Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

19ème  Saison     Chroniques   19.06   à   19.10    Page  358

 

 

             

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photo Isabelle Georges et Frederik Steenbrink ©   Francois Darmigny

       

 

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LES NEGRES

de Jean Genet  

mise en scène Bob Wilson

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Théâtre de l'Odéon

Tel   01 44 85 40 40

                    

      photo © Lucie Jansch

   

Serait-ce par hasard que Bob Wilson soit devenu l’une des figures emblématiques du Festival d’automne?

Que nenni, puisque qu’en parlant directement à l’intuition sensible du public grâce à son sens de l’esthétisme à couper le souffle, le dramaturge américain conquiert, à chaque fois, le spectateur qui aiguise tous ses sens artistiques dans une aspiration récurrente au renouveau.

Faisant, ainsi, la part belle à la musique, à la danse, à la lumière et aux couleurs, c’est en sculpteur de créativité scénographique que le réalisateur s’empare d’un concept théâtral afin d’en élaborer un superbe produit culturel abouti, doté d’une dynamique spatio-temporelle destinée à rejoindre, à coup sûr, la galaxie des chefs d’œuvre Wilsoniens !

Toutefois, pour éviter tout malentendu, lorsque la source originale est un texte reconnu « ardu » voire contradictoire, d’autant plus écrit par un auteur lui-même apprécié complexe, il serait sans doute préférable de préciser, en l’occurrence: « d’après Jean Genet » !

Sinon, le risque est grand que le spectateur ne puisse jamais dépasser, à son corps défendant, la dichotomie qu’il ressent d’emblée, entre sa méconnaissance relative de l’auteur, d’une part et sa fascination tétanisée pour le metteur en scène, par ailleurs.

Ceci dit, il est vraiment aisé de tomber sous le charme d’un tel spectacle de Music-hall, tant la subtilité des formes et de la gestuelle l’emporte dans un élan rythmique sur toute autre considération rationnelle:

Tout y semble faire sens alors même que l’on ne se sent pas franchement en mesure d’en évaluer la portée.

Dans cet état proche de la sidération empathique, mieux vaut alors décider de neutraliser les pulsions cérébrales résistantes ne pouvant qu’égarer en des impasses absurdes, face à tant de beauté !

D’ailleurs, si Jean Genet revendique le label de « clownerie » pour sa pièce en noir sur blanc, Bob Wilson, lui, sans cesse, se charge bien de nous en rappeler le faux-semblant, durant ces cent minutes oniriques, en faisant « ricaner » ses comédiens quasiment à chacune de leurs répliques selon un véritable arc-en-ciel de tonalités.

Theothea le 06/10/14

                                  

      photo ©  Theothea.com

         

HÔTEL EUROPE

de Bernard Henri-Lévy  

mise en scène  Dino Mustafic 

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Théâtre de l'Atelier

Tel   01 46 06 49 24

                    

      photo ©   Almin Zrno

       

C’est ce soir-là que fut annoncé l’arrêt prématuré de la pièce à la mi-novembre, c’est aussi ce même soir dédié à La Licra que, BHL ayant eu un contretemps, Jacques Weber vint en peignoir, après les saluts, expliciter son incompréhension face à certaines critiques et, en même temps, son enthousiasme face à un texte en prise sur le monde contemporain.

Comment, en effet, approuver que bon nombre de spectateurs potentiels puissent renoncer à apprécier la prestation de Jacques Weber qui, pour la circonstance, a repris un poids proportionnel à sa stature et ainsi, de toutes évidences, des sensations de jeu que son corps devait certainement neutraliser ces derniers temps ?

Comment passer à côté d’une véritable leçon de Théâtre par un acteur en pleine possession de son art, de sa technique et de ses motivations ?

Car, bien entendu, et cela a été disséqué à tort ou à raison par les détracteurs systématiques ou opportunistes de BHL, les idéologies qui s’entrechoquent dans sa pièce peuvent aisément être à l’origine de malaises ou de rejets plus ou moins argumentés, il n’empêche qu’un indéniable cri de colère est sous-jacent à cette démarche intellectuelle et c’est précisément ce cri dont s’est emparé Jacques Weber pour en construire une prestation absolument remarquable selon un style distancié, voire un humour latent, avec palette d’expression infinie en forme d’apothéose du jeu de l’acteur.

Non, ce n’est pas possible que durant le mois à venir où la pièce est donc en sursis au théâtre de l’Atelier, le public puisse continuer de bouder un tel régal de spectacle vivant.

Certes, le prétexte a de quoi décontenancer certains puisqu’il s’agit pour un écrivain, dans le huis clos d’une chambre d’hôtel à Sarajevo, de rédiger, en deux heures, un discours re-fondateur sur l’Europe, alors que les idées les plus contradictoires l’assaillent et que même le quotidien le plus trivial vient le perturber dans sa gestation créatrice, via son ordinateur et son smartphone !

Mais, c’est précisément cette quête chaotique qui, devenant peu à peu, tout à la fois objet et sujet de théâtre en temps réel, va prendre, par surprise, l’ascendant sur toutes autres considérations fussent-elles idéologiques !

En effet, devenu le réel centre d’intérêt de l’écrivain et donc du public, son désarroi chronique voire sa panique devant la page blanche sont en soi constitutifs du projet à venir, nécessairement fondé sur l’ensemble du patrimoine culturel de la civilisation européenne !

Cette pirouette « spirituelle » du dramaturge agit comme un coup de Théâtre dont l’acteur va brillamment faire son miel dans un numéro final de haute volée en bord de scène, au plus près des spectateurs.

De la performance à l’état pur, du grand Théâtre rare ! Vive Jacques Weber !

Theothea le 15 oct. 14      

                                  

      photo ©   Almin Zrno

         

CHERE ELENA

de  LUDMILLA  RAZOUMOVSKAÏA

mise en scène DIDIER LONG

****

Théâtre de Poche Montparnasse

Tel   01 45 44 50 21

                    

      photo ©   Pascal Gely

   

Qu’ils sont joyeux, charmants et tellement attentionnés Lialia, Vitia, Pacha et Volodia, ces quatre lycéens de terminale venant, à l’improviste, au domicile de leur enseignante lui fêter son anniversaire avec bouquet de fleurs et cadeau de cristal.

Elena, médusée devant tant de spontanéité juvénile, est d’abord interloquée mais se ressaisit rapidement en les invitant alors à faire une petite fête improvisée chez elle.

L’étrangeté de la scène apparaît d’emblée en filigrane mais tout un chacun veut se convaincre que la gentillesse, le respect et la bonne éducation existent encore en ce bas monde et qu’il est plutôt réconfortant d’observer des preuves d’affection d’élèves reconnaissants à l’égard de leur professeur.

Cependant une petite musique de vigilance va rapidement poindre en ne cessant de s’amplifier jusqu’à devenir, en définitive, sirène d’avertissement de « danger immédiat ».

Que s’est-il donc passé en ces quelques instants de chaleureuse collation festive pour que leur hôte en vienne ainsi à leur demander de quitter les lieux sur le champ ?

Manipulations, menaces et chantages certes policés sont, en effet, apparus rapidement avec évidence manifeste, comme priorité de leurs motivations déguisées, fort opportunément pour la circonstance, en fallacieux cadeau d’anniversaire.

Comment donc se dégager d’un piège qui se referme inexorablement sur l’enseignante priée de fournir les moyens pour trafiquer des résultats d’examens censés ouvrir sur la poursuite d’études supérieures ?

C’est, bel et bien, la clef du coffre contenant leurs « copies manuscrites » que la bande des quatre est venue chercher afin, pour au moins deux d’entre eux, corriger une destinée leur semblant compromise.

Et pourtant au final, après le drame généralisé, les quatre jeunes gens quitteront, un par un, ce terrible huis clos, en abandonnant délibérément la clef tant convoitée, dans un désintérêt particulièrement troublant.

Qu’étaient-ils donc venus véritablement chercher ? Un passeport pour leur future vie d’adulte ? L’exploit à penser contre eux-mêmes et la société ? Le challenge transgressif ? L’acte gratuit ?

Cette assimilable « Orange mécanique » a été sous le coup de la censure russe durant 4 ans, entre 1983 et 1987.

Depuis, là-bas comme partout où l’on s’interroge sur les tenants et aboutissants de la morale, est admis qu’il est assurément plus pédagogique d’ouvrir la problématique à tous !

Ici, au Théâtre de Poche, Didier Long en assure avec tact, une très élégante direction d’acteurs où Myriam Boyer semble se laisser porter, avec quiétude, par le souffle de la jeunesse côtoyée.

Quant aux quatre, ils rivalisent de talents désinvoltes avec, bien évidemment, une prime au chef de bande, François Deblock… comme en état d’apesanteur charismatique alors que ses trois collègues générationnels, Jeanne Ruff, Gauthier Battoue et Julien Crampon se chargent, avec pertinence complice, de lui « disputer » cette excitante zone d’influences.

Theothea le 10/10/14

                                          

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LES COMBATS D'UNE REINE

de  Grisélidis Réal

mise en scène Françoise Courvoisier

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Théâtre de La Manufacture des Abbesses

Tel   01 42 33 42 03

                    

     photo ©   Augustin Rebetez

   

« Ecrivaine, peintre et prostituée » sont ainsi revendiquées en guise d’épitaphe par Grisélidis Réal, au terme d’une destinée assumée dans la plus grande des libertés de conscience !

Trois comédiennes interprètent trois âges de la vie de cette ambassadrice libertaire, selon trois étapes d’une identité fidèle à elle-même sous trois statuts sociaux différenciés… en l’occurrence à 35, 50 & 75 ans projetés sur scène en des emblèmes respectifs d’incarcération, de prostitution et de maladie.

Et bien évidemment, le tout se distancie dans une autodérision sauvant définitivement de toutes les désillusions jalonnées elles-mêmes, fort heureusement, de rencontres exceptionnelles offertes en prime à un optimisme volontariste.

Voici donc, en passionnée des planches, Judith Magre dont la reconnaissance du public ne fait qu’accroître l’envie d’éternelle jouvence !

Et puis, voilà Françoise Courvoisier, dirigeante d’un théâtre genevois exigeant, osant prendre crânement, à son compte, les oripeaux de la fameuse hétaïre si valeureuse et déterminée.

Enfin, voici Elodie Bordas dans la case prison, presque à contre-emploi, tellement son physique pourrait suggérer une muse romantique à souhait !

Toutes trois se trouvent en situation de lutte séparée mais concomitante sur la scène de la chaleureuse Manufacture des Abbesses, dès l’entrée du public jusqu’aux rappels.

Ce trio chic et choc, au rythme d’une mise en scène les éclairant tour à tour de cour à jardin, se focalise sur des flux d’énergie combative en solidarité avec une sexualité pragmatique qui ne saurait se préoccuper des ligues de vertu mais exclusivement du réel besoin d’amour au sein des relations monnayées ou non.

Cependant, de part et d’autre du sexe assumé jusqu’à l’extrême de ses contradictions, vient se greffer la multiplicité des cancers que la société a le don de secréter à l’infini dans sa réalité carcérale !

C’est pourquoi à l’instar de l’écriture et du style de Grisélidis Réal, le culot réaliste est du côté de ces trois femmes qui, armées d’un langage, tout à la fois châtié et cru, n’en constituent qu’une seule s'érigeant en véritable défense de la nature humaine, tellement humaine !

Theothea le 11/10/14

     

     photo ©   Augustin Rebetez

         

ISABELLE GEORGES CHANTE

Livret  Stéphane Laporte   

mise en scène Anne Boourgeois

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Théâtre Dejazet

Tel   01 48 87 97 34

                    

         photo ©   Francois Darmigny

           

Depuis notre découverte d’Isabelle Georges dans « Chantons sous la pluie » au Théâtre de la Porte Saint-Martin en 2001, nous suivons l’artiste dans tous ses spectacles.

Il faut dire que sa rencontre avec Frederik Steenbrink lui a permis de bénéficier de créations sur mesure, entourée par un groupe de musiciens hors pair.

Ainsi notamment, se sont succédés « Une étoile et moi », « La Frenche Touche », « Padam Padam », « Broadway enchanté » et maintenant « Chante ! » qu’elle vient de créer selon la mise en scène d’Anne Bourgeois au Théâtre Dejazet durant un mois et demi sous les auspices protecteurs de Jean Bouquin.

A chaque fois, la « performeuse » hyper douée a fait démonstration de sa fougue, de son enthousiasme au sein de multiples talents qui restent souvent le seul apanage des artistes outre-Atlantique bien entraînés à toutes les disciplines du Music-Hall.

C’est néanmoins, avec une certaine réserve, que nous avons apprécié son dernier récital, composé de vingt chansons éclectiques quelque peu marquées par la nostalgie et le réalisme du temps qui passe ! Toujours aussi spontanément comique selon sa vivacité coutumière, la chanteuse y réinvente, avec classe, sa prestation de claquettes et nous fait partager ses goûts pour certains standards de notoriété mais également quelques mélodies rares hors des sentiers battus dans la comédie musicale.

Bien entendu, nous demeurons sous le charme de tant de musicalité chorégraphiée par la superbe « show-woman » en plein épanouissement de sa maturité artistique, mais… précisément, ne serait-il pas temps, désormais, de sortir du cocon de son équipe intime habituelle, afin d’affronter, de se mesurer, de s’enrichir auprès d’autres motivations créatrices, bref de renouer avec l’esprit de grands projets artistiques ?

A ce sujet, nous observons sur le dossier de presse actualisé qu’Isabelle Georges sera, en février 2015, Mrs C. dans l’adaptation musicale de 24 h de la vie d’une femme, le roman éponyme de Stefan Zweig.

Alors, la prochaine étape ainsi annoncée sera-t-elle celle de la « renaissance » dans la carrière de cette artiste francophone, hors du commun ?

Theothea le 13/10/14     

                              

       

        photo ©   Francois Darmigny

         

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        photo ©   Victor Tonelli