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6ème  Saison          Chroniques     96  à  100

 

 

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LA DERNIERE ANNEE

de  Philippe Vialin

mise en scène    Jean-Paul Muel

 Choix des Chroniques **

Théâtre Le Proscénium

Tel:  01 40 09 77 19 

 

Un auteur Philippe Vialin, un metteur en scène Jean-Paul Muel, un jeune comédien Pierre Gérard, voilà bien un trio intégré en une seule et même personne à savoir un fils qui tente de retenir le temps, en journées et minutes dans la présence de l'instant, par la grâce d'une écriture consignant les petits riens intimes autant que les symboles significatifs d'une époque, espérant ainsi maintenir à la vie un père engagé au plus profond de l'alcool!...

Ce duel autobiographique partagé à plusieurs, si on y ajoute en outre une mère sinon une épouse démunie, s'inscrit sur la scène du "Proscénium" comme un chemin de croix avec ses multiples stations que la vertu du verbe suscite en images nostalgiques du déjà siècle dernier, figées par le déclic photographique!...

Proustien, le récit s'anime entre des rideaux de chambre médicalisée qui cachent en dévoilant, la fluidité de l'instinct vital passé au tamis du filtre affectif et émotionnel!...

Pierre Gérard imprime une immanence qui le rend de facto, auteur du moment vécu au-delà même des mots de l'écrivain!...

Le metteur en scène s'empare de cette fusion pour en multiplier les points de vue et les plans du plus rapproché au plus lointain!...

Le visage de Pierre Gérard s'anime avec tranquillité, sûr qu'il est de communiquer l'énergie qui renverse les montagnes, en respirant les effluves des souvenirs désuets, ceux qui rattachent chaleureusement à la vie!...

Theothea le 12/04/02

RAMEAU LE FOU

de  Diderot

mise en scène    Nicolas Briançon

 Choix des Chroniques **

Théâtre  14

Tel:  01 45 45 49 77 

 

Alors que le "seul en scène" est devenu un genre de spectacle à la mode, à la fois héritier de la "lecture à haute voix" et de celui du "transformisme virtuel", il fait le régal des directeurs de théâtre car il est a priori moins onéreux!....

A ceci près que pour mettre le ou les personnages en situation, le décor peut à lui seul être l'occasion d'un investissement considérable!...

Tel est le cas de "Rameau le fou" adapté de l'oeuvre de Diderot par Pierre Charas, et dévoilant sur la scène du théâtre 14, un atelier hétéroclite où l'imaginaire de tout un chacun peut y projeter sa subjectivité!...

Par la grâce d'une substitution narrative, le spectateur y passe du statut de témoin à celui d'interlocuteur du fameux "Neveu", en lieu et place du personnage de Diderot lui-même!....

Devenant ainsi notamment confident, confesseur, psychanalyste, juge et partie... chacun dans la pénombre observe "l'artiste" se débattre dans les méandres d'un monologue fleuve en accumulant sur son compte, les points à charge et décharge!...

En l'occurrence, il se trouve que le comédien n'est autre qu'Yves Pignot qui implique son art de l'interprétation malicieuse jusque dans les moindres recoins d'une pensée contradictoire mais ingénieuse!...

A chaque instant où le cabotinage pourrait tenter l'acteur, celui-ci semble se donner une claque toute intérieure pour inverser la barre et donner à la pensée spéculative, le temps de la cohérence et de l'association!...

Si le concept de Liberté est au centre de la démarche du Neveu de Rameau, celui-ci n'a pas la langue de bois pour tenir des propos désobligeants ou scandaleux tout en pratiquant l'art de l'amalgame avec un sens très personnel de l'humanisme!...

Bref, le sens critique de chacun y est fortement mis à contribution et ce n'est pas la moindre vertu de la mise en scène de Nicolas Briançon que de solliciter ainsi notre vigilance face aux séductions de la démagogie en tentant de faire le tri des bonnes et mauvaises intentions de l'être humain!....

Theothea le 15/04/02

PRODIGE

de  Dermot Bolger

mise en scène    Kazem Shahryari

 Choix des Chroniques **

Art Studio Théâtre

Tel:  01 42 45 73 25 

   Art Studio Théâtre 
  Le site officiel

En infligeant à Jérôme les stigmates du Christ, Dermot Bolger l’auteur irlandais choisit délibérément une problématique hyperréaliste qui entrera nécessairement en résonnance avec l'entourage de ce personnage emblématique!...

Tous plongés dans l’inquiétude, de Penny l’épouse à Clara la maîtresse, d'un prêtre au concierge d’immeuble, seule une femme du peuple feindra de croire aux vertus du «prodige», en souhaitant que Jérôme impose ses mains sur Jacintha, réplique troublante d’une autre petite fille, née du couple Penny-Jérôme mais décédée tragiquement!....

En outre dans l’appartement prêté par son frère Derek et hanté par l’âme d’un jeune suicidé, le cauchemar ne cesse de harceler Jérôme, alors même que la drogue pénètre insidieusement le lieu, le corps et l'esprit!...

Ainsi à l’insu de sa volonté, le destin semble frapper avec insistance pour qu’il abandonne toutes illusions sur lui-même, afin ensuite de «ressusciter» à la vie dans une extrême humilité!...

Pénétré de culture irlandaise, ce conte surréaliste agite le protagoniste principal à la manière d’une boule de flipper qui n’aurait d’autre objectif que de le purger de tout sentiment velléitaire!...

Kazem Shahryari, le metteur en scène s’emploie à organiser consciencieusement le voyage, à la manière d’un train fantôme qui surprendrait et bousculerait les passagers à hue et à dia!... De l’étrangeté aux accointances mystiques, chacun aura l'opportunité de tester sa capacité d’adaptation aux contingences hostiles!...

D’ores et déjà, le metteur en scène a décidé de poursuivre son cheminement avec l’auteur, puisque la saison prochaine, une autre de ses pièces «Ombre et lumière d’avril» sera de nouveau créée dans ce théâtre de l’ AST ( Art Studio Théâtre).

Theothea le 24/04/02

LE BALCON

de  Jean Genet

mise en scène    Jean Boillot

 Choix des Chroniques ***

Théâtre Gérard Philipe

Tel: 01 48 13 70 00 

    Théâtre Gérard Philipe 
   Le site officiel

En choisissant le point de vue du Balcon, ce lieu étrange ni tout à fait dans la réalité ni tout à fait dans l’imaginaire, Jean Genet se fait le chantre de l’équivoque, comme dénominateur commun d’un monde en quête de légitimité!...

C’est ainsi que les masques de la justice, du clergé, de l’armée, du politique deviennent objet de parodie aux yeux de ceux qui les convoitent, en tentant d’accéder aux mirages de l’incarnation du pouvoir suprême!...

Le désir, véritable catalyseur de l’illusion universelle, se fardant lui-même des atours de la séduction, investit tous les champs de la connaissance pour en déguster jusqu’à la lie, la perversité des contradictions!...

Installant ce manège sans fin dans les entrailles d’un bordel, l’auteur esquisse une danse de la métaphore où le sens du sacré ne cesse de s’auto-flageller!...

Jean Boillot, le metteur en scène sensibilisé à une esthétique formelle, invente un décor et des costumes d’une magnificence en trompe-l’oeil dans la plénitude sensuelle de lumières étourdissantes au centre d’une bonbonnière en gradins, éclose au théâtre Gérard Philipe!...

Le jeu des acteurs se confond avec celui de leurs personnages au point de faire croire à l’histoire sublime d’une civilisation en progrès, alors même que, tapi derrière de fastueux oripeaux, guette le vertige de la trahison!...

Le Théâtre ayant ainsi en charge de transgresser et sublimer la fausseté du monde, seules l’ivresse et la jouissance émergent, en maquillant pêle-mêle les sentiments et les ambitions pour n’en conserver que la célébration rituelle et trompeuse d’une fusion métaphysique des corps et des esprits!...

Theothea le 23/04/02

LES CONTEMPLATIONS

de  Victor Hugo

mise en scène  Frédéric Bélier-Garcia & Antoine de Meaux

 Choix des Chroniques ***

Comédie des Champs-Elysées

Tel: 01 53 23 99 19 

 

Un léger temps de pause, pour s’imprégner du poème à venir et s’en mettre les mots en bouche, voilà Philippe Noiret costume trois pièces gris chic et sobre, s’immergeant au plus profond du mysticisme épique avec intense attention et soin d’éclairer de sa voix chaude, les mélopées des pulsions de vie et de mort, celles des «Mémoires d’une âme» menant de l’énigme du berceau à celle du cercueil !...

D’abord, il y eut les applaudissements saluant son entrée en scène de la comédie des Champs-Elysées, dénudée de tout décor à l’exception de deux chaises rouge "théâtre" et de quelques ustensiles de coulisses!...

Instants que le comédien confie avoir appris à savourer avec plénitude!... Puis un long silence, l’annonce de la préface, les trois premiers mots, une hésitation!... «Je reprends !...»; c’est alors que débute une traversée en pays sépulcral où le souffle du verbe Hugolien transpercerait toutes résistances velléitaires!...

Dans une salle muette de contemplations, seule la lumière inondera de ses variances caressantes, le personnage si familier qui dédouble la nostalgie des souvenirs scolaires à celle du patrimoine, toutes deux célébrées par l’acteur au faîte de son Art!...

En deux périodes, avec et sans veste lancée méticuleusement sur le dossier d’une des deux chaises, accompagnée poliment d’un «vous permettez ?» à l’égard du public, la voix du comédien s’incarne en père torturé par le deuil impossible de l’enfant tant aimée, et plonge la réflexion métaphysique dans le miroir d’une humanité désemparée!...

«Quand je vous parle de moi, je vous parle de vous... Ah! insensé, qui croit que je ne suis pas toi!»

Le cahier des poèmes dans la main gauche, la droite lui permettant de prolonger sa propre pensée à la suite de l’auteur intemporel, alors sans autres effets que celui de se désaltérer à l’aide d’un gobelet argenté, le comédien feint de lire et de découvrir les aveux poignants de l’écrivain dont de toutes évidences, il est imprégné jusqu’à la moelle!...

A l’aune d’un silence bouleversé, le triomphe claquera en de multiples rappels, afin d’exprimer sa reconnaissance envers la qualité et l'extrême simplicité d’une telle interprétation, hommage véritablement somptueux à Victor Hugo!...

Theothea le 17/04/02

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