son père à tout propos!...
Lui, d'apparence débonnaire semble s'inscrire dans une quiétude
rurale assez ordonnée!...
Bref, se dégage une sorte d'agacement réciproque dû
à des arts de vivre diamétralement opposés, somme toute
assez classique!...
En fait, ce terrain miné cache des ressentiments viscéraux
de Clara à l'égard de son père et sa mère, de
nature à mettre sa propre vie en péril!...
Traumatisée très jeune par des visions sexuelles hors normes
à la dérobée, elle leur reproche de ne pas avoir su
protéger l'innocence de son enfance!...
Cette réminiscence indélébile induit chez elle à
l'âge adulte, une attitude radicale ne supportant aucun compromis
concernant les moeurs de son père, même parvenu au temps de
la retraite!...
Cette volonté d'exclusion parentale du champ du vécu n'est
pas sans rappeler, de manière concomitante et symétrique, la
pièce "LEO" qui présente au Petit Théâtre de Paris,
l'affrontement très similaire d'un fils et de sa mère!...
Ici, l'enjeu est brut, sans sophistication, très proche d'une
banalité quotidienne, mais dont les conséquences psychologiques
apparaissent incommensurablement redoutables!...
Sous la direction subtile de Daniel Roussel, Catherine Arditi et Maurice
Barrier s'affrontent à fleurets mouchetés, comme si la tension
ne devait transparaître que dans l'évocation sans cesse
sous-jacente, de l'insupportable!...
Theothea le 07/03/02
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