Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

17ème  Saison     Chroniques   17.046   à   17.050    Page  311

 

                                 

   

              

     

   

     

              

   

            

     

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MARSIHO

d' André Suarès  

mise en scène  Philippe Caubère   

****

Maison de la Poésie

Tel:  01 44 54 53 00 

 

           photo ©  Michèle Laurent  

                       

Le comédien et metteur en scène Philippe Caubère, natif de Marseille en 1950, a décidé de remettre à l'honneur un pan important de l'œuvre d'un autre grand Marseillais, le poète et écrivain André Suarès. C'est ainsi que le comédien interprète le splendide texte « Marsiho », du nom provençal de cette ville.

Il convoque la bien aimée et en chante les qualités, tout en fustigeant ses défauts car celle-ci n’est pas, à proprement parler, une cité de culture.

À part Pétrone, pas de révélation essentielle dans les arts, pas de peintre, hormis Daumier, peu de monuments caractéristiques…une ville sans belle architecture, ni marbre, ni église remarquable !

Cultivant le pamphlet, Suarès y fustige la plus mauvaise musique du monde et, de manière générale, l’observe sans complaisance en commentant, dans un souffle épique, les turpitudes de la métropole et les misères de ses quartiers populaires, voire certains malfamés.

Le regard est aigu et acide alors que l’ambivalence se fait mouvement perpétuel d’attrait et de rejet.

Jamais ainsi, l’âme du Marseille du début du XXème siècle n’aura été aussi bien mise à nu, aussi bien comprise.

Bien plus encore que l’urbanisme, la façon d'y vivre, les manières et les cris de ses habitants sont traqués, décortiqués par le menu, vitalisés sous la plume du polémiste et du poète pour un portrait qui n’est jamais hasardeux.

Une indécidable passion, un mélange irréductible d'âpreté, d'émerveillement, de frayeur, d'amour et d'impatience le rattachaient au lieu de ses origines.

De surcroît, la soixantaine passée au moment de la rédaction, Marsiho devient à la fois chant d'amour, imprécation et réquisitoire avec toutes sortes de troubles et de meurtrissures, car fascinations et détestations difficilement réversibles altéraient, en effet, la perception de l’écrivain.

Si l'on excepte Saint-Victor et le Château-Borély, la plupart des monuments de Marseille suscitaient ses sarcasmes, ses anathèmes et ses vitupérations.

C’est ainsi qu’après avoir loué André Benedetto, Caubère, fidèle admirateur de Suarès, a adapté ce texte au théâtre avec la réelle gageure de mettre en scène un monologue complexe de 2 heures, sans aucun répit, pour une performance réalisée avec une chaise de bois, en guise de tout accessoire, tout en y mettant son ardeur dénuée d’emphase excessive ou autre cabotinage.

L’acteur empoigne la ville contradictoire dans une dialectique tour à tour admirative, furieuse et colérique ou a contrario, avec un regard bienveillant et enchanté.

Il donne de l’ampleur au texte quand il lutte avec le mistral, « quand le ciel craque », au cours d’une violente tornade survenue lors du passage dédié au parvis de Notre Dame de la Garde… seul excès pourtant dans ce récit dont la sobriété et l’exactitude sont d’autant plus étonnantes que Philippe Caubère est connu pour son tempérament fougueux.

Avec des phrases modulées au gré des états du moment, parfois en fonction de l’heure du jour, de la lumière, de la beauté du ciel ou embrumée par les fumées d’usines, Marseille devient un mélange inouï d'ardeur, d'énergie, d'insolence et de liberté.

Ce retour au coeur de l'enfance révèle à quel point " l'art est peu de chose auprès de la vie... Ni marbre, ni bronze, ni églises sublimes, ni palais illustres, la beauté de Marseille est faite de sa vie seule : elle éclate comme une grenade mûre, dans le sang de chaque grain, dans le total des couleurs et de la forme ".

par Cat.S (à partir d'extraits critiques) / Theothea.com, le 09/01/13 

VOILA GODOT

de  Minoru Betsuyaku     

mise en scène K. Kiyama

****

Maison de la Culture du Japon à Paris

Tel: 01 44 37 95 95

   

            photo ©  Kazuyuki Matsumoto  

      

De Samuel Beckett à Minoru Betsuyaku en passant par Eugène Ionesco, le désespoir métaphysique du premier aurait pu compléter l’absurdité du troisième, c’est l’enjeu de comédie humaine qu’a voulu mettre en exergue l’auteur japonais dès 2007, en osant transgresser l’attente éternelle de l’homme face au sens caché de sa destinée !

Oui, mais voilà Godot, enfin arrivé parmi ses semblables, ne semblera recueillir que leur indifférence, au mieux polie.

   

           

            photo ©  Theothea.com  

   

Perspicace l’être, tant attendu, aura beau réitérer son identité à plusieurs reprises, la consternation voir l’énervement va gagner les clones des protagonistes originaux de Beckett, les fameux Estragon, Vladimir, Pozzo et Lucky.

De nouveaux personnages introduits par Betsuyaku participent à ce happening de stupéfaction partagée par tous alors que la mise en scène de K. Kiyama développe le processus inéluctable, comme une suite de malentendus à l’infini, aptes à susciter la confusion généralisée avec comme conséquences immédiates, le rire salvateur du public… notamment ces 14 & 15 décembre 2012 à la Maison de la culture du Japon à Paris.

Le surtitrage en français était le bienvenu mais la scénographie, tellement explicite, qu’elle aurait pu se suffire, à elle seule, pour illustrer tant d’espoir humain gâché par encore plus d’aveuglement.

Theothea le 07/01/13

LE PARIS DES FEMMES

Directrice artistique: Véronique Olmi  

Théâtre des Mathurins

Tel: 01 42 65 90 00  

 

         photo ©  Theothea.com  

     

" De bruit et de fureur "

11, 12 & 13 janvier 2013

TRISTESSE ANIMAL NOIR

de  Anja Hilling   

mise en scène  Stanislas Nordey   

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Théâtre de la Colline

Tel:  01 44 62 52 52 

 

           photo ©  Elisabeth Carecchio  

                   

« Animal » comme Six personnages en charge d’auteur, « noir » comme une forêt bruissante d’inquiétude et « Tristesse » comme un bonjour d’après l’apocalypse !

« Tristesse », « Animal » & « noir » qu’il soient dans l’ordre dramaturgique ou le désordre sémantique agissent sur l’inconscient, tels des révélateurs de la nature humaine présomptueuse face à l’imprévisible accident que celle-ci n’est pas en mesure d’assumer !

Le texte ô combien figuratif autant qu’intuitif d’Anja Hilling se déclinera en trois parties chronologiques, avant, pendant & après l’incendie ravageur d’illusions pour déboucher dans une clairière de perspectives figées à jamais où une installation d’art contemporain surréaliste viendra contresigner l’arrêt de mort clinique.

La scénographie de Stanislas Nordey se joue du pléonasme contextuel en écarquillant le regard sur tous les détails objectifs du crime impuni, de façon à ne pas laisser le spectateur dans une pseudo ignorance irresponsable face à l’enjeu vital qui se tramerait en temps réel.

Valérie Dréville sera l’âme, si non l’égérie, du chœur branché aux turpitudes urbaines du XXIème siècle.

Tous seront les porte-voix explicites de l’auteure allemande qui en 2007 créa, sur commande du Shauspiel de Hanovre, cette œuvre métaphorique, voire prophétique, d’une humanité recomposée en amours déchirées pour laquelle, une simple lecture collective, sans fioritures annexes, pourrait suffire à assujetir les esprits velléitaires !

Mais néanmoins, selon Stanislas, ceux-ci continuent candidement à susurrer crânement avec Elvis :

« Tell me that your sweet love hasn’t died

Give me one more chance to make you satisfied

You are always on my mind »

Theothea le 18/01/13   

LE MAL COURT

de  Jacques Audiberti   

mise en scène  Stéphanie Tesson

****

Théâtre de Poche Montparnasse

Tel: 01 45 44 50 21

 

           photo ©  Theothea.com  

                   

Au deuxième soir de la réouverture du Théâtre de Poche Montparnasse, le mal court à nouveau depuis la veille mais encore et toujours depuis 1947 où la pièce fut accueillie durant un mois, après avoir reçu le premier prix d’un Festival de jeunes compagnies.

Quelle belle idée d’avoir programmé ce chef d’œuvre d’ Audiberti en inauguration d’un espace théâtral flambant rénové avec un foyer où le public et les gens du métier vont pouvoir se rencontrer autour d’un verre… puisqu’un bar est désormais à leur disposition sous une verrière type lumière du jour.

Connu jusqu’ici pour son exiguïté qui rapproche les comédiens des spectateurs, voici que le lieu semble avoir repoussé les murs, de telle façon que sa convivialité légendaire puisse prendre des airs d’aisance et de confort dédiés à l’amateur du spectacle vivant, pleinement heureux d’y séjourner !

Les deux salles, la grande et la petite chacune à son niveau, vont se compléter pour assurer, en vitesse de croisière, les quatre représentations quotidiennes qui garantiront la formidable ligne de vie que la famille Tesson désire imprimer de père à fille, telle une pléiade de sillons nourriciers aptes capter l’ambition culturelle collective.

Si le mal court aussi bien de Philippe à Stéphanie, c’est aussi parce qu’ils apprécient profondément le geste théâtral comme un legs ancestral dont ils participeraient, en toute légitimité, au règlement de succession.

Pour ce coup d’envoi, quelle heureuse fortune que d’avoir réuni Marcel Maréchal, disciple s’il en fût d’Audiberti, et Jean-Paul Farré, figure ô combien fantasque de l’absurde comédie, alors que la révélation emblématique de cette formidable distribution pourra, à l’avenir, se recommander de leur double parrainage au profit de son talent identifié sous le nom de Julie Delarme !

Il faut dire aussi qu’avec des partenaires masculins comme Anthony Cochin, Emmanuel Suarez et Mathias Maréchal, celle-ci a vraiment beau jeu de transcender l’état de grâce !

Longue vie donc au Théâtre de Poche renouvelant, avec audace autant que sagacité, les fort belles soirées de Montparnasse.

Theothea le 18/01/13

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