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Les    Chroniques   de

  

27ème  Saison     Chroniques   27.31   à   27.35    Page  482

 

     

     

       

                   

                 

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MARY SAID WHAT SHE SAID

                 

texte  DARRYL PINCKNEY

mise en scène  ROBERT WILSON

musique  LUDOVICO EINAUDI

avec  ISABELLE HUPPERT

****

     

Espace Cardin / Théâtre de la Ville

      

©  LUCIE JANSCH

             

Si la veille Isabelle, absente de la Cérémonie « Michalik », allait se contenter pour cette édition 2023 d’une nomination de « Comédienne » pour « La ménagerie de Verre », le lendemain toujours bien auréolée de son Molière d’Honneur 2017, l’actrice endosserait à nouveau le charisme de La Reine d’Ecosse en reprise depuis la mi-avril jusque mi-mai à L’Espace Cardin.

Quatre années auparavant, sous la direction de Robert Wilson dans ce même lieu, la création printanière de ce spectacle excentrique avait déjà embrasé le tam-tam culturel.

Le revoici donc à l’affiche après tournée européenne ayant précédé le tout confinement pour un tour de piste sous jauge complète…

C’est donc Darryl Pinckney qui assure le Texte inspiré notamment par Stefan Zweig et Ludovico Einaudi la Musique lancinante, envoûtante et spatialisée, tous ici au service de La Diva qui, dans quelques instants, va réapparaître, telle une ombre chinoise incarnée en sorcière onirique, sur la scène proposée par feu Pierre Cardin en vue des très longs travaux engagés par Le Théâtre de la ville.

Tout bruisse dans la salle de l’impatience à observer durant une heure et demie, de façon purement hypnotique, la comédienne française contemporaine la plus emblématique du Cinéma et du Théâtre confondus presque à parts égales de notoriété.

Devant le rideau rouge prêt à s’élever, un petit chien blanc tourne sur lui-même à la recherche effrénée de sa propre queue sur un tableau-écran. Cette scène récurrente annoncerait-elle sinon la couleur sans doute la forme cérébrale de ce qui va suivre ?…

Voici que succédant à l’ascension dans les cintres, baignant maintenant dans une surexposition de transparence lumineuse, s’esquisse une silhouette noire immobile sous l’impulsion d’une musique sidérale annonciatrice de tensions intenses…

C’est elle, sans doute, on la reconnaît à des nuances indiscernables… oui pas d’erreur possible, Isabelle Huppert est là, au centre de la scène, dans un halo de sons et de luminescences indifférenciés laissant surgir une mélopée de mots, pour l’instant, assez peu audibles.

Telle une mécanique improbable se mettant progressivement en spirale, cette scénographie apparemment statique va laisser transparaître d’imperceptibles évolutions d’une lenteur abyssale mais peu à peu vérifiables à l’œil en quête du moindre frémissement optique alors que le vrombissement extatique, lui, s’amplifie par des va-et-vient cadencés.

Cependant, le temps passant en éternités insaisissables, la forme statufiée s’avance inexorablement vers nous spectateurs focalisés sur la fantomatique apparition sculptée au féminin vintage.

La gestuelle saccadée de pantin animé par des forces occultes se transmet également par des logorrhées à rythmes virevoltant au gré de compressions accélérées autant que par des articulations ralenties jusqu’à l’arrêt sur image syllabique.

Comme un poème visuel et acoustique tout à la fois, la pythie se dresse, se cambre et caracole dans une chorégraphie à déboussoler les derviches tourneurs alors qu’elle trace désormais dans une quête devenue incessante des diagonales de folie selon une automaticité robotique à faire pâlir le maestro des Temps Modernes.

Mary ne laisse d’ailleurs sa place à personne pour le soin de dupliquer son image au point que le temps de visualiser son clone en une symétrie inversée, aucune trace ne restera de ces instants d’hallucination collective où le spectateur sera en droit de douter a posteriori puisque personne n’accompagne Isabelle Huppert aux saluts dithyrambiques pas plus qu’à tête reposée (pour ne pas dire tranchée) au générique ou au casting.

Ce spectacle d’enfer à la beauté sépulcrale dont le baisser du rideau de scène pourrait faire disparaître à jamais l’égérie qu’elle soit d’Ecosse ou de France, ne peut trouver son absolution radicale que dans la performance d’une actrice pleinement consciente que le lendemain soir, c’est bien elle, en monstre de Mary qui, sous la hache, sera de nouveau condamnée à l’heure de la représentation théâtrale assumée jusqu’à l’indicible.

Theothea le 27/04/23                              

 

           

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GLENN NAISSANCE D'UN PRODIGE

« Glenn Naissance d’un Prodige » avec ses deux formidables révélations Molières au Splendid

                 

de & mise en scène   Ivan Calberac   

avec  Josiane Stoleru ou Raphaëline Goupilleau, Bernard Malaka, Thomas Gendronneau, Lison Pennec, Benoit Tachoires ou Michel Scotto Di Carlo et Stéphane Roux.

****

     

Théâtre Le Splendid

      

©  Fabienne RAPPENEAU

         

A la suite de sa création au Festival d’Avignon et de sa résidence au Petit Montparnasse, la pièce d'Ivan Calbérac cartonne au Splendid arborant fièrement ses six nominations aux Molières dont deux trophées obtenus.

Bien sûr tout le monde connaît le nom de Glenn Gould mais sait-on que cet illustre musicien est, avant tout, le produit artistique du transfert reporté sur l'enfant unique mis au monde par une femme de 43 ans, elle-même frustrée de ne pas être la concertiste qu'elle rêvait de devenir ?

Le désir de cette mère s’exerce ici dans sa composante obsessionnelle, tel un véritable conditionnement prénatal, à vouloir faire de son fils une reviviscence de Tchaïkovski. Aussi exposait-elle le fœtus toute la journée à la musique de la radio et du phonographe. Elle avait l’intuition qu’en chantant et jouant du piano pour lui, son cerveau s’habituerait progressivement à la musique classique.

C'est cet amour filial vampirique et fusionnel qui intéresse avant tout Ivan Calbérac en observant comment la projection névrotique de Flora Gould allait générer un ''monstre sacré'' englué de ses affects ressentis durant l'enfance.

La volonté sans faille de la Mère, sa rigidité morale ont eu pour effet de réduire l’enfant à se construire selon un système d’automatismes que le moindre aléa pouvait venir dérégler. Ses habitudes alimentaires deviendront monomaniaques. Sa peur de prendre froid l'amènera à se couvrir de fourrures même quand il faisait très chaud; une forme d’autisme l’isolera des autres enfants de son âge.

A partir de l'annonce de la mort de Glenn Gould le 4 octobre 1982 à l’âge de cinquante ans par le présentateur de radio Canada (avec l’accent canadien de Stéphane Roux plus vrai que nature), la pièce fait de multiples retours en arrière dans l’enfance, la jeunesse, les souvenirs liés à la cousine Jessie, les concerts, les studios d’enregistrement, les conflits avec les imprésarios.

Tout commence par Madame Gould mère incarnée par la formidable et glaçante Josiane Stoléru assise, telle une ombre chinoise, devant le piano alors que l'enfant est en gestation, puis le tenant sur ses genoux toujours devant l'instrument. A l'âge de 3 ans, l'apprentissage rigoureux est rapidement tourné vers les grands classiques, on découvre que Gould a l'oreille absolue (aptitude à identifier ou à reproduire n'importe quelle note prise isolément), à 10 ans, il joue les Préludes et fugues de Bach mais aussi des Sonates de Mozart ou des Valses de Chopin.

A 15 ans, il apparaît sur scène, écharpe autour du cou, vêtu d'un gros pull, ressuscité magistralement par Thomas Gendronneau qui surprend d'emblée tellement il s'est emparé des phobies de l'atypique musicien tout en faisant l'admiration de sa bienveillante et douce cousine aux yeux amourachés interprétée par Lison Pennec.

Tous deux tentent de se confier mutuellement, lui fébrile et introverti raconte que sa mère au piano l’envoyait tout petit à l’autre bout de la maison. Elle jouait une note, il devait la reconnaître, l’identifier musicalement, dire son nom. S’il se trompait, il n’avait pas le droit de revenir et restait enfermé dans les toilettes froides. Les deux comédiens sont formidables dans leur complicité entremêlée avec, de surcroît, pour l'adolescent, la crainte maladive des contacts physiques et des microbes.

Cependant, cette proximité familiale sera bannie par la daronne qui contrôle tout et la jeune fille est toujours éconduite au prétexte qu'elle nuirait au génie du fiston.

Leur étonnante prestation sera donc auréolée par le Molière de la Révélation masculine pour Thomas Gendronneau terriblement hypnotisant et le Molière de la Révélation féminine pour Lison Pennec lors de la cérémonie du 24 avril 2023 orchestrée par Alexis Michalik.

Le père, à la tête d’une entreprise de laines et fourrures assez florissante, assure l’aisance économique de la famille et n'intervient guère dans l'apprentissage rigoriste de sa femme.

Même lorsque la mère dort avec son fils, Bernard Malaka qui, lui, interprète avec une joviale finesse ce père compatissant suggère mollement et un brin moqueur à sa femme que leur fils a désormais 15 ans mais, avec un air faussement innocent, Josiane Stoléru balaie le soupçon d'inceste et le sermonne en prétextant qu'on doit avant tout répondre à l'anxiété du gamin quand celui-ci n'arrive pas à s'endormir.

C'est ce père faible et aimant qui fabriquera l’indissociable chaise aux pieds réglables qui permettra à Gould de s’ajuster exactement à l’instrument en fonction du morceau qu’il a à jouer, de l’inclinaison qui lui était nécessaire par rapport au clavier. Cette chaise qu'il gardera sa vie entière assurait la position basse, menton au clavier, buste ployé, creusé, ramassé sur les « doigts collés aux touches ».

Fragile et inadapté à l’univers du show-business, G. Gould est de plus en plus dévoré d'angoisses traitées sur le mode humoristique pour alléger la tragique hypocondrie de l'artiste; ainsi sourit-on à l'épisode de la bourrade téméraire et trop familière d’un employé de Steinway joué par un Benoît Tachoires débonnaire qui provoquera une affolante crise de panique, une cascade d’épisodes phobiques entraînant un bras en plâtre et une longue suite d’annulations de concerts. Thomas Gendronneau est époustouflant dans ce délire paranoïaque.

En 1979, Gould quittera définitivement l’arène stressante des concerts, en pleine gloire, à l’âge de 32 ans, à la plus grande incrédulité des critiques et des agents du marketing musical pour cette décision abrupte et irréversible: préférer le confinement d'un studio et poursuivre sa carrière par le seul truchement des enregistrements, des émissions radiophoniques et des entretiens télévisés, façon inavouée aussi de désobéir à la mère qui voulait qu’il jouât en public. Mais c’était aussi, en le reconstituant sur le système du fantasme, perpétuer le milieu utérin musical d’antan.

« Je crois que la justification de l’art est la combustion interne dont il embrase le cœur de l’homme, et non les manifestations publiques, superficielles, extérieures. » Glenn Gould, 1962.

La scénographie de Juliette Azzopardi utilise des cadres cinématographiques choisis entre différents lieux et époques, naviguant au gré des itinérances de Gould, de sa maison natale à Toronto dans un quartier huppé jusqu’au lieu de villégiature dans la résidence secondaire au bord du lac Simcoe, en passant par New-York sous la neige ou au sein d’une salle d'enregistrement. Les habiles jeux de lumières (Albanel Sauvé) laissent place à l’intimité de la famille Gould précédant le décès de Flora G. à 83 ans.

Ivan Calbérac parle de véritable « tragédie humaine shakespearienne » et nous entraîne dans une mise en scène particulièrement dynamique. La direction d’acteur est rythmée, faisant de la musique un personnage à part entière.

C’est ainsi qu’après avoir longuement plongé et frictionné ses avant-bras dans l'eau chaude pour les assouplir, les mains gantées de Thomas/Glenn jouent-elles une partition impressionnante de virtuosité sur les Variations de Bach, telle une respiration salvatrice et poignante au sein de la souffrance psychique exacerbée...

Cat’s / Theothea.com le 07/05/23    

                                 

           

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