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SCARLETT O' HARA
& MONSTRE SACRE
De Caroline Silhol « Scarlett OHara » à
Renata Litvinova « Monstre Sacré »... Être & avoir
été !
de Marcy
Lafferty
mise en scène
Anne Bourgeois
avec Caroline
Silhol
|
****
Théâtre de Poche
Montparnasse
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©
Theothea.com
La concomitance des deux pièces à Paris en ce printemps
2025 se présente comme un signe des temps, celui de la nostalgie en
uvre dans linconscient collectif cherchant à retrouver
le parfum dun passé à jamais perdu dans la reviviscence
dun ressenti néanmoins plein despoirs !...
Avec le « Seule en Scène » de Caroline Silhol selon
une conférence de presse ultime fictive, cest la carrière
de Vivien Leigh que nous revisitons puisque la création eut lieu en
2009 sous la mise en scène de Michel Fagadau alors quAnne Bourgeois
dirige la reprise actuelle.
Selon une grande maîtrise séductrice, la comédienne
est au faîte de lArt en composant les multiples expressions de
son visage au prorata dun réalisme fascinant et
déterminé.
Alors que Vivien Leigh avait triomphé mondialement entre autres
pour sa célèbre interprétation de Scarlett O Hara
dans « Autant en emporte le vent », voici la Vedette hollywoodienne
peu à peu emportée par les fluctuations de sa bipolarité
ainsi que par une tuberculose chronique; cest cette lente mais inexorable
descente aux enfers que Caroline campe sur la scène intime du Poche
Montparnasse dans une lumière translucide accompagnant la progression
des tourments.
Même si, par exemple, « Un Tramway nommé désir
» put assouvir un temps sa soif des planches et renforça
dautant plus sa notoriété, cest dans la frustration
permanente des rôles qui lui échappèrent que lactrice
britannique vivait au quotidien avec linquiétude parallèle
omniprésente de perdre lAmour de son mari Laurence Olivier.
Loin du glamour présupposé, lartiste isolée
dans sa paranoïa au diapason de son double rayonnante parce que
distanciée, les deux femmes semblent se battre ensemble contre des
fantômes insaisissables et toxiques... alors que « Vivien »
comme « Caroline » nous apparaissent avec évidence telles
de véritables « Stars » certes hors du temps réel
mais assumées et réunies sous la magie du Théâtre
vivant. Applaudissements garantis.
Theothea le 02/05/25 (suite de la chronique
dans "Monstre Sacré")
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SCARLETT O' HARA &
MONSTRE SACRE
De Caroline Silhol « Scarlett OHara » à
Renata Litvinova « Monstre Sacré »... Être & avoir
été !
de
Renata Litvinova
mise en scène
Renata
Litvinova
avec
Renata Litvinova,
Nicolas Briançon,
Alexis Macquart, Elena Terenteva, Pierre-Alain Leleu & Valeria Nicov
|
***.
Théâtre Hébertot |
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©
Theothea.com
(Suite de la chronique "Scarlett O'Hara)
De lautre côté du spectre, voici que surgit Le «
Monstre Sacré » slave inattendu sous mission de rendre hommage
à lâge dor du Cinéma tout en se focalisant
sur « Sunset Boulevard » et en conséquence Billy Wilder.
Cest donc ainsi que Renata Litvinova, immigrée politique
Russe débarquée à Paris depuis 2022 dans une seconde
vie à la suite de sa carrière charismatique sous les feux de
la rampe à Moscou, entend se mettre en réserve dun retour
triomphant dans sa langue natale et la culture Russe quelle programme
virtuellement en un magistral clin dil prémonitoire à
la fois dramatique et nécessairement humoristique.
Tout à la fois actrice, metteuse en scène et scénariste,
la voilà qui, admirative sans limite du chef duvre
cinématographique hollywoodien souhaite en refonder la destinée
par un remake décalé mais fidèle à la trame et
à lenjeu originels.
Ainsi frustrée dêtre tenue à lécart
de ses prérogatives de tête daffiche en son royaume
légitime, voilà La Star exilée qui, dans une production
exceptionnelle de 7 représentations au Théâtre
Hébertot, en partenariat avec Balenciaga pour des costumes
fantasmagoriques spécifiques et uniques pour chacune de ces sessions,
simmerge dans la névrose obsessionnelle directement clonée
sur lhéroïne déchue de Billy Wilder...
Sous les auspices dun scénario que celle-ci a rédigé
elle-même, la quête de retrouver son public va devoir
sadjoindre le talent dun adaptateur dont elle va senticher
mais sans réciprocité...
A ce stade, nous ne spolierons pas davantage le film culte encore moins
la pièce sarcastique de La Litvinova adaptée en la circonstance
par Nicolas Briançon mais, de fait, nous apercevons déjà
au loin les lignes de force qui pourraient relier les deux grandes
comédiennes Française & Russe clôturant en cette
fin mai 2025 leurs magnifiques prestations respectives sur les planches
parisiennes au travers du défi périlleux osant « Être
et avoir été » tellement jubilatoire à transgresser...
mais sans doute pour mieux en célébrer à rebours le
« Carpe diem ».
Cest ainsi que vibrer au diapason de limaginaire grâce
à la force créatrice et au miracle de la Mémoire
savérerait davantage performant plutôt que d'en tenter
une réactualisation objective similaire forcément vaine dans
son essence devenue inaccessible... à l'instar des deux magistrales
actrices en quête existentielle sur l'évanescence d'éclipse
en trompe-l'oeil.
Theothea le 02/05/25
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L'INJUSTE
« LInjuste » Jacques Weber & Zineb Triki
- Jeu de rôles essentialisé sous antagonisme géopolitique.
de
Alexandre Amiel, Yaël Berdugo, Jean-Philippe Daguerre & Alexis
Kebbas
mise en scène
Julien Sibre
avec Jacques Weber & Zineb Triki
|
***.
Théâtre de La Renaissance |
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© Jonty Champelovier
Là où lhistorien Pierre Péan concluait en 1997
son documentaire « Lextrémiste - François Genoud,
de Hitler à Carlos » commence la pièce de Théâtre
dAlexandre Amiel concernant ce même personnage de lombre,
cest-à-dire précisément au moment des accords
dOslo signés en 1993 et célébrés en
présence de Yitzhak Rabin & Yasser Arafat à La Maison Blanche
sous la présidence de Bill Clinton.
Cette période la plus faste pour une cohabitation projetée
de deux états autonomes, Israélien et Palestinien, constitue
donc le cadre géopolitique de cette dramaturgie purement fictive mettant
en scène dans un huis clos apparenté à un bunker, ce
banquier suisse acquis dès sa jeunesse au National socialisme
interviewé, au soir de sa vie mais désormais en retraite des
manigances, par une journaliste juive Israélienne nourrissant
lespoir de pouvoir constituer un dossier daccusation documenté
à lintention du tribunal International.
En effet, si tout au long de ses soutiens financiers et relationnels avec
des causes militantes factieuses au cours du XXème siècle,
François Genoud semble avoir fait carrière dengagements
jusquau-boutistes avérés, celui-ci naura
étrangement jamais fait lobjet de condamnations judiciaires
alors même que ses collaborateurs eux auront souvent été
assassinés.
Cette protection quasi magique autour de sa personnalité pourrait
être due, selon Pierre Péan, à un calcul pragmatique
des différentes autorités administratives et politiques mondiales
pensant que ce personnage opportuniste leur était beaucoup plus utile
vivant que mort.
Devenu détenteur des droits dauteur concernant danciens
haut responsables Nazis, les sommes recueillies lui permirent de financer
de nombreuses luttes avec lesquelles il entra successivement en résonance.
Fidèle en amitiés contractées, il ny avait pour
lui aucune limite à sa solidarité active.
Prenant alors le relais de ce récit factuel historique, le dramaturge
Alexandre Amiel sentoure à son tour de trois co-auteurs, Yaël
Berdugo, Jean-Philippe Daguerre & Alexis Kebb dans la perspective de
sensibiliser les spectateurs à lenjeu de justice due aux victimes
ainsi tombées sous les projets terroristes de renversements de pouvoirs
étatiques en place.
Souhaitant en loccurrence susciter une forte attention du public,
la pièce adopte le ton dun thriller qui structure par étapes
la dialectique manichéenne engagée entre la journaliste et
lextrémiste.
Par exemple, celui-ci bien renseigné sur lhistoire intime
et familiale de son interlocutrice, non dénuée de contradictions,
saura la déstabiliser à plusieurs reprises sous forme de chantage,
pression et autre intimidation fort à propos.
Celle-là aura néanmoins, en retour, la satisfaction de pouvoir
lui remettre un cadeau très symbolique synthétisant à
lui seul le grief collectif de la société humaine choquée
par limpunité.
Jacques Weber, à limage de sa propension à savoir
distiller le soufre dans son interprétation de personnages shakespeariens
voire même au gré dun texte de BHL dix années
auparavant « Hôtel
Europe », excelle à incarner les postures sarcastiques
quil prête à ce type de rôles non formatés
échappant au consensus normatif.
Sa diction, à nulle autre pareille, semble alors souvent sortir
dun étouffement transgressé en temps réel avec
la volonté datteindre à la vérité cachée
des maux énoncés.
Face au Monstre sacré dont la stature, laplomb et laura
imposent à la salle une sensation de vénération extatique,
une jeune comédienne déjà bien reconnue dans le
métier, prend la succession dElodie Navarre pour ce dernier
mois de représentations au Théâtre de La Renaissance.
Ainsi Zineb Triki renvoie une posture digne, impassible et
déterminée pour cerner avec classe la force démoniaque
en uvre dans ce huis clos d'un combat ultime qui opposerait entre elles
les convictions de '' fors intérieurs '' sans qu'aucune entente ne
puisse être envisageable.
Theothea le 14/05/25
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LA MALEDICTION DU
CYGNE
« La malédiction du Cygne » flotte insidieuse
sur La Folie Théâtre
de
Anne-Marie Sapse
mise en scène
Frédéric Thérisod
avec La Compagnie du Théâtre du Feu d'Art
(Delphine André, Rosalie Bonneville, Albert Dufer, Julie Léger,
Véronique Multon, Christophe Rouillon & Frédéric
Thérisod)
|
***.
A La Folie Théâtre |
|
© Esther Ségal
Selon la mythologie finlandaise, la légende de Tuonela
délègue au Cygne sacré une influence maléfique
dont le conte dAnne-Marie Sapse sinspire pour dépeindre
la prégnance au sein dune petite communauté vivant
isolée près dun lac et de sa forêt environnante
dans une étrangeté récurrente.
Présentement, voici Ahti (Albert Dufer) sapprêtant
à être envoûté par Elle (Delphine André)
que daucuns percevraient en sorcière tant son comportement asocial
entraverait ses attitudes relationnelles.
Perturbée durablement depuis la mort accidentelle de ses parents,
la rumeur viendrait confirmer que ceux-là auraient précisément
côtoyé le Cygne quelque temps juste auparavant.
Rien ne semble donc pouvoir permettre à Elle deffacer
de ses convictions la mécanique inéluctable dont ceux-ci auraient
été victimes et qui, dailleurs, risquerait de se reproduire
à plus ou moins brève échéance tant les
résidents locaux seraient potentiellement désarmés face
à la fatalité tangible les menaçant en ciblant surtout
ceux qui apportent crédit aux signes avant-coureurs.
Cest pourquoi sa sur Kaisa (Julie Léger) avec
son mari Jan (Christophe Rouillon) sont particulièrement inquiets
du désuvrement dElle quils hébergent
tout en espérant une évolution positive à son obsession.
Mais voilà que la rencontre inopinée dAhti et
dElle va transformer celui-ci en zombi amoureux transi devant
la beauté incarnée, prêt à abandonner Kylliki
(Rosalie Bonneville) sa propre épouse, à son tour
complètement abasourdie par cette brutale et inattendue
répudiation.
Même la mise en garde dAnna (Véronique Multon)
sa mère face à cette liaison totalement irrationnelle restera
vaine au vue des forces gravitationnelles et inéluctables en
présence.
Cependant pour qu Elle accepte lAmour Passion
dAhti, celle-ci réclamera lassurance dêtre
débarrassée du mauvais présage et donc du fameux Cygne
de Tuonela... charge à Ahti dexécuter ce souhait
sine qua non.
Ainsi sous les auspices de la légende celte, le conte de la dramaturge
américaine devra trouver son épilogue entre option totalement
miraculeuse ou à linverse délétère... sous
le regard pleinement tourmenté des proches.
La mise en scène imprègne latmosphère de lourdeur
brumeuse dans laquelle la Nature est censée se draper au cur
de langoisse interactive régissant limaginaire collectif,
y compris donc celui des spectateurs.
Lincarnation du trop-plein en malaise occulte se focalise et se
cristallise sur Elle taciturne et sombre à lopposé
de son inconditionnel amoureux en transe affective débordante.
La destinée glisse alors implacable sur les eaux du Lac quelles
soient impétueuses ou lisses mais bel et bien en marche frontale
résolue vers son présupposé et présomptueux assassin
pour leur fantasque rencontre en apothéose.
Elle ayant pris ses distances en orbite sidérale, ses cinq
partenaires accompagnent son interprétation avec superbe au plus
près du mal insidieux qui la ronge de lintérieur... sans
pour autant les épargner ni les protéger eux-mêmes de
ce maléfique « Signe des Temps ».
Theothea le 23/05/25
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LE BONHEUR CONJUGAL
« Le Bonheur conjugal» Tolstoï sous partition
amoureuse désenchantée au Poche Montparnasse
de
Léon Tolstoï
mise en scène
Françoise Petit
avec Anne Richard, Nicolas Chevereau &
Jean-François Balmer
|
***.
Théâtre de
Poche-Montparnasse |
|
© Sébastien Toubon
La sonate '' Quasi una fantasia '' de Beethoven impeccablement
interprétée par le pianiste Nicolas Chevereau accompagnera
par intermittence et tout au long de la pièce les émotions
de Macha, de ses exaltations de jeune fille de 17 ans à ses sentiments
enflammés pour un homme plus âgé, de son lyrisme fougueux
jusqu'à sa perceptible et progressive désillusion du bonheur
dans le mariage.
Dans l'atmosphère ouatée du théâtre de Poche
Montparnasse, le public est installé en demi-cercle autour d'une
scène dépouillée située devant un panneau peint
de Gaël Davrinche représentant un verger plein d'arbres en fleurs
telle une cerisaie Tchekhovienne, celle, ici, du grand domaine familial de
Macha issue de la petite noblesse russe. Cette dernière, enveloppée
dans un châle, fera son entrée à pas feutrés dans
la pénombre, une lanterne à la main.
Macha est la fiévreuse héroïne du court roman '' Le
Bonheur conjugal '' de Léon Tolstoï écrit en 1859 quand
il avait trente ans, bien avant ses grandes oeuvres telles '' Guerre et Paix
'' ou '' Anna Karénine ''. Elle y expose à la première
personne ses propres états d'âme avec une finesse d'analyse
et une acuité psychologique exceptionnelles, retraçant les
étapes de sa vie, ses espoirs et ses déceptions avec une
délicate lucidité.
Anne Richard, comédienne suisse, s'empare de ce récit plein
de confidences en le nuançant en fonction des ressentis. Elle incarne
avec vivacité cette Macha orpheline avec sa soeur Sonia, dont l'envie
de vivre est intense. Seule face aux spectateurs, elle oralise son journal
intime, instille les frémissements amoureux quand elle découvre
son inclination pour l'ami de son père, tuteur de la famille,
l'aristocrate Sergueï Mikhaïlitch, de vingt ans son aîné,
qu'elle admire et encense.
Elle éclate de joie lorsque ce dernier lui propose de l'épouser,
virevolte de bonheur quand il accepte de s'installer à
Saint-Pétersbourg, elle qui aspire tant à la vie mondaine.
Ils fréquenteront les salons, elle dansera et sera courtisée,
n'est-elle pas la plus belle ?
Elle nous emporte dans un tourbillon de jouvence, lequel, avec le temps
qui passe, va se déliter au fur et à mesure des notes de piano
égrénées, des mouvements impétueux exprimant
les émotions palpables au rythme funèbre et lent soulignant
la lassitude de la ville bouillonnante pour Sergueï, la jalousie qui
s'en mêle, les désirs qui s'entrechoquent et un fossé
qui se fissure crescendo entre eux.
Le retour à la campagne préconisé par l'homme
fatigué du tumulte sera comme la reviviscence d'un nouvel ordonnancement
des sentiments, une résignation pour l'épouse
désenchantée à une plénitude affective plus mature,
une forme de bonheur conjugal plus stable mais empreinte du désespoir
Tolstoïen sur l'érosion des passions au fil du temps. Anne Richard
prendra la place de Nicolas Chevereau un très court instant pour
asséner violemment quelques fausses notes sur le piano placé
à jardin traduisant ainsi tout le dépit de Macha.
La comédienne relève le défi de moduler sa voix pour
communiquer les émois de Macha et de l'alterner avec des accents plus
graves pour exprimer ceux de Sergueï qui n'apparaît furtivement
qu'en ombre chinoise chapeautée et glissée dans un grand manteau
gris. Ce rôle muet est confié au comédien Jean-François
Balmer, fidèle compagnon de Françoise Petit ayant mis en
scène ce bijou slave.
Son adaptation pleine de finesse de la lumineuse nouvelle de Tolstoï
est au diapason de l'âme russe, romantique, mélancolique et
fatalement tourmentée par les déboires conjugaux et les
renoncements.
CatS / Theothea.com le 03/06/25
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