Les
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19ème
Saison
Chroniques 19.06
à
19.10 Page
358
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LES NEGRES
de Jean Genet
mise en scène
Bob Wilson
|
****
Théâtre de l'Odéon
Tel
01
44 85 40 40
|
Serait-ce par hasard que Bob Wilson soit devenu lune des figures
emblématiques du Festival dautomne?
Que nenni, puisque quen parlant directement à lintuition
sensible du public grâce à son sens de lesthétisme
à couper le souffle, le dramaturge américain conquiert, à
chaque fois, le spectateur qui aiguise tous ses sens artistiques dans une
aspiration récurrente au renouveau.
Faisant, ainsi, la part belle à la musique, à la danse,
à la lumière et aux couleurs, cest en sculpteur de
créativité scénographique que le réalisateur
sempare dun concept théâtral afin den
élaborer un superbe produit culturel abouti, doté dune
dynamique spatio-temporelle destinée à rejoindre, à
coup sûr, la galaxie des chefs duvre Wilsoniens !
Toutefois, pour éviter tout malentendu, lorsque la source originale
est un texte reconnu « ardu » voire contradictoire,
dautant plus écrit par un auteur lui-même apprécié
complexe, il serait sans doute préférable de préciser,
en loccurrence: « daprès Jean Genet »
!
Sinon, le risque est grand que le spectateur ne puisse jamais dépasser,
à son corps défendant, la dichotomie quil ressent
demblée, entre sa méconnaissance relative de lauteur,
dune part et sa fascination tétanisée pour le metteur
en scène, par ailleurs.
Ceci dit, il est vraiment aisé de tomber sous le charme dun
tel spectacle de Music-hall, tant la subtilité des formes et de la
gestuelle lemporte dans un élan rythmique sur toute autre
considération rationnelle:
Tout y semble faire sens alors même que lon ne se sent pas
franchement en mesure den évaluer la portée.
Dans cet état proche de la sidération empathique, mieux
vaut alors décider de neutraliser les pulsions cérébrales
résistantes ne pouvant quégarer en des impasses absurdes,
face à tant de beauté !
Dailleurs, si Jean Genet revendique le label de
« clownerie » pour sa pièce en noir sur blanc,
Bob Wilson, lui, sans cesse, se charge bien de nous en rappeler le faux-semblant,
durant ces cent minutes oniriques, en faisant « ricaner »
ses comédiens quasiment à chacune de leurs répliques
selon un véritable arc-en-ciel de tonalités.
Theothea le 06/10/14
|
HÔTEL EUROPE
de Bernard Henri-Lévy
mise en scène Dino Mustafic
|
****
Théâtre de l'Atelier
Tel
01
46 06 49 24
|
Cest ce soir-là que fut annoncé larrêt
prématuré de la pièce à la mi-novembre, cest
aussi ce même soir dédié à La Licra que, BHL ayant
eu un contretemps, Jacques Weber vint en peignoir, après les saluts,
expliciter son incompréhension face à certaines critiques et,
en même temps, son enthousiasme face à un texte en prise sur
le monde contemporain.
Comment, en effet, approuver que bon nombre de spectateurs potentiels
puissent renoncer à apprécier la prestation de Jacques Weber
qui, pour la circonstance, a repris un poids proportionnel à sa stature
et ainsi, de toutes évidences, des sensations de jeu que son corps
devait certainement neutraliser ces derniers temps ?
Comment passer à côté dune véritable
leçon de Théâtre par un acteur en pleine possession de
son art, de sa technique et de ses motivations ?
Car, bien entendu, et cela a été disséqué
à tort ou à raison par les détracteurs systématiques
ou opportunistes de BHL, les idéologies qui sentrechoquent dans
sa pièce peuvent aisément être à lorigine
de malaises ou de rejets plus ou moins argumentés, il
nempêche quun indéniable cri de colère est
sous-jacent à cette démarche intellectuelle et cest
précisément ce cri dont sest emparé Jacques Weber
pour en construire une prestation absolument remarquable selon un style
distancié, voire un humour latent, avec palette dexpression
infinie en forme dapothéose du jeu de lacteur.
Non, ce nest pas possible que durant le mois à venir où
la pièce est donc en sursis au théâtre de lAtelier,
le public puisse continuer de bouder un tel régal de spectacle
vivant.
Certes, le prétexte a de quoi décontenancer certains
puisquil sagit pour un écrivain, dans le huis clos dune
chambre dhôtel à Sarajevo, de rédiger, en deux
heures, un discours re-fondateur sur lEurope, alors que les idées
les plus contradictoires lassaillent et que même le quotidien
le plus trivial vient le perturber dans sa gestation créatrice, via
son ordinateur et son smartphone !
Mais, cest précisément cette quête chaotique
qui, devenant peu à peu, tout à la fois objet et sujet de
théâtre en temps réel, va prendre, par surprise,
lascendant sur toutes autres considérations fussent-elles
idéologiques !
En effet, devenu le réel centre dintérêt de
lécrivain et donc du public, son désarroi chronique voire
sa panique devant la page blanche sont en soi constitutifs du projet à
venir, nécessairement fondé sur lensemble du patrimoine
culturel de la civilisation européenne !
Cette pirouette « spirituelle » du dramaturge agit
comme un coup de Théâtre dont lacteur va brillamment faire
son miel dans un numéro final de haute volée en bord de
scène, au plus près des spectateurs.
De la performance à létat pur, du grand
Théâtre rare ! Vive Jacques Weber !
Theothea le 15 oct. 14
|
CHERE ELENA
de
LUDMILLA
RAZOUMOVSKAÏA
mise en scène
DIDIER LONG
|
****
Théâtre de Poche
Montparnasse
Tel
01
45 44 50 21
|
Quils sont joyeux, charmants et tellement attentionnés Lialia,
Vitia, Pacha et Volodia, ces quatre lycéens de terminale venant, à
limproviste, au domicile de leur enseignante lui fêter son
anniversaire avec bouquet de fleurs et cadeau de cristal.
Elena, médusée devant tant de spontanéité
juvénile, est dabord interloquée mais se ressaisit rapidement
en les invitant alors à faire une petite fête improvisée
chez elle.
Létrangeté de la scène apparaît
demblée en filigrane mais tout un chacun veut se convaincre
que la gentillesse, le respect et la bonne éducation existent encore
en ce bas monde et quil est plutôt réconfortant
dobserver des preuves daffection délèves
reconnaissants à légard de leur professeur.
Cependant une petite musique de vigilance va rapidement poindre en ne
cessant de samplifier jusquà devenir, en définitive,
sirène davertissement de « danger immédiat
».
Que sest-il donc passé en ces quelques instants de chaleureuse
collation festive pour que leur hôte en vienne ainsi à leur
demander de quitter les lieux sur le champ ?
Manipulations, menaces et chantages certes policés sont, en effet,
apparus rapidement avec évidence manifeste, comme priorité
de leurs motivations déguisées, fort opportunément pour
la circonstance, en fallacieux cadeau danniversaire.
Comment donc se dégager dun piège qui se referme
inexorablement sur lenseignante priée de fournir les moyens
pour trafiquer des résultats dexamens censés ouvrir sur
la poursuite détudes supérieures ?
Cest, bel et bien, la clef du coffre contenant leurs
« copies manuscrites » que la bande des quatre est venue
chercher afin, pour au moins deux dentre eux, corriger une destinée
leur semblant compromise.
Et pourtant au final, après le drame généralisé,
les quatre jeunes gens quitteront, un par un, ce terrible huis clos, en
abandonnant délibérément la clef tant convoitée,
dans un désintérêt particulièrement troublant.
Quétaient-ils donc venus véritablement chercher ?
Un passeport pour leur future vie dadulte ? Lexploit à
penser contre eux-mêmes et la société ? Le challenge
transgressif ? Lacte gratuit ?
Cette assimilable « Orange mécanique » a
été sous le coup de la censure russe durant 4 ans, entre 1983
et 1987.
Depuis, là-bas comme partout où lon sinterroge
sur les tenants et aboutissants de la morale, est admis quil est
assurément plus pédagogique douvrir la problématique
à tous !
Ici, au Théâtre de Poche, Didier Long en assure avec tact,
une très élégante direction dacteurs où
Myriam Boyer semble se laisser porter, avec quiétude, par le souffle
de la jeunesse côtoyée.
Quant aux quatre, ils rivalisent de talents désinvoltes avec, bien
évidemment, une prime au chef de bande, François Deblock
comme en état dapesanteur charismatique alors que ses trois
collègues générationnels, Jeanne Ruff, Gauthier Battoue
et Julien Crampon se chargent, avec pertinence complice, de lui
« disputer » cette excitante zone dinfluences.
Theothea le 10/10/14
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LES COMBATS D'UNE
REINE
de
Grisélidis
Réal
mise en scène
Françoise Courvoisier
|
****
Théâtre
de La Manufacture des Abbesses
Tel
01
42 33 42 03
|
« Ecrivaine, peintre et prostituée » sont ainsi
revendiquées en guise dépitaphe par Grisélidis
Réal, au terme dune destinée assumée dans la plus
grande des libertés de conscience !
Trois comédiennes interprètent trois âges de la vie
de cette ambassadrice libertaire, selon trois étapes dune
identité fidèle à elle-même sous trois statuts
sociaux différenciés
en loccurrence à 35,
50 & 75 ans projetés sur scène en des emblèmes
respectifs dincarcération, de prostitution et de maladie.
Et bien évidemment, le tout se distancie dans une autodérision
sauvant définitivement de toutes les désillusions jalonnées
elles-mêmes, fort heureusement, de rencontres exceptionnelles offertes
en prime à un optimisme volontariste.
Voici donc, en passionnée des planches, Judith Magre dont la
reconnaissance du public ne fait quaccroître lenvie
déternelle jouvence !
Et puis, voilà Françoise Courvoisier, dirigeante dun
théâtre genevois exigeant, osant prendre crânement, à
son compte, les oripeaux de la fameuse hétaïre si valeureuse
et déterminée.
Enfin, voici Elodie Bordas dans la case prison, presque à
contre-emploi, tellement son physique pourrait suggérer une muse
romantique à souhait !
Toutes trois se trouvent en situation de lutte séparée
mais concomitante sur la scène de la chaleureuse Manufacture des Abbesses,
dès lentrée du public jusquaux rappels.
Ce trio chic et choc, au rythme dune mise en scène les
éclairant tour à tour de cour à jardin, se focalise
sur des flux dénergie combative en solidarité avec une
sexualité pragmatique qui ne saurait se préoccuper des ligues
de vertu mais exclusivement du réel besoin damour au sein des
relations monnayées ou non.
Cependant, de part et dautre du sexe assumé jusquà
lextrême de ses contradictions, vient se greffer la
multiplicité des cancers que la société a le don de
secréter à linfini dans sa réalité
carcérale !
Cest pourquoi à linstar de lécriture
et du style de Grisélidis Réal, le culot réaliste est
du côté de ces trois femmes qui, armées dun langage,
tout à la fois châtié et cru, nen constituent
quune seule s'érigeant en véritable défense de
la nature humaine, tellement humaine !
Theothea le 11/10/14
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ISABELLE GEORGES
CHANTE
Livret Stéphane Laporte
mise en scène
Anne Boourgeois
|
****
Théâtre Dejazet
Tel
01
48 87 97 34
|
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photo © Francois Darmigny
|
Depuis notre découverte dIsabelle Georges dans
« Chantons sous la pluie » au Théâtre de
la Porte Saint-Martin en 2001, nous suivons lartiste dans tous ses
spectacles.
Il faut dire que sa rencontre avec Frederik Steenbrink lui a permis de
bénéficier de créations sur mesure, entourée
par un groupe de musiciens hors pair.
Ainsi notamment, se sont succédés « Une étoile
et moi », « La Frenche Touche »,
« Padam Padam », « Broadway
enchanté » et maintenant « Chante ! »
quelle vient de créer selon la mise en scène dAnne
Bourgeois au Théâtre Dejazet durant un mois et demi sous les
auspices protecteurs de Jean Bouquin.
A chaque fois, la « performeuse » hyper douée
a fait démonstration de sa fougue, de son enthousiasme au sein de
multiples talents qui restent souvent le seul apanage des artistes
outre-Atlantique bien entraînés à toutes les disciplines
du Music-Hall.
Cest néanmoins, avec une certaine réserve, que nous
avons apprécié son dernier récital, composé de
vingt chansons éclectiques quelque peu marquées par la nostalgie
et le réalisme du temps qui passe ! Toujours aussi spontanément
comique selon sa vivacité coutumière, la chanteuse y
réinvente, avec classe, sa prestation de claquettes et nous fait partager
ses goûts pour certains standards de notoriété mais
également quelques mélodies rares hors des sentiers battus
dans la comédie musicale.
Bien entendu, nous demeurons sous le charme de tant de musicalité
chorégraphiée par la superbe « show-woman »
en plein épanouissement de sa maturité artistique, mais
précisément, ne serait-il pas temps, désormais, de sortir
du cocon de son équipe intime habituelle, afin daffronter, de
se mesurer, de senrichir auprès dautres motivations
créatrices, bref de renouer avec lesprit de grands projets
artistiques ?
A ce sujet, nous observons sur le dossier de presse actualisé
quIsabelle Georges sera, en février 2015, Mrs C. dans
ladaptation musicale de 24 h de la vie dune femme, le roman
éponyme de Stefan Zweig.
Alors, la prochaine étape ainsi annoncée sera-t-elle celle
de la « renaissance » dans la carrière de cette
artiste francophone, hors du commun ?
Theothea le 13/10/14
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photo ©
Francois Darmigny
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