Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.126   à   14.130    Page  253

 

                

" Wight ! 40 années après "

     

63ème Festival de Cannes 2010

et son théâtre d'ombres

     

Les  MOLIERES  2010 

Les Nominations

Point de vue

L'Album Photos de Theothea

     

SYLVIE   VARTAN

L' Olympia  2010

       

Toutes nos  critiques   2009 - 2010

Les Chroniques de   Theothea.com   sur    

   

THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS          

SACHA LE MAGNIFIQUE

     

de & mise en scène:  Francis Huster

****

Théâtre de la Gaîté Montparnasse 

Tel:  01 43 22 16 18   

 

     visuel affiche  Harcourt Paris  

         

Véritable plaidoyer en faveur d’un Sacha Guitry à réhabiliter au regard de la grande Histoire, la causerie actuellement proposée par Francis Huster est précédée d’un grand moment de comédie.

Alors que le conférencier s’apprête à se faire l’avocat du Maître, une jeune femme se lève impromptue des premiers rangs de la Gaîté-Montparnasse, en interrompant ses premiers effets de manche.

Dans un style « à la manière de… Guitry », le comédien portant avec élégance, perruque grise et lunettes cerclées, fait mine de s’offusquer et engage un dialogue surréaliste avec la dame, en arpentant la salle, tel un metteur en scène cadrant mais choyant déjà sa nouvelle protégée.

Dans un langage châtié ponctué d’expressions prosaïques, l’auteur de cette « Leçon de théâtre » s’avance, sans réserve, en parangon du double de Sacha.

Lisa Masker rend la monnaie de sa pièce à un Francis qui jubile à se faire, délibérément, maltraiter par la jeune femme.

A l’instar de cette épreuve initiatique, digne du Conservatoire d’art dramatique, cette scène de pure comédie, basée sur l’art de la connivence, est l’occasion pour le prochain directeur des Tréteaux de France, de faire fi du quant à soi en libérant un humour ravageur et décapant.

Ayant, ainsi, osé introduire de manière iconoclaste, sa « Master class » consacrée au panégyrique de « Guitry », Huster est maintenant prêt à se lancer dans l’arène, pour développer une plaidoirie biographique dans un simulacre d’improvisation, à l’aide de la mémoire collective ponctuée de confidences que lui ont faites, autrefois, des actrices proches de Sacha, telles Jacqueline Delubac et Arletty.

Dans un phrasé à cent à l’heure, Francis l’amoureux des planches jongle avec les performances du Maître en les faisant siennes pour mieux convaincre son auditoire que celui-ci devrait être apprécié comme « Le Beaumarchais du XXème siècle ».

En observant que les initiales « S.G. » témoignent autant de l’identité de Sacha Guitry que celle de Serge Gainsbourg, Huster établit un parallèle qu’il veut significatif où l’ambivalence des deux artistes célèbres évoluant entre Hyde et Jekill serait le gage d’un génie commun, à savoir mettre les mots là où çà fait mal.

C’est de cette pertinence sémantique que tous les deux tiennent leur légitimité, portés par la reconnaissance du public, au-delà de leur époque.

Sur scène, Lisa Masker, en réplique d’Yvonne Printemps, et Elio Di Tanna, en virtuose du clavier, jouent le rôle subtil de faire valoir Sacha, tout en faisant miroiter Francis.

Celui-ci, brillant autant qu’enthousiaste, feint de se laisser emporter par la fougue des jeunes années, encore si proches de la soixantaine venue.

C’est tout à l’honneur de Francis Huster que de savoir conserver vivante la flamme du spectacle et, ainsi, soulevé par la passion communicative, le public adhère à ce plébiscite en acquiesçant du règne de Sacha Guitry au Panthéon des valeurs intouchables.

Theothea le 05/07/10

FRANCOIS D'ASSISE

de   Joseph Delteil

mise en scène:  Adel Hakim

****

Théâtre  Artistic Athévains 

Tel:  01 43 56 38 32   

 

     visuel affiche  

              

Oublions la « Sainteté de François » semble indiquer, en prémices, l’auteur Joseph Delteil, afin de considérer, en quoi, la remise en question des valeurs pourrait être emblématique de l’époque contemporaine.

Oublions le « projet artistique » de la compagnie du passage, semble préciser le metteur-en-scène Adel Hakim, afin d’observer l’incarnation d’une cosmologie par l’acteur devenant, lui-même, l’univers.

Avec l’ambition de se fondre dans le grand tout de la Nature, ce « one man mystique », initié en 1994 à Genève, a été rattaché, a posteriori, au répertoire de la compagnie du passage, créée en 2003.

Durant près d’un mois, il convie à l’extase, au Théâtre Artistic Athévains de Paris.

Dans un émerveillement sans bornes face aux mystères tangibles de l’humanité, le jeune François y parcourt sa vie comme une suite de découvertes infinies dont aucune perception médiocre ne saurait le détourner.

C’est donc le comédien Robert Bouvier qui, durant quatre-vingt dix minutes, mène le bal de la béatitude jusqu’à s’approprier, dans un fascinant Golgotha, les stigmates du Christ en croix.

La performance est à la hauteur d’un spectacle vivant, exaltant l’adoration de la chair et de l’esprit unis dans un idéal absolu contraignant le spectateur à être parti prenante… ou, au contraire, à se distancier quelque peu.

En effet, si Robert Bouvier a le talent de jouer le jeu du candide dogmatique, sans la moindre retenue scénographique, sa prestation illuminée pourrait éventuellement exaspérer ceux dont la conscience résisterait à l’engouement totalitaire du voyage initiatique, sans visa de retour.

Cependant au royaume des convertis à l’envoûtement, la tentation est grande de se laisser emporter par l’admiration inconditionnelle qu’une mise en scène subtile, misant sur la force de symboles simples, achèverait de séduire.

Theothea le 30/06/10

LE SOLITAIRE

de   Eugène Ionesco

mise en scène:  Jean-Louis Martinelli

****

Théâtre de La Madeleine 

Tel:  01 42 65 07 09

 

     photo ©   Dunnara Meas  

     

Le Solitaire décrit par Ionesco est un être contemplatif que l’anonymat protège de toutes les sollicitations sociales; il pourrait s’agir d’Eugène, lui-même, fantasmant sur la subjectivité idéelle de l’écrivain.

Le Solitaire interprété par Marthouret est un homme en caleçon dont le lit est l’unique perspective perçue selon une multiplicité de points de vue; il pourrait s’agir d’un comédien confronté au syndrome vertigineux du seul en scène.

En fait, le Solitaire c’est vous, c’est moi, c’est monsieur tout le monde lorsque celui-ci décide d’effectuer un pas de côté, en se retrouvant inéluctablement en position d’observateur absolu du monde.

Si les gestes quotidiens initiés par la faim, le sommeil et autres tâches animales le retiennent encore dans l’asservissement contingent, l’esprit a déjà la faculté de vagabonder par-dessus la raison formatée, en s’interrogeant d’emblée sur l’agitation perpétuelle de l’homme.

Jean-Louis Martinelli engage François Marthouret à se désincarner pour figurer cet être, quasi nu, allongé dans la position du rêveur à l’orée des cauchemars prêts à s’emparer de sa dépouille.

Mais l’homme résiste, en se remémorant l’étonnement et la béatitude de l’enfance lorsque celle-ci découvrait l’existence dans ses moindres soubresauts avec désormais, l’intention d’en surseoir et d’en prolonger le bénéfice de la surprise originelle.

Alors le comédien se redresse sur son séant, se lève et commence à parcourir le territoire de sa couche éternelle avec l’intention utopique d’en circonscrire le temps de la vie humaine.

Ses états d’âme vont se refléter à l’aune de lumières fluorescentes parcourant successivement le spectre des tonalités dominantes à travers la cage de scène théâtrale.

L’angoisse existentielle n’aura d’autres prises sur sa conscience que de lui faire endosser le costume et les pompes le préparant au grand saut dans l’inconnu, celui qu’il restera pour lui-même autant que celui de sa virtuelle destinée.

Theothea le 08/07/10

JE T'AIME

de   Sacha Guitry  

mise en scène:   Eric-Gaston Lorvoire  

****

Théâtre  14 

Tel:   01 45 45 49 77   

 

     visuel affiche  

       

" Ce n’est pas une pièce, il ne s’y passe rien ! "

Ainsi, Sacha Guitry en convient volontiers dans la dernière réplique de « Je t’aime » attestant que les gens heureux n’ont pas d’histoire.

Sa passion pour Yvonne Printemps aurait-elle eu raison, le temps d’un égarement scénique, de cet esprit tellement cinglant qu’il avait assuré au Maître, une réputation de misogynie notoire ?

En fait, dans cette comédie atypique, l’amour est un leurre pour la véritable thématique de la pièce, à l’insu de l’auteur lui-même, à savoir le tableau, grandeur nature, d’une société fort civile, mais composée essentiellement d’empêcheurs de tourner en rond avec, en corollaire, des parasites de tous poils.

En effet, si Sacha s’appuie sur l’adage populaire « Pour vivre heureux, vivons cachés », cette fuite du monde va s’avérer nécessaire, à l’issue d’un parcours amoureux où les perfidies et les médisances apparaîtront comme la rançon inéluctable d’un bonheur insupportable à ceux qui n’en sont que les spectateurs.

Si le happy end peut lui-même s’apparenter à un trompe l’œil, c’est qu’il n’est qu’un échappatoire à la cohorte des chausse-trappe se profilant au zénith de la passion amoureuse, telle une situation idéale, mais, sans aucun doute, précaire.

Bref, « Je t’aime » est, de toutes évidences, une véritable pièce de théâtre, puisque la réalité y est, incontestablement, transcendée. CQFD.

Cinq comédiens y défendent une version de la comédie humaine avec roses rouges en bonus et selon des apparences si peu trompeuses que, de l’excellence surgit nécessairement la convoitise.

Theothea, le 1er juillet 2010

BONJOUR IVRESSE

de   Franck Le Hen

mise en scène:  Christine Giua & Franck Le Hen

****

Théâtre  Rive Gauche

Tel:  01 43 35 32 31

 

      visuel affiche  

   

Avec ce titre à la Sagan, Franck Le Hen récidive dans l’évocation d’un roman à succès, en lien générationnel avec une époque.

Ainsi, après trois ans de succès avec « Les Homos préfèrent les blondes », le voici en auteur de « Bonjour Ivresse » montant à nouveau sur les planches pour distraire ses congénères de leurs tourments psycho-relationnels.

En effet, à l’aube de la trentaine, un premier bilan s’impose, en analysant la check-list des objectifs que d’aucuns s’étaient juré de réaliser avant ce cap fatidique.

Sur la scène du Théâtre Rive Gauche, deux filles, deux garçons, avec en perspective le fameux anniversaire de l’un d’entre eux, Benoît.

Voilà donc, sortie comme un diable d’un coffre à jouets, la liste incontournable des engagements non aboutis qui lui revient en boomerang.

Il reste donc vingt-quatre heures chrono pour tenter de les réaliser, séance tenante, avec les encouragements de Wanda, Marie et Raphaël s’évertuant à rendre plausible, son ambition.

Cependant quand il s’agit, quinze ans plus tard, d’effectuer un coming out auprès d’une sœur coincée, face à un petit-ami qui courtisait l’une pour mieux se rapprocher du frère gay, lui-même adulé par une groupie exaltée, l’alcool pourrait fort bien s’avérer être le faux ami qu’ils n’attendaient plus.

Comme un théorème à résoudre sous une équation de style « Gogo dancer », un invité surprise va induire en flash back, le processus de régression que le temps de l’adolescence avait suscité dans le trouble affectif des passions alors, mal maîtrisées et par la suite, si mal dissimulées .

Faudrait-il, désormais pour autant, jouer cartes sur tables et avouer son inclination au grè des affinités qui auraient perduré ?

Caroline Gaget, Agnès Miguras, Franck Delay et Franck Le Hen s’immergent dans leurs personnages avec la fougue hilarante et distanciée qu’ici la comédie de mœurs ose, gaiement, emprunter à la comédie musicale.

En effet, les tubes des années 80-90 accompagnent de manière savoureuse, cette remontée à la source des doux souvenirs de spleen que tous les ex-ados cultivent, de concert universel.

Un grand moment d’ivresse collective qui adresse un malicieux « bonjour » à tous les non-dits du passage à l’acte !

Theothea le 06/07/10

Recherche   par mots-clé