Les
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17ème
Saison
Chroniques 17.056
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INVENTAIRES
de
Philippe
Minyana
mise
en scène
Robert
Cantarella
|
****
Théâtre de Poche Montparnasse
Tel 01 45 44 50
21
|
Angèle, Barbara & Jacqueline, ce trio au féminin sorti
dun improbable reality show à lheure du thé dansant
déboule en prime time au Théâtre de Poche Montparnasse,
en y assurant la réouverture en fanfare pour cause de rénovation,
26 ans après la création d
« Inventaires » au Théâtre de la Bastille.
Voici donc que le même metteur en scène, Robert Cantarella,
remonte, à lidentique, avec les trois comédiennes
dorigine, ce spectacle parodique qui défrayait déjà
la chronique théâtrale en 1987 en révélant un
nouvel auteur, Philippe Minyana.
Une cuvette, un lampadaire et une robe de 1954 constituent les trois fils
conducteurs thématiques, de ce rendez-vous vintage avec le public
parnassien de 2013 pour lequel Florence, Judith et Edith ne laisseraient,
sans aucun doute, leurs rôles respectifs à nulle autre, tant
elles en sont les dépositaires légitimes et surtout désormais
le garant dune forme de pérennité.
Sous lhabillage dun jeu télévisé
prétexte à confessions intimes portées à
ébullition, en raison dune émulation savamment entretenue
de manière lumineuse et sonore, à coup de réflexes
pavloviens, un meneur de jeu fort prévenant dirige, mine de rien,
les trois candidates à un surenchérissement daveux
intimes.
Celles-ci flattées dêtre lobjet dattention
redoublée ne se font pas prier pour affabuler sur le registre de
limaginaire décliné au quotidien, digne de midinettes
en transe !
Cet inventaire hétéroclite de candeur à la Minyana
se perçoit, dentrée de jeu, comme matière à
une course miroir de nos sociétés contemporaines toujours
prêtes à lâcher la proie pour lombre.
Que Florence Giorgetti, Judith Magre et Edith Scob continuent à
prendre autant de plaisir à brocarder, du premier au énième
degré, leurs personnages de fiction, démontrent, à rebours,
à quel point leur complicité avec les spectateurs reste
entière, si non accrue, envers un phénomène de
régression cérébrale partagé joyeusement par
tous, dans lexacerbation accomplie des sentiments.
Theothea le 28/01/13
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LA VENUS AU PHACOCHERE
de
Christian Siméon
mise en scène
Christophe Lidon
|
****
Théâtre de l'Atelier
Tel 01 46 06 49 24
|
Oui, LArtiste cest elle !
Sur la scène du Théâtre de lAtelier, la direction
de Christophe Lidon la poursuit du jardin à cour, sans quAlexandra
Lamy ne lâche prise, ne serait-ce que pour permettre au spectateur
de respirer !
Littéralement accrochée à cet échange
épistolaire à trois correspondants, fomenté par Christian
Siméon, la Vénus plonge dans une belle époque, celle
où Misia aurait renvoyé dos à dos le mari vaniteux et
lamant présomptueux.
Quant à Geai, sa grande amie et confidente, elle aurait joué
les entremetteuses, telle lapprentie sorcière se brûlant
aux turpitudes dun monde décliné au masculin
triomphant.
A linstar du cinéma muet découvrant subitement la
force des mots, Strindberg y neutralise Bergson, Toulouse-Lautrec y rivalise
avec Renoir, Sarah Bernhard y déclame en soliloque alors que le financier
Edwards y défit lintellectuel Thadée et, quà
force denvoûtements, Misia, elle, aurait tiré les marrons
du feu de la liberté au féminin qui nen pouvait plus
de couver en silence.
Mais la Vénus a un revers identitaire, cest le Phacochère
qui attend son heure, pour vaincre sans gloire mais surtout dans le
désenchantement.
Fini alors la belle époque et ses fastes réjouissants, bonjour
le nouveau monde sans lettres, télégrammes ou autres missives
par porteur spécial qui faisaient tant vibrer le temps de lattente
et de léchange à distance.
Sur les planches arpentées, dabord au rythme de
leffervescence, puis ensuite du ressentiment, Alexandra accompagne
le geste à la parole de Misia et ne laisse donc à quiconque
le soin de régler la couleur des sentiments bafoués au feeling
dune gestuelle hyper-chorégraphique.
Theothea le 30/01/13
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TROÏLUS ET
CRESSIDA
de
William Shakespeare
mise en scène
Jean-Yves Ruf
|
****
Comédie Française
Tel
08 25 10 16 80 (0,15e/mn)
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photo © Christophe Raynaud de Lage
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Adieu Salle Ephémère promise à dautres
destinées théâtrales ! Bonjour Salle Richelieu
rénovée selon des normes techniques valorisantes notamment
en ce qui concerne lacoustique !
Le matériau propre à réverbérer le son,
cest le bois conjugué sous de multiples formes, du plancher
aux portes de loges ou de balcon en passant par les sièges
tous
dépouillés de leurs tentures, moquettes ou autres garnitures
en tissus.
Voici donc quaprès une année de travaux, tout le monde
rentre à la Maison
de Molière, les professionnels du
spectacle, les comédiens et bien entendu le public qui, ensemble,
assistent en cette fin janvier 2013 à ce grand retour
célébré par la création de Troïlus et Cressida
dans une perfection auditive inégalée jusque-là.
Pièce virile sil en fût, tant la femme y est
cantonnée à un rôle de monnaie déchange
machiste que deux peuples rivaux, en loccurrence les Grecs et les Troyens
négocient sans plus trop savoir les tenants et les aboutissants de
leur lutte atavique !
Enjeux guerriers, politiques et philosophiques se disputent lattention
des uns contre les autres dans la durée dun vécu
shakespearien conjugué essentiellement au masculin pluriel.
Sur les six élèves comédiens, deux tout petits
rôles féminins sont attribués à Carine Goron
(Cassandre) et Nelly Pullicani (Andromaque) alors que, tout record battu,
sur les quatorze comédiens du Français présents sur
scène, un seul est dédié à une femme
héroïne de la soirée, certes en raison de son
interprétation valeureuse de Cressida (Georgia Scalliet) mais aussi
grâce à la lassitude de contempler tant dégos du
sexe opposé, implicitement mal à laise.
Autant il paraît que cette mise en scène de Jean-Yves Ruf
eût pu avoir une réelle pertinence au sein dune programmation
saisonnière bâtie autour dune thématique illustrant,
par exemple, les aberrations dune parité systématique,
autant à loccasion de la réhabilitation de la salle
Richelieu, il eût été tellement appréciable de
découvrir un spectacle joyeux et festif mettant, notamment, en valeur
chacune des nuances de cette palette architecturale sonore, enfin recouvrée
!
Opportunité manquée ! Dommage !
Toutefois ce déficit de timing approprié nôte
en rien à la performance artistique pleine dhumour latent que
se livre une brochette de sept sociétaires pour un nombre similaire
de pensionnaires !
Mesure pour mesure, répétons-le en signe de fort belle
réussite; les spectateurs seront désormais satisfaits
dentendre le son des voix claquer net sans ressentir le
désagrément des fréquences étouffées par
les couches successives de matériaux absorbants.
Merci donc à ceux qui ont contribué à cette superbe
rénovation, uvrée pour le bien de tous.
Theothea le 01/02/13
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THEATRE SANS ANIMAUX
de & mise
en scène
Jean-Michel Ribes
|
****
Théâtre du Rond-Point
Tel
01 44 95 98 21
|
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photo © Giovanni Cittadini Cesi
|
Au théâtre du Rond-Point, dont il est le Directeur, devenu
un lieu mythique dédié à lécriture
contemporaine et à la Culture, Jean-Michel Ribes reprend un succès
créé par lui-même en 2001 « Théâtre
sans animaux » au Tristan Bernard, couronné par trois
Molières dont celui de la meilleure pièce comique et un
attribué à la pétulante Annie Gregorio, quon retrouve
aujourdhui sur scène avec Philippe Magnan et Christian Pereira.
Deux nouveaux interprètes, Caroline Arrouas et
lirrésistible Marcel Philippot les accompagnent, en 2013, dans
les chemins de traverse de labsurde et du surréalisme.
Dans un cadre familier empreint d'une confondante banalité, huit
sketchs vont faire succéder une suite de portraits de gens qui semblent
raisonnables mais quune incartade, un mot de trop font disjoncter et
dériver dans un imaginaire loufoque.
Alors, le langage se disloque et jongle avec le non sens. Le grain de
sable qui vient enrayer la machine provoque le dérapage,
lincohérence ou la rupture dune logique absurde ou fantaisiste
et la joute verbale se transforme en combat extravagant.
Prenons le sketch de la « Tragédie » : Tout
part dun petit mot « bravo » qui va entraîner
un cataclysme conjugal.
Jean-Claude refuse dadresser ce simple « bravo »
à sa belle-sur qui vient de jouer Phèdre de Racine:
« Je te demande de lui dire juste un petit bravo
/ Je ne peux
pas »
« Cest le mot qui te gêne ? / Non, cest
ce quil veut dire »
Linsistance de Louise pour quil prononce ce mot entraîne
dabord un refus puis le rejet, lexaspération et finalement
la rupture du couple. Rien quun mot de cinq lettres, martelé
de façon obsédante.
Dans un autre sketch, des hommes ordinaires poussant des caddies de golf,
ont lair de deux potes amicaux et vont délirer à partir
du prénom Bob, trois lettres. Linsistance de lun à
appeler lautre Bob alors que celui-ci ne le supporte pas envenime une
situation au départ banale.
Les circonstances sont parfois burlesques et surréalistes. Quand
un stylo à bille de trois mètres cinquante atterrit dans le
salon dune maison, la mère de Séverine, nationaliste
creusoise tendance grenouille de bénitier, va y voir la manifestation
du divin, un signe du destin et exhorter son mari et sa fille à prendre
conscience de ce présage.
Jean-Michel Ribes, créateur des fameux
« Palace », « Merci Bernard »,
« Brèves de comptoir », « Musée
haut, Musée bas », « René
lénervé » sy entend pour réunir
une équipe de comédiens qui rendent parfaitement cocasse un
univers décalé.
Il faut voir Marcel Philippot dans le rôle dun benêt
découvrant quil est plus intelligent que son frère
aîné écrivain, ou le voir dans son salon, en coiffeur
« normal » qui va se laisser berner par un irascible
client, Christian Péreira, qui lui fera admettre quil peut devenir
goéland.
Et miracle, déployant les bras telles des ailes, le coiffeur, à
la fin de la séance, ramassera une plume avec les cheveux quil
balaie. Illusion et croyance quand tu nous tiens...
Limpassible Philippe Magnan a oublié le prénom de
sa fille âgée de dix-huit ans, excellente Caroline Arrouas :
« Je peux savoir pourquoi tu me réponds quand je t' appelle Monique?
» lui demande-t-il, ne comprenant pas pourquoi il laurait
affublé dun pareil prénom.
Il faut voir ensemble les cinq comédiens délirer au musée
autour dune question cruciale, pourquoi ne peint-on plus de carpes
? Et finir le sketch en imitant les nageoires des poissons avec leurs bras.
Adéquation physique entre lhomme et le merlan ?
Les gags se perdent peut-être un peu sur cette grande scène
et nont pas tous le même piment. Mais la succulence des
comédiens réussit pleinement à nous délecter
de cette planète rocambolesque.
Cet humour corrosif est sain comme le rire quil provoque.
Cat.S / Theothea.com, le 15/02/13
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MARIA CALLAS
de
Jean-Yves Rogale
mise en scène
Raymond Acquaviva
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****
Théâtre Dejazet
Tel 01 48 87 52
55
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« Vous chantiez ? Eh bien dansez maintenant ! »
Cest bien ce que La Dame blanche semble acquiescer, façon
chorégraphique, à chaque intermède entre deux tableaux
chronologiques où les deux Callas, La Maria mal dégrossie,
et lautre, la Diva gravure de mode, rivalisent à armes
féminines acérées, manières schizophrènes.
En effet, sur la scène du Théâtre Déjazet,
deux comédiennes, Lola Dewaere & Sophie Carrier, se mesurent au
mythe de Callas, en une relation duelle où linfluence maternelle
latente se télescope avec lambition de La Cantatrice en plein
épanouissement.
Ainsi, en lutte profonde avec elle-même, Maria Callas va affronter
à la fois sa carrière et sa vie amoureuse, à linstar
de deux entités vulnérables à la merci du moindre
revers.
Entre la boulimie protectrice de ladolescence et la séduction
exacerbée de la maturité, son sens du perfectionnisme la pousse
résolument à écarter sans ménagement ceux qui
pourraient faire obstacle à laccomplissement dune
destinée hors du commun.
A commencer par sa mère (Andréa Ferréol) qui aurait
chercher à forcer son talent par des méthodes désuètes,
ensuite cest son imprésario, mentor et mari (Raymond Acquaviva)
qui fera les frais subjectifs dun procès en
incompétences.
A peine, débarrassée des « boulets »
qui, ainsi, auraient pu lentraîner vers le bas, sa rencontre
au sommet avec Aristote Onassis (Pierre Santini) sera, à son tour,
menacée par lapparition dune rivale de taille internationale,
Jackie kennedy (Cécile Pallas).
Si proche de lAmour extatique et de lidéal artistique,
cest malgré tout le manque de confiance en soi qui ressurgira
aux moments clefs de son existence et finira par avoir raison de tant de
luttes internes.
Et pourtant son charisme et ladmiration inconditionnelle de son
public feront bloc, en se perpétuant jusquà nos jours,
autour dun talent vocal à nul autre pareil.
En osant la transgression et la démystification dune pseudo
Tragédie antique au profit dun cynisme et dun humour de
Comédie, la violence des dialogues mis en scène par Jean-Yves
Rogale pourrait sapparenter à des règlements de compte
récurrents avec le cordon ombilical ayant, sans cesse, tenté
de nouer la Voix de la Diva.
Theothea le 05/02/13
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