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L'ECHANGE
« LEchange » de Paul Claudel "live"
au Théâtre Déjazet
de Paul Claudel
mise en scène
Carmelo Agnello
avec
Pauline
Cheviller, Sébastien Depommier, Gvantsa Lobjanidze & François
Marais
|
****
Théâtre Déjazet |
|
© Matthieu Camille Colin
En choisissant la version originelle intégrale de 1894, le metteur
en scène Carmelo Agnello a opté pour une création de
2h45 sans entracte quil a envisagée comme un Opéra pour
quatuor à cordes autour de quatre personnages qui nen formeraient
quun seul intuitionné de limaginaire de Paul Claudel
retranscrivant son choc du Nouveau Monde lors de sa première affectation
consulaire à New York.
En effet, déjà tiraillé par des aspirations
contradictoires persistantes, le jeune dramaturge se projette alors dans
une confrontation de convictions, de ressentis et autres états
dâme auxquels il ne cherche guère à se soustraire
si ce nest en leur laissant le choix de la libre expression jusque
dans lexposé de leur conflit inéluctable mais
authentique.
Voilà donc Marthe, la sage introvertie belle jusque dans son
éthique incommensurable du respect de soi-même et des autres
au point den constituer une valeur étalon dappréciation
universelle.
Paradoxalement en couple avec Louis Laine, laventurier opportuniste
ne doutant de rien dautre que, de seulement, ce qui pourrait venir
ternir son image de Narcisse, lApollon et sa conquête partagent
une même pauvreté bohème qui les a conduits à
devenir les gardiens momentanés de la propriété
résidentielle appartenant au grand bourgeois Thomas Pollock y vivant
avec son épouse excentrique Lechy Elbernon.
Ces deux-là, à juste titre, ont lesprit suffisamment
large pour ne pas intervenir réciproquement dans le pré carré
du partenaire en lui laissant lentier discernement de ses propres
intérêts et passions.
A elle nageant comme un poisson dans la voluptueuse fascination
théâtrale des murs hollywoodiennes
stéréotypées, à lui le business haut de gamme
permettant, en gentleman, le survol de très haut des contingences
financières.
Aisément adeptes dun échangisme fortuit et spontané,
lune et lautre vont se trouver en position de proposer à
leurs obligés « serviteurs hôtes de
genre similaire » daller voir en face si la libido ny
serait point davantage accueillante.
Ainsi bien armé de dollars convoitables, Thomas suggère-t-il
à Louis de lui laisser la place vacante auprès de Marthe alors
que Lechy, elle, entreprend de convaincre cette même proie féminine
de laisser séloigner Louis afin que celui-ci puisse lui tomber,
tout vif, au sein de ses propres bras.
Bien évidemment, ce manège argumenté en séduction
respective télécommandée va déraper dans les
grandes largeurs forcément prévisibles de par la manipulation
insupportable des égos orgueilleux et farouches ainsi
contrariés.
Et cest donc Claudel, lui-même, qui pourra ramasser la mise
des atteintes à la morale bafouée et, de facto, réhabiliter
léchelle des valeurs mises en perspective de par cette confrontation
dialectique démonstrative
placée sous le signe du déni
ostentatoire.
Au final, cest Thomas et Pauline qui pourront se serrer une main
solidaire et conviviale puisquà leur insu, ils auront pu
expérimenter leurs convictions fondatrices jusquau point ultime
où le balancier du bon sens leur aura ouvert tout grands les yeux
sur la vanité consubstantielle à lespèce
humaine.
Au centre du décor symboliquement dépouillé, un casting
de choc est rassemblé sur le plateau du Théâtre Déjazet
plus que jamais vintage... en ces circonstances réflexives:
Voici Pauline Cheviller et Sébastien Depommier déjà
réunis en 2020, pour le meilleur, par Charles Berling dans son spectacle
« Vivre sa vie » daprès Jean-Luc Godard.
Et face à eux, Gvantsa Lobjanidze native dune grande famille
dartistes dorigine Géorgienne et François Marais
ayant fondé par passion théâtrale, à laube
de sa retraite professionnelle, la production « Lillustre
Paveur ».
Cette dernière permet, en loccurrence, à Carmelo Agnello
de pouvoir mettre en scène à sa main, selon un souhait
récurrent, cette magnifique et puissante réalisation de spectacle
vivant autorisant, à son tour, Jean Bouquin, cultissime directeur
du Théâtre Déjazet, à confirmer en guise de
débriefing des spectateurs admiratifs par tant de talents réunis:
« Oui, Paul Claudel est présent parmi nous ! »
Theothea le 17/01/24
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LE PRIX DE L'ASCENSION
« Le Prix de lAscension » Vertige
sociétal à La Comédie de Paris
de Antoine Demor & Victor
Rossi
mise en scène
Julien Poncet
avec
Antoine Demor & Victor Rossi
|
***.
Comédie de Paris |
|
© DR.
Cest au prix fort que Brice & Laurent vont briguer
simultanément les suffrages des électeurs pour la conquête
du Pouvoir suprême alors quau début de leurs rencontres
ces jeunes étudiants ont fortuitement lié amitié pendant
leurs études à lENA, prémices elles-mêmes
à leurs parcours initiatiques sur vingt années
dapprentissage au service de lEtat.
Cela aura évidemment commencé par lobtention d'un
rang de sortie de cette grande Ecole en vertu duquel ils auront eu la
faculté dun choix plus ou moins restreint concernant les stages
de validation de formation, lun en tant que postulant originaire des
villes & lautre des champs.
En effet Brice, issu dune famille de la grande bourgeoisie ayant
fait traditionnellement carrière dans la haute administration aborde
son avenir professionnel avec la confiance innée de ceux à
qui tout est dû, à la différence de Laurent fruit de
la méritocratie républicaine pour qui lascenseur social
nest pas quune idéologie valorisante mais bel et bien
une ambition quil souhaite accomplir en uvrant en retour pour
le bien commun.
Ce cadre éminemment pédagogique et vertueux étant
demblée campé clairement, les auteurs-comédiens
vont, par la force des choses, en sortir au fur et à mesure, happés
par un processus endogène dont nous serons avec eux aux premières
loges, dans une observation analytique degos et
dintérêts non négociables avec déventuels
délits dinitiés acquérant, bien entendu, une
expérience ambivalente du « métier ».
Alors si après la charge consulaire en Afrique de lun et
le poste préfectoral dans La Creuse de lautre précédant
une nomination à la Cour des comptes ainsi que symétriquement
une élection à la députation, tous deux pourront
apprécier la distance parcourue dans leurs fonctions
politico-administratives respectives laissant momentanément leur ancienne
amitié intacte au profit dune solidarité danciens
élèves quils sétaient promis tacitement
mutuelle.
Cependant, de discours de campagnes virulents en manipulations intrigantes,
ces deux-là vont finir par se retrouver en face-à-face ultime
pour lélection présidentielle nationale avec, à
la clef, tout larsenal des dispositifs nécessaires à
disqualifier le concurrent ainsi quà rendre toxique leur relation
personnelle et, peut-être, même intime.
Dailleurs si, entre-temps, ils auront eu, par exemple,
lopportunité, dans le cadre de la mise en place des structures
institutionnelles du « Grand Paris », de savoir se
positionner habilement dans lorganisation voire lorganigramme
des Jeux Olympiques 2024, cette « ascension au sommet »
pourrait sassimiler, à sy méprendre, à toute
dynamique visant à conquérir quelque place convoitée
dans lorganisation humaine avec son cortège de compromissions
et de coups fourrés permettant daccéder au mieux à
lobjectif ciblé
mais cependant à quel prix et pour
quel bilan ?
Ainsi finissant par prendre un tour dramatique, la pièce pleinement
réaliste mais souvent stigmatisante en arrière-plan et donc
de facto fort drôle par contraste, pourrait aisément
sapparenter à un conte moral concernant nos sociétés
démocratiques modernes dont le devenir ne serait pas forcément
à la hauteur, cest un euphémisme, des espoirs souvent
candides nourris par sa jeunesse emplie de motivations quelque peu
contradictoires
Grâce à leur travail décriture fort documenté
à linstar dune recherche approfondie auprès
dexperts, conseillers et hauts fonctionnaires en place, la
détermination dAntoine Demor et Victor Rossi visant à
nourrir le jeu de rôles intense imaginé pour jouer cette
tragi-comédie menée à la vitesse de la lumière
selon une perception cinématographique induite par la mise en scène
de Julien Poncet, force nécessairement à ladmiration
et projette sur leurs talents une perspective de reconnaissance à
la fois pléthorique & prometteuse.
Theothea le 29/01/24
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MA VERSION DE
L'HISTOIRE
« Ma Version de LHistoire »
Psychothérapie de couple témoin au Théâtre
Michel
de &
mise en scène Sébastien
Azzopardi
avec
Miren
Pradier, Sébastien Azzopardi, Déborah Leclercq & Alexandre
Nicot
|
****
Théâtre Michel |
|
© Emilie Brouchon
Si, aux prémices de sa création théâtrale,
Sébastien Azzopardi ne sait plus sil a vraiment vécu
ce dont il est sur le point de nous entretenir, cest que déjà
lécriture de sa pièce ne lui appartient plus
Ainsi, de lintime à luniversel, il ny aurait
quun pas à franchir, cest celui de la reconnaissance du
public, celle, bien sûr, qui consiste, par fidélité acquise,
à spontanément faire crédit de la confiance portée
à lauteur mais aussi, avant tout, celle de se projeter par
identification dans lenjeu existentiel que celui-ci actualise
présentement devant nous.
En effet, difficile de ne pas se sentir concerné par la mise en
perspective de subjectivités aboutissant à relativiser tout
point de vue faisant appel à la mémoire affective liée
aux émois personnels dans leur confrontation à ceux de partenaires
impliqués par les mêmes évènements
relatés.
En loccurrence motivé par sa propre expérience libidinale,
Sébastien transposerait demblée dans la fiction
lhistoire conjugale de Valentine et Sam qui, se trouvant subitement
en porte-à-faux au bout de 20 ans de vie commune, seraient incités
à effectuer une psychothérapie commune sur la pression
impérieuse de son pôle féminin.
Cest pourquoi demblée installé sur un canapé
symbolique face à la salle, le couple lambda sépanchera
sur ses contradictions internes que lécoute attentive du public
lui renverra frontalement en miroir sous arbitrage
« psy » bienveillant et, osons le dire, complice.
Cest, de fait, linterprétation sensiblement
différente de moments clefs ayant jalonné leur parcours
initialement amoureux qui fera office de catalyseur pour tenter, en les re-jouant
à nouveau ici et maintenant en temps réel, den savoir
toujours davantage sur la conduite dantan afin danticiper celle
de lavenir incertain.
Ainsi exposés, les états dâme pourront faire
florès de la scène à la salle mais sans aucun flux
dinteractivité car la règle du jeu consistera à
ne focaliser le trop plein métaphorique quexclusivement à
partir dévènements charnières vécus par
Sam & Valentine au diapason de leurs subjectivités réciproques
et contradictoires.
Paradoxalement, le bouillonnement progressif des ressentiments ne se fera
point dans laccumulation des griefs mais dans létonnement
non feint quen remontant le temps au long du comportement passé,
de nouveaux territoires de discordes ou de malentendus surgiront sans avoir
été réellement soupçonnés
jusque-là.
Cependant tout semblera se passer comme si la mauvaise foi latente induite
seffaçait au fur à mesure que surgiraient, au vu de tous,
des sincérités opposées mais apparaissant comme, sans
doute, bien fondées.
Alors, bien sûr, on pourra toujours dire que ladultère
règne comme une épée de Damoclès sur leurs
destinées, à preuve cette séduisante prof de guitare
(Déborah Leclercq) censée nincarner que lamourette
de leur rejeton (Alexandre Nicot) mais non pas légérie
de Sam (Sébastien Azzopardi) ainsi quà preuve
symétrique ce collègue masculin dont la carrière
professionnelle sentremêlerait étrangement avec celle
de Valentine (Miren Pradier).
Cest pourquoi, de tiers suspects en dévoiements presque
manifestes jusquaux quiproquos si mal gérés avec lapsus
révélateurs à lappui, le fil conducteur de
lamour aura été tellement malmené que la
probabilité quil rompe est hautement envisageable mais cependant
lopportunité davoir laissé la parole libre
sexprimer sera ressentie comme un atout positif.
A chacun deux et aussi de nous den tirer profit vers le
pragmatisme salvateur
Au demeurant, il sagit bien dune Comédie superbement
écrite, sonnant très juste dans ses postures et autres partis
pris, excellemment interprétée par quatre comédiens
ayant à cur de jouer la pleine crédibilité de
leurs partitions
selon une scénographie et une réalisation
jubilatoires.
Bref, il sagit bel et bien dun engouement collectif empli
à la fois de gravité et dhumour circulant avec satisfaction
et rires de la scène à la salle sans néanmoins laisser
place à la moindre condescendance artistique.
Cest, à coup sûr, du " Azzopardi " plus que jamais
réussi.
Theothea le 05/02/24
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PASSEPORT
« Passeport » dAlexis Michalik
Visa dHumanisme à La Renaissance
de &
mise en scène Alexis Michalik
avec
Christopher
Bayemi (Lucas), Patrick Blandin (Michel), Jean-Louis Garçon (Issa),
Kevin Razy (Arun), Fayçal Safi (Ali), Manda Touré (Jeanne)
& Ysmahane Yaqini (Yasmine) |
****
Théâtre de La Renaissance |
|
© Alejandro Guerrero
Rien ne saurait faire davantage plaisir à Alexis Michalik quune
salle de Théâtre bien pleine. Dix jours après la
première de « Passeport », lindice de
fréquentation est tellement élevé que lauteur-metteur
en scène est nécessairement « aux anges »
!
En effet, la jauge du Théâtre de La Renaissance est archi-pleine
et les spectateurs en sortent heureux davoir pu apprécier un
spectacle avec lequel ils sont, de toute évidence, en phase.
Mais pourquoi donc, une telle réussite saffiche aussi clairement
à chacune des réalisations de cet encore jeune Maestro ?
Ainsi, après la création de « Le Porteur
dhistoire », « Le Cercle des
illusionnistes », « Edmond »,
« Intra-Muros », « Une histoire
damour », ses pièces presque toutes encore à
laffiche actuellement, à linstar de ses adaptations de
« La mégère à peu près
apprivoisée », « Roméo &
Juliette » et « Les Producteurs », voici que
la magie opère à nouveau sur le public non seulement par
« fidélité » mais surtout par
« osmose ».
En effet, le maître-mot de ce passeur dhistoires est
« Lempathie » avec ses personnages, ses
interprètes, son équipe et, bien entendu, avec les spectateurs.
Ceci nest donc point une posture de circonstances mais, bel et bien,
un modus vivendi proclamé et revendiqué
autant que pourrait
lêtre un « programme politique » si toutefois
la sincérité dun tel engagement pouvait saffirmer
effectivement fondatrice.
Dinterviews, en prises de parole ou autres déclarations
publiques, Alexis Michalik, lui, na quun seul discours, celui
de « léquité » partagée dans
lintérêt de créer une intelligence collective
émancipatrice et forcément profitable pour tous.
Ses propres maîtres et inspirateurs de mise en espace sappellent
notamment Ariane Mnouchkine et Peter Brook
Sil sinspire
avec justesse de leur sobriété, de labstraction symbolique,
de la mobilité des changements de décor à vue, de la
fluidité de scènes courtes en fondu enchaîné
il a notamment à son crédit, en plus de leur expérience
éminemment pédagogique, lavantage actuel de sa jeune
maturité disciplinaire et une faculté à rendre son don
dubiquité personnelle pleinement performant grâce
à un système de délégations compétentes
selon une organisation géo-temporelle bien ajustée.
Paraissant aisément disponible, sa responsabilité artistique
est de faire converger toutes les synergies vers un narratif qui se veut
sans cesse captivant voire rebondissant de place en place.
Sil a pu pratiquer lécriture au plateau en pleine
solidarité créatrice avec ses équipes par exemple pour
« Intra-Muros » , ici, pour
« Passeport » bien au contraire, le dramaturge a assumé
complètement seul la rédaction du scénario à
partir du point de vue final, avalisé comme potentiellement structurant,
quil aurait fini par faire émerger suite à une longue
maturation optionnelle.
Remontant alors le parcours tracé, comme le saumon en sens inverse
du courant, le travail décriture aura ensuite été
imaginé et documenté à lépreuve de multiples
sources humaines et bibliographiques
jusquà parvenir à
rebours au prologue indispensable, selon lauteur, en exposé
liminaire à ladresse des spectateurs afin de les renseigner
au préalable sur les protagonistes et le faisceau de leurs rencontres
à venir dans le récit pouvant désormais sinitier
sur scène en connaissance de cause.
En loccurrence, cest donc dans « La Jungle de
Calais » autour de lan 2000 au moment où ce camp de
transit vers une Angleterre rendue « inaccessible »
était le plus fréquenté par les migrants que débute
laventure de trois dentre eux réunis par affinités
opportunes selon des provenances de pays a priori différenciés
à savoir LErythrée, La Syrie et LInde.
Forts dun projet de création dun restaurant basé
sur des plats représentatifs de leurs propres origines culinaires,
un long processus dobtention de leurs cartes de séjour va
monopoliser leurs démarches administratives jusquà
lagression de lun des trois, Issa lErythréen,
plongé alors dans un coma dont il ne sortira plus tard
quamnésique.
En contrepoint, la destinée de Lucas, jeune gendarme originaire
de Mayotte adopté localement par un militaire et son épouse
va venir, à loccasion dune étonnante usurpation
didentité, interférer dautant plus dangereusement
que les tribulations des trois migrants cuisiniers auront été
suspendues à la survie dIssa laissé pour mort
officiellement.
Au demeurant, grâce à ses 7 comédiens pour une
pléiade de personnages, Alexis Michalik met en place ces destins
croisés pour en peindre, en toile de fond humaniste, la similitude
universelle dont chaque spectateur sera en mesure dobserver, de visu,
les conséquences et den interroger, éventuellement, le
« pourquoi » et le « comment ».
Si, au-delà, des vicissitudes aventurières émouvantes,
une prise de conscience éthique à dimension mondiale cherchait
manifestement à se frayer un cheminement pour en réguler
léquité avant même celle des flux, cest donc
que le tam-tam du spectacle vivant aurait, bel et bien, non seulement gagné
mais également confirmé la représentativité de
cette audience pléthorique et bienveillante.
Theothea le 11/02/24
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LE
CERCLE DES POETES DISPARUS
LE CERCLE DES POETES DISPARUS Master Class « Carpe
diem » au Théâtre Antoine
de Tom Schulman
(adaptation Française Gérald Sibleyras)
mise en scène
Olivier Solivérès
avec
Stéphane
Freiss, Ethan Oliel, Hélie Thonnat, Audran Cattin, Maxence Seva, Pierre
Delage, Maxime Huriguen, Yvan Garouel & Olivier Bouana |
****
Théâtre Antoine |
|
© jmdproduction
« O Capitaine ! Mon Capitaine ! » Cest ainsi
que, debout sur leurs pupitres, la plupart de ses élèves rendirent
hommage au professeur John Keating renvoyé, pour enseignement iconoclaste,
de LAcadémie Welton dont la devise ancestrale devait sy
perpétuer impérativement: « Tradition, Honneur,
Discipline et Excellence ».
Pouvait-on « penser par soi-même » au cur
du système de transmission pédagogique en place ? Telle fut
notamment la question sous-jacente du film culte de Peter Weir en 1989 situant
30 années plus tôt dans lEtat du Vermont,
létablissement scolaire emblématique mais fictionnel
du scénario cinématographique.
Et dailleurs de nos jours, pourrait-on douter que cette interrogation
soit encore dactualité dans la pièce mise en scène
par Olivier Solivérès au Théâtre Antoine ?
A la manière dun rêve récurrent, ce dernier
fut obnubilé par ce projet de création sur scène durant
onze années où les droits internationaux furent dabord
inaccessibles jusquà ce que Tom Schulman le scénariste
du film décida den faire, lui-même, ladaptation
théâtrale aux USA en 2016.
Il fut alors envisageable pour le producteur Jean-Marc Dumontet de les
acquérir, de confier à Gérald Sibleyras ladaptation
en version française enjeu de douze réécritures depuis
2018 pour parvenir à fédérer lensemble de
léquipe créative et enfin à Olivier
Solivérès de réunir, au-delà du confinement covid,
ses interprètes au nombre actuel de onze sur les planches du
Théâtre Antoine.
Dans le cadre de castings intensifs et pléthoriques, le choix de
six jeunes comédiens fut retenu au diapason de la passion, de
lénergie, de la conviction, bref dune sociabilité
habitée, à tel point que Stéphane Freiss pressenti
lui-même pour le rôle principal de Keating (tenu par Robin Williams
dans le film) accepta in fine ce challenge après lecture à
la table en ayant acquis la conviction du répondant magistral et du
potentiel irradiant de ces « lycéens »
véritables révélations... dune moyenne
dâge de 25 ans.
Fidèles au scénario du film néanmoins resserré
sur un script où, en passeur, le professeur est quasiment en permanence
au contact de ses élèves pour leur dispenser par son école
de la vie les voies dune émancipation active, les
différentes leçons dexpérimentation, telle la
quête sur « le refus de la peur »,
« lanti-conformisme », « les points de
vue » etc
senchaînent au profit dune ouverture
desprit à la différence et dune initiation à
la poésie immanente du quotidien.
Dailleurs, en métaphore actée, le mythe de la caverne
platonicienne est remise au goût du jour par les étudiants
eux-mêmes pour tenter dy faire jaillir au sein de ce fameux
« Cercle » leur volonté dexpression artistique
personnelle à la manière recouvrée de leur professeur
ayant initié cette méthode de connivence orale avec ses propres
camarades lorsque, dantan, ils en étaient eux-mêmes
« les poètes ».
Cest bien entendu le dicton du fameux « Carpe
diem » (Cueille le jour) qui emporte la palme du leitmotiv vainqueur
de toutes les réticences et de tous les prétextes à
ne pas oser sauter le pas de laudace et de la transgression.
Il faut surtout le comprendre comme une invite à ne pas laisser
séchapper linstant présent sans exercer la profonde
motivation den profiter, den faire une source de richesse en
connaissances, en découvertes et en ressentis du monde environnant
mais, diplomatie oblige, sans vouloir heurter frontalement les attributs
de lautorité en fonction.
Ainsi pouvoir penser par soi-même relèverait de lobjectif
sans cesse poursuivi tout en sachant ménager le dialogue avec la
hiérarchie dautant plus si celle-ci nest pas en phase
avec cette perspective dautonomie voire même, par exemple, avec
la mixité alors revendiquée par certains.
Plus facile à dire quà faire se dit-on depuis la sortie
sur les écrans du « Cercle des poètes
disparus » et, pourtant, lengouement est universel et, sans
doute, intemporel.
Lon sait néanmoins, au-delà de son cas symbolique,
le « gâchis » encouru par Neil Perry (Ethan Oliel)
découvrant quil veut devenir acteur alors que son père
(Olivier Bouana) a tracé pour lui un avenir de médecin.
Cest, bien entendu, autant dans le film que sur scène, le
point dorgue autour duquel est tendu le processus dramaturgique qui
fera éventuellement basculer les opinions que daucuns peuvent
avoir sur les responsabilités partagées ou non ainsi que sur
les attitudes à adopter selon chaque conscience individuelle.
Sans doute, ne peut-on sortir indemne de ce « Cercle »
mais quel beau projet que davoir, ainsi, voulu le réactualiser
et loffrir, de surcroît, aux jeunes générations
qui en feront leur miel ou sen détourneront selon leur
gré
De fait, la jauge du Théâtre Antoine saffiche archi-pleine
dautant plus que, sur linitiative du metteur en scène,
est proposé un pré-show conviant en amont de la
représentation à une surprise-party vintage replongeant sur
scène les affinités de tous âges pour quelques rocks
endiablés et autres slows langoureux des Fifties à la grande
satisfaction de tous les spectateurs, danseurs ou non, sapprêtant
à auditionner linstant daprès ces exclamations
enthousiastes « O Capitaine ! Mon Capitaine ! ».
Theothea le 18/02/24
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