CANNES 2002, V.O.
INTEGRALE
Du 54ème au 55ème Festival du Film
de Cannes, un simple article défini passant du féminin au masculin
aura réussi à transformer trois prix remis en 2001 au film
de Michael Haneke (Jury, interprétations féminine et
masculine) en un seul pour celui de Roman Polanski (Palme dOr
2002), en les réunissant autour du titre magique de
«PIANISTE»!...
Sil y avait une «LECON» à
retenir de cette transformation, cest bien celle «du PIANO»
qui, déjà lauréat de la Palme en 1993 (Jane Campion),
savère donc être un instrument conceptuel, fidèle
aux plus grandes récompenses cannoises !...
De même, la Palme 2001 attribuée
à «LA CHAMBRE DU FILS» s'est synthétisée en
un audacieux «LE FILS» pour décerner le prix
dinterprétation masculine 2002!...
Ainsi irait lépopée syntaxique
aléatoire du Festival du Film que son Président
délégué Gilles Jacob aura si bien suggérée
dans un premier court métrage de mémoire toute Fellinienne
en montrant les jurys annuels qui se succèdent par strates
différenciées tout en se fondant dans une continuité
rigoureusement cinéphile!...
Ainsi le Festival de Cannes se définirait
dabord et avant tout, par son histoire!... Il était judicieux
den témoigner à loccasion de son 55ème
anniversaire!...
A commencer par celle des oubliés des
palmarès composites, voire des laissés pour "contes" en
remue-mémoire qui en exaltent les réminiscences sans jamais
pouvoir en épuiser tous les profits!
.
Ainsi
en l'occurrence, emmêlée dans les mailles du puzzle, surgit
la souvenance tourmentée de
"SPIDER" (de
David Cronenberg) ne sachant
différencier dans la substitution auprès d'un père
respecté et craint, le fantasme de la mère tant aimée
de celui de la maîtresse détestée, ne pouvant en
conséquence distinguer la symbolique du meurtre de sa
culpabilité!
Inéluctablement l'insistance du temps
développera en spirales infinies sa confrontation avec l'inconscient,
sans pouvoir laisser s'exprimer d'autres signes que celui d'une
schizophrénie errante, en quête de désespoirs sur
elle-même!
.
Dénié par le jury de la compétition
officielle, l'inspiration de ce tourment mental resurgira grâce à
celui de la
"Semaine de la
critique", dans une allégresse tonique!...
En
effet, sur
"RESPIRO" souffle la
liberté du grand large et le désir du "grand bleu", car la
mère (Valeria
Golino) s'y inscrit malgré le
carcan psycho-social de l'île sicilienne, en pourfendeur des contraintes
coercitives!
Cependant la faille existentielle
y affirme les cassures contradictoires et même violentes de la cyclothymie
familiale alors que l'humour distancié du metteur en scène
(Emanuele Crialese) saisit
l'opportunité de multiples portraits
truculents!
Même en séance spéciale à minuit dans la
sélection "Un certain regard", nul besoin d'un don de
"DOUBLE VISION" pour remarquer
la maîtrise du style et la force de l'écriture agissant comme
une série de coups de poing formels et dialectiques sur une assistance
médusée et sachant exprimer sa ferveur à l'égard
d'un jeune metteur en scène taïwanais (CHEN
KUO-FU) !
Comblons les trous du canevas
et voilà que surgit plus de trente ans plus tard, le temps du "je"
(jeu) restauré et plébiscité : "PLAY
TIME" dans sa version originelle
intégrale!
Jacques Tati
y poétise la déshumanisation
annoncée avec le développement exacerbé de la technologie
moderne!
Le manège de "Jour de Fête" a laissé place
à une ronde d'individualités en mal d'inadaptations
patentes!
Pendant ce temps sur la Croisette, la Palme d'or
trône virtuellement dans le faisceau des projecteurs tentant de
l'identifier!
. Sur ce manège, d'aucuns s'essaieront à
la décrocher, tous célébreront son aura!... Tournent
donc les Films et
Le
Palmarès!
Theothea le 12/06/02
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