Forum Théâtre Magazine

   

     

 54ème Festival de Cannes 

     

FESTIVAL  INTERNATIONAL  du  FILM  de  CANNES

depuis    1997

     

   

     Cannes, d'un   Festival   l'autre

   

CANNES 2001, LE RETOUR DE LA CINEPHILIE

 

   

Le Festival du film de Cannes 2001 avait été annoncé comme celui de l'émotion cinéphilique; ainsi le fut-il effectivement!... Assurément en surfant au travers des différentes sélections (compétition, un certain regard, quinzaine des réalisateurs, semaine de la critique etc...), les amoureux du cinéma y trouvent chaque année l’assouvissement de leur passion!...

Cependant la caractéristique du premier Festival du troisième millénaire, fut que la plupart des films de la sélection officielle pouvaient également correspondre aux critères des autres sélections!... C’est donc dire le haut niveau d’ouverture, de découverte, et d’éclectisme inhérent à la compétition 2001!...

Peut-être d’ailleurs le jury s’est-il laissé décontenancer par cette profusion de talents tous azimuts, sans être en mesure de récompenser la qualité dans sa diversité et son originalité!...

Cela a été maintes fois affirmé depuis la proclamation du palmarès; Nanni Moretti (La chambre du fils) et Isabelle Huppert (La pianiste) méritaient d’être plébiscités avec passion!...

Cela étant dit, d’autres talents majeurs auraient pu partager avec eux les différents prix du jury, de mise en scène, d’interprétation, de palme...

Ainsi, il nous semble que pareillement aux cinq Molières attribués pour la saison théâtrale 00-01 à «Une bête sur la lune», les trois prix décernés à «La Pianiste» font pléonasme, ne rendant pas suffisamment compte des oeuvres en présence, lors de cette 54ème édition du Festival du film!...

Comme nous en témoignons plus loin et sans prétendre à l’exhaustivité, Michel Piccoli ( Je rentre à la maison), «De l’eau tiède sous un pont rouge», et «Moulin rouge» auraient dû, selon notre point de vue, faire partie de ce palmarès!...

Par ailleurs sachant qu’à Cannes la rencontre avec un film tient bien souvent de la roulette russe, citons pêle-mêle des films comme «Mariage tardif» de Dover Kosashvili (notre préférence pour le prix de la Caméra d’or) , «Shrek» de Victoria Enson & Andrew Adamson, et «Carrément à l’ouest» de Jacques Doillon qui selon des modalités propres à chacun, ont su éveiller notre engouement!...

Maintenant nous aimerions associer Michel Piccoli («Je rentre à la maison» de Manoel de Olivera), Béatrice Dalle ( «H Story» de Suwa Nobuhiro) et Jean-Pierre Léaud («Et là-bas, quelle heure est-il ?» de Tsai Ming-Liang) dans le culte qu’ils ont suscité chez trois metteurs en scène étrangers, révélant ainsi que le cinéma français continue de créer des références universelles, voire intemporelles!...

   

Evoquons donc la sublissime Misa Shimizu venue avec son partenaire Koji Yakusho présenter seuls «De l’eau tiède sous un pont rouge» de Shohei Imamura dans l’incapacité de faire le déplacement à Cannes, et qui ensemble sont repartis les mains vides, non sans avoir imprégné ceux qui restaient vigilants en cette toute fin de festival, du symbole poètique de l’écoulement de l’eau jusqu’au torrent, suggérant avec une grâce indicible les mystères oniriques de l’attirance sexuelle, de l’accouplement et de la reproduction de la vie!...

En outre, reconnaissons volontiers que visionner le merveilleux «Moulin rouge» au sein d’une sélection officielle dense plutôt qu’en ouverture de Festival, c’était être grandement tenté de lui décerner la palme d’or, à l’instar l’année précédente pour «Dancer in the dark»!...

Enfin «last but not the least», EN COULISSE souhaitant établir un pont effectif entre spectacle vivant et septième art, quel film plus subtil, quelle interprétation plus remarquable que celle de Michel Piccoli (trois fois nommé dans cette chronique) pour «vous para casa», c’est-à-dire «I’m going home», soit en français «Je rentre à la maison»?

Manoel de Olivera qui, toutes sélections confondues, livre à Cannes depuis des lustres, sa création cinématographique annuelle, a composé ici un portrait d’acteur se reflétant dans le double de son metteur en scène!...

Cette union constitue de fait un testament artistique sur la dimension du geste théâtral confronté à celle du temps selon toutes les acceptions, y compris celle de l’humour en sa «solitudine»!...

Ce film mérite tous les honneurs suprêmes!... Il les gagnera assurément avec la postérité!..

Alors, jouant les prolongations après la clôture pour cause de tournage de «Femme fatale» par Brian de Palma, le décor des marches du Palais s’accorda un délai de grâce, semblant s’attarder quelques journées pour mieux annoncer à l'avance la 55ème édition!... Que vive donc le Festival du film en 2002!...

Theothea le 28/05/01

   

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