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Les    Chroniques   de

  

29ème  Saison     Chroniques   29.26   à   29.30    Page  495

 

       

     

       

                   

                 

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SCARLETT O' HARA & MONSTRE SACRE

De Caroline Silhol « Scarlett O’Hara » à Renata Litvinova « Monstre Sacré »... Être & avoir été !

                 

de  Marcy Lafferty 

mise en scène  Anne Bourgeois

avec  Caroline Silhol 

****     

     

Théâtre de Poche Montparnasse

      

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La concomitance des deux pièces à Paris en ce printemps 2025 se présente comme un signe des temps, celui de la nostalgie en œuvre dans l’inconscient collectif cherchant à retrouver le parfum d’un passé à jamais perdu dans la reviviscence d’un ressenti néanmoins plein d’espoirs !...

Avec le « Seule en Scène » de Caroline Silhol selon une conférence de presse ultime fictive, c’est la carrière de Vivien Leigh que nous revisitons puisque la création eut lieu en 2009 sous la mise en scène de Michel Fagadau alors qu’Anne Bourgeois dirige la reprise actuelle.

Selon une grande maîtrise séductrice, la comédienne est au faîte de l’Art en composant les multiples expressions de son visage au prorata d’un réalisme fascinant et déterminé.

Alors que Vivien Leigh avait triomphé mondialement entre autres pour sa célèbre interprétation de Scarlett O’ Hara dans « Autant en emporte le vent », voici la Vedette hollywoodienne peu à peu emportée par les fluctuations de sa bipolarité ainsi que par une tuberculose chronique; c’est cette lente mais inexorable descente aux enfers que Caroline campe sur la scène intime du Poche Montparnasse dans une lumière translucide accompagnant la progression des tourments.

Même si, par exemple, « Un Tramway nommé désir » put assouvir un temps sa soif des planches et renforça d’autant plus sa notoriété, c’est dans la frustration permanente des rôles qui lui échappèrent que l’actrice britannique vivait au quotidien avec l’inquiétude parallèle omniprésente de perdre l’Amour de son mari Laurence Olivier.

Loin du glamour présupposé, l’artiste isolée dans sa paranoïa au diapason de son double rayonnante parce que distanciée, les deux femmes semblent se battre ensemble contre des fantômes insaisissables et toxiques... alors que « Vivien » comme « Caroline » nous apparaissent avec évidence telles de véritables « Stars » certes hors du temps réel mais assumées et réunies sous la magie du Théâtre vivant. Applaudissements garantis.  

Theothea le 02/05/25    (suite de la chronique dans "Monstre Sacré")

     

                      

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SCARLETT O' HARA & MONSTRE SACRE

De Caroline Silhol « Scarlett O’Hara » à Renata Litvinova « Monstre Sacré »... Être & avoir été !

                 

de  Renata Litvinova 

mise en scène  Renata Litvinova 

avec  Renata Litvinova, Nicolas Briançon, Alexis Macquart, Elena Terenteva, Pierre-Alain Leleu & Valeria Nicov 

***.     

     

Théâtre Hébertot

      

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(Suite de la chronique "Scarlett O'Hara)

       

De l’autre côté du spectre, voici que surgit Le « Monstre Sacré » slave inattendu sous mission de rendre hommage à l’âge d’or du Cinéma tout en se focalisant sur « Sunset Boulevard » et en conséquence Billy Wilder.

C’est donc ainsi que Renata Litvinova, immigrée politique Russe débarquée à Paris depuis 2022 dans une seconde vie à la suite de sa carrière charismatique sous les feux de la rampe à Moscou, entend se mettre en réserve d’un retour triomphant dans sa langue natale et la culture Russe qu’elle programme virtuellement en un magistral clin d’œil prémonitoire à la fois dramatique et nécessairement humoristique.

Tout à la fois actrice, metteuse en scène et scénariste, la voilà qui, admirative sans limite du chef d’œuvre cinématographique hollywoodien souhaite en refonder la destinée par un remake décalé mais fidèle à la trame et à l’enjeu originels.

Ainsi frustrée d’être tenue à l’écart de ses prérogatives de tête d’affiche en son royaume légitime, voilà La Star exilée qui, dans une production exceptionnelle de 7 représentations au Théâtre Hébertot, en partenariat avec Balenciaga pour des costumes fantasmagoriques spécifiques et uniques pour chacune de ces sessions, s’immerge dans la névrose obsessionnelle directement clonée sur l’héroïne déchue de Billy Wilder...

Sous les auspices d’un scénario que celle-ci a rédigé elle-même, la quête de retrouver son public va devoir s’adjoindre le talent d’un adaptateur dont elle va s’enticher mais sans réciprocité...

A ce stade, nous ne spolierons pas davantage le film culte encore moins la pièce sarcastique de La Litvinova adaptée en la circonstance par Nicolas Briançon mais, de fait, nous apercevons déjà au loin les lignes de force qui pourraient relier les deux grandes comédiennes Française & Russe clôturant en cette fin mai 2025 leurs magnifiques prestations respectives sur les planches parisiennes au travers du défi périlleux osant « Être et avoir été » tellement jubilatoire à transgresser... mais sans doute pour mieux en célébrer à rebours le « Carpe diem ».

C’est ainsi que vibrer au diapason de l’imaginaire grâce à la force créatrice et au miracle de la Mémoire s’avérerait davantage performant plutôt que d'en tenter une réactualisation objective similaire forcément vaine dans son essence devenue inaccessible... à l'instar des deux magistrales actrices en quête existentielle sur l'évanescence d'éclipse en trompe-l'oeil.

Theothea le 02/05/25   

                 

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L'INJUSTE

« L’Injuste » Jacques Weber & Zineb Triki - Jeu de rôles essentialisé sous antagonisme géopolitique.

                 

de   Alexandre Amiel, Yaël Berdugo, Jean-Philippe Daguerre & Alexis Kebbas 

mise en scène  Julien Sibre 

avec  Jacques Weber & Zineb Triki   

***.     

     

Théâtre de La Renaissance

      

© Jonty Champelovier

   

Là où l’historien Pierre Péan concluait en 1997 son documentaire « L’extrémiste - François Genoud, de Hitler à Carlos » commence la pièce de Théâtre d’Alexandre Amiel concernant ce même personnage de l’ombre, c’est-à-dire précisément au moment des accords d’Oslo signés en 1993 et célébrés en présence de Yitzhak Rabin & Yasser Arafat à La Maison Blanche sous la présidence de Bill Clinton.

Cette période la plus faste pour une cohabitation projetée de deux états autonomes, Israélien et Palestinien, constitue donc le cadre géopolitique de cette dramaturgie purement fictive mettant en scène dans un huis clos apparenté à un bunker, ce banquier suisse acquis dès sa jeunesse au National socialisme interviewé, au soir de sa vie mais désormais en retraite des manigances, par une journaliste juive Israélienne nourrissant l’espoir de pouvoir constituer un dossier d’accusation documenté à l’intention du tribunal International.

En effet, si tout au long de ses soutiens financiers et relationnels avec des causes militantes factieuses au cours du XXème siècle, François Genoud semble avoir fait carrière d’engagements jusqu’au-boutistes avérés, celui-ci n’aura étrangement jamais fait l’objet de condamnations judiciaires alors même que ses collaborateurs eux auront souvent été assassinés.

Cette protection quasi magique autour de sa personnalité pourrait être due, selon Pierre Péan, à un calcul pragmatique des différentes autorités administratives et politiques mondiales pensant que ce personnage opportuniste leur était beaucoup plus utile vivant que mort.

Devenu détenteur des droits d’auteur concernant d’anciens haut responsables Nazis, les sommes recueillies lui permirent de financer de nombreuses luttes avec lesquelles il entra successivement en résonance. Fidèle en amitiés contractées, il n’y avait pour lui aucune limite à sa solidarité active.

Prenant alors le relais de ce récit factuel historique, le dramaturge Alexandre Amiel s’entoure à son tour de trois co-auteurs, Yaël Berdugo, Jean-Philippe Daguerre & Alexis Kebb dans la perspective de sensibiliser les spectateurs à l’enjeu de justice due aux victimes ainsi tombées sous les projets terroristes de renversements de pouvoirs étatiques en place.

Souhaitant en l’occurrence susciter une forte attention du public, la pièce adopte le ton d’un thriller qui structure par étapes la dialectique manichéenne engagée entre la journaliste et l’extrémiste.

Par exemple, celui-ci bien renseigné sur l’histoire intime et familiale de son interlocutrice, non dénuée de contradictions, saura la déstabiliser à plusieurs reprises sous forme de chantage, pression et autre intimidation fort à propos.

Celle-là aura néanmoins, en retour, la satisfaction de pouvoir lui remettre un cadeau très symbolique synthétisant à lui seul le grief collectif de la société humaine choquée par l’impunité.

Jacques Weber, à l’image de sa propension à savoir distiller le soufre dans son interprétation de personnages shakespeariens voire même au gré d’un texte de BHL dix années auparavant « Hôtel Europe », excelle à incarner les postures sarcastiques qu’il prête à ce type de rôles non formatés échappant au consensus normatif.

Sa diction, à nulle autre pareille, semble alors souvent sortir d’un étouffement transgressé en temps réel avec la volonté d’atteindre à la vérité cachée des maux énoncés.

Face au Monstre sacré dont la stature, l’aplomb et l’aura imposent à la salle une sensation de vénération extatique, une jeune comédienne déjà bien reconnue dans le métier, prend la succession d’Elodie Navarre pour ce dernier mois de représentations au Théâtre de La Renaissance.

Ainsi Zineb Triki renvoie une posture digne, impassible et déterminée pour cerner avec classe la force démoniaque en œuvre dans ce huis clos d'un combat ultime qui opposerait entre elles les convictions de '' fors intérieurs '' sans qu'aucune entente ne puisse être envisageable.

Theothea le 14/05/25

                 

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LA MALEDICTION DU CYGNE

« La malédiction du Cygne » flotte insidieuse sur La Folie Théâtre

                 

de  Anne-Marie Sapse 

mise en scène  Frédéric Thérisod   

avec La Compagnie du Théâtre du Feu d'Art (Delphine André, Rosalie Bonneville, Albert Dufer, Julie Léger, Véronique Multon, Christophe Rouillon & Frédéric Thérisod)  

***.     

     

A La Folie Théâtre

      

© Esther Ségal

        

Selon la mythologie finlandaise, la légende de Tuonela délègue au Cygne sacré une influence maléfique dont le conte d’Anne-Marie Sapse s’inspire pour dépeindre la prégnance au sein d’une petite communauté vivant isolée près d’un lac et de sa forêt environnante dans une étrangeté récurrente.

Présentement, voici Ahti (Albert Dufer) s’apprêtant à être envoûté par Elle (Delphine André) que d’aucuns percevraient en sorcière tant son comportement asocial entraverait ses attitudes relationnelles.

Perturbée durablement depuis la mort accidentelle de ses parents, la rumeur viendrait confirmer que ceux-là auraient précisément côtoyé le Cygne quelque temps juste auparavant.

Rien ne semble donc pouvoir permettre à Elle d’effacer de ses convictions la mécanique inéluctable dont ceux-ci auraient été victimes et qui, d’ailleurs, risquerait de se reproduire à plus ou moins brève échéance tant les résidents locaux seraient potentiellement désarmés face à la fatalité tangible les menaçant en ciblant surtout ceux qui apportent crédit aux signes avant-coureurs.

C’est pourquoi sa sœur Kaisa (Julie Léger) avec son mari Jan (Christophe Rouillon) sont particulièrement inquiets du désœuvrement d’Elle qu’ils hébergent tout en espérant une évolution positive à son obsession.

Mais voilà que la rencontre inopinée d’Ahti et d’Elle va transformer celui-ci en zombi amoureux transi devant la beauté incarnée, prêt à abandonner Kylliki (Rosalie Bonneville) sa propre épouse, à son tour complètement abasourdie par cette brutale et inattendue répudiation.

Même la mise en garde d’Anna (Véronique Multon) sa mère face à cette liaison totalement irrationnelle restera vaine au vue des forces gravitationnelles et inéluctables en présence.

Cependant pour qu’ Elle accepte l’Amour Passion d’Ahti, celle-ci réclamera l’assurance d’être débarrassée du mauvais présage et donc du fameux Cygne de Tuonela... charge à Ahti d’exécuter ce souhait sine qua non.

Ainsi sous les auspices de la légende celte, le conte de la dramaturge américaine devra trouver son épilogue entre option totalement miraculeuse ou à l’inverse délétère... sous le regard pleinement tourmenté des proches.

La mise en scène imprègne l’atmosphère de lourdeur brumeuse dans laquelle la Nature est censée se draper au cœur de l’angoisse interactive régissant l’imaginaire collectif, y compris donc celui des spectateurs.

L’incarnation du trop-plein en malaise occulte se focalise et se cristallise sur Elle taciturne et sombre à l’opposé de son inconditionnel amoureux en transe affective débordante.

La destinée glisse alors implacable sur les eaux du Lac qu’elles soient impétueuses ou lisses mais bel et bien en marche frontale résolue vers son présupposé et présomptueux assassin pour leur fantasque rencontre en apothéose.

Elle ayant pris ses distances en orbite sidérale, ses cinq partenaires accompagnent son interprétation avec superbe au plus près du mal insidieux qui la ronge de l’intérieur... sans pour autant les épargner ni les protéger eux-mêmes de ce maléfique « Signe des Temps ».

Theothea le 23/05/25

   

                     

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LE BONHEUR CONJUGAL

« Le Bonheur conjugal» Tolstoï sous partition amoureuse désenchantée au Poche Montparnasse

                 

de  Léon Tolstoï 

mise en scène  Françoise Petit   

avec  Anne Richard, Nicolas Chevereau & Jean-François Balmer   

***.        

     

Théâtre de Poche-Montparnasse

      

© Sébastien Toubon

      

La sonate '' Quasi una fantasia '' de Beethoven impeccablement interprétée par le pianiste Nicolas Chevereau accompagnera par intermittence et tout au long de la pièce les émotions de Macha, de ses exaltations de jeune fille de 17 ans à ses sentiments enflammés pour un homme plus âgé, de son lyrisme fougueux jusqu'à sa perceptible et progressive désillusion du bonheur dans le mariage.

Dans l'atmosphère ouatée du théâtre de Poche Montparnasse, le public est installé en demi-cercle autour d'une scène dépouillée située devant un panneau peint de Gaël Davrinche représentant un verger plein d'arbres en fleurs telle une cerisaie Tchekhovienne, celle, ici, du grand domaine familial de Macha issue de la petite noblesse russe. Cette dernière, enveloppée dans un châle, fera son entrée à pas feutrés dans la pénombre, une lanterne à la main.

Macha est la fiévreuse héroïne du court roman '' Le Bonheur conjugal '' de Léon Tolstoï écrit en 1859 quand il avait trente ans, bien avant ses grandes oeuvres telles '' Guerre et Paix '' ou '' Anna Karénine ''. Elle y expose à la première personne ses propres états d'âme avec une finesse d'analyse et une acuité psychologique exceptionnelles, retraçant les étapes de sa vie, ses espoirs et ses déceptions avec une délicate lucidité.

Anne Richard, comédienne suisse, s'empare de ce récit plein de confidences en le nuançant en fonction des ressentis. Elle incarne avec vivacité cette Macha orpheline avec sa soeur Sonia, dont l'envie de vivre est intense. Seule face aux spectateurs, elle oralise son journal intime, instille les frémissements amoureux quand elle découvre son inclination pour l'ami de son père, tuteur de la famille, l'aristocrate Sergueï Mikhaïlitch, de vingt ans son aîné, qu'elle admire et encense.

Elle éclate de joie lorsque ce dernier lui propose de l'épouser, virevolte de bonheur quand il accepte de s'installer à Saint-Pétersbourg, elle qui aspire tant à la vie mondaine. Ils fréquenteront les salons, elle dansera et sera courtisée, n'est-elle pas la plus belle ?

Elle nous emporte dans un tourbillon de jouvence, lequel, avec le temps qui passe, va se déliter au fur et à mesure des notes de piano égrénées, des mouvements impétueux exprimant les émotions palpables au rythme funèbre et lent soulignant la lassitude de la ville bouillonnante pour Sergueï, la jalousie qui s'en mêle, les désirs qui s'entrechoquent et un fossé qui se fissure crescendo entre eux.

Le retour à la campagne préconisé par l'homme fatigué du tumulte sera comme la reviviscence d'un nouvel ordonnancement des sentiments, une résignation pour l'épouse désenchantée à une plénitude affective plus mature, une forme de bonheur conjugal plus stable mais empreinte du désespoir Tolstoïen sur l'érosion des passions au fil du temps. Anne Richard prendra la place de Nicolas Chevereau un très court instant pour asséner violemment quelques fausses notes sur le piano placé à jardin traduisant ainsi tout le dépit de Macha.

La comédienne relève le défi de moduler sa voix pour communiquer les émois de Macha et de l'alterner avec des accents plus graves pour exprimer ceux de Sergueï qui n'apparaît furtivement qu'en ombre chinoise chapeautée et glissée dans un grand manteau gris. Ce rôle muet est confié au comédien Jean-François Balmer, fidèle compagnon de Françoise Petit ayant mis en scène ce bijou slave.

Son adaptation pleine de finesse de la lumineuse nouvelle de Tolstoï est au diapason de l'âme russe, romantique, mélancolique et fatalement tourmentée par les déboires conjugaux et les renoncements.

Cat’S / Theothea.com le 03/06/25  

                   

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