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2003 -
2004
Les
Chroniques
de
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8ème
Saison
Chroniques 08.26
à
30
Page 113
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MARCIEL HALLUCINE
de & mise en scène
Marc Hollogne
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Théâtre des Folies Bergere
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Marciel prolonge ses hallucinations, mais désormais ce sera au
Japon et à Broadway qu'il faudra se déplacer pour tenter d'en
percer le mystère!...
Durant cette année 2003, du Bataclan aux Folies Bergère,
il n'aura cessé d'approfondir ce passage de la fiction à la
réalité, du cinéma au théâtre, de soi à
l'autre lui-même... préoccupé par une obsession
récurrente semblant le fixer dans la fantasmagorie d'un XVIIIème
siècle fort troublant!...
Miou-Miou, Ticky Holgado, Emma auront contribué à cette
dialectique du comédien avec son art, le questionnant sur les tenants
et aboutissants de sa relation avec un monde en folie!...
Il faut le voir décliner à volonté cet instant magique
où le fantasme s'objective, où la projection des images, des
sentiments et des désirs prend l'apparence de leurs réalisations,
celle du passage à l'acte!...
En psychanalyste du spectacle vivant, Marciel enjambe cette frontière
vice versa mais jamais recto verso, laissant aux spectateurs le soin
d'intuitionner ce qui se passe en coulisses et ce qu'il advient de l'inconscient
du créateur!...
Comme si en traversant la cloison qui le sépare d'une
vérité à découvrir, à peine parvenu sur
l'autre rive, il lui fallait effectuer la démarche immédiate
en sens inverse pour s'assurer de la concomitance des deux pôles de
la prise de conscience!...
Laissant l'illusion cinétique à son destin dans l'imaginaire
du public, il quitte la scène des Folies Bergère, dans la pirouette
du clown philosophe!...
Theothea le 10/11/03
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FOLLEMENT
ROUMANOFF
de Anne
roumanoff
mise en scène
Louise Lattraverse
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****
Théâtre Bobino
Tel: 43 27 75 75
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Davantage que "folle" comme le suggère insidieusement le titre
de son nouveau woman show, La Roumanoff serait actuellement plus
précisément "acidulée" à l'instar de la très
belle affiche de son spectacle.... à Bobino depuis l'été
2003 et pour six mois renouvelables la saison suivante!...
Portraitiste en diable Anne, sortie comme chacun le sait de "Sciences
Po", s'exerce à attirer un public toujours plus nombreux, en recherchant
sans cesse le commun dénominateur qui rassemble a maxima dans le sourire
plutôt que dans le sarcasme!...
Cette attitude délibérément fédératrice
a néanmoins pour corollaire, la nécessité de situer
l'artiste en permanence sur une crête éditoriale où chaque
pique se doit de rester politiquement correcte et en appeler au caractère
râleur des Français plutôt qu'à une dénonciation
idéologique, psychologique ou morale à l'instar par exemple
d'un Guy Bedos!....
D'une certaine manière, la progression permanente de son talent
et de son professionnalisme finit par faire craquer l'enveloppe de ses sketchs
qui tendent à rester confinés dans une succession de caricatures
certes réjouissantes mais toujours "bon enfant"!....
Comme si l'observation et l'esprit d'analyse de la comédienne n'osaient
pas encore, après quinze années de carrière, à
autoriser l'autonomie réelle de l'auteur à une véritable
écriture satirique!...
Comme si l'artiste et sa metteur en scène québecquoise Louise
Lattraverse considéraient le public comme une ancre à laquelle
il fallait sans cesse se référer plutôt qu'à
transgresser!....
Et pourtant Anne Roumanoff est de toutes évidences capable d'un
tel saut périlleux qu'elle devrait tôt ou tard effectuer pour
son plus grand bénéfice, rejoignant ainsi Valérie Lemercier
considèrée à juste titre titre comme sa principale
concurrente!...
Sans doute le rire des spectateurs deviendrait-il plus complexe, mais
ceux-ci lui seraient reconnaissants d'accéder avec elle, à
un regard différent au lieu de caboter trop proches des simples rivages
de la plaisanterie!...
Bon vent à La Roumanoff et à la foule toujours grandissante
de ses partisans!...
Theothea le 12/11/03
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NUIT D'IVRESSE
de & mise en scène
Josiane Balasko
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****
Théâtre de la Renaissance
Tel: 01 42 08 18 50
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Film culte et pièce à succès du Splendid à
partir de 1985, affichant tour à tour au générique Josiane
Balasko cumulant jeu, écriture et mise en scène, en compagnie
de Victoria Abril, Thierry Lhermitte, Michel Blanc et Gérard Jugnot,
puis récemment au Théâtre de la Renaissance Francis Huster,
voici désormais Pascal Légitimus relayant ce dernier auprès
de Michèle Bernier!...
Elle, arborant une couleur rouge tapageuse la moulant à ravir,
lui, très à l'aise dans son smoking comme d'aucuns dans leurs
baskets, ils vont former ce duo improbable d'une nuit exceptionnelle au fin
fond d'un bistrot de gare, en parodie d'ivresse pour une "Brève
rencontre"!...
Se cherchant davantage dans les postures que dans les mots, ce sont
paradoxalement leurs répliques qui se feront mouche et les
ramèneront irrémédiablement dans un face à face
dont ils feindront sans cesse la rupture!...
Simone est une "nature" qu'il semblerait fort difficile de contrarier
tant sa spontanéité franche du collier pourrait aisément
"coller au plafond" d'un revers de main, le célèbre animateur
de télévision Jacques Bellin si celui-ci s'avisait dans son
délire éthylique de franchir quelque peu la ligne jaune, et
c'est donc en se jaugeant avec ruses que les deux puncheurs vont se livrer
une joute enivrante!....
Passés l'entracte et cette folle griserie, la prise de conscience
autour des croissants du matin se situera au prorata de la surprise d'un
nouveau tête à tête peu fidèle avec la physionomie
de la veille!...
Elle en permission carcérale, lui en amnésie
hébétée, il ne manquerait que l'irruption du patron
du bar Terminus (Christian Sinniger) pour mettre de l'huile sur le feu!...
Le couple des deux comédiens fonctionnent à merveille alors
que le dynamisme de Michèle Bernier se marie allègrement avec
la retenue malicieuse de Pascal Légitimus!...
A chaque soirée, une sacrée renaissance signée
Balasko!...
Theothea le 14/11/03
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ARRÊTE DE PLEURER,
PENELOPE !
de Christine
Anglio, Juliette Arnaud, Corinne Puget
mise en scène
Thomas Le Douarec
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Palais des glaces
Tel: 01 42 02 27 17
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"Arrête de pleurer Pénélope"!... Un must iconoclaste
rendant au "vagin" ce qui appartiendrait à ses "monologues "?...
Succès à l'identique, fou rire masculin-féminin
inénarrable, trois super-nanas sur scène et une énergie
à faire fondre toute dépression amoureuse!...
Et bien entendu en invité tant attendu, le Godot du désir
triomphant sans cesse en déphasage chronique avec l'épanouissement
sexuel!...
A l'égard de ces deux pièces plébiscitées
par les foules, la comparaison s'arrêtera néanmoins à
cette hilarante leçon de choses, car ici même l'auteur est un
triumvirat, celui-là même qui, depuis plus d'une année,
du "Café de la Gare" au "Palais des Glaces", a mis en orbites
sidérales ses trois comédiennes unies pour le meilleur, grâce
au fameux Thomas Le Douarec!...
Trois caractères bien tranchés qui pourraient n'en faire
qu'un, en convie un quatrième pour enterrer sa vie de jeune
fille!...
Jeux de miroirs où le trépied de la libido au féminin
se confronte à l'impitoyable critique de l'altérité,
si peu dupe face aux simulations désespérément
cocasses!...
Christine Angio, c'est la géniale Pénélope!... Celle
qui donne le diapason de la frustration et toutes les opportunités
aux deux autres de fustiger la pusillanimité!...
Juliette Arnaud, c'est Chloé la sexy cynique avec tant d'ambitions
à revendre à ses copines qu'elle en deviendrait crédible
pour elle-même!...
Corinne Puget, c'est Léonie la mondaine branchée qui les
décoiffe toutes avec son portable, à l'aune de son business
plan!...
Bref, trois bonnes amies qui s'organisent une soirée de
festivités avec la volonté chevillée de dénigrer
le fanstasme du partenaire mâle, à l'aide d'une prescription
à haute dose de distanciation, selon la méthode Coué!...
Pataquès splendide assuré dans une tornade de délirante
mauvaise humeur, générant les rires incompressibles d'une salle
totalement acquise au talent partagé avec de telles évidences!...
Theothea le 14/11/03
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HEDDA GABLER
de Henrik
Ibsen
mise en scène
Roman Polanski
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Théâtre Marigny
Tel: 01 53 96 70 00
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Que se passe-t-il donc entre la critique et les deux soeurs " Seigner
"?
Déjà Mathilde presque panoïaque se plaisait encore
récemment à imaginer à l'occasion de "L'Education de
Rita" une tacite cabale contre elle!... Voici maintenant Emmanuelle pourtant
encensée lors de sa première prestation sur les planches dans
"Fernando Krapp m'a écrit cette lettre" qui découvre les affres
du désamour public en interprétant le personnage mythique d'Hedda
Gabler, alors que Roman Polanski, son mari, en signe la mise en scène
après avoir été couronné de prix et d'honneurs
pour son film "le Pianiste".
L'association Seigner-Polanski se serait-elle installée à
son insu dans le collimateur artistico-médiatique à l'instar
par exemple du couple Dombasle-Lévy ? C'est une question légitime
au vu de la magnifique représentation du vendredi 7 novembre de "Hedda
Gabler", soit un mois jour pour jour après sa première
représentation au théâtre Marigny!...
A chacun effectivement son Hedda et la projection mentale qu'il est possible
d'effectuer à la suite d'Henrik Ibsen!... Celle de Roman Polanski
est délibérément schizophrène!... Aussi il est
manifeste qu'Emmanuelle avec une absence indéfinie du regard, une
voix en marge de la pensée, un léger sourire énigmatique
à la commissure des lèvres, et un comportement ambigu s'il
en fut dicté par l'auteur, compose stricto sensu cet être autistique
voulu par le metteur en scène!...
Tous les personnages qui gravitent autour de la jeune épouse semblent
imprégnés d'une distanciation similaire, mais se
différencient dans leur capacité modulable à agir et
réagir dans la fébrilité!...
Erick Deshors est particulièrement impressionnant pour susciter
ce fantôme de l'écrivain et amant maudits qu'est devenu Eilert
Lovborg. Michèle Ernou esquisse l'alternative envisageable de l'autre
jeune femme (Juliane Tesman) prise dans les mailles d'une société
figée dans la torpeur!... Jean-Paul Solal (Le conseiller Brack) vibrionne
autour de la gente féminine, en faisant diversion au poids que le
sentiment factice fait peser sur la relation humaine!...
Quant à Guillaume de Tondéquec, il intègre à
l'égard de Jorgen Tesman le jeune époux, tous les paramètres
de l'inhibition affective pour s'aveugler sur l'ambition et la réussite
sociales!...
Que le suicide apparaisse comme l'issue inéluctable de celui et
celle d'entre eux, n'ayant en perspective que l'impasse du vivant, voilà
la responsabilité morale et artistique dont sont en charge Emmanuelle
Seigner et Eric Deshors, c'est peu de dire qu'ils y brillent de compétences
et d'humilité professionnelles!...
Theothea le 20/11/03
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