Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

15ème  Saison     Chroniques   15.066   à   15.070    Page  267

 

              

     

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AU MOMENT DE LA NUIT

d'après Crébillon Fils & Jules Renard 

Adaptation & mise en scène: Nicolas Briançon

****

Studio des Champs Elysées

Tel:  01 53 23 99 19 

 

         photo ©   Lot  

   

Elle et lui, à ce moment de la nuit où il serait judicieux d’assumer le désir qui les ronge mais qui, néanmoins sans cesse, pose problème car le jeu consisterait à ne pas y céder.

En un mot, le flirt devrait-il s’assumer dans le passage à l’acte ou ne consisterait-il pas exclusivement à repousser les codes de la convenance jusqu’aux limites du vertige, là où chacun des deux partenaires tenterait d’y faire tomber l’alter ego ?

Nicolas Briançon et Anne Charrier, son ex-élève du conservatoire, parce que c’est lui et parce que c’est elle, ont, ainsi, décidé de jouer avec le feu sur les planches du Studio des Champs Elysées.

Le comédien metteur en scène a, pour la circonstance, réuni deux textes, distants d’un siècle et demi, « La Nuit et le Moment » (1755), dialogue de Crébillon fils, et « Le Pain des ménages » (1898), pièce de Jules Renard, afin de les mettre en perspective… amoureuse !

Force est de constater que le point de vue du XXIème siècle débutant, porté sur cet entre-deux masculin-féminin, comme suspendu hors du temps des contingences, n’aurait guère changé depuis le XVIIIème, en fonction, très certainement, d’un atavisme libidinal.

Ainsi, dans le libertinage comme dans le mariage, sous le régime du célibat comme sous le contrat conjugal, tout se passerait comme si les belles phrases agréablement tournées, les répliques malicieuses, les compliments bien troussés avaient le pouvoir de mettre entre parenthèses le principe de réalité, en laissant porte grande ouverte à tous les amours possibles.

Place donc au charme des mots, à la séduction des regards, à l’euphorie de la concupiscence, quitte à laisser le plaisir des sens envahir celui de la raison, jusqu’à la faire défaillir avant que de fuir au moment ultime de la nuit où le retour en arrière ne serait plus de mise.

A ce jeu des sensualités exacerbées par le parfum des sentiments frustrés, Anne Charrier et Nicolas Briançon forme un couple scénographique, glamour par excellence.

Theothea le 17/02/11

L'ILLUMINE

   

de & par Marc Hollogne

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Théâtre Dejazet

Tel:  01 48 87 52 55 

 

         photo DR. 

     

« Un basculement sans retour ! » prophétise le preux chevalier de Casignac faisant, en cette fin de XVIIIème, écho de langage tout aussi sophistiqué à celui d’un Don Quichotte pareillement illuminé, dénommé au moyen-âge Perceval le Gallois.

Ce parallèle osé entre la création de Marc Hollogne et celle d’Eric Rohmer incarnée alors par le jeune Fabrice Luchini, pourrait se poursuivre jusque dans l’interprétation de leur partenaire féminine respective, Mathilda May pour l’un et Arielle Dombasle pour l’autre.

Ainsi, tous réunis par une langue spécifique, aussi précieuse qu’hermétique à souhait, dans une lutte contre des moulins à vent, si peu imaginaires qu’ici, au Théâtre Dejazet, ils vont prendre l’apparence de monstrueuses machines à vapeur dont le progrès technologique relayé par les mirages du capitalisme naissant, rendrait la multiplication incontournable.

Stylisé à l’extrême, ces deux démarches cinématographiques ont, en priorité commune, de jouer, de manière expérimentale, avec les codes du spectacle vivant.

Cependant, là où Rohmer engendrait une œuvre unique, Marc Hollogne approfondit valeureusement, depuis maintenant trente années, un procédé à la fois technique et artistique, lui permettant de réunir, de joindre, de fondre le cinéma et le théâtre en une entité tellement à part entière, que ceux-ci pourraient fort bien, en se mixant, pérenniser un genre nouveau, le cinéthéâtre.

L’artiste, habité par cette passion fantasmagorique depuis l’adolescence, est désormais parvenu à la phase de maturité de sa créativité ingénieuse, en mettant le savoir-faire acquis au service d’une réalisation dont l’aspect formel est devenu quasi naturel et non plus phénoménal.

Si donc, théâtre et cinéma coexistent en 3D sur scène dans la simultanéité, le passage spectaculaire de l’un à l’autre n’est, par exemple, utilisé qu’à bon escient, c’est-à-dire en fonction du récit et du dialogue.

Alors, le chevalier de Casignac et la comtesse de Leauvive sauront-ils renouer les fils de leur amour d’antan au nom d’une révolution industrielle qui cherche, a priori, à diviser leur point de vue moral ?

Seront-ils, le cas échéant, se hisser au niveau de visionnaires d’un monde équilibré et nuancé où technologie et artisanat seraient en mesure de se compléter harmonieusement ?

C’est, notamment, tout l’espoir que porte Marc Hollogne à l’égard du septième art et du spectacle vivant qui sollicités, pour le meilleur, pourraient, ainsi à l’avenir, s’unir, en tout bien tout honneur, selon le régime de la communauté.

Theothea le 18/02/11

LE GAI MARIAGE

de  Gérard Bitton & Michel Munz

mise en scène: José Paul & Agnès Boury

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Théâtre des Nouveautés

Tel:  01 47 70 52 76 

 

         photo ©  Bernard Richebe´

   

Prenez deux coauteurs prêts à réitérer « La vérité si je mens » sous ses multiples versions, réunissez cinq comédiens aguerris au comique de situations contemporaines et offrez à un tandem de metteurs en scène, la perspective de conduire un carrosse nuptial sur les boulevards du mensonge en abîme, que pensez-vous, alors, qu’il advienne au théâtre des Nouveautés, new look ?

Effectivement, depuis la rentrée 10-11, c’est bel et bien le bouche à oreille prometteur qui, ainsi, transformerait n’importe quelle soirée lambda, en carton plein de la jauge !…

Bon d’accord, au départ, il y a le chantage de la tata léguant un million d’euros à son neveu, à la condition impérative que celui-ci se marie dans l’année en cours!…

Ok ! çà commence par une pression morale difficile à admettre. Toutefois, il sera toujours possible d’être juridiquement correct et malgré tout de s’arranger avec les mœurs en gestation permanente.

Déguisez l’un des protagonistes, celui qui, par ailleurs, pourrait aisément décrocher le rôle de François Pignon dans un autre dîner, en petit cochon rose juste candide et voilà le carrosse qui s’emballe gaiement sur les voies de la légalité tourneboulée.

Mais ne perdons pas de vue le million d’euros qui serait tout benef. pour l’héritier et ses obligés, à savoir le copain (Gérard Loussine) comédien au chômage, l’ami avocat (Patrick Zard’) plaidant la cause dûment maritale, ainsi que la fiancée (Lysiane Meis) amourachée et même le prêtre (initialement Philippe Magnan remplacé par Thierry Heckendorn) en plein acting out!….

Tous seraient volontiers disponibles pour croquer du mensonge opportun, pourvu que, mutuellement, ils ne se rencontrent pas en malencontreux déphasage réciproque.

Donc objectif « Tous pour un » avec chacun, sa propre vérité trafiquée autour du couple, de circonstance pas très catholique !...

Ainsi, Henri (Emmanuel Patron) apparaîtrait comme le héros à sauvegarder du plan machiavélique d’une tante qui tenterait de déshériter son neveu du magot en l’empêchant, post mortem, d’aimer toutes les femmes.

Alea jacta est pour de rire !….

Theothea le 24/02/11

DU MARIAGE AU DIVORCE

de   Georges Feydeau   

mise en scène:  Alain Françon 

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Théâtre  Marigny

Tel: 01 53 96 70 00

 

         photo ©  Michel Corbou  

   

A la suite de « La Dame de chez Maxim » aux Amandiers en 1990 et de « L’hôtel du libre échange » en 2007 à la Colline, Alain Françon récidive avec Feydeau en réunissant quatre de ses pièces en un acte ( « On purge Bébé » , « Feu la mère de Madame » , « Léonie est en avance ou Le Mal joli », "Mais n'te promène donc pas toute nue !") sous le titre de « Du mariage au divorce » résumant fort bien la démarche acrimonieuse de l’auteur en délicatesse conjugale à cette période de sa vie.

Au Théâtre Marigny, la réalisation sobre et dépouillée agit comme une épure sur un condensé de quiproquos domestiques menant directement à une misanthropie assumée dans un cynisme hilarant.

Huit comédiens experts (dont Éric Elmosnino & Judith Henry) se relaient tour à tour pour mettre en exergue ce qui chez l’être humain a le don de mettre son semblable en état d’exacerbation généralisée.

Ainsi la « belle époque » prend des allures, non seulement de guerre des sexes redécouvrant la légalité du divorce (1884), mais de surcroît par le caractère désuet de son art de vivre, renvoie les contingences du quotidien au rayon des  « tue l’amour ».

En s’appuyant sur les notions de crédulité, mobilité, inconscience et exagération qu’ils revendiquent à l’égard de cette œuvre vaudevillesque, le metteur en scène emmène ses acteurs dans un tourbillon où le mot d’ordre est de laisser les pulsions s’exprimer en toute autonomie sous la maîtrise d’un savoir-faire sans tabous.

Le résultat artistique est à l’aune d’une perfection technique que la mécanique millimétrée de Feydeau règle dans le déterminisme absolu lié à la médiocrité humaine.

Du grand art qu’Alain Françon semble avoir compris et restitué dans les conséquences ultimes où seul le rire peut être salvateur, voire, pourquoi pas, rédempteur.

Le public ne s’y trompe pas, les comédiens non plus, le spectacle vivant en sort grandi un peu plus, à chaque représentation.

Theothea le 02/03/11

LA METHODE GRÖNHOLM

de  Jordi Galceran 

mise en scène:  Thierry Lavat 

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Théâtre  Tristan Bernard

Tel: 01 45 22 08 40

 

         photo ©  BM. Palazon  

         

A chacun sa méthode Grönholm, d’autant plus qu’avec ses multiples adaptations à travers le monde depuis 2003, cette procédure de recrutement d’un cadre supérieur dans une grande entreprise fait florès selon des perspectives tragicomiques qu’il appartient au spectateur d’interpréter entre quête initiatique intime et bizutage industriel.

Construite comme un thriller, la mise en scène proposée au Tristan Bernard ne pourrait souffrir d’en dévoiler le cheminement et encore moins le dénouement délibérément équivoque.

D’évidences, il est manifeste que l’intérêt d’un jeune public se pressant nombreux à l’égard de cette thématique de l’embauche traitée par une méthode non conventionnelle et selon un huis clos à quatre personnages apparemment tous identifiés comme candidats à un poste d’excellence, est significative d’une préoccupation ciblée avec justesse dans l’air du temps.

Qu’il faille rire ou grincer des dents devant une suite d’épreuves digne de la téléréalité n’est que le cache-sexe d’un processus où la compétition est non seulement le véritable enjeu d’une confrontation en temps réel, mais davantage la méthode pour révéler celui qui, au terme de trois entretiens sélectifs devrait s’imposer comme le profil du postulant sans état d’âme.

Rien ne prouve pour autant que celui-ci sera effectivement embauché par la multinationale car il semblerait que le dédale des perversions est quasiment sans limites dans cette chasse aux têtes brûlées.

Dans une montée en puissance progressive, la mise en scène de Thierry Lavat s’attache à maintenir un surréalisme relationnel entre les trois comédiens (Lionel Abelanski, Yannis Baraban & Philippe Vieux) et leur partenaire féminine (Marie Piton), de façon à ce que le spectateur en perçoive la dimension drôle et ludique avant que d’en ressentir la cruauté viscérale.

A chacun d’apprécier, à sa juste mesure, cette méthode dite de Grönholm sans qu’il soit possible d’évaluer quelle part de fiction vénéneuse, l’auteur catalan Jordi Galceran y distille au cœur de ces nouveaux jeux du cirque.

Theothea le 02/03/11

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