Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

28ème  Saison     Chroniques   00.16   à   00.20    Page  486

 

     

     

       

                   

                 

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L'ECHANGE

« L’Echange » de Paul Claudel "live" au Théâtre Déjazet

                        

de  Paul Claudel  

mise en scène   Carmelo Agnello   

avec  Pauline Cheviller, Sébastien Depommier, Gvantsa Lobjanidze & François Marais

****

     

Théâtre Déjazet

      

© Matthieu Camille Colin

                    

En choisissant la version originelle intégrale de 1894, le metteur en scène Carmelo Agnello a opté pour une création de 2h45 sans entracte qu’il a envisagée comme un Opéra pour quatuor à cordes autour de quatre personnages qui n’en formeraient qu’un seul intuitionné de l’imaginaire de Paul Claudel retranscrivant son choc du Nouveau Monde lors de sa première affectation consulaire à New York.

En effet, déjà tiraillé par des aspirations contradictoires persistantes, le jeune dramaturge se projette alors dans une confrontation de convictions, de ressentis et autres états d’âme auxquels il ne cherche guère à se soustraire si ce n’est en leur laissant le choix de la libre expression jusque dans l’exposé de leur conflit inéluctable mais authentique.

Voilà donc Marthe, la sage introvertie belle jusque dans son éthique incommensurable du respect de soi-même et des autres au point d’en constituer une valeur étalon d’appréciation universelle.

Paradoxalement en couple avec Louis Laine, l’aventurier opportuniste ne doutant de rien d’autre que, de seulement, ce qui pourrait venir ternir son image de Narcisse, l’Apollon et sa conquête partagent une même pauvreté bohème qui les a conduits à devenir les gardiens momentanés de la propriété résidentielle appartenant au grand bourgeois Thomas Pollock y vivant avec son épouse excentrique Lechy Elbernon.

Ces deux-là, à juste titre, ont l’esprit suffisamment large pour ne pas intervenir réciproquement dans le pré carré du partenaire en lui laissant l’entier discernement de ses propres intérêts et passions.

A elle nageant comme un poisson dans la voluptueuse fascination théâtrale des mœurs hollywoodiennes stéréotypées, à lui le business haut de gamme permettant, en gentleman, le survol de très haut des contingences financières.

Aisément adeptes d’un échangisme fortuit et spontané, l’une et l’autre vont se trouver en position de proposer à leurs obligés « serviteurs hôtes de genre similaire » d’aller voir en face si la libido n’y serait point davantage accueillante.

Ainsi bien armé de dollars convoitables, Thomas suggère-t-il à Louis de lui laisser la place vacante auprès de Marthe alors que Lechy, elle, entreprend de convaincre cette même proie féminine de laisser s’éloigner Louis afin que celui-ci puisse lui tomber, tout vif, au sein de ses propres bras.

Bien évidemment, ce manège argumenté en séduction respective télécommandée va déraper dans les grandes largeurs forcément prévisibles de par la manipulation insupportable des égos orgueilleux et farouches ainsi contrariés.

Et c’est donc Claudel, lui-même, qui pourra ramasser la mise des atteintes à la morale bafouée et, de facto, réhabiliter l’échelle des valeurs mises en perspective de par cette confrontation dialectique démonstrative… placée sous le signe du déni ostentatoire.

Au final, c’est Thomas et Pauline qui pourront se serrer une main solidaire et conviviale puisqu’à leur insu, ils auront pu expérimenter leurs convictions fondatrices jusqu’au point ultime où le balancier du bon sens leur aura ouvert tout grands les yeux sur la vanité consubstantielle à l’espèce humaine.

Au centre du décor symboliquement dépouillé, un casting de choc est rassemblé sur le plateau du Théâtre Déjazet plus que jamais vintage... en ces circonstances réflexives:

Voici Pauline Cheviller et Sébastien Depommier déjà réunis en 2020, pour le meilleur, par Charles Berling dans son spectacle « Vivre sa vie » d’après Jean-Luc Godard.

Et face à eux, Gvantsa Lobjanidze native d’une grande famille d’artistes d’origine Géorgienne et François Marais ayant fondé par passion théâtrale, à l’aube de sa retraite professionnelle, la production « L’illustre Paveur ».

Cette dernière permet, en l’occurrence, à Carmelo Agnello de pouvoir mettre en scène à sa main, selon un souhait récurrent, cette magnifique et puissante réalisation de spectacle vivant autorisant, à son tour, Jean Bouquin, cultissime directeur du Théâtre Déjazet, à confirmer en guise de débriefing des spectateurs admiratifs par tant de talents réunis:

« Oui, Paul Claudel est présent parmi nous ! »

Theothea le 17/01/24

             

     

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LE PRIX DE L'ASCENSION

« Le Prix de l’Ascension » Vertige sociétal à La Comédie de Paris

                 

de  Antoine Demor & Victor Rossi

mise en scène  Julien Poncet 

avec  Antoine Demor & Victor Rossi

***.

     

Comédie de Paris

      

©  DR.

C’est au prix fort que Brice & Laurent vont briguer simultanément les suffrages des électeurs pour la conquête du Pouvoir suprême alors qu’au début de leurs rencontres ces jeunes étudiants ont fortuitement lié amitié pendant leurs études à l’ENA, prémices elles-mêmes à leurs parcours initiatiques sur vingt années d’apprentissage au service de l’Etat.

Cela aura évidemment commencé par l’obtention d'un rang de sortie de cette grande Ecole en vertu duquel ils auront eu la faculté d’un choix plus ou moins restreint concernant les stages de validation de formation, l’un en tant que postulant originaire des villes & l’autre des champs.

En effet Brice, issu d’une famille de la grande bourgeoisie ayant fait traditionnellement carrière dans la haute administration aborde son avenir professionnel avec la confiance innée de ceux à qui tout est dû, à la différence de Laurent fruit de la méritocratie républicaine pour qui l’ascenseur social n’est pas qu’une idéologie valorisante mais bel et bien une ambition qu’il souhaite accomplir en œuvrant en retour pour le bien commun.

Ce cadre éminemment pédagogique et vertueux étant d’emblée campé clairement, les auteurs-comédiens vont, par la force des choses, en sortir au fur et à mesure, happés par un processus endogène dont nous serons avec eux aux premières loges, dans une observation analytique d’egos et d’intérêts non négociables avec d’éventuels délits d’initiés acquérant, bien entendu, une expérience ambivalente du « métier ».

Alors si après la charge consulaire en Afrique de l’un et le poste préfectoral dans La Creuse de l’autre précédant une nomination à la Cour des comptes ainsi que symétriquement une élection à la députation, tous deux pourront apprécier la distance parcourue dans leurs fonctions politico-administratives respectives laissant momentanément leur ancienne amitié intacte au profit d’une solidarité d’anciens élèves qu’ils s’étaient promis tacitement mutuelle.

Cependant, de discours de campagnes virulents en manipulations intrigantes, ces deux-là vont finir par se retrouver en face-à-face ultime pour l’élection présidentielle nationale avec, à la clef, tout l’arsenal des dispositifs nécessaires à disqualifier le concurrent ainsi qu’à rendre toxique leur relation personnelle et, peut-être, même intime.

D’ailleurs si, entre-temps, ils auront eu, par exemple, l’opportunité, dans le cadre de la mise en place des structures institutionnelles du « Grand Paris », de savoir se positionner habilement dans l’organisation voire l’organigramme des Jeux Olympiques 2024, cette « ascension au sommet » pourrait s’assimiler, à s’y méprendre, à toute dynamique visant à conquérir quelque place convoitée dans l’organisation humaine avec son cortège de compromissions et de coups fourrés permettant d’accéder au mieux à l’objectif ciblé… mais cependant à quel prix et pour quel bilan ?

Ainsi finissant par prendre un tour dramatique, la pièce pleinement réaliste mais souvent stigmatisante en arrière-plan et donc de facto fort drôle par contraste, pourrait aisément s’apparenter à un conte moral concernant nos sociétés démocratiques modernes dont le devenir ne serait pas forcément à la hauteur, c’est un euphémisme, des espoirs souvent candides nourris par sa jeunesse emplie de motivations quelque peu contradictoires…

Grâce à leur travail d’écriture fort documenté à l’instar d’une recherche approfondie auprès d’experts, conseillers et hauts fonctionnaires en place, la détermination d’Antoine Demor et Victor Rossi visant à nourrir le jeu de rôles intense imaginé pour jouer cette tragi-comédie menée à la vitesse de la lumière selon une perception cinématographique induite par la mise en scène de Julien Poncet, force nécessairement à l’admiration et projette sur leurs talents une perspective de reconnaissance à la fois pléthorique &  prometteuse.

Theothea le 29/01/24

       

     

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MA VERSION DE L'HISTOIRE

« Ma Version de L’Histoire » Psychothérapie de couple témoin au Théâtre Michel

                 

de & mise en scène  Sébastien Azzopardi 

avec  Miren Pradier, Sébastien Azzopardi, Déborah Leclercq & Alexandre Nicot

****

     

Théâtre Michel

      

©  Emilie Brouchon

                    

Si, aux prémices de sa création théâtrale, Sébastien Azzopardi ne sait plus s’il a vraiment vécu ce dont il est sur le point de nous entretenir, c’est que déjà l’écriture de sa pièce ne lui appartient plus…

Ainsi, de l’intime à l’universel, il n’y aurait qu’un pas à franchir, c’est celui de la reconnaissance du public, celle, bien sûr, qui consiste, par fidélité acquise, à spontanément faire crédit de la confiance portée à l’auteur mais aussi, avant tout, celle de se projeter par identification dans l’enjeu existentiel que celui-ci actualise présentement devant nous.

En effet, difficile de ne pas se sentir concerné par la mise en perspective de subjectivités aboutissant à relativiser tout point de vue faisant appel à la mémoire affective liée aux émois personnels dans leur confrontation à ceux de partenaires impliqués par les mêmes évènements relatés.

En l’occurrence motivé par sa propre expérience libidinale, Sébastien transposerait d’emblée dans la fiction l’histoire conjugale de Valentine et Sam qui, se trouvant subitement en porte-à-faux au bout de 20 ans de vie commune, seraient incités à effectuer une psychothérapie commune sur la pression impérieuse de son pôle féminin.

C’est pourquoi d’emblée installé sur un canapé symbolique face à la salle, le couple lambda s’épanchera sur ses contradictions internes que l’écoute attentive du public lui renverra frontalement en miroir sous arbitrage « psy » bienveillant et, osons le dire, complice.

C’est, de fait, l’interprétation sensiblement différente de moments clefs ayant jalonné leur parcours initialement amoureux qui fera office de catalyseur pour tenter, en les re-jouant à nouveau ici et maintenant en temps réel, d’en savoir toujours davantage sur la conduite d’antan afin d’anticiper celle de l’avenir incertain.

Ainsi exposés, les états d’âme pourront faire florès de la scène à la salle mais sans aucun flux d’interactivité car la règle du jeu consistera à ne focaliser le trop plein métaphorique qu’exclusivement à partir d’évènements charnières vécus par Sam & Valentine au diapason de leurs subjectivités réciproques et contradictoires.

Paradoxalement, le bouillonnement progressif des ressentiments ne se fera point dans l’accumulation des griefs mais dans l’étonnement non feint qu’en remontant le temps au long du comportement passé, de nouveaux territoires de discordes ou de malentendus surgiront sans avoir été réellement soupçonnés jusque-là.

Cependant tout semblera se passer comme si la mauvaise foi latente induite s’effaçait au fur à mesure que surgiraient, au vu de tous, des sincérités opposées mais apparaissant comme, sans doute, bien fondées.

Alors, bien sûr, on pourra toujours dire que l’adultère règne comme une épée de Damoclès sur leurs destinées, à preuve cette séduisante prof de guitare (Déborah Leclercq) censée n’incarner que l’amourette de leur rejeton (Alexandre Nicot) mais non pas l’égérie de Sam (Sébastien Azzopardi) ainsi qu’à preuve symétrique ce collègue masculin dont la carrière professionnelle s’entremêlerait étrangement avec celle de Valentine (Miren Pradier).

C’est pourquoi, de tiers suspects en dévoiements presque manifestes jusqu’aux quiproquos si mal gérés avec lapsus révélateurs à l’appui, le fil conducteur de l’amour aura été tellement malmené que la probabilité qu’il rompe est hautement envisageable mais cependant l’opportunité d’avoir laissé la parole libre s’exprimer sera ressentie comme un atout positif.

A chacun d’eux et aussi de nous d’en tirer profit vers le pragmatisme salvateur…

Au demeurant, il s’agit bien d’une Comédie superbement écrite, sonnant très juste dans ses postures et autres partis pris, excellemment interprétée par quatre comédiens ayant à cœur de jouer la pleine crédibilité de leurs partitions… selon une scénographie et une réalisation jubilatoires.

Bref, il s’agit bel et bien d’un engouement collectif empli à la fois de gravité et d’humour circulant avec satisfaction et rires de la scène à la salle sans néanmoins laisser place à la moindre condescendance artistique.

C’est, à coup sûr, du " Azzopardi " plus que jamais réussi.

Theothea le 05/02/24

              

     

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PASSEPORT

« Passeport » d’Alexis Michalik Visa d’Humanisme à La Renaissance

                 

de & mise en scène  Alexis Michalik 

avec  Christopher Bayemi (Lucas), Patrick Blandin (Michel), Jean-Louis Garçon (Issa), Kevin Razy (Arun), Fayçal Safi (Ali), Manda Touré (Jeanne) & Ysmahane Yaqini (Yasmine)

****

     

Théâtre de La Renaissance

      

©  Alejandro Guerrero

     

Rien ne saurait faire davantage plaisir à Alexis Michalik qu’une salle de Théâtre bien pleine. Dix jours après la première de « Passeport », l’indice de fréquentation est tellement élevé que l’auteur-metteur en scène est nécessairement « aux anges » !

En effet, la jauge du Théâtre de La Renaissance est archi-pleine et les spectateurs en sortent heureux d’avoir pu apprécier un spectacle avec lequel ils sont, de toute évidence, en phase.

Mais pourquoi donc, une telle réussite s’affiche aussi clairement à chacune des réalisations de cet encore jeune Maestro ?

Ainsi, après la création de « Le Porteur d’histoire », « Le Cercle des illusionnistes », « Edmond », « Intra-Muros », « Une histoire d’amour », ses pièces presque toutes encore à l’affiche actuellement, à l’instar de ses adaptations de « La mégère à peu près apprivoisée », « Roméo & Juliette » et « Les Producteurs », voici que la magie opère à nouveau sur le public non seulement par « fidélité » mais surtout par « osmose ».

En effet, le maître-mot de ce passeur d’histoires est « L’empathie » avec ses personnages, ses interprètes, son équipe et, bien entendu, avec les spectateurs.

Ceci n’est donc point une posture de circonstances mais, bel et bien, un modus vivendi proclamé et revendiqué… autant que pourrait l’être un « programme politique » si toutefois la sincérité d’un tel engagement pouvait s’affirmer effectivement fondatrice.

D’interviews, en prises de parole ou autres déclarations publiques, Alexis Michalik, lui, n’a qu’un seul discours, celui de « l’équité » partagée dans l’intérêt de créer une intelligence collective émancipatrice et forcément profitable pour tous.

Ses propres maîtres et inspirateurs de mise en espace s’appellent notamment Ariane Mnouchkine et Peter Brook… S’il s’inspire avec justesse de leur sobriété, de l’abstraction symbolique, de la mobilité des changements de décor à vue, de la fluidité de scènes courtes en fondu enchaîné… il a notamment à son crédit, en plus de leur expérience éminemment pédagogique, l’avantage actuel de sa jeune maturité disciplinaire et une faculté à rendre son don d’ubiquité personnelle  pleinement performant grâce à un système de délégations compétentes selon une organisation géo-temporelle bien ajustée.

Paraissant aisément disponible, sa responsabilité artistique est de faire converger toutes les synergies vers un narratif qui se veut sans cesse captivant voire rebondissant de place en place.

S’il a pu pratiquer l’écriture au plateau en pleine solidarité créatrice avec ses équipes par exemple pour « Intra-Muros » , ici, pour « Passeport » bien au contraire, le dramaturge a assumé complètement seul la rédaction du scénario à partir du point de vue final, avalisé comme potentiellement structurant, qu’il aurait fini par faire émerger suite à une longue maturation optionnelle.

Remontant alors le parcours tracé, comme le saumon en sens inverse du courant, le travail d’écriture aura ensuite été imaginé et documenté à l’épreuve de multiples sources humaines et bibliographiques… jusqu’à parvenir à rebours au prologue indispensable, selon l’auteur, en exposé liminaire à l’adresse des spectateurs afin de les renseigner au préalable sur les protagonistes et le faisceau de leurs rencontres à venir dans le récit pouvant désormais s’initier sur scène en connaissance de cause.

En l’occurrence, c’est donc dans « La Jungle de Calais » autour de l’an 2000 au moment où ce camp de transit vers une Angleterre rendue « inaccessible » était le plus fréquenté par les migrants que débute l’aventure de trois d’entre eux réunis par affinités opportunes selon des provenances de pays a priori différenciés à savoir L’Erythrée, La Syrie et L’Inde.

Forts d’un projet de création d’un restaurant basé sur des plats représentatifs de leurs propres origines culinaires, un long processus d’obtention de leurs cartes de séjour va monopoliser leurs démarches administratives jusqu’à l’agression de l’un des trois, Issa l’Erythréen, plongé alors dans un coma dont il ne sortira plus tard qu’amnésique.

En contrepoint, la destinée de Lucas, jeune gendarme originaire de Mayotte adopté localement par un militaire et son épouse va venir, à l’occasion d’une étonnante usurpation d’identité, interférer d’autant plus dangereusement que les tribulations des trois migrants cuisiniers auront été suspendues à la survie d’Issa laissé pour mort… officiellement.

Au demeurant, grâce à ses 7 comédiens pour une pléiade de personnages, Alexis Michalik met en place ces destins croisés pour en peindre, en toile de fond humaniste, la similitude universelle dont chaque spectateur sera en mesure d’observer, de visu, les conséquences et d’en interroger, éventuellement, le « pourquoi » et le « comment ».

Si, au-delà, des vicissitudes aventurières émouvantes, une prise de conscience éthique à dimension mondiale cherchait manifestement à se frayer un cheminement pour en réguler l’équité avant même celle des flux, c’est donc que le tam-tam du spectacle vivant aurait, bel et bien, non seulement gagné mais également confirmé la représentativité de cette audience pléthorique et bienveillante.

Theothea le 11/02/24 

       

     

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LE CERCLE DES POETES DISPARUS

LE CERCLE DES POETES DISPARUS Master Class « Carpe diem » au Théâtre Antoine

                 

de  Tom Schulman  (adaptation Française Gérald Sibleyras)  

mise en scène  Olivier Solivérès

avec  Stéphane Freiss, Ethan Oliel, Hélie Thonnat, Audran Cattin, Maxence Seva, Pierre Delage, Maxime Huriguen, Yvan Garouel & Olivier Bouana

****

     

Théâtre Antoine

      

©   jmdproduction

              

« O Capitaine ! Mon Capitaine ! » C’est ainsi que, debout sur leurs pupitres, la plupart de ses élèves rendirent hommage au professeur John Keating renvoyé, pour enseignement iconoclaste, de L’Académie Welton dont la devise ancestrale devait s’y perpétuer impérativement: « Tradition, Honneur, Discipline et Excellence ».

Pouvait-on « penser par soi-même » au cœur du système de transmission pédagogique en place ? Telle fut notamment la question sous-jacente du film culte de Peter Weir en 1989 situant 30 années plus tôt dans l’Etat du Vermont, l’établissement scolaire emblématique mais fictionnel du scénario cinématographique.

Et d’ailleurs de nos jours, pourrait-on douter que cette interrogation soit encore d’actualité dans la pièce mise en scène par Olivier Solivérès au Théâtre Antoine ?

A la manière d’un rêve récurrent, ce dernier fut obnubilé par ce projet de création sur scène durant onze années où les droits internationaux furent d’abord inaccessibles jusqu’à ce que Tom Schulman le scénariste du film décida d’en faire, lui-même, l’adaptation théâtrale aux USA en 2016.

Il fut alors envisageable pour le producteur Jean-Marc Dumontet de les acquérir, de confier à Gérald Sibleyras l’adaptation en version française enjeu de douze réécritures depuis 2018 pour parvenir à fédérer l’ensemble de l’équipe créative et enfin à Olivier Solivérès de réunir, au-delà du confinement covid, ses interprètes au nombre actuel de onze sur les planches du Théâtre Antoine.

Dans le cadre de castings intensifs et pléthoriques, le choix de six jeunes comédiens fut retenu au diapason de la passion, de l’énergie, de la conviction, bref d’une sociabilité habitée, à tel point que Stéphane Freiss pressenti lui-même pour le rôle principal de Keating (tenu par Robin Williams dans le film) accepta in fine ce challenge après lecture à la table en ayant acquis la conviction du répondant magistral et du potentiel irradiant de ces « lycéens » véritables révélations... d’une moyenne d’âge de 25 ans.

Fidèles au scénario du film néanmoins resserré sur un script où, en passeur, le professeur est quasiment en permanence au contact de ses élèves pour leur dispenser par son école de la vie les voies d’une émancipation active, les différentes leçons d’expérimentation, telle la quête sur « le refus de la peur », « l’anti-conformisme », « les points de vue » etc… s’enchaînent au profit d’une ouverture d’esprit à la différence et d’une initiation à la poésie immanente du quotidien.

D’ailleurs, en métaphore actée, le mythe de la caverne platonicienne est remise au goût du jour par les étudiants eux-mêmes pour tenter d’y faire jaillir au sein de ce fameux « Cercle » leur volonté d’expression artistique personnelle à la manière recouvrée de leur professeur ayant initié cette méthode de connivence orale avec ses propres camarades lorsque, d’antan, ils en étaient eux-mêmes « les poètes ».

C’est bien entendu le dicton du fameux « Carpe diem » (Cueille le jour) qui emporte la palme du leitmotiv vainqueur de toutes les réticences et de tous les prétextes à ne pas oser sauter le pas de l’audace et de la transgression.

Il faut surtout le comprendre comme une invite à ne pas laisser s’échapper l’instant présent sans exercer la profonde motivation d’en profiter, d’en faire une source de richesse en connaissances, en découvertes et en ressentis du monde environnant… mais, diplomatie oblige, sans vouloir heurter frontalement les attributs de l’autorité en fonction.

Ainsi pouvoir penser par soi-même relèverait de l’objectif sans cesse poursuivi tout en sachant ménager le dialogue avec la hiérarchie d’autant plus si celle-ci n’est pas en phase avec cette perspective d’autonomie voire même, par exemple, avec la mixité alors revendiquée par certains.

Plus facile à dire qu’à faire se dit-on depuis la sortie sur les écrans du « Cercle des poètes disparus » et, pourtant, l’engouement est universel et, sans doute, intemporel.

L’on sait néanmoins, au-delà de son cas symbolique, le « gâchis » encouru par Neil Perry (Ethan Oliel) découvrant qu’il veut devenir acteur alors que son père (Olivier Bouana) a tracé pour lui un avenir de médecin.

C’est, bien entendu, autant dans le film que sur scène, le point d’orgue autour duquel est tendu le processus dramaturgique qui fera éventuellement basculer les opinions que d’aucuns peuvent avoir sur les responsabilités partagées ou non ainsi que sur les attitudes à adopter selon chaque conscience individuelle.

Sans doute, ne peut-on sortir indemne de ce « Cercle » mais quel beau projet que d’avoir, ainsi, voulu le réactualiser et l’offrir, de surcroît, aux jeunes générations qui en feront leur miel ou s’en détourneront selon leur gré…

De fait, la jauge du Théâtre Antoine s’affiche archi-pleine d’autant plus que, sur l’initiative du metteur en scène, est proposé un pré-show conviant en amont de la représentation à une surprise-party vintage replongeant sur scène les affinités de tous âges pour quelques rocks endiablés et autres slows langoureux des Fifties à la grande satisfaction de tous les spectateurs, danseurs ou non, s‘apprêtant à auditionner l’instant d’après ces exclamations enthousiastes « O Capitaine ! Mon Capitaine ! ».

Theothea le 18/02/24

              

       

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