du Forum Théâtre d'AOL

   

     

CHRONIQUES

    Saison 98-99

         76 à 80  S15     

 

    

   

    

   

LES AVENTURES DU BARON SADIK

de Gabor Rassov

Mise en scène:  Pierre Pradinas

**

Tournée

Tel:

 

PRESENTATION

Après « Néron », sur une histoire écrite par Gabor Rassov, Pierre Pradinas vous convie à un voyage dans le temps imagé par le peintre Hervé Di Rosa. Action, rebondissements, humour sont à nouveau au rendez-vous de la dernière création du Chapeau Rouge.

(extrait dossier de presse)

 

SURFEURS

de Xavier Durringer

Mise en scène: Xavier Durringer

*

Théâtre de la Colline

Tel: 01 44 62 52 00

 

Pourquoi tant de talents gâchés ? La mise en scène de Xavier Durringer se révèle très élaborée et inventive; le magnifique décor structuré par son frère Eric sert avec surréalisme le no man’s land qu’ils souhaitent évoquer!... Le choix judicieux des comédiens, leurs charismes respectifs, leurs interprétations non convenues a la vertu de maintenir les spectateurs dans un intérêt permanent.... Bref tous les éléments semblent avoir été réunis pour donner à voir et à penser un spectacle remarquable en prise directe sur une vigilante modernité et installer le spectateur dans un a-priori favorable!...

Mais voilà le thème développé par l’auteur Xavier Durringer autour du double concept « Politique et pornographie » nous apparaît peu à peu à l’image de ce que précisément il stigmatise: « l’histoire du serpent qui se mord la queue »!...

Disons-le d’emblée son analyse socio-politique s’apparente à une philosophie nihiliste où idéaux et lâchetés seraient irrémédiablement égalisés par le bas et où les protagonistes manichéens pourraient successivement être interchangés.

Du clochard à l’homme politique en passant par la prostituée, l’échelle sociale serait constituée de pantins qui, alternant de manière velléitaire sentiments de revanche et illusions primaires, sont irrémédiablement la proie d’un cycle de nature dont le démiurge serait le grand absent!... Comment danser sur un volcan quand rien ne mène à rien, quand intelligence et bêtise pèseraient du même poids sur le destin de l’humanité?

Et donc de demander à l’auteur:

Pourquoi vouloir enfermer l’homme politique dans une alternative entre idéalisme borné et suicide ? Pourquoi décrire une appétence généralisée pour le pouvoir où il n’est possible que de tanguer entre exploiteurs et exploités?

Auteur qui de fait n’a pas l’ambition d’apporter des réponses mais souhaite susciter chez chacun, réflexions et désir de débattre!...

Et pourtant en se repaissant exclusivement d’une actualité médiatique et des clichés qu'elle véhicule, Xavier Durriger en oublie la transgression sublimée de l’art dramatique sur laquelle ce matériau devrait venir se confronter et faire surgir une véritable dialectique d’où pourrait naître effectivement des opinions contradictoires et riches!

Oui, décidément pourquoi tant de talents gâchés? Les Surfeurs ne seraient-ils que des clones sacrifiant à une mode populiste, ce qui permettrait à l’auteur de brouiller les pistes en signe prémonitoire d’une sincère compassion envers l’humain?

Theothea le 24/03/99

L'ÎLE MORTE

de René Zahnd

Mise en scène: Henri Ronse

**

Théâtre du Vieux-Colombier

Tel: 01 44 39 87 00

René Zahnd s’est adonné à la critique théâtrale durant une dizaine d’années publiant de nombreux ouvrages, nourrissant de cette manière sa réflexion sur le théâtre avant de se lancer à son tour dans l’écriture de ses propres pièces.

Ainsi «L’île morte» se présente comme un puzzle où les références se mettraient en place sans nécessité explicite; voici "August" comme Strindberg, "Henrik" comme Ibsen, "Julie" comme "Mademoiselle", pour évoquer  trois des personnages de cette pièce inspirée par ailleurs par d'autres écrivains et musiciens à l'exemple de Sibelius!...

Point de clés, juste des rêveries, des images, une Scandinavie imaginaire, une mer grise et plate sous un ciel gris et plat, une île, une autre île, une ville au loin, des conflits sociaux et puis surtout des utopies!...

Deux frères qui se sont perdus de vue, chacun résidant initialement sur son île... L’un, August investi passionnément dans l’édification d’une tour improbable de sept étages que leur défunt père avait lui-même projetée; l’autre, Henrik recherché par la police pour ses engagements politiques révolutionnaires... Et puis la femme, Julie partagée entre les trois hommes, car il y a également Carl, lui qui plein de bonne volonté doit effectuer l'ambitieux travail de construction...

Jean-Claude Drouot aime incarner des personnages forts, carrés, opiniâtres dont la réelle vulnérabilité ne se veut pas apparente: Il donne ainsi au personnage d’August, en train de sombrer à l’instar de l’île s’enfonçant elle-même peu à peu dans les eaux, une énergie fantasque et obstinée dédiée à ce projet architectural délirant dont il sera en définitive le fossoyeur officieux, passant de fait le relais à son frère Henrik!...

Sur le ton de la métaphore poétique et métaphysique, cette pièce autorise toute liberté d’interprétation et donne carte blanche aux metteurs en scène et comédiens comme s'ils  se confrontaient à un Godot qui s’attendrait lui-même!...

Theothea le 25/03/99

UN BARRAGE CONTRE LE PACIFIQUE

de Marguerite Durras

Mise en scène: Gabriel Garran

***

Théâtre International de Langue Française  

Tel: 01 40 03 93 95

reprise 00-01  Théâtre Antoine 

C’est l’histoire d’un frère et d’une soeur qui s’aimaient beaucoup et qui là-bas, au fin fond de l’Asie, vivent avec leur mère une lutte désespérante avec les autorités coloniales pour garantir leurs droits face à une concession incultivable que celle-ci avait acquise!...

Teintée de latence incestueuse, leur fin d’adolescence se confronte à des prétendants, des amourettes mais surtout à l’appât du gain qu’ils pourraient soutirer afin de soulager les dettes que leur mère continue de contracter en vain!..

D’Europe leur parvient grâce à un phonographe, les derniers succès déjà nostalgiques de la musique occidentale sur 78 tours!..

Une véritable révélation que Valérie Decobert dans le rôle de Suzanne qu’elle interprète avec charme, malice et perfidie! A bien des égards sa composition nous évoque celle d’Isabelle Carré dans Mademoiselle Else, à un détail croustillant près que nous laisserons aux spectateurs l’agrément de découvrir!...

Bruno Subrini excelle à incarner son frère Joseph, protecteur en diable de la petite famille mais dont l’inquiètude vis-à-vis de sa soeur s’estompera avec sa propre découverte du Grand Amour!...

Et puis parmi les prétendants, il y a ce Monsieur Jo, l’inénarrable Gérard Grobman, dont une panne de voiture devant leur habitation a fort opportunément permis la rencontre et qui, devenant par la suite amoureux transi, va offrir à Suzanne un diamant dont la possession marquera la déchéance d’une solidarité sans faille entre tous!.. Ainsi va la vie lorsque la survie n’est plus à l’ordre du jour!..

Quant à leur fougueuse mère, Marie-Christine Barrault, celle-ci se trouve sur tous les fronts mais elle, que l’énergie procédurière du désespoir a toujours maintenu en hyperactivité, tel un « Don Quichotte » au féminin ou une « mère courage », semblera néanmoins abandonner peu à peu la motivation de ses chimères à la vue de ses enfants tentés de quitter le nid familial!...

C’est que combattre le Pacifique à soi toute seule alors que celui-ci a décidé d’inonder systématiquement vos terres avec la complicité de l’administration n’est certes pas le meilleur gage d’un avenir assuré pour elle-même et ses proches!...

Ce « Pacifique nommé désir » a toutes les qualités pour séduire ceux que le seul nom de Duras pourrait inquiéter, tant en effet les relations entre les êtres y sont poignantes, tant la dialectique entre autonomie et aliénation y trouve des perspectives tangibles!... De la sensualité à l’humour point de barrage!... C'est ainsi assurément que s'apprécie le théâtre de Marguerite Duras!...

Theothea le 26/03/99

AH OUI CA ALORS LA

de  Rudi Bekaert

Mise en scène: Koen Bauwens

**

Théâtre Cité Internationale

Tel: 01 43 13 50 50

Huit comédiens en smoking avec, suspendus autour du cou, de petits panneaux interchangeables en carton précisant lequel des trente-deux personnages ils interprètent au cours des cinquante saynètes que décompte inexorablement un écran électronique bien apparent jusqu’au terme de la représentation de « Ah oui ça alors» qui chutera définitivement sur « là »!...

Une pièce universellement belge jouée à parité par des acteurs flamands et wallons devisant à l’infini dans le hall de leur immeuble dans un rythme tout aussi effréné que lancinant et dont l’habitude des propos ne rivalisera jamais avec la pertinence qui s’avère toutefois fort conséquente!...

S’extrayant au fur et à mesure d’une sorte de cage de verre en forme de bocal parallélépipédique, ils y retournent immédiatement s’asseoir et nous observer autant que nous les regardons, à chaque issue de leurs prestations qui donc se décomptent en direct sous nos yeux médusés à la fois par la candeur ainsi que par la cruauté affligeante comme dans une image réfléchie en écho infini!...

D’un air faussement détaché ou tout au contraire exagérément virulent, ces huit comédiens interviennent seuls, par petits groupes de 2 ou 3, jusqu’à finir par se retrouver tous ensemble dans un tohu-bohu sous contrôle et sans jamais se départir d’un flegme nonchalant entre chaque poussée d’urticaire logorrhéique!...

Du grand art qui ventile dans un coup de balai délirant toutes les scories d’une société qui semble en apprécier la parure au quotidien!...

Du blabla à déguster de bon aloi et sans fausse pudeur métaphysique!...

Theothea le 29/03/99

 

      

 

 

 

   

 

   

   

   

   

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