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RIVIERA
de
Emmanuel Robert-Espalieu
mise en scène
Gérard Gelas
|
****
Théâtre Petit Montparnasse
Tel 01 43 22 77
74
|
Résumé des épisodes précédents : Premier
Molière de la meilleure comédienne 1997 pour « Qui
a peur de Virginia Woolf ? » au Théâtre de la
Gaîté Montparnasse, 2ème Molière en 2008 pour
« La vie devant soi » au Petit Marigny et voici donc
aujourdhui Myriam Boyer, revenue rue de la Gaîté, qui
sinstalle juste en face, au Petit Montparnasse pour évoquer,
en abîme récurrente, le souvenir nostalgique de Fréhel
!
Ce nest certainement pas, la directrice du lieu, une autre Myriam
Feune de Colombi qui désapprouverait pour sa protégée
saisonnière, la perspective dun 3ème Molière,
dautant plus que celle-ci est la dernière présidente,
en date, de lAssociation des Molières !
En tout cas, vu le contexte polémique au sujet de ces illustres
récompenses, ce serait une sortie par le haut
tellement classieuse
!
Encore faudrait-il que la pièce dEmmanuel Robert-Espalieu
puisse servir de guide patenté à linterprète qui,
non satisfaite dincarner lartiste de Music Hall dans les années
20-30, seulement par le texte ose également le chanter, en
découvrant les affres du désamour du public
après
celui infligé par son amant prestigieux, Maurice Chevallier !
En effet, cette histoire émotionnelle dune chute programmée
en toupie infinie est compensée par le recours systématique
au rêve éveillé et sans doute délibéré
malgré les diverses substances opiacées requises pour la cause
!
Aussi, pas de censure pour le retour au bercail du bien aimé, du
tant adoré, de celui par qui la vie naurait pas eu de sens si
Frehel avait dû en être éloignée !
Le voilà donc le beau Maurice, à 20 ans pour toujours, avec
qui la chanteuse entreprend de vivre les projets échafaudés
ensemble, comme celui du séjour sur la Riviera mais aussi de revivre
les moments forts de leurs relations passionnelles !
Cette volonté forcenée de croire en des illusions si proche
dune réalité qui na pas voulu sourire, est
extrêmement touchante et Myriam sy connait pour communiquer ce
blues dont les amours contrariés sont, de tous temps, si gourmands
en fantasmes !
Ainsi, la moindre expression du visage rend compte de létat
dâme de la quête, désespérée mais
si admirable, de linaccessible étoile !
Oui, Boyer - Frehel même combat
forcément gagnant !
Theothea le 13/02/13
|
3 LITS POUR 8
de
Alan Ayckbourn
mise en scène
Jean-Luc Moreau
|
****
Théâtre Saint-Georges
Tel 01 48 78 63
47
|
Le titre original « Bedroom farce » nest guère
plus explicite que « 3 lits pour 8 » car lenjeu
de cette pièce comique est autre; celui-ci est quasiment existentialiste
!
En effet, assister en direct à la désagrégation de
trois couples jusque-là sans histoire, parce quun quatrième
ne parviendrait à un semblant déquilibre quen semant
la dévastation autour de lui, çà cest vraiment
du vécu, en temps réel !
Dailleurs, davantage que six de leurs proches, cest
lensemble des invités dune soirée qui vont rapidement
déserter les lieux après avoir subi, peut-être
préventivement, les foudres de ce cataclysme force 10 que Natacha
& Antoine sont censés déclencher par leur seule présence
conjointe.
Ceci dit, bien que leur réputation ne soit plus à faire,
il y aurait toujours de nouveaux candidats pour tomber dans les mailles du
filet qui se tisse inexorablement chaque fois quAntoine est consterné
des dégâts quil provoque à son insu et que Natacha
se sent abandonnée par les pulsions libidinales de son compagnon.
Cest leur façon de vivre à eux deux que de contraindre
les autres à sintéresser à leur cas perso, obligeant
ainsi autrui à prendre position active dans les méandres
contradictoires de leur couple qui se régénèrerait en
proportion des dégâts induits.
Jean-Luc Moreau ayant joué ce rôle dAntoine, il y a
30 ans, lors dune première adaptation par Victor Lanoux, boit
aujourdhui du petit lait à la faveur de lopportunité
qui lui est offerte au Théâtre Saint-Georges, de monter cette
pièce dAlan Ayckbourn avec une distribution correspondant à
ses propres affinités électives.
A linstar des psychanalyses de Freud exposées en des cas
décole à lintention des futures générations
danalystes, ce « Bedroom farce » pourrait fort
bien servir de matériau brut à une généalogie
théâtrale convaincue que leffet miroir relationnel a la
vertu de contraindre le spectateur à choisir son camp, celui de
lobservation attentive des forces en présence, forcément
distanciée par lhumour ou, a contrario, celui de leur déni
radical.
A lui seul, le comportement délibérément lascif de
Pierre-Olivier Mornas a le don de mettre les pendules à lheure
du Tsunami annoncé en provenance des forces obscures de
linconscient alors que lhystérie autorégulée
tant bien que mal par Marie Montoya en assurerait les atours du rejet conjugal
simulé.
Une mécanique bien huilée
à limage de
celle de bien des amoureux dans le monde !
Theothea le 14/02/13
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UN HOMME TROP FACILE
de
Eric-Emmanuel Schmitt
mise en scène
Christophe Lidon
|
****
Théâtre Gaîté Montparnasse
Tel 01 53 22 16
18
|
Du Jeu de miroirs au Théâtre en abyme, la question de
lhomme facile est, de toutes évidences, destinée à
se perpétuer en points de suspension, au-delà de toute
autoreprésentation !
En effet Roland Giraud ne pourrait être ce comédien prenant
à la légère la mission confiée par Christophe
Lidon, dautant plus que, tourmenté par la mémoire et
la diction de son texte en alexandrins, lacteur prend sa
responsabilité de « porte-parole » très
au sérieux.
Quant à son personnage, cet Alex tracé par Eric-Emmanuel
Schmitt comme un être de tolérance, ce nest pas son
amabilité souriante qui le rendrait candide mais ce serait, au contraire,
lexigence de la vie qui pourrait éventuellement linciter
au libertinage. Rien donc de si facile dans cette démarche !
Et voilà maintenant le clone dAlex, le fameux Alceste de
Molière, celui par qui la misanthropie a gagné ses lettres
de noblesse moderne !
Il apparaît soudain, telle Marie à Bernadette Soubirou, au
détour dun reflet de miroir pour, par la suite, se prendre au
jeu dune présence virtuelle pérenne sur la scène
de la Gaîté-Montparnasse.
Cest, bien entendu, le regard dAlex, en trompe- lil,
qui va maintenir cette dualité tout au long de la représentation
du Misanthrope, censée se dérouler de lautre côté
des coulisses !
Ainsi, la dialectique qui va nourrir la passe darmes entre Alex
et Alceste (Jérôme Anger) repose sur lacquiescement du
spectateur à admettre que le spectacle vivant est bien plus tangible
que le conflit idéologique entre amour et détestation du genre
humain.
A ce stade, le fébrile chassé-croisé en loge des
partenaires, des proches et dun Visiteur, savérant être
un auteur infatué, achèveront de rendre caduque la question
thématique au sujet de lhomme facile, en la substituant à
une intuition surréaliste :
Et si Eric-Emmanuel Schmitt, copropriétaire du Théâtre
Rive Gauche à lautre bout de la rue de la Gaîté,
était cet Alceste infiltré, par symétrie, sur la scène
de la Gaîté-Montparnasse, pour tester, expérimentalement,
les répliques contraires à lempathie ?
Succès garanti vice versa, n'est-ce pas ?
Theothea le 15/02/13
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LE SONGE D'UNE NUIT
D'ETE
de
William Shakespeare
mise en scène
Nicolas Briançon
|
****
Théâtre de la Porte Saint Martin
Tel 01 42 08 00
32
|
De « Volpone » au « Marquis de
Sade » en passant par « Le Songe dune nuit
dété », Nicolas Briançon surfe sur la
saison parisienne 12-13 avec la grâce du furet qui réussit,
de surcroît, à rejoindre ponctuellement la tournée de
« Jacques et son maître », le mardi 12 février
à Mée-sur-Seine !
Cest donc cela la vie dartiste !
Bien quen Songe éveillé nous pensions, à juste
titre, que son metteur en scène est actuellement à la fois
Thésée et Obéron au Théâtre de la Porte
Saint- Martin, et bien pas de chance, ce soir-là, Nicolas faisait
à nouveau le Jacques en banlieue !
Et ainsi, par substitution, Pierre-Alain Leleu le coadaptateur du fameux
Songe, quant à lui en relâche fort opportune du Marquis au Cine
13, endossait avec pertinence le cuir qui sied si bien aux intuitions vintage
de Nicolas !
Bref, si ces bottes sont faites pour marcher, plus de quarante ans après
Hair, la scène théâtrale dirigée par Jean-Claude
Camus voit revenir les années 70 en un boomerang de chapeaux melon
!
En effet, reprise après prolongations, la pièce de Shakespeare
a décidément tout dune grande, à la démesure,
depuis 2 ans, dune vision musicale, chorégraphique et festive
qui pourrait laisser imaginer que « La cage aux Folles »
na pas complètement quitté ce plateau du Saint-Martin
!
Quelques retouches de casting pour indisponibilités nont
fait que renforcer limpact dune réalisation proche dun
show vibrionnant à dominante noir et blanc touche Courrège:
Ainsi linterprétation de Carole Richert savère
pleinement raccord avec laura de Mélanie Doutey alors qu
Eric Prat réussit à faire jeu aussi hilarant que
précédemment, Yves Pignot.
Quant à Lorànt Deutsch, lui il continue dévoluer
sur un nuage de félicités régnant sur cette création,
tel un talisman choyé comme véritable trésor des dieux
du spectacle vivant !
Bref, Nicolas Briançon aurait bien tort de ne pas se donner du
bon temps, en assumant à fond sa destinée de saltimbanque,
dautant plus quen butinant tour à tour sur les fruits
de son inspiration fantasque, cest, de fait, la performance polyvalente
quapplaudit le public.
Theothea le 16/02/13
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MADO PREND RACINE
de
Noëlle
Perna
mise en scène
Alain Sachs
|
****
Casino de Paris
Tel 08
92 69 89 26 (34 cts/mn)
|
Quand Mado prend Racine, ce nest pas avec le dos de la cuillère
que lartiste affronte la tragédie classique.
En effet, crânement, la patronne de bar niçois quelle
est toujours, se pose en chef de troupe emmenant ses fidèles clients,
un peu abattus par les temps qui courent, dans un projet créatif de
spectacle solidaire.
Oui, mais voilà quau Casino de Paris, un problème
de transport a empêché une partie de son équipe de parvenir
à temps pour la représentation du soir.
Cest pourquoi Mado devant convier les spectateurs à revenir
le lendemain, va néanmoins leur proposer quelques extraits de Phèdre
quelle est en mesure dassurer seule sur scène !
De fil en aiguille, cest tout son Show qui, avec les moyens du bord,
va défiler devant le public hilare, en improvisant des trucages ou
des adaptations de fortune éloignant quelque peu Jean Racine des
didascalies traditionnelles de sa célèbre tragédie.
Chauffée à blanc, La Mado sexalte à jongler
avec les costumes, les accessoires de scène, les associations
didées et autres jeux de mots plus ou moins ad hoc
.
Façon Guy Bedos corrigé Anne Roumanoff, elle se lancera
même dans une pseudo revue de presse, en sollicitant une pause pour
commenter quelques titres du journal du jour.
Flirtant alors avec les phénomènes sociaux, voire même
les enjeux politiques, la chroniqueuse trouve aisément les portes
de sortie par des pirouettes, mettant les rieurs de son côté
!
Mené au rythme du diable, ce retour aux fondamentaux du spectacle
vivant est, de toutes évidences, la preuve que Mado la niçoise
est entrée dans la cour des Grands.
Jamais très éloignée de son personnage folklorique,
la sympathique Noëlle Perna perce entre les lignes de son texte ciselé
grand public, laissant entrevoir, à son insu, des ressources encore
inexploitées qui pourraient augurer dun large champ
dinvestigation
à creuser par la suite !
Theothea le 15/02/13
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