Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

10ème  Saison     Chroniques   10.101   à   10.105    Page  170

 

           

Le  Bigger Bang  des Rolling Stones à Paris

     

" Les Rolling Stones en suspens devant Keith Richards "

     Retour de flamme au 59ème Festival de Cannes

   

Les  MOLIERES

Nominations   2006               Palmarès   2006

Le  Point de vue  a priori de Theothea
Le  Point de vue  a posteriori de Theothea

   

Festival d' Avignon  2006

59ème   Festival du Film de Cannes   2006

Toutes nos  critiques   2005 - 2006

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L'ILLUSION COMIQUE

de  Corneille

mise en scène    Marion Bierry

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Théâtre Poche Montparnasse

Reprise Théâtre Hébertot

 

    Visuel Affiche (extrait)  

     

Le Théâtre de Poche a rendez-vous avec les alexandrins de Pierre Corneille pour une tragi-comédie dont les tribulations et facéties vont emporter le spectateur très loin du classicisme du "Cid" et cependant au plus près d'un véritable plaisir à rêver l'épopée et l'amour.

C'est en effet aux jeux de l'enfance que s'expose la perspective de Marion Bierry en y requérant un imaginaire fantasque où les princesses et les chevaliers seraient les jouets de magiciens fabuleux enclins à faire vibrer les utopies de Don Quichotte ou autres matamores....

Oser y inclure un tube de Queen pour mieux y re-susciter la mégalomanie envoûtante de Freddy Mercury transgressant les règles et les conventions du Spectacle musical, c'est pour la metteur en scène se mettre d'emblée sous les auspices d'un théâtre qui privilégie la ludicité fascinante du geste oral à la lucidité formelle du verbe écrit.

D'autant plus que le décor en trompe-l'oeil de Nicolas Sire n'aura de cesse de transporter haut les coeurs bien au-delà des grottes obscures de l'inconscient jusqu'à les mener aux frontières où l'enfance du jeu va y trouver sa pleine lumière sous des panoplies de capes et d'épées.

C'est ainsi qu'Arnaud Décarsin, Vincent Heden, Christine Gagnieux, Stéphane Bierry, Bernard Ballet, Elisabeth Vitali, Raphaëline Goupilleau et Daniel Besse vont se livrer à une scansion de le versification que seules les fées et les sorcières ont d'habitude la faculté de chuchoter à l'attention émerveillée du jeune public.

L'illusion comique s'y révélerait ici comme un théâtre de la poupée russe sortie de la pochette d'un clown.

Theothea le 12/07/06

THE KITCHEN COMEDY SHOW

     

de  Les Poubelles Boys

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Casino de Paris

Tel: 08 92 69 89 26

 

   Visuel Affiche (extrait)  

     

Non, il n'y a rien à jeter chez les "Poubelles Boys" car tous les trois (Stéphane Benac, Jean-Baptiste Musset et Kamel Benac), comédiens de formation doués pour le chant, ont associé depuis 1993 leurs talents respectifs aux claquettes, à la guitare classique et à la contrebasse avec l'objectif de recycler en commun tous les ustensiles de ménage passant entre leurs mains pour en gérer une batterie de cuisine hors normes musicales:

Le résultat, treize années après la fondation du groupe, est tellement époustouflant que l'ensemble des "bricolages maison" pour tuyaux, manches à balais et autres bassines reconvertis en instruments de percussion, à souffle ou à cordes, pourrait tromper l'oeil mais jamais l'oreille stupéfaite en particulier par le trombone vocal et de manière générale par la sensation de perfection acoustique (son: Wojciech Kulpinski).

En adeptes patentés des "moyens du bord" singeant une compétition Lépine virtuelle, il apparaît d'évidence que ce "best off" de leurs spectacles précédents au Casino de Paris est un "must estival" dont le bouche à oreille récurrent devrait être en accord harmonique avec le tempo de leur prestation.

Energie, humour et espièglerie constituent les piments référents d'un trio d'ores et déjà "En chantier" pour de nouvelles aventures dans un théâtre parisien en 2007 car il est avéré que les trois virtuoses ont plus d'une corde à leurs récipients domestiques pour surenchérir de concert !...

Theothea le 20/07/06

ATROCEMENT VÔTRE

de  Daniel Colas

mise en scène    Daniel Colas

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Théâtre des Mathurins

Tel: 01 42 65 90 00

 

    Visuel Affiche (extrait)  

     

Cet "Atrocement vôtre" est une véritable étrangeté au royaume du spectacle d'été 2006 à Paris. D'abord, il y a l'affiche sur les colonnes Morrisse qui attire l'oeil inexorablement en révélant une Nicole Calfan sensuellement alanguie, très Jame's Bond girl; ensuite il y a Daniel Colas qui officie à la fois en tant qu'auteur, metteur en scène et partenaire de la comédienne, enfin se révèle le choix d'une comédie "férocement corrosive" en quatre tableaux autonomes et néanmoins complètement liés par un humour caustique et cynique autant que misogyne et misandre.

Pour le premier sketch, le public adhère spontanément dans le rire aux intentions de l'auteur car une zoologiste monomaniaque en sa discipline animalière illustre jusque dans sa vie privée, le gouffre comportemental entre sa perception schématique de la perpétuation des espèces et son inadaptation à assumer sa propre libido face à un partenaire pragmatique.

Quant au troisième sketch, il disséquera les modalités psychosociales qui peuvent lier le management à ses cadres pour le meilleur de l'entreprise mais quelquefois aussi pour le pire du formatage d'un prêt à penser et à paraître. Dans ce cas, la survie du couple apparaîtra dans le prolongement d'un "esprit maison" importé à domicile comme le lieu d'entraînement aux modes branchées jusque dans la caricature bourgeoise d'un golfeur malgré lui.

Les deux autres saynètes auront comme point commun de se conclure par un meurtre avec arme à feu, perpétré par une femme secrétaire ou maîtresse à l'égard d'un mâle égocentrique et odieux jusqu'aux limites de l'insupportable.

En effet que celui-ci soit pressé, précis et organisé au point de devenir opportunément anthropophage, et voilà la farce qui bascule dans l'absurde sans néanmoins se donner l'illusion tangible de la métaphore; ce qui déclenche alors chez le spectateur un incontestable malaise pouvant de préférence l'amener à rire jaune.

Là où Sacha Guitry aurait pu tuer accompagné d'une pléthore de déductions rhétoriques à l'aide d'un seul mot, Daniel Colas éprouve lui la nécessité de recourir à la gâchette du revolver flinguant à son insu un imaginaire lunaire pourtant fort approprié aux contes parodiques pour grandes personnes.

En montant graduellement dans le fantasme du modernisme occidental juste bon à être jeté dans la marmite afin de faire bouillir à petit feu le respect dû à soi-même autant qu'à ses congénères fussent-ils primates, l'auteur rejoint à rebours les signes avant-coureurs que jadis Hergé avait su distiller habilement dans "Tintin au Congo" pour un avertissement en valant au moins deux.

En substance donc, ce surprenant "Atrocement vôtre" relève d'une bande dessinée vivante où le personnage féminin polymorphe de Nicole Calfan y tire incontestablement les marrons du feu... entre les bulles... et en pleine canicule estivale mais sous l'air judicieusement conditionné du Théâtre des Mathurins... un peu comme si le Off d'Avignon s'était confortablement invité à Paname !...

Theothea le 22/07/06

MA TATIE ALFRED

de  Jean-Pierre Sturn

mise en scène    Michel Morizot

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Théâtre Comédia

Tel:

 

      Visuel Affiche (extrait)  

     

Il y eut en 2004 la création antillaise de "Ma Commère Alfred" au Théâtre Comedia, voici désormais la version française de "Ma Tatie Alfred" plus proche du langage des cités mais jamais très éloignée de ses origines créoles.

Promotionnée comme "La comédie de l'été", c'est avec ouverture d'esprit qu'il faut aborder son parler fleuri à toutes les transgressions de convenance.

Peu à peu va s'installer au sein de l'interprétation, une complicité entre la salle et les trois comédiens qui bien entendu ne seront pas sans rappeler les Serrault, Poiret et Tognazzi des célébrissimes "Cages aux folles".

Il faut dire qu'ici aussi les personnalités d'acteur deviennent rapidement attachantes, car prenant des distances avec les stéréotypes des personnages qu'ils composent, c'est avant tout le plaisir du jeu équivoque qu'ils arborent sous l'agrément du public.

Alfred n'étant pas la superbe femme supposée être au regard de Kévin le cambrioleur improvisé, leur relation empathique va s'amorcer selon des malentendus croisés que Georgie, l'ami d'enfance et néanmoins partenaire de music-hall, ne va cesser d'attiser plus ou moins malgré lui.

Homosexualité et travestissement s'unissent ainsi pour normaliser le droit aux différences dans un show truculent mais à l'insu très contrarié du sentiment affectif ou amoureux.

Vincent Pierrard quasiment troublant, Bruno Henry au sourire ravageur et François Delaive tenant la chandelle avec une caricature non feinte impressionnent par leur engouement sensuel tout en faisant oublier la "verdeur métaphorique" d'un vocabulaire pour laquelle l'auteur Jean-Pierre Sturm et le metteur en scène Michel Morizot nous incitent à l'amusement.

Theothea le 26/07/06

VIVE BOUCHON !

de  Jean Dell & Gérald Sibleyras

mise en scène    Jean-Luc Moreau

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Théâtre Michel

Tel: 01 42 65 35 02

 

     Photo  DR.  Claire Besse 

     

" VIVE BOUCHON !... ", c'est un cri du coeur, celui du maire de Bouchon tout dévolu au développement économique et culturel de son village menacé par l'enclavement et le dépérissement de la population.

Le maître mot de cette politique volontariste est " subvention". Ainsi tout ce qui peut contribuer à compensation financière est mis à profit, quelle que soit l'invraisemblance du projet déposé à Bruxelles.

Plus c'est gros, plus ça passe et si jamais ça couine du côté des fonctionnaires européens, il suffit de surenchérir avec des arguments et des schémas toujours plus ambitieux.

Par la suite, ayant épuisé le domaine des ressources naturelles et fictives ainsi que celui des grands travaux, il faudra passer la vitesse supérieure en réclamant l'indépendance de l' "Etat Bouchon" qui, en pleine autonomie acquise, va sombrer dans la faillite budgétaire.

La seule solution pour éviter le redressement fiscal et les dettes de toutes parts sera de déclarer la guerre au reste du monde, puis en la perdant toute honte consommée jusqu'à la lie, de réclamer des subventions de reconstruction.

La boucle s'étant ainsi refermée sur elle-même, ce compromis éthique pourra perdurer tant que la corruption sera considérée comme un système "D" élevé en méthode de gestion.

Dès la lecture du script de Jean Dell et Gérald Sibleyras, l'humour analytique et métaphorique d'un conflit, entre les besoins objectifs d'une France profonde et son aspiration à rivaliser avec les équipements modernes à portée d'investissement à court terme, présage entre les lignes du succès inéluctable de cette création dont l'ajustement durant le mois d'août, dans la mise en place dirigée par Jean-Luc Moreau, va lui permettre d'aborder en fanfare la rentrée de septembre.

Un quatuor de choc (Jean-Luc Porraz, Guilhem Pellegrin, Christiane Bopp et Guillaume Bouchède) tient en haleine, grâce à la percussion des répliques, un public sans cesse médusé par les trouvailles et les pirouettes ingénieuses qui vont permettre au maire de rester à la tête d'une troupe valeureuse composée de Nicolas, son frère disponible aux corvées de renflouage en quotas et d'Odette, la secrétaire de mairie prête à tous les sauvetages hors normes face à Robert Flapi, l'inspecteur de l'administration européenne facilement enclin à toucher sa part du gâteau derrière une intransigeance de façade.

"Vive Bouchon !", c'est sans conteste le signe de ralliement de toutes les bonnes volontés confrontées aux forces occultes du renoncement et du repli sur soi, mais attention aux dérapages non contrôlés.... vite redressés par le législateur !...

Theothea le 28/07/06

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