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MASTER CLASS
de Terrence McNally
mise en scène
Didier Long
|
****
Théâtre de Paris
Tel: 01 48 74 25 37
|
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Photo ©
Philippe Quaisse
|
Moins de 10 ans plus tard, Marie Laforêt revient jouer Callas sous
le magister de Didier Long.
Du Théâtre Antoine au Théâtre de Paris en passant
par l'Opéra comique, la " Master class " de Terrence Mc Nally
créée en 96 par Fanny Ardant sous la mise en scène de
Roman Polanski au Théâtre de la Porte-St-Martin, inspire à
ce point la chanteuse aux yeux d'or qu'elle souhaite en approfondir toujours
plus ce personnage extravagant pour en peaufiner sa propre
interprétation.
C'est le travail du philosophe que de remettre sans arrêt son ouvrage
en question et à ce titre, cette insistance à réincarner
la sublime cantatrice est de toutes évidences à verser à
l'avantage de la comédienne.
Si l'opéra est le thème porteur de la Master class, c'est
bien de théâtre dont il s'agit et même cette fois-ci plus
que jamais de " one woman' show ".
En effet Marie Laforêt, longs cheveux bruns rassemblés en
chignon surélevé, hauts talons, jupe noire, longue, plissée
et évasée avec taille haute accompagnant un cardigan anthracite
sur un sage corsage blanc agrémenté d'un collier à multiples
rangées de perles en accord avec les boucles d'oreille, fait une
entrée fracassante sur la grande scène dépouillée
du théâtre de Paris, bien convaincue que, pour elle comme pour
ses élèves, toute la représentation se joue en cet instant
magique.
C'est ensuite avec gourmandise qu'elle va assurer les deux heures et demie
de représentation en pleine confiance avec son metteur en scène
qui lui donne les moyens en musique, lumières et accessoires, mais
aussi en qualités notamment vocales des partenaires et surtout en
gestuelle chorégraphique lui permettant aisément d'investir
la totalité du plateau.
Oui, Marie Laforêt, plus sensuelle que jamais, semble bien dans
sa peau de comédienne arpentant les planches, fustigeant les mauvais
travers du métier, dénonçant le dilettantisme, la
pusillanimité, le manque de conviction des futurs candidats aux grandes
scènes internationales.
C'est d'ailleurs aux spectateurs qu'elle s'adresse directement, eux qui,
censés vouloir prendre des cours de chant avec la diva, ne possèdent
ni les motivations chevillées au corps, ni le look qui devrait les
rendre désirables.
Bref, Marie Laforêt flingue tout ce qui voudrait se croire à
sa hauteur ou plus exactement à celle de la Callas, car toute cette
agitation sentencieuse demeure frappée au coin de l'humour et de l'ironie
distanciée.
Au demeurant, c'est une impression ambivalente qui emporte le spectateur
dans son admiration devant tant de pédagogie véhémente
car tout compte fait le personnage charismatique au centre de tous les regards
apparaît plus proche d'une Marie Laforêt transfigurée
que d'une Maria Callas qui devait être sans doute plus réservée
à l'égard de son métier.
C'est en tout cas ce que l'on aimerait croire à moins que de se
ranger définitivement auprès de l'opinion de l'élève
humiliée rejetant en bloc l'autorité très condescendante
de la Diva.
Dans la perspective des représentations à venir, il serait
néanmoins plus valorisant que les rappels et applaudissements puissent,
jusqu'aux derniers saluts, s'effectuer dans l'équité entre
la tête d'affiche et ses cinq valeureux partenaires, Leïla Benhamza,
Maud Darizcuren, Juan Carlos Echeverry, Olivier Hardouin &
Frédéric Rubay.
Theothea le 18/09/08
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NADA STRANCAR CHANTE
BRECHT/DESSAU
de & mise en scène
Christian Schiaretti & Jean-Claude Malgoire
|
****
Théâtre de la
Colline
Tel: 01 42 62 52 52
|
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Photo ©
Christian Ganet
|
Des années vingt aux années quarante, la musique de Paul
Dessau embrasse trois décennies depuis les tranchées de la
grande guerre jusqu'à l'écrasement du Nazisme.
De cour à jardin, le charisme de Nada Strancar s'impose en une
rigueur sobre que le piano de François Martin et l'accordéon
de Michel Lairot soulignent avec une précision délicate. Les
percussions de Guillaume Blaise font éclater l'ironie Brechtienne
jusque dans les retranchements d'un charme désuet.
A l'arrière de la scène, apparaissent sur fond d'écran
de grands cieux nuageux sur lesquels défilent ou s'incrustent les
textes des 21 chansons évoquant notamment " Mère courage et
ses enfants ", " Le cercle de Craie caucasien ", " La bonne âme de
Sé-Tchouan ", " Maître Puntilla et son valet Matti "....
La grande salle comble du Théâtre de la Colline ramenée
à sa jauge intime applaudit entre chaque "song" afin de maintenir
un lien continu dans l'écoute attentive portée à la
voix tour à tour chaude et rocailleuse de l'immense tragédienne,
comme si celle-là pouvait résonner du retour de Marlène,
ou de l'avènement d'une autre Madonne. Ah ?
Oh ! Mais point de méprise, de Nada à Strancar, que celle-ci
soit la comédienne formée par Vitez, ou maintenant la chanteuse
de Schiaretti, sa classe discrète ne pourrait guère se prêter
à la comparaison artistique.
Theothea le 17/09/08
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LES DEUX CANARDS
de Tristan Bernard
mise en scène
Alain Sachs
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****
Théâtre Antoine
Tel: 01 42 08 77 71
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Visuel dossier de
presse
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Si effectivement un " canard " pourrait fort bien en cacher un autre,
Tristan Bernard se plaît à opposer les couacs d'une gazette
locale à son alter ego de sensibilité diamétralement
opposée.
Ainsi de gauche à droite, le coeur de Gelidon (Yvan Le Bolloc'h)
penchera autant que ses convictions politiques ne l'amèneront à
rédiger son éditorial du matin pour La Torche et celui du soir
pour Le Phare dans un chassé-croisé entre Léontine (Isabelle
Nanty) et Madeleine (Cassandre Vittu de Kerroul), ses deux amours concomitants,
mais dont il va mal mesurer les conséquences induites entre les deux
clans rivaux.
Ses frasques irresponsables mais surtout candides vont le conduire
malencontreusement vers un duel d'honneur dont il devrait assumer à
lui seul le rôle schizophrénique des deux adversaires.
Charge à l'égard d'un journalisme capable de substituer
une idéologie politique à une autre, en retournant habilement
les mots et les phrases selon leur contraire, l'auteur apprécie que
la légèreté des moeurs se traduisent en répliques
pétillantes et en mots d'esprit.
Alain Sachs, maître en fantaisie et autres situations fantasques,
possède jusqu'au bout de la direction d'acteurs, l'art subtil de mettre
ceux-ci en confiance, là où précisément leurs
personnages s'emmêlent les pinceaux du savoir-vivre et de la
bienséance.
C'est ainsi qu'Isabelle Nanty fera un tel profit de l'ingénuité
semblant l'envahir qu'elle va totalement désinhiber son amant versatile,
emporté, lui, par un surf délicieux sur les vagues des
contradictions inéluctables, là où, de toutes
évidences, Yvan Le Bolloc'h excelle au plus haut point.
Les spectateurs, séduits par le charme désuet des sentiments
bon enfant, acceptent avec gratitude, le parti pris des invraisemblances
poétiques et observe, après l'entracte, avec délectation
le jeu du chat et la souris qui, par masques interposés, n'identifie
qu'un seul escamoteur jonglant davantage avec l'énorme paire de lunettes
d'automobiliste pionnier qu'avec l'épée.
Désormais convaincu qu'elle constitue un pur chef d'œuvre,
Alain Sachs, qui a découvert récemment par hasard cette pièce
" Les deux canards " restée en sommeil après sa création
au Théâtre du Palais Royal en 1913, donne, ici, à cette
troupe du Théâtre Antoine composée également d'Urbain
Cancelier, Pierre-Olivier Mornas, Gérard Chaillou, Jean-Marie Lecoq,
Jean-Pierre Lazzerini, Jean-Louis Barcelona, Michel Lagueyrie et Catherine
Chevallier, tous en phase avec le joyeux décor de Stéphanie
Jarre et les fringants costumes d'Emmanuel Peduzzi, l'opportunité
d'un état de grâce sans cesse renouvelée en se fondant
d'empathie à la verve, ô combien malicieuse de Tristan
Bernard.
Theothea le 24/08/09
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LE DIABLE ROUGE
de Antoine Rault
mise en scène
Christophe Lidon
|
****
Théâtre Montparnasse
Tel: 01 43 22 77 74
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Photo © Emmanuel
Robert / dossier de presse
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"Un personnage à la fois fort et faible, ambigu, avec quelque chose
d'un peu démoniaque...", telle était l'idée du prochain
personnage que Claude Rich souhaitait pouvoir jouer à l'approche de
ses quatre-vingts ans, communiquant ainsi en quelques traits son souhait
auprès du dramaturge Antoine Rault qui, en 2005, lui déjà
avait permis de composer celui d'Althusser dans " Le Caïman " pareillement
sur la scène du Théâtre Montparnasse.
Proche du rôle de Tayllerand dans le Souper de Jean-Claude Brisville
en 1990, Claude Rich retrouve dans Mazarin, cette même délectation
où l'exercice du pouvoir se marie avec la raison d'Etat au sein d'un
faisceau d'intrigues voluptueuses et de jeux d'influences.
Vieillissant mais, encore pour un temps, mentor du jeune Roi et de la
reine-mère Anne d'Autriche (Geneviève Casile), le cardinal
oeuvre de son expérience pour négocier le mariage du futur
Louis XIV (Adrien Melin) avec l'infante d'Espagne, afin d'instaurer une paix
durable entre les deux royaumes.
Mais faudrait-il dénier les forces de l'Amour pour réussir
un tel projet nuptial alors qu'en effet le jeune Louis et sa nièce
Marie Mancini (Alexandra Ansidei) nourrissent l'un pour l'autre un attrait
irrésistible ?
Bordée par le pragmatisme de Colbert (Bernard Malaka), la diplomatie
du Cardinal va donc avoir fort à faire pour éloigner les deux
tourtereaux l'un de l'autre à la fois sans leur consentement mais
surtout sans que le pouvoir de l'Etat ne vacille.
En outre, son prochain retrait des affaires va obliger Mazarin a être
très précautionneux à l'égard de son héritage
testamentaire concernant notamment les intérêts de sa famille
et de sa pension.
C'est donc avec un doigté jubilatoire que Claude Rich avance dans
l'histoire monarchique avec son long manteau rouge d'apparat sous les multiples
facettes du stratège.
Un immense miroir surplombant la scène renvoie à la salle
l'image kaléidoscopique des dorures et autres superbes costumes en
un malstrom d'habiletés, de ruses et de charme royal scintillant,
orchestré par Christophe Lidon.
Claude Rich est aux anges, et c'est avec un plaisir communicatif que les
spectateurs se mirent en diablotins consentants.
Theothea le 23/09/08
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LE MALADE IMAGINAIRE
de Molière
mise en scène
Georges Werler
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****
Théâtre de la Porte
Saint-Martin
Tel: 01 42 08 00 32
|
 |
Visuel dossier de
presse
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Dans un décor d'apparat (d'Agostino Pace ) pour salle du trône
majestueuse, siège au centre de la lumière (de Jacques Puisais),
un roi de dérision jouant au malade afin de mieux complaire au pouvoir
obscurantiste d'un charlatanisme pseudo médical.
Vingt ans après avoir incarné le rôle d'Argan, voici
Michel Bouquet qui remet son titre en jeu alors qu'il aurait dû
interpréter en lieu et place le " Cardinal d'Espagne " de
Montherlant.
Ainsi vont les aléas de la production théâtrale,
voilà donc le retour du " Malade imaginaire " au Théâtre
de la Porte Saint-Martin et son interprétation distanciée par
un comédien juvénile de 83 ans ayant l'intention chevillée
de dénier le simple copier-coller, non sans avoir convaincu auparavant
Georges Werler, son metteur en scène attitré, de faire table
rase du rire par les seules vertus du galimatias morbide.
S'adressant désormais au vingt-et-unième siècle,
cette ultime comédie de Molière se devait d'apporter un
éclairage contemporain à une rhétorique mystificatrice
prétendant abusivement s'imposer comme thérapie.
En effet, influencée comme Mr. Jourdain par les atours formels
du jargon scientifique, la pédanterie est, de tout temps, encline
à se laisser séduire par l'autoritarisme de la
pharmacopée.
Aussi, place à ce nouveau malade imaginaire qui jouerait lui-même
à se faire peur tout en cherchant à terroriser ses proches
afin de mieux imposer sa loi d'apprenti dictateur se raccrochant
pathétiquement au savoir illusoire.
C'est alors que, dans une perspective ludique et transgressive, vont pouvoir
se dessiner les traits de personnages fantoches mais peu dupes d'un jeu de
rôles annonçant la parodie vertueuse où l'homme devrait,
à terme, devenir son propre médecin.
A commencer dans le domaine de l'amour où il serait vain d'imposer
un mariage d'intérêts sordides à des êtres qui
possèdent en eux-mêmes la clé de leur
vérité.
C'est ainsi que dans un feu d'artifices final, grâce à
l'habileté de Toinette (Juliette Carré), au volontarisme de
Béralde (Pierre-Alain Chapuis ) et à la complicité de
Cléante (Sylvain Machac), Angélique (Julie de Bona), la fameuse
jeune fille à marier, va apparaître comme la rédemptrice
de tous les archaïsmes et sera en mesure d'amener joyeusement son
père, à théâtraliser ses chimères plutôt
que de chercher à les imposer à autrui.
Theothea le 26/09/08
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