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 Sommaire / Editorial     Toutes nos  Critiques  2002 - 2003

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 - Le Théâtre à Paris -

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7ème  Saison     Chroniques   07.81   à    85      Page  103

 

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MANGERONT-ILS?

de  Victor Hugo

mise en scène    Benno Besson

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de la Ville

Tel: 01 42 74 22 77 

 

Créée au théâtre Vidy Lausanne, cette mise en scène de "Mangeront-ils?" par Benno Besson est en tournée à travers la France, en ayant effectué une halte parisienne de trois semaines au théâtre de la Ville!...

Avec un décor "fantastique" signé Jean-Marc Stehlé, des costumes luxuriants d'Elsa Pavanel, des masques inquisiteurs de Werner Strub, une lumière vespérale "fin de règne" de Geneviève Soubirou, cette pièce d'exil de Victor Hugo rassemble les concepts d'étrangeté et de naïveté pour lesquelles la cocasserie de l'interprétation vient confirmer l'indicible surréalisme du conte!...

Face à une sorcière cynique et un conseiller flagorneur, un roi se trouve fort désemparé après que sa fiancée s'est réfugiée avec son amant dans un cloître en pleine forêt hostile et vénéneuse!...

Le couple affamé se verra néanmoins invité par un voleur à la table du roi, risquant lui-même de perdre la vie, au cas où il arriverait malheur à ce brigand que protège un talisman offert par la sorcière!...

La métaphore de ce rapport de forces à plusieurs niveaux de solidarité, permet ainsi à Victor Hugo de fustiger l'arbitraire et les abus de pouvoir, rétablissant en quelque sorte l'utopie d'une équité entre les hommes souvent souhaitée, mais sans cesse annihilée dans les actes!...

L'humour est convié à la table du banquet, prenant appui sur la psalmodie du langage versifié pour en dynamiter toute tentation de poses et d'emphases!...

Derrière leurs masques, les personnages font des pirouettes avec l'ingéniosité de l'esprit!...

Gilles Privat, Serge Larivière, Samuel Tasinaje, Léa Drucker emmènent une troupe de onze comédiens dans un délire à la fois extravagant, féroce et bouffon où Benno Besson entre en connivence avec Victor Hugo pour cette farce parodique de la "puissance des faibles"!...

Theothea le 18/03/03

BASH

de  Neil Labute

mise en scène    Pierre Laville

 Choix des Chroniques ****

Studio des Champs Elysées

Tel: 01 53 23 99 19 

 

Sous l'impulsion d'un ressentiment, d'un dépit, d'une vengeance, trois meurtres ont été commis et leurs auteurs viennent successivement nous raconter l'enchaînement des faits qui les ont amenés à ce constat!...

Comme à la barre d'un tribunal mais sans aucune culpabilité apparente, c'est davantage un travail de mémoire qui les pousse à tenter de comprendre l'association des idées et des faits.

Ces homicides ont en commun leur caractère impuni, et c'est sans doute le poids du secret qui les incite à mettre des mots sur des faits dont l'enjeu leur avait initialement échappé, de façon à les révéler présentement à des proches, en l'occurrence spectateurs assistant à la représentation du studio des Champs-Elysées!...

Solidaires dans leurs processus, les trois crimes sont évoqués séparément par leurs auteurs respectifs, n'hésitant pas à décrire la satisfaction contextuelle motivant leur démarche ainsi que l'apaisement ressenti suite à l'accomplissement du forfait par action ou même par omission!...

Amoral par essence, ce spectacle n'est pas une pièce de théâtre mais une juxtaposition de trois confessions exécutées dans la nécessité de la récurrence.

Pris à témoin, le spectateur n'est pas convié au jugement mais à l'écoute impartiale et à la découverte de l'alter ego!..

Schizophrènes le temps du récit, comédiens et public communient dans la suspension de la réalité pour tenter d'apercevoir au-delà de l'être humain civilisé, l'énigme de ses motivations latentes!...

Anne Brochet, Lionel Abelanski, le couple Stéphanie Fagadau-Patrice Costa viennent tour à tour nous tendre un miroir de la mauvaise conscience sous l'apparence d'un rêve éveillé!... Attention danger!.. Attention spectacle vivant!...

Theothea le 19/03/03

QUATRE QUATUORS POUR UN WEEK-END

de  Gao Xingjian

mise en scène    Gao Xingjian

 Choix des Chroniques ****

Théâtre du Vieux-Colombier

Tel: 01 44 39 87 00 

 

   

Bonjour Tristesse!...

Ces quatre quatuors qui n'en formeront qu'un le temps d'un week-end à la campagne s'avancent comme quatre électrons libres errant dans le vide sidéral!...

En fait, c'est deux par deux qu'ils se réunissent dans une ferme, à l'époque des cerises, avec l'espoir sous-jacent que de l'altérité du couple surgira une improbable raison d'être!...

Hôtes mutuels, de la prolongation ou non de leur rencontre pourraient se perpétuer les harmoniques suscitées par le choc dialectique opéré dans le non-sens métaphysique!...

Conjuguant les pronoms personnels à la recherche d'une identité subjective, chacun devient pour lui-même ce terrain d'expérimentation où l'autre fait ses gammes!...

Voici d'ailleurs, comment Gao Xingjian décrit ses personnages:

"Bernard (Simon Eine), le vieux peintre est hanté par la menace permanente de la mort; Anne (Claude Mathieu), sa compagne s'ennuie et s'énonce comme déjà morte; Daniel (Alexandre Pavloff), l'écrivain se trouve confronté à l'impasse de la créativité, tout est vain puisque tout a été déjà écrit; Cécile (Audrey Bonnet), sa jeune amie s'accroche à son amour dérisoire et ne parvient pas à réaliser son désir de devenir chanteuse. C'est une pièce sur l'ennui profond, la difficulté à dialoguer, l'absurdité de l'existence."

Au théâtre du Vieux Colombier en création mondiale, mise en scène esthétique où la chorégraphie des mots balance les corps dans un élan onirique et où l'émoi surgit d'un imaginaire indifférencié!....

Inspiré par les comédiens de l'Opéra de Pékin, Gao Xingjian cherche à faire ressortir "l'acteur neutre" et c'est ainsi qu'au final la bande des quatre pourra constituer dans une blancheur virginale, une seule et même entité sculpturale!...

Jaillissant de la conflagration des contraires, l'auteur jette son cri ultime de défi: " Vive l'ennui !"

Theothea le 01/04/03

OSCAR ET LA DAME ROSE

de  Eric-Emmanuel Schmitt

mise en scène    Christophe Lidon

 Choix des Chroniques ****

Comédie des Champs-Elysées

Tel: 01 53 23 99 19 

 

Eric-Emmanuel Schmitt en philosophe du temps!... Ainsi pourrait-on comprendre son dialogue théâtral de douze journées entre Oscar et la Dame rose!...

La maladie ayant établi une échelle de 1 à 10, c'est donc à 120 ans que cet enfant de dix ans quittera la vie, non sans avoir rendu compte à Dieu, jour après jour, consciencieusement d'une existence tellement riche en réflexions sur les aléas de la condition humaine qu'il se vérifiera que la maturité n'a nullement besoin d'attendre le nombre des années!...

En effet, c'est sur les conseils de Mamie Rose visiteuse d'hôpital, que le jeune Oscar va entreprendre cette correspondance épistolaire où il confiera le poids inéluctable de la pathologie au travers du filtre inestimable de son imagination et grâce au pouvoir incommensurable de celle-ci à célébrer la vie!...

Tout devient facile et léger lorsque décision est prise d'abandonner la lutte avec l'intransigeance du compte à rebours, pour n'accorder la priorité de l'entendement qu'à l'intensité des sentiments et à la volonté de questionner la vie!...

Pas de temps à perdre, pas la moindre seconde à gâcher avec la fatalité du ressentiment ou la spirale du désespoir quand, de la puberté à la vieillesse en passant par l'adolescence et l'âge adulte, le tourbillon contradictoire de la vie vous entraîne dans les méandres de l'expérimentation vitale, de manière synthétique, brève et unique!...

L'auteur confie qu'il a dédié le plus autobiographique de ses textes à Danielle Darrieux, car celui-là s'impose comme "hymne à la vie"!... Celle-ci a accepté parce que séduite de devoir faire le pont entre les deux extrêmités de l'âge en une seule et même interprétation et en un élan dialectique totalement pragmatique!...

Grâce à une mise en scène judicieuse de Christophe Lidon, la comédienne alterne la subjectivité temporelle du personnage avec l'aide d'un voilage dissimulant partiellement le lit de l'enfant!... Les inflexions tantôt juvéniles de sa voix confirment le passage aisé d'un état à l'autre!...

Au-delà de l'antinomie du rose bonbon de façade, c'est la valeur de toute destinée que le philosophe nous invite à discerner et à apprécier!...

Theothea le 26/03/03

UN VRAI BONHEUR

de  Didier Caron

mise en scène    Didier Caron

 Choix des Chroniques ****

Théâtre Hébertot

Tel: 01 43 87 23 23 

 

   

Cécile (Véronique Barrault), François (Didier Caron), Christophe (Denis Cherer), Ivan (Pierre-Jean Cherer), Olivier (Hocine Choutri), Odette (Nathalie Courval), Yvonne (Marie-Hélène Lentini), France (Françoise Lépine), Mathilde (Florence Maury), Jean (Patrick Nardon Zard'), Patrice (Fred Nony), Valérie (Valérie Vogt).... et les autres sont conviés au banquet du bonheur, celui qui traditionnellement façonne "le plus beau jour de la vie" et qui d'une manière récurrente met à l'épreuve et fait le point sur tous les engagements "du meilleur au pire", passés et à venir!...

Si donc au présent, le mariage se conjugue en cérémonies et soirée de noces du couple en devenir, c'est aussi l'occasion pour tous les autres, parents, proches et amis d'évaluer le rapport à leur propre conjoint effectif ou virtuel, accompagné du cortège de tentations, frustrations, lâchetés voire fidélités pour lesquelles chacun se dispute, se contrarie ou même se respecte!...

Au théâtre Hébertot, c'est une merveilleuse terrasse d'une grande maison bourgeoise qui encadre (décor: Stéfanie Jarre / lumières: Laurent Béal / costumes: Valérie Guégan) la joyeuse soirée nuptiale où chacun pourra côtoyer chacune, selon affinités et opportunités, en espérant que la griserie saura escamoter la barrière invisible s'offrant aux résistances de la passion toujours latente!...

Amis d'enfance, beaux-frères, belles-soeurs, cousins, collègues, parents tout ce petit monde s'ébroue et traverse tour à tour la porte des réjouissances pour venir sur le perron du parc, faire une pause avec l'agitation festive et rencontrer les interrogations libidinales que les vapeurs d'alcool ont l'art de catalyser!...

Cette nuit, se fête le mariage de Mathilde et Christophe, et pourtant un aveu tardif de François l'un des témoins de la mariée va donner le véritable coup d'envoi d'une "party" tourneboulée où comme dans un château de cartes, les repères lexicaux de la bienséance vont s'effondrer peu à peu en un jeu de société aux règles tacites... particulièrement signifiantes!...

Dans une langue truculente et parfois crue, tous les clichés du couple et du célibat modernes s'enfilent comme des perles cocasses que les auteurs/metteurs-en-scène (Didier Caron & Véronique Barrault) ont dû collecter et répertorier avec jubilation!...

Du non-dit au trop-dit, plus rien n'arrêtera la dynamique associative des idées lâchées dans une zone indéfinissable de la comédie sociale où les rôles s'estompent au profit du fantasme collectif!...

De la "pièce montée" à la "soupe à l'oignon" du petit matin, à savourer dans l'hilarité générale et sans aucune retenue!...Un vrai bonheur!...

Theothea le 29/03/03

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