Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

17ème  Saison     Chroniques   17.061   à   17.065    Page  314

 

                                 

   

              

     

   

     

              

   

            

     

65ème Festival de Cannes 2012

sous ondée crépusculaire

   

Les Molières 2013

en perspective

   

R E V I V A L

Wight ! + 40 années après

     

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RIVIERA

de  Emmanuel Robert-Espalieu   

mise en scène  Gérard Gelas   

****

Théâtre Petit Montparnasse

Tel  01 43 22 77 74  

 

           photo ©  Theothea.com   

                           

Résumé des épisodes précédents : Premier Molière de la meilleure comédienne 1997 pour « Qui a peur de Virginia Woolf ? » au Théâtre de la Gaîté Montparnasse, 2ème Molière en 2008 pour « La vie devant soi » au Petit Marigny et voici donc aujourd’hui Myriam Boyer, revenue rue de la Gaîté, qui s’installe juste en face, au Petit Montparnasse pour évoquer, en abîme récurrente, le souvenir nostalgique de Fréhel !

Ce n’est certainement pas, la directrice du lieu, une autre Myriam… Feune de Colombi qui désapprouverait pour sa protégée saisonnière, la perspective d’un 3ème Molière, d’autant plus que celle-ci est la dernière présidente, en date, de l’Association des Molières !

En tout cas, vu le contexte polémique au sujet de ces illustres récompenses, ce serait une sortie par le haut… tellement classieuse !

Encore faudrait-il que la pièce d’Emmanuel Robert-Espalieu puisse servir de guide patenté à l’interprète qui, non satisfaite d’incarner l’artiste de Music Hall dans les années 20-30, seulement par le texte ose également le chanter, en découvrant les affres du désamour du public… après celui infligé par son amant prestigieux, Maurice Chevallier !

En effet, cette histoire émotionnelle d’une chute programmée en toupie infinie est compensée par le recours systématique au rêve éveillé et sans doute délibéré malgré les diverses substances opiacées requises pour la cause !

Aussi, pas de censure pour le retour au bercail du bien aimé, du tant adoré, de celui par qui la vie n’aurait pas eu de sens si Frehel avait dû en être éloignée !

Le voilà donc le beau Maurice, à 20 ans pour toujours, avec qui la chanteuse entreprend de vivre les projets échafaudés ensemble, comme celui du séjour sur la Riviera mais aussi de revivre les moments forts de leurs relations passionnelles !

Cette volonté forcenée de croire en des illusions si proche d’une réalité qui n’a pas voulu sourire, est extrêmement touchante et Myriam s’y connait pour communiquer ce blues dont les amours contrariés sont, de tous temps, si gourmands en fantasmes !

Ainsi, la moindre expression du visage rend compte de l’état d’âme de la quête, désespérée mais si admirable, de l’inaccessible étoile !

Oui, Boyer - Frehel même combat… forcément gagnant !

Theothea le 13/02/13        

3 LITS POUR 8

de  Alan Ayckbourn   

mise en scène  Jean-Luc Moreau   

****

Théâtre  Saint-Georges 

Tel  01 48 78 63 47  

 

           visuel affiche  

                            

Le titre original « Bedroom farce » n’est guère plus explicite que « 3 lits pour 8 » car l’enjeu de cette pièce comique est autre; celui-ci est quasiment existentialiste !

En effet, assister en direct à la désagrégation de trois couples jusque-là sans histoire, parce qu’un quatrième ne parviendrait à un semblant d’équilibre qu’en semant la dévastation autour de lui, çà c’est vraiment du vécu, en temps réel !

D’ailleurs, davantage que six de leurs proches, c’est l’ensemble des invités d’une soirée qui vont rapidement déserter les lieux après avoir subi, peut-être préventivement, les foudres de ce cataclysme force 10 que Natacha & Antoine sont censés déclencher par leur seule présence conjointe.

Ceci dit, bien que leur réputation ne soit plus à faire, il y aurait toujours de nouveaux candidats pour tomber dans les mailles du filet qui se tisse inexorablement chaque fois qu’Antoine est consterné des dégâts qu’il provoque à son insu et que Natacha se sent abandonnée par les pulsions libidinales de son compagnon.

C’est leur façon de vivre à eux deux que de contraindre les autres à s’intéresser à leur cas perso, obligeant ainsi autrui à prendre position active dans les méandres contradictoires de leur couple qui se régénèrerait en proportion des dégâts induits.

Jean-Luc Moreau ayant joué ce rôle d’Antoine, il y a 30 ans, lors d’une première adaptation par Victor Lanoux, boit aujourd’hui du petit lait à la faveur de l’opportunité qui lui est offerte au Théâtre Saint-Georges, de monter cette pièce d’Alan Ayckbourn avec une distribution correspondant à ses propres affinités électives.

A l’instar des psychanalyses de Freud exposées en des cas d’école à l’intention des futures générations d’analystes, ce « Bedroom farce » pourrait fort bien servir de matériau brut à une généalogie théâtrale convaincue que l’effet miroir relationnel a la vertu de contraindre le spectateur à choisir son camp, celui de l’observation attentive des forces en présence, forcément distanciée par l’humour ou, a contrario, celui de leur déni radical.

A lui seul, le comportement délibérément lascif de Pierre-Olivier Mornas a le don de mettre les pendules à l’heure du Tsunami annoncé en provenance des forces obscures de l’inconscient alors que l’hystérie autorégulée tant bien que mal par Marie Montoya en assurerait les atours du rejet conjugal simulé.

Une mécanique bien huilée… à l’image de celle de bien des amoureux dans le monde !

Theothea le 14/02/13

UN HOMME TROP FACILE

de  Eric-Emmanuel Schmitt   

mise en scène  Christophe Lidon   

****

Théâtre Gaîté Montparnasse

Tel  01 53 22 16 18  

 

           photo ©  Bernard Richebé  

                       

Du Jeu de miroirs au Théâtre en abyme, la question de l’homme facile est, de toutes évidences, destinée à se perpétuer en points de suspension, au-delà de toute autoreprésentation !…

En effet Roland Giraud ne pourrait être ce comédien prenant à la légère la mission confiée par Christophe Lidon, d’autant plus que, tourmenté par la mémoire et la diction de son texte en alexandrins, l’acteur prend sa responsabilité de « porte-parole » très au sérieux.

Quant à son personnage, cet Alex tracé par Eric-Emmanuel Schmitt comme un être de tolérance, ce n’est pas son amabilité souriante qui le rendrait candide mais ce serait, au contraire, l’exigence de la vie qui pourrait éventuellement l’inciter au libertinage. Rien donc de si facile dans cette démarche !

Et voilà maintenant le clone d’Alex, le fameux Alceste de Molière, celui par qui la misanthropie a gagné ses lettres de noblesse moderne !

Il apparaît soudain, telle Marie à Bernadette Soubirou, au détour d’un reflet de miroir pour, par la suite, se prendre au jeu d’une présence virtuelle pérenne sur la scène de la Gaîté-Montparnasse.

C’est, bien entendu, le regard d’Alex, en trompe- l’œil, qui va maintenir cette dualité tout au long de la représentation du Misanthrope, censée se dérouler de l’autre côté des coulisses !

Ainsi, la dialectique qui va nourrir la passe d’armes entre Alex et Alceste (Jérôme Anger) repose sur l’acquiescement du spectateur à admettre que le spectacle vivant est bien plus tangible que le conflit idéologique entre amour et détestation du genre humain.

A ce stade, le fébrile chassé-croisé en loge des partenaires, des proches et d’un Visiteur, s’avérant être un auteur infatué, achèveront de rendre caduque la question thématique au sujet de l’homme facile, en la substituant à une intuition surréaliste :

Et si Eric-Emmanuel Schmitt, copropriétaire du Théâtre Rive Gauche à l’autre bout de la rue de la Gaîté, était cet Alceste infiltré, par symétrie, sur la scène de la Gaîté-Montparnasse, pour tester, expérimentalement, les répliques contraires à l’empathie ?

Succès garanti vice versa, n'est-ce pas ?

Theothea le 15/02/13

LE SONGE D'UNE NUIT D'ETE

de  William Shakespeare   

mise en scène  Nicolas Briançon   

****

Théâtre de la Porte Saint Martin

Tel  01 42 08 00 32    

 

           photo ©  Georges Mesnager  

                       

De « Volpone » au « Marquis de Sade » en passant par « Le Songe d’une nuit d’été », Nicolas Briançon surfe sur la saison parisienne 12-13 avec la grâce du furet qui réussit, de surcroît, à rejoindre ponctuellement la tournée de « Jacques et son maître », le mardi 12 février à Mée-sur-Seine !…

C’est donc cela la vie d’artiste !…

Bien qu’en Songe éveillé nous pensions, à juste titre, que son metteur en scène est actuellement à la fois Thésée et Obéron au Théâtre de la Porte Saint- Martin, et bien pas de chance, ce soir-là, Nicolas faisait à nouveau le Jacques en banlieue !

Et ainsi, par substitution, Pierre-Alain Leleu le coadaptateur du fameux Songe, quant à lui en relâche fort opportune du Marquis au Cine 13, endossait avec pertinence le cuir qui sied si bien aux intuitions vintage de Nicolas !

Bref, si ces bottes sont faites pour marcher, plus de quarante ans après Hair, la scène théâtrale dirigée par Jean-Claude Camus voit revenir les années 70 en un boomerang de chapeaux melon !

En effet, reprise après prolongations, la pièce de Shakespeare a décidément tout d’une grande, à la démesure, depuis 2 ans, d’une vision musicale, chorégraphique et festive qui pourrait laisser imaginer que « La cage aux Folles » n’a pas complètement quitté ce plateau du Saint-Martin !

Quelques retouches de casting pour indisponibilités n’ont fait que renforcer l’impact d’une réalisation proche d’un show vibrionnant à dominante noir et blanc touche Courrège:

Ainsi l’interprétation de Carole Richert s’avère pleinement raccord avec l’aura de Mélanie Doutey alors qu’ Eric Prat réussit à faire jeu aussi hilarant que précédemment, Yves Pignot.

Quant à Lorànt Deutsch, lui il continue d’évoluer sur un nuage de félicités régnant sur cette création, tel un talisman choyé comme véritable trésor des dieux du spectacle vivant !

Bref, Nicolas Briançon aurait bien tort de ne pas se donner du bon temps, en assumant à fond sa destinée de saltimbanque, d’autant plus qu’en butinant tour à tour sur les fruits de son inspiration fantasque, c’est, de fait, la performance polyvalente qu’applaudit le public.

Theothea le 16/02/13       

MADO PREND RACINE

de  Noëlle Perna

mise en scène  Alain Sachs   

****

Casino de Paris

Tel  08 92 69 89 26   (34 cts/mn)

 

           visuel affiche  

                       

Quand Mado prend Racine, ce n’est pas avec le dos de la cuillère que l’artiste affronte la tragédie classique.

En effet, crânement, la patronne de bar niçois qu’elle est toujours, se pose en chef de troupe emmenant ses fidèles clients, un peu abattus par les temps qui courent, dans un projet créatif de spectacle solidaire.

Oui, mais voilà qu’au Casino de Paris, un problème de transport a empêché une partie de son équipe de parvenir à temps pour la représentation du soir.

C’est pourquoi Mado devant convier les spectateurs à revenir le lendemain, va néanmoins leur proposer quelques extraits de Phèdre qu’elle est en mesure d’assurer seule sur scène !

De fil en aiguille, c’est tout son Show qui, avec les moyens du bord, va défiler devant le public hilare, en improvisant des trucages ou des adaptations de fortune éloignant quelque peu Jean Racine des didascalies traditionnelles de sa célèbre tragédie.

Chauffée à blanc, La Mado s’exalte à jongler avec les costumes, les accessoires de scène, les associations d’idées et autres jeux de mots plus ou moins ad hoc….

Façon Guy Bedos corrigé Anne Roumanoff, elle se lancera même dans une pseudo revue de presse, en sollicitant une pause pour commenter quelques titres du journal du jour.

Flirtant alors avec les phénomènes sociaux, voire même les enjeux politiques, la chroniqueuse trouve aisément les portes de sortie par des pirouettes, mettant les rieurs de son côté !

Mené au rythme du diable, ce retour aux fondamentaux du spectacle vivant est, de toutes évidences, la preuve que Mado la niçoise est entrée dans la cour des Grands.

Jamais très éloignée de son personnage folklorique, la sympathique Noëlle Perna perce entre les lignes de son texte ciselé grand public, laissant entrevoir, à son insu, des ressources encore inexploitées qui pourraient augurer d’un large champ d’investigation… à creuser par la suite !…

Theothea le 15/02/13

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