Forum Théâtre Magazine

   

     

 58ème Festival de Cannes 

     

FESTIVAL  INTERNATIONAL  du  FILM  de  CANNES

depuis    1997

     

   

     Cannes, d'un   Festival   l'autre

     

CANNES 2005,  la Palme au consensus !

 

En succédant à "Fahrenheit 9/11" dont l'élection présidentielle de 2004 aux U.S.A. était bel et bien l'enjeu politique et en définitive la cible ratée, la Palme d'Or 2005 se devait d'afficher profil bas en se reconstituant une image éthique irréprochable cautionnée par une ambition artistique indéniable!…

En faisant plus que jamais appel aux "valeurs sûres" ayant contribué dans un passé récent à la notoriété de ce prestigieux Festival du film international, la réunion au sein de la sélection officielle de nombreux metteurs en scène déjà récompensés à Cannes, en perspective d'une 58ème compétition à l'écoute des tribulations du monde où chacun participerait selon son registre artistique à la consécration de l'un d'entre eux ou le cas échéant d'un entrant méritant au club tant prisé, se devait d'assurer le renouveau d'une emblématique Palme d'Or à haute considération morale!…

   

              Photo:  ©  Theothea.com

Ainsi fut fait sous l'auspice d'un jury consensuel où l'autorité du président Emir Kusturica avait, à son cahier des charges, la volonté délibérée de définir a priori les qualités spécifiques de la distinction suprême en deux tendances lourdes: Son retentissement public et son témoignage artistique irréfutable. Bardés de critères aussi "explicites", les jurés pouvaient aisément remettre leurs états d'âme au rayon des accessoires encombrants et fusionner comme "un seul homme" vers une option où le plus grand dénominateur commun serait nécessairement le bon choix!… Un calculateur numérique n'aurait certes pas pu faire mieux!…

   

              Photo:  ©  Theothea.com

Restait aux Prix annexes, la tâche subtile de répartir selon une appréciation intelligible, la reconnaissance des vertus éclectiques qui contresignaient l'évidente pertinence de la cuvée cannoise 2005!…

Dans ce contexte, mal aisé de différencier qui, de la compétence de l'organisation du Festival, du talent du jury, du consensus médiatique, a réussi non seulement à tétaniser une grande majorité de la critique mais surtout à substituer un éventuel et pernicieux effet boomerang de Michael Moore en un plébiscite pour les frères Dardenne, si peu évident à pronostiquer!…

D'autant plus qu'à l'unisson, Theothea.com a su apprécier à l'instar de l'ensemble des festivaliers leur film "L'enfant"!… Cependant ce grand rendez-vous du cinéma mondial qui, selon l'idée de son président Gilles Jacob, est destiné à donner à l'ensemble des participants un surcroît d'énergie jusqu'à l'édition suivante, nous avait jusqu'ici habitués à des palmarès plus audacieux, davantage passionnés, voire simplement plus subjectifs!…

      

              Photo:  ©  Christine Plenus

Ne faudrait-il d'ailleurs pas chercher des incidences de prudence du côté de la conférence de presse finale à laquelle désormais, depuis 2004, le Jury doit s'astreindre à la suite de la proclamation du palmarès afin d'expliquer a posteriori les tenants et aboutissants de ses motivations, en justifiant de fait les choix dictés par sa délibération?

Pour notre part, si la réserve inspirée par une certaine indifférence vis-à-vis de "Caché" de Michael Haneke (Prix de la mise en scène) et de "Broken flowers" de Jim Jarmusch (Grand Prix) va à l'encontre du sentiment général, nous souscrivons pleinement à "Shangaï dreams" de Wang Xiaoshuai (Prix du Jury), "Free zone" d'Amos Gitaï (Prix d'interprétation féminine : Hanna Laslo) et "Trois Enterrements" de Melquiades Estrada (Prix du scénario : Guillermo Arriaga & Prix d'interprétation masculine: Tommy Lee Jones), mais nous restons davantage perplexes face à "Moi, toi et les autres" de Miranda July (Caméra d'Or & Grand Prix de la Semaine de la Critique) où nous pensons discerner une complaisance implicite et une acceptation latente mal dénoncée du regard adulte vis-à-vis d'une enfance désorientée!…

      

                               Photo:  ©  Theothea.com

En outre, nous souhaitons distinguer particulièrement deux longs métrages présentés à "La Semaine de la Critique", "Mang Zhong" de Zhang Lu (Prix ACID) et "Orlando Vargas" de Juan Pittaluga (premier film) qui, selon des styles éminemment personnels, se rejoignent dans un autisme formel et une abstraction étrange qui ont su nous subjuguer!…

   

              Photo:  ©  Theothea.com

En revanche, nous n'opposerons ici au choix institutionnel de la Palme d'Or 2005 qu'un seul film dont nous avons apprécié jusqu'à la lie la saveur cinématographique et estimé la richesse culturelle, imaginaire et mentale!…

Selon notre point de vue, il s'agit d'une réalisation marquant l'aboutissement d'une œuvre, peut-être même d'une carrière de metteur en scène qui atteint son point d'orgue, en s'emparant des ressources traditionnelles du Western pour peindre une épopée musicale, une quête moderne où les lois de la filiation viennent s'entrechoquer dans un fracas tellurique que les destinées ne sont pas en mesure d'assumer!…

     

              © 2004 Reverse angle International - IFC  all right reserved  

Dans un décor américain à hauteur désertique des fantasmes réminiscents, une interprétation à distance des âmes influe sur les soubresauts de cinq personnages en métaphore d'une famille décomposée jusque dans la solitude des ombres mort vivantes les entourant au sein de nulle part!… "Don't come knocking", c'est le chef-d'œuvre de Wim Wenders, pleinement conscient d'avoir réussi à convoquer sur l'écran, la paranoïa existentielle d'un Don Quichotte trans-générationnel!…

Ceci n'expliquant assurément pas cela, nous nous rappelons qu'il y a quelques années, le téléphone portable envahissait la Croisette comme un signe des temps relationnel ou pas entre les festivaliers!… Désormais nous pouvons observer que l'objet nomade squatte une grande majorité des scénarios au point d'en constituer non seulement l'icône référentielle, mais très souvent le point de convergence des libido en errance masquant les raccourcis de la créativité des auteurs renvoyant en abîme les écrans numériques occuper la vacuité d'une époque en addiction de haute technologie!…

     

                              Photo:  ©  Theothea.com

Cette posture conditionnée peut finir par confiner au sublime lorsque cette pulsion du portable parvient à susciter en temps réel l'accident fatal à l'être adoré, quitté l'instant d'avant au volant de sa voiture "Odete" de Joao Pedro Rodrigues (Quinzaine des Réalisateurs - Mention spéciale des cinémas de recherche) et pour lequel ensuite les forces de l'esprit bouleversé n'auront de cesse de ressusciter le corps affectif!… en vain?

Que vive donc la 59ème édition du Festival du film de Cannes, du 17 au 28 mai 2006!…

Theothea le 26 mai 2005

   

Le Festival  de Cannes 2005,   en consultation sur le web:

- Compétition officielle

- Quinzaine des réalisateurs

- Semaine de la critique   

BONUS

   

   

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