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 Sommaire / Editorial     Toutes nos  Critiques  2002 - 2003

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 - Le Théâtre à Paris -

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7ème  Saison     Chroniques   07.61   à    65      Page  99

 

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PHEDRE

de  Jean Racine

mise en scène    Patrice Chéreau

 Choix des Chroniques ****

Odéon Berthier

Tel:  01 44 85 40 40 

   Odéon-Théâtre de l'Europe 
 Le site web

Non, nous ne sommes pas sur un court annexe de Roland Garros, et pourtant cette épée qui passe de mains en mains, file de droite à gauche obligeant le public à suivre l'action où chacun des huit protagonistes semble se renvoyer une balle imaginaire avec l'énergie du tragique!...

Destiné aux grands décors de l'Opéra, voilà que cet entrepôt, soudain réveillé d'une léthargie nostalgique, devient le lieu d'un choc frontal, immergeant en face à face deux tribunes de spectateurs, témoins d'un combat mythique où va régner en maître le sentiment de culpabilité!...

L'Odéon est en transit au moins pour deux saisons!... Georges Lavaudant a jeté son dévolu sur ce lieu sorti de nulle part, Patrice Chéreau l'habite en faisant table rase d'où va surgir une création fondatrice, écrite à jamais dans l'histoire du Théâtre!...

Tel un "West side story" en alexandrins, la piste de béton urbain va laisser place à un drame de la jalousie incommensurable où les poursuites de lumière vont cerner dans leurs halos implacables, tous ces visages en quête d'absolu!...

Ce devait être Isabelle Adjani et Michelle Marquais, ce sera pour l'excellence Dominique Blanc et Christiane Cohendy, Phèdre et Oenone, ce duo qui avance vers le destin avec l'aveuglement de l'Amour s'enfermant dans les noeuds de la douleur inéluctable!...

Hippolyte (Eric Ruf), enjeu tabou de l'amour incestueux à son corps défendant n'aura que le déni de l'intransigeance à opposer fièrement aux transgressions et aux calomnies alors même que Marina Hands, sublime Aricie n'aura de cesse d'incarner le feu de leur passion réciproque!...

C'est ainsi que surviendra celui qui n'était plus attendu, Thésée (Pascal Gregory) mari et père abusé surtout par manque de discernement; c'est donc en pleine confusion des consciences qu'il déclenchera l'apocalypse finale, donnant raison définitivement au pouvoir dévastateur de l'orgueil!...

Qu'ils soient Michel Duchaussoy (Théramène), Nathalie Becue (Panope) ou Agnès Sourdillon (Ismène), tous assisteront terrassés au carnage des coeurs blessés et des corps meurtris d'avoir endossé la faute indicible!...

Un leitmotiv sonore lancinant gronde en fond lointain et accompagne le stress des âmes affolées prises dans ces tourbillons de lumière aux yeux de tous, ponctuant le suspense de silences encore plus redoutables!...

Optant pour la mélodie d'une versification librement adaptée et un décor minimaliste d'où convergent vers une façade rocheuse latérale quelques chaises disparates et éparses, Patrice Chéreau donnant vie à des costumes improbables destinés à manier la fameuse épée, a réussi un véritable coup de maître parce que l'essence de sa créativité est ailleurs... elle est là où agit l'esprit!...

Theothea le 06/02/03

LA BELLE ET LA TOUTE PETITE BÊTE

de  Jérôme  Savary

mise en scène    Jérôme Savary

 Choix des Chroniques ****

Opéra comique

Tel: 08 25 00 00 58

   Opéra comique 
 Le site web

Née au cinéma en même temps que Fabrice Luchini pour "Perceval le Gallois" dans la vision baroque et intimiste du metteur en scène Eric Rohmer qui ensuite initia pareillement sa "protégée" à la découverte de la scène avec "Catherine de Heilbronn" de Kleist au théâtre des Amandiers de Nanterre, Arielle Dombasle a depuis cultivé son goût pour une ambition composite des arts du spectacle en s'investissant dans le chant, la danse et la comédie sans jamais préjuger des conventions et des normes en usage!..

S'attachant à être présente là où elle n'est pas attendue, elle impressionne la galaxie culturelle à la manière d'une comète en orbites aléatoires autour de planètes dûment référencées en disciplines artistiques!..

Ainsi se nourrira le malentendu médiatique, car sa réputation de comédienne professionnelle consciencieuse et même perfectionniste va interférer avec le paradoxe d'une image volage et futile entretenue dans son sillage!..

A cet égard, quoi souhaiter de mieux pour témoigner de ses talents polyvalents que d'être accueillie à l'Opéra Comique par le maître Jérôme Savary en se plongeant ensemble corps et âme dans le merveilleux d'un conte de fées... raconté de travers afin de mieux se surprendre mutuellement?

Certes la cinquantaine approchant ingénument, la "plus belle pour aller danser" ne sera vraiment pas sa cousine, puisque la divine aura choisi le styliste Vincent Darré pour se parer de cyber voiles confirmant sa taille de guêpe, ô combien ensorcelante!…

Princesse jusqu'au bout des ongles de la pensée, c'est étrangement dans son rôle alternatif d'une Blanche-Neige marâtre en diable et mâtinée discrètement d'une gouaille populaire manière Arletty que la jubilation de l'actrice pourra se fondre avec la nôtre, pourvu que l'on soit quelque peu sensible à l'humour corrosif!…

En effet, si l'attachement de la belle envers la bête déguisée en hérisson par Savary, est tant attendu par tous ceux qui protégent leurs âmes d'enfant, comment en revanche ne pas être pris à contre-pied par l'auteur démoniaque osant en plein délire confondre la charmante muse aux 7 nains avec une sorcière vulgaire se parfumant au n° 5 ?

Emmenée par une cohorte de dix danseurs et autant de musiciens dirigés par Gérard Daguerre, la belle inconsolée d'avoir perdu dix ans plus tôt son amoureux, tombé "dans les pommes" du haut de l'arbre où il tentait de se rapprocher de la lune et ainsi "réduit en compote", organise des bals mensuels où elle finira par rencontrer un "prince charmant" (Frédéric Longbois) fat et boudiné qui fait profession de s'ennuyer dans la vie!….

C'est pourquoi durant deux heures oniriques, il appartiendra au hérisson (Carlos Pavlidis) de jouer, bon gré mal gré, les bonnes fées et à Arielle Dombasle de peupler le monde imaginaire de fantasmes que nous lui aurons prêtés si volontiers!…

Theothea le 04/02/03

LE VENT DES PEUPLIERS

de  Gérald Sibleyras

mise en scène    Jean-Luc Tardieu

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Montparnasse

Tel:  01 43 22 77 74 

 Théâtre Montparnasse 
 Le site web

   

Gustave (Georges Wilson), René (Maurice Chevit) et Fernand (Jacques Seyreys), trois rescapés de la guerre de quatorze ont pris possession d'une petite terrasse sur l'arrière de la maison de retraite que régente la sévère soeur Madeleine.

De là, ils aperçoivent sur la colline d'en face des peupliers dont les cimes se balancent au gré du vent alors qu'eux-mêmes depuis leur promontoire ne perçoivent en ce mois d'août 59, le moindre souffle!..

Ce phénomène qui ne cesse de les intriguer, sera l'occasion d'une thématique récurrente envers une aspiration à un ailleurs salvateur qui, en restant à portée de main, s'avérera une ambition néanmoins plus velléitaire que pragmatique!...

Cette rencontre quotidienne donne l'opportunité à Gérald Sibleyras qui signe ici, pour la première fois, seul sa troisième pièce, de confronter des caractères bien trempés de vieux militaires entretenant pour se distraire de l'ennui et d'une misanthropie latente, des chamailleries de roublards en goguette!...

Georges Wilson y retrouve les frémissements de l'attente de Godot, et il faut dire que ses compagnons s'entendent pour lui donner la réplique autorisant une bougonnerie qui pourrait devenir légendaire!...

Le rythme des journées s'égrène sur la scène comme du "cousu main" que Jean-Luc Tardieu découpe en fondus enchaînés au noir qui ne laissent quasiment aucune respiration aux comédiens déjà prêts à embrayer pour la séquence suivante!...

Sur fond bleu azur, la terrasse ocre les accueille en présence d'un chien de pierre que Fernand croit voir bouger, alors que ses camarades tout occupés à prévenir ses évanouissements à répétition dus à un éclat d'obus résiduel sur le front, ne se privent pas néanmoins de le dissuader d'une telle aberration!...

En effet, tous trois aiment à imaginer que la réalité pourrait prendre les couleurs de leurs fantasmes et c'est donc en parfaite complicité qu'ils entretiennent le délire de chacun, renforçant ainsi de fait une perception commune et surréaliste de leur environnement!...

Certes, ce n'est pas la dépression qui les guette, mais ils demeurent chacun à leur manière, habités par un spleen indéfini et subreptice qui leur fait deviner qu'un autre destin eût été possible si !....

Le Théâtre Montparnasse s'est bien habitué, au cours des derniers mois, au succès, à la fréquentation et aux Molières afférents avec " La boutique au coin de la rue ", il est peu probable au vu du plaisir pris par les premiers spectateurs du trio cumulant 240 glorieuses que cette situation euphorique ne perdure pas!...

Theothea le 11/02/03

LA NUIT DU THERMOMETRE

de  Diastème

mise en scène    Diastème

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Petit Marigny

Tel:  01 53 96 70 20 

     

Photo Franck Vallet 
 Théâtre Marigny 
 Le site web

 

Lors de l'une des premières représentations, Simon se lançant soudain sur le lit sur lequel il doit se rétablir en position de tailleur, manqua de perdre l'équilibre et de se retrouver au sol!...

Lucie, un instant décontenancée sourit à la cascade puis au bord du fou-rire chercha dans le regard de son partenaire, les points d'appui pour se recentrer sur le fil du récit!...

A deux, la situation fut vite maîtrisée et prouva s'il le fallait qu'évitant tout cabotinage, Emma de Caunes et Frédéric Andrau étaient devenus effectivement deux professionnels aguerris!...

Et pourtant qu'ils sont craquants ces préados de composition emportés le temps d'une nuit dans un tourbillon où refaisant le monde, philosophie rime avec délire onirique alors qu'un soda gazeux et un poisson rouge les poursuivent dans le retranchement de leurs moindres ressentiments!...

C'est bien entendu l'Amour qui les guide, mais ce n'est même pas le flirt qui les accompagne!... De fait, seul un état d'affection généralisé les porte en rupture d'une réalité perçue au travers du filtre d'un imaginaire qu'ils se plaisent à investir!..

Les parents ne sont bien évidemment pas à la hauteur des ambitions des colombins qui rejouent leur enfance au tamis des illusions retrouvées!...

Il y a du Beinex chez Diastème qui fait transpirer la température bien au-delà d'un fameux 37°2. Au film d'une génération pourrait aisément correspondre cette pièce pour une autre, celle qui se cherche un XXIème siècle aux couleurs du rêve éveillé!...

En donnant ses chances au conte contemporain, Robert Hossein prête les clés du Petit Marigny à des jeunes talents qui témoignent présentement d'une sensibilité exacerbée et néanmoins totalement sous contrôle!... C'est une véritable chance que de pouvoir les découvrir en cet état de grâce!...

Theothea le 12/02/03

A CHACUN SA VERITE

de  Luigi Pirandello

mise en scène    Bernard Murat

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Antoine

Tel:  01 42 08 77 71 

   Gisèle Casadesus 
 A chacun sa vérité 
 Théâtre Antoine  Le site web

Ayant annoncé en 1999, ses adieux au Théâtre en reprenant "Savannah Bay" avec sa fille Martine Pascal au théâtre du Rond-Point, voici que ce vendredi 8 février 2003, Gisèle Casadesus a fêté ses 88 ans dont soixante-dix consacrés au théâtre, symbolisés par soixante dix roses blanches offertes sur scène par ses partenaires!…

Nous attestons que ce qui précède est une vérité démentant de fait ces adieux, à la satisfaction générale!…

Mais que dire en revanche, de Madame Frola interprétée par la doyenne de la scène française, qui elle oppose sa vision de la réalité en pleine contradiction avec celle de son gendre, Monsieur Ponza (Niels Arestrup)!…

L'épouse de celui-ci étant en effet l'enjeu d'une identification qui laisse désemparée toute une petite société bourgeoise gravitant dans le salon du conseiller préfectoral d'une petite ville italienne!…

Est-elle, comme il le prétend, sa seconde femme ou au contraire la fille de Madame Frola sa belle-mère, comme celle-ci en reste persuadée?

Au cœur du mensonge le cas échéant, seront convoquées de part et d'autre la folie, la paranoïa, la schizophrénie et autre mauvaise foi!…. Dans cette perspective, le voisinage serait-il en mesure d'arbitrer la controverse, en aurait-il la compétence et la légitimité?

Lambert Laudisi (Gérard Desarthe) pense quant à lui, faire œuvre de pédagogie en ne cherchant pas à aller au-delà de la compréhension des faits tangibles et c'est avec un cynisme amusé qu'il observe ses contemporains s'emmêler dans les nœuds d'une vérité qui va leur échapper à chaque instant!…

Bernard Murat lui, s'empare de Pirandello pour en extraire une saveur "boulevardière" dont il a le secret, tout en ménageant les portes de sortie, à toutes les ruses de la mécanique mentale prise dans les tourbillons de l'aspiration vaine à la normalité conceptualisée!…

En équilibre sur ces fils conducteurs virtuels, les quatorze comédiens malaxent l'énigme comme à Feydeau et c'est donc distraits à souhait que les spectateurs prennent conscience de l'incohérence de leurs propres pensées!..

Theotha le 17/02/03

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