Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

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Autour de la Scène

   

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Jack-Henri SOUMERE, chevalier de la Légion d'honneur

   

Directeur des Théâtres de Mogador et de Longjumeau, ainsi que de l'Opéra de Massy,  Jack-Henri Soumere a été élevé le 3 mars 2003, au grade de Chevalier de la Légion d'honneur par Pierre Cardin,  en présence de nombreuses personnalités du spectacle et amis...

        

   

- Extrait du discours de remerciement -

     

"... Il y a, avec mon entourage professionnel, comme une vieille complicité - " comme une histoire d'amour ". N'en croyez rien, pas aussi longue, pas aussi ancienne, que celles qui des lumières à nos jours les caractérisent. C'est l'amour du Théâtre.

Par la confiance des artistes ceux présents, absents, ou passés sous les cieux éternels.

Puisque le devoir de mémoire est aujourd'hui à l'honneur avec respect, émotion j'apporte ici une pensée toute particulière à ceux qui m'ont accordé leur confiance, que nous regrettons de ne pas avoir avec nous : je pense tout particulièrement à DALIDA, à C. JEROME, à qui je dois de m'avoir apporté tant de joie et de bonheur. A travers moi je considère que ce sont eux aussi qui sont aujourd'hui à l'honneur.

Je crois que cela devait être dit.

Le THEATRE, le spectacle, sont des tâches difficiles mais aussi valorisantes. Construire encore, toujours - comme un architecte gravant dans la pierre du temps, les signaux de son époque à travers sa vocation.

Semer dans la tête des hommes le bonheur et la joie; la culture, le divertissement, aiguiser les curiosités, ces valeurs si elles ne sont pas faites de pierre et de brique elles ont au moins le bonheur de partager au sens le plus noble du terme la Clef de voûte de tout ce qui nous lie et nous rassemble ici .

Cette philosophie a imprégné ma vie personnelle et professionnelle, elle inspire encore et toujours ma vie publique.

- Mais aussi pourquoi ne pas le dire : Etre connu et reconnu. Cette reconnaissance que vous me donnez , c'est cela aussi la recherche de notre " graal ". A nous, gens de théâtre..."

Jack-Henri Soumere,  le 03/03/03

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Roland Garros, ô terre battue sur les planches

Comment ne pas découvrir des accointances entre ce fameux tournoi de tennis et le Théâtre Antique où le rituel embrasse d’un coup d’un seul les spectateurs et les acteurs dans une improvisation brossée sur le script des origines?

D’«Epidaure» au «Central», franchissons allègrement le pas alors que le choeur antique inspire au public contemporain les réparties cinglantes, les «olas» scandées, les silences religieux!...

Jusqu’aux joueurs convaincus de prendre en charge une dramaturgie dont personne n’aurait la clé mais dont chacun sur le cours et les gradins participerait au dénouement dans l’impérieuse nécessité de la répétition représentative.

D’une année sur l’autre, le rite se perpétue et les clameurs montent vers la ville médiatique qu’une couronne de lauriers embrasera jusque dans les chaumières aux confins des grandes chaleurs moites et venteuses!...

Ils sont là les héros récurrents de nos imaginaires au sortir des brumes épiques prêts à pourfendre le temps perdu en un combat inlassable contre lui-même!... L’image du champion se dessine dans les traces d’une esquisse qu’il faut sans cesse confirmer comme si elle était porteuse d’une rédemption collective!...

Comment ne pas discerner chez ces joueurs de trente ans non révolus et surgissant de nouveau d’un ailleurs déréglé, cet espoir inouï d'une résurrection du phénix, en immergeant dans un bain de jouvence la perspicacité pathétique d’une Stéphie Graff ainsi que celle d’un André Agassi réunies en un même chant nostalgique:

Celui d'avoir été et d'être de nouveau !...

L’Art dramatique se trouve alors happé comme dans une spirale insensée dont seuls les dieux pourront nous récompenser en tournant l’index vers le haut ou vers le bas selon l’humeur et les caprices du temps retrouvé!...

Tapis, les partenaires médusés qu’ils s’appellent Martina Hingins ou Andreï Medvedev, hésitant entre admiration et désappointement comptent les jeux à rebours d’une horloge dont les coups flirtent avec les caresses de la destinée!...

L’instant d’après, seuls les sièges vides se faisant face aux quatre coins du cours nourrissent encore l’écho de ces exploits vers les pensées secrètes d’une jeunesse perpétuelle que chaque génération disputerait à la légende opiniâtre!...

Aussi toujours de retour, la scène de Roland Garros affichera encore "complet" pour l’édition du millénaire à venir dont nous pressentons déjà les vibrations de Tragédie qui jailliront des travées en une émotion poignante!...

Theothea le 07/06/99

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Conservatoire, le masque y raille la plume !

Daniel Mesguich avait prévenu: «Ceux qui aiment vraiment le théâtre resteront après la représentation de clôture des journées pédagogiques!... Il y aura en effet une cerise sur le gâteau!... J’ai entendu début mai, dit-il, une diffusion vraiment exceptionnelle de l’émission «Le masque et la plume»!... J’ai eu envie de vous en faire profiter en recréant cette émission sur scène devant vous!...»

Il aurait pu rajouter: «Vous allez effectivement vous régaler toute la soirée, car le résultat du travail de ma classe au long de cette année est vraiment irrésistible... mais croyez-moi, dans le rôle de critiques de théâtre, parfaitement identifiés, là mes élèves ont dépassé allègrement toutes les motivations jubilatoires que ce métier peut induire!...»

Donc, sous la forme d’un «private joke» livré à l’ensemble des spectateurs hilares, le «simulacre du massacre» va pouvoir commencer au Conservatoire de Paris; il est 23h00, ce jeudi 22 juin 2000!...

En maître de cérémonie, voici donc le clone de Jérôme Garcin, animateur de cette célèbre émission radiophonique consacrée alternativement au cinéma et au théâtre, accompagné de quatre critiques, chroniqueurs attitrés de grands journaux et identifiés comme tels par les rôles interprétés, que nous tairons ici par tact!...

Et bien entendu, le script du dialogue est original, les arguments sont effectivement ceux qui ont été soutenus en temps réel!...

La preuve est d’ailleurs administrée par les voix enregistrées des chroniqueurs qui interrompent périodiquement celles des comédiens, en les figeant soudain «in situ» manière «musée Grévin» et révélant ainsi que les propos sont effectivement reproduits à l’identique et déclenchent les rires des spectateurs du Conservatoire avec autant de force dans la version originale de l'émission que dans son interprétation scénique!...

On y imagine d’ailleurs aisément qu’en mai, les auditeurs de France Inter devaient eux, être également pliés de rire devant leur poste de radio, car pourquoi les mêmes arguments rhétoriques produiraient-ils des effets différents à deux mois d’intervalle, selon qu’ils soient proférés dans la réalité ou interprétés au théâtre ?

A ceci près, qu’il s’agit présentement d’une parodie, car comment imaginer qu’à chaque instant de l'émission, ces journalistes professionnels aient pu affirmer n’avoir rien compris à la mise en scène des pièces, juger les acteurs incompétents et confirmer en outre ne pas être allés voir certains des spectacles dont ils débattaient? C’est une charge bien entendu, croyez-vous naïvement! Que nenni,... détrompez-vous!... Toutes les répliques du pastiche initié par Daniel Mesguich sont bel et bien «raccord»!...

Un coup d’oeil vite fait alentour pour voir si les journalistes fustigés ne feraient pas malencontreusement partie des spectateurs privilégiés de cette soirée désopilante!..

Nous voilà rassurés par l’intuition de leur absence car seul transparaît au fond de la salle, le visage ravi de Daniel Mesguich qui a eu ainsi l’art de solder les comptes en retournant avec cocasserie et malignité les armes et les lacunes de ces nécessaires partenaires médiatiques!...

Si «toutes ressemblances avec des personnes connues» s’avère donc ici une coïncidence de bon aloi, en montrant habilement le second degré de ce jeu «cartes sur table», le reproche pédagogique qui cependant pourrait être adressé à l'enseignant est celui d'avoir confronté d'emblée, quelques-uns de ses élèves aux partis pris annoncés de la vie artistique professionnelle sans qu'ils en aient la juste mesure!...

Le débat reste ouvert, mais portons au crédit du metteur en scène qu’il sait mettre avec évidence les rieurs de son côté et qu’en tout état de cause le théâtre est par excellence, le lieu imaginaire de toutes les représentations!..

Quant à la critique professionnelle, pourquoi faudrait-il que l’empathie et la passion soient inexorablement absentes de son champ d’investigation et de réflexion?

Ce fut donc une superbe soirée, drôle et facétieuse, où furent initialement joués treize extraits de pièces exacerbant avec délectation les relations homme-femme par essence contradictoires et où une dizaine de comédiens de 1ère et 2ème année eurent cette opportunité délicieuse de démontrer en public leurs compétences!..

Que vivent donc avec panache, ces nouvelles promotions de comédiens, pleines de promesse!...

Theothea le 24/06/00

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L'AUTRE THEATRE

Jean Gillibert pourrait-il être le successeur secrètement désigné par l’Etat, à partir du 1er Janvier 2000, de Marcel Maréchal évincé de la direction du théâtre du Rond-Point ? Nous plaisantons bien évidemment avec la simple intention de souligner que la compétence, la qualité, l’expérience ne sont pas nécessairement les qualités retenues pour être en charge du Théâtre en France!...

Si non, comment expliquer que ces créateurs pédagogues, aussi différents soient leur parcours, mais qui l’un et l’autre ont consacré leur énergie vitale et artistique à communiquer le goût du théâtre à un public qu’ils ont su fédérer au fil du temps... comment expliquer donc que les Institutions ne sachent pas mettre en valeur ces hommes de l’Art?

Aussi Jean Gillibert, du Théâtre antique de la Sorbonne dans les années cinquante jusqu’à « L’Autre Théâtre » de nos jours, a poursuivi son chemin artisanal et poètique renvoyant dos à dos les concepts de théâtre privé et subventionné et répondant à la seule problématique qui l’importe « En quoi le théâtre nous change-t-il, non le monde, mais l’image du monde en nous... ».

Qu’on se le dise, pendant trois semaines, il est accueilli au « Théâtre du Lavoir Moderne Parisien » où il nous propose deux créations poétiques, l’une sous forme de « ballet cinéraire », l’autre de dialogue d’après Edgar Allan Poe ainsi que trois conférences concernant « L’Homme intérieur comme instance du théâtre et comme tradition cachée », suivies de Master-classes!...

Parmi ses projets pour l’An 2000, nous relevons « La Tempête » de Shakespeare.... Faisons donc le rêve d’imaginer ce spectacle sur une grande scène parisienne.... nous pourrions alors « changer de millénaire » l'âme en paix !...

Theothea le 15/04/99

La  présentation biographique & l'oeuvre de  Jean Gillibert

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Jean Marais

nous a quittés le Dimanche 8 Novembre 98.

Il aurait dû interpréter le rôle de Prospero dans la Tempête de Shakespeare du 17 Octobre 97 au 11 Janvier 98 au Théâtre de l’Eldorado à Paris, mais déjà cette création fut annulée en raison de ses problèmes de santé.

Aussi la dernière fois qu’il a été possible de voir Jean Marais sur les planches à Paris fut dans l’Arlésienne d’Alphonse Daudet dès fin Janvier 97 aux Folies Bergère en compagnie notamment de Bernadette Lafont.

Il y jouait le rôle du berger Balthasard, superbe vieillard à barbe blanche auquel il s’identifia spontanément!... Il est manifeste que l’ensemble de la critique n’apprécia pas le ton de la mise en scène de Roger Louret qui mêla délibérément candeur et distanciation, premier et second degré!....

En revanche c’est en termes enthousiastes que Theothea apprécia cet exceptionnel moment de comédie musicale qui a permis de conserver un si merveilleux souvenir de Jean Marais:

- Jean Marais aux Folies Bergère, c'est en soi tout un programme!

Un berger aux ... "Bergère"!...  En pâtre provençal, longue barbe blanche, voix grave et bien posée, tel une force de la Nature, Jean Marais est au service d'Alphonse Daudet, de Roger Louret, de tous ses partenaires et du public avec une égale obligeance, celle qui a 83 ans lui donne le talent de la prodigalité.

Autour de lui, tous les personnages de Daudet s'animent comme dans une comédie musicale, à la manière de papillons pris dans des faisceaux lumineux contradictoires...

La mise en scène est brillante, positive, pleine d'entrain! La qualité du son et de l'acoustique est parfaite. Les chants en patois provençal offrent des plages d'émotion et contribuent à faire de ce spectacle dans ce lieu de légende, un grand moment de théâtre dont nous gardons la nostalgie dès le rideau tombé! (Theothea le 3/3/97) -

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Eclipse en scène !

Du haut des falaises normandes, sous les nuages flirtant avec le bleu du ciel, face au grand large, difficile d’apercevoir au travers des lunettes de protection, l’astre du jour se faire ronger par le disque noir tant attendu, mais de cette frustration naîtra la totale disponibilité à apprécier le spectacle fascinant du cosmos s’éteignant par paliers successifs comme si des sources lumineuses dispersées s’évanouissaient jusqu’à laisser le temps suspendu dans un espace immobile alors qu’à l’horizon surgit presque immédiatement comme une ligne rose annonciatrice d’un jour nouveau à naître par l’ouest!....

Des effluves de vent balancent alors le vol des mouettes subitement calmes, dans la pénombre nuageuse restée cependant quelque peu lumineuse au nord de l’étrange obscurité et puis peu à peu comme si des rampes de lumière entraient successivement en action, le paysage marin sous les cieux s’essaye à de multiples teintes colorées, aspiré par un mouvement irrésistible vers une clarté qui cherche à l’arracher à sa torpeur magnifique pendant que les mouettes regroupées en commando défilent le long des falaises en piaillant une hystérie retenue au plus profond de cette nuit de plein jour!....

Quel spectacle que ce combat de la lumière avec son ombre, projetée dans une infinie suspension qui n’en finit pas de se métamorphoser sous l’émerveillement de ses admirateurs comblés!...

Quel Molière pourrait donc récompenser une telle intensité dramatique que l’éphémère absolu nous retire aussitôt qu’il nous en fait cadeau ? Seule, la mémoire impressionnée au plus haut point devrait en laisser à jamais satisfaction !...

Theothea le 14/08/99

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