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2001 -
2002
Les
Chroniques
de
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6ème
Saison Chroniques
101
à
105
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PLUS VRAIE QUE NATURE
de Martial
Courcier
mise en scène
Didier Caron
|
***
Théâtre du
Splendid
Tel: 01 42 08 21 93
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En s’emparant du thème de la robotique à visage humain,
Martial Courcier tel Pygmalion installe sa créature quelque part dans
la tradition des androïdes.
En la chargeant d’une mémoire émotionnelle, l’auteur la
gratifie d’une sensibilité dont il semblerait aisé de gommer
tous les défauts ou autres imperfections, si fréquents chez
l’être humain.
Si en animant des modules numériques, il serait donc possible de
donner une âme à une poupée gonflable ou autre statue
mythique, la tentation est grande de percevoir le cadeau de François
à Julien son meilleur ami, comme celui de la panacée de
l’Amour!....
Bien entendu comme il s’agit d’une comédie, Chloé la merveille
des merveilles devancera les joyeuses surprises des deux compères,
et par là même celles des spectateurs réjouis!...
Cependant que ce soit précisément la substance même
du corps humain et non la sphère psychologique ou sentimentale qui
vienne interférer dans la relation affective du couple Chloé-Julien,
voilà ce qui empêchera cette nouvelle magie de faire long
feu!...
Entrant alors en phase de dépression mutuelle, seule la
déprogrammation radicale et donc numérique du sujet de
l’Amour apparaîtra à tous comme le moindre mal!...
Et cependant le rire ne cessera de psalmodier les tribulations du trio,
apparaissant effectivement plus en prise directe avec les affres de la
technologie moderne qu’avec une réelle problématique
existentielle!....
Cet habile cocktail s’avère comme un dosage efficace de divertissement
et de réflexion sur les relations homme-machine et permet surtout
aux comédiens Roland Marchisio et Didier Caron de faire valoir leur
excellente partenaire, Hélène Seuzaret (Nomination Molière
2002 révélation féminine).
Theothea le 30/04/02
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LES
SALTIMBANQUES
de Louis
Ganne
mise en scène
Philippe Ermelier
|
**
Théâtre du Tambour Royal
Tel: 01 48 06 72 34
|
Qu’il est sympa ce petit théâtre du Tambour Royal, niché
au creux d’un passage du XIème, avec ses airs de «baraque à
guignol» de la belle époque!...
Comme sorti d’un songe, il vous convie d’emblée au divertissement
sans arrière-pensée, c’est-à-dire avec une âme
d’enfant prête à s’émerveiller à tous les voyages
imaginaires!...
Plusieurs spectacles y cohabitent pour mieux en affirmer
l’éclectisme festif et souvent musical!...
Ainsi mercredi, samedi et dimanche jusque fin juin, la compagnie Ermelier
y propose un opéra-comique de Louis Ganne «Les Saltimbanques»
créé en 1899 où, à mi-chemin entre le cirque
et la bande dessinée, des personnages bigarrés y font éclater
des bulles de joie partagée!...
Accompagnés d’une vivace et charmante pianiste asiatique Yoko Oda,
huit comédiens-chanteurs se relaient en alternance sur scène
pour susciter par leur engouement vocal et fantasque, le plaisir du spectateur
dans les sphères délicieusement désuètes d’un
cirque ambulant riche en personnages burlesques!...
L’enthousiasme gagnant tout un chacun, la sévère Malicorne
serait rapidement vilipendée pour contrarier ainsi la passion mutuelle
d’André pour Suzanne, car tous le clament «C’est l’amour, qui
flotte dans l’air à la ronde.... c’est l’amour qui rend chaque jour
la gaieté...».
C’est donc l’Amour qui triomphera en chansons, à l'instar de la
nécessité et la sincérité du geste
théâtral dans de tels lieux intimes et conviviaux,
réhabilités à juste titre au spectacle contemporain,
souvent méconnus mais de toutes évidences plus pour
longtemps!...
Theothea le 02/05/02
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LENZ, LEONCE ET LENA
de Georg
Büchner
mise en scène
Matthias Langhoff
|
***
Comédie-Française
Tel: 01 44 58 15 15
|
Des forêts Vosgiennes aux plages du Sénégal, il n’y
a qu’un pas; celui de la fantasmagorie de Matthias Langhoff relayant le
romantique allemand Georg Büchner, jusque dans l’amalgame de son oeuvre
s’auscultant dans un jeu de miroirs!...
En disséquant le système nerveux d’un barbeau, sera-t-il
possible d’éclairer les motivations contradictoires et hallucinantes
de l’humanité errant dans un ennui sans fond?
En juxtaposant et entremêlant l’égarement d’un poète
dramaturge et la vacuité d’une passion d’opérette, percevra-t-on
l’avant-garde de la folie?
Le metteur en scène ose la confusion avec le souhait
délibéré d’en faire objet de sa
problématique!...
Lenz, Leonce, Lena, même combat!... Celui de la survie au service
de l’utopie, celui de la transgression des apparences, celui de la
multiplicité des intuitions!....
Du recto au verso des costumes répond celui du signifiant qui,
en singeant le manichéisme, illustre de fait la palette infinie des
divagations rationnelles!...
Une gare en furie au coeur des montagnes de sapins, est-ce le suicide
du rêve, l’hallali de la philosophie, ou seulement le cauchemar de
la pensée formatée?
C’est au tour du didjeridoo des aborigènes, du chant diphonique
et de l’accordéon de se répandre de manière lancinante,
en accompagnant de leurs plaintes sublimes, les échos d’un univers
tourneboulé par des sentiments qui le dépassent!...
Denis Podalydès, Jean-Yves Dubois, Muriel Mayette, Alain Pralon,
Malik Faraoun, Laurent Stocker, Emmanuelle Wion, Benjamin Monnier glissent
avec la mélancolie des anges et surfent malicieusement sur les reliquats
d’un festin dont le spectateur aura l’opportunité de composer le
puzzle!...
Theothea le 03/05/02
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LE FANTÔME DE
SHAKESPEARE
de & par
Philippe Avron
|
**
Théâtre Le Ranelagh
Tel: 01 42 88 64 44
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Comme un funambule perché à hauteurs de vertige, Philippe
Avron tel un entomologiste progresse dans l’inconnu des sentiments et des
émotions en défrichant le monde encombré de
l’apparence!...
D’un sursaut toujours malin, il évolue en bondissant à la
marge des préjugés et retourne, comme un gant, l’idée
préconçue cachant l’évidence!...
Slalomant entre le poétique et le candide, il ne laisse en paix
aucune des contradictions qui balisent le cheminement d’une pensée
logique, en état de fébrilité constante!...
Provenant insidieusement de l’ombre à l’arrière du
théâtre du Ranelagh, il s’avance vers la scène, tel le
fantôme qu’il n’aura de cesse d’agiter dans le collimateur du
public!...
Shakespeare et consort, à savoir dans le désordre Hamlet,
Lear, Einstein, Montaigne, Jean Vilar, Peter Brook, Aznavour, Devos et autres
personnages fictifs, réels, vivants ou non, chacun esquissera son
pas de deux que des filins invisibles dessinent dans un imaginaire léger,
à la manière d’un nuage sombre de fantaisie!...
Subtil, frivole, malicieux, voire grinçant, Philippe Avron chante
un hymne aux vertus du spectacle vivant; sûr de sa cause il sourit
aux anges pour mieux déplaire aux grincheux de la Commedia dell’Arte
et de l’humour en porte-à-faux!...
«Je suis rond du bout, je suis doux de la lame, j’ai une poignée
confortable et réconfortante que nous appelons entre nous la poignée
Damart....»
Accessoire figurant ou acteur principal, à l’instar du maître
du genre Philippe Caubère, il montre, démontre et convainc
en proférant le flux de son spectacle en temps réel!...
Theothea le 15/05/02
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LA MORT DE DANTON
de Georg
Büchner
mise en scène
Georges Lavaudant
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**
Théâtre de l'Odéon
Tel: 01 44 41 36 36
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C’est bien la «Nature humaine» qui est soumise à la question
par Georg Büchner dans «La mort de Danton» et c’est
euphémisme que d’exprimer la déconvenue de l’auteur à
ce sujet!...
De l’Idéalisme à la Terreur, il apparaît
désespéré de se vouloir épargné par un
tel processus historique, métaphore du chaos universel !...
«L’individu n’est qu’une écume sur la vague, la grandeur un
pur hasard, la souveraineté du génie une pièce pour
marionnettes...»
Vice et Vertu semblent s’y amalgamer avec une propension atavique à
la violence inéluctable!... Qu’importe la Raison des uns et
des autres, quand le magma de l’inconscient submerge la dialectique!...
Seul sans doute, l’exil dans la solitude pourrait conférer la
distanciation nécessaire pour recouvrer la paix intérieure!...
Cependant que Büchner fait apparaître Danton comme
tétanisé par le pressentiment de l’échec constitutif
à l'égarement général!....
Georges Lavaudant s’empare de ce texte pathétique pour en exposer
recto-verso, la matière objective et subjective!... Le metteur en
scène vide le plateau de l’Odéon pour y rendre impossible toute
échappatoire!... Les protagonistes de la Révolution Française
s’y esquivent plus qu’ils s’y confrontent!...
Chacun semble dialoguer avec lui-même comme en une réflexion
insensée où la rhétorique n’aurait même plus la
possibilité d’influencer et de séduire quiconque!...
Robespierre-Danton (Gilles Arbona & Patrick Pineau), le duel sera
transgressé par un autisme collectif, et c’est ainsi que les
comédiens devront se montrer esseulés face au public, face
à l’Histoire en une incarnation intense de Philosophie morale &
politique!...
Theothea le 14/05/02
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