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UNE PIECE ESPAGNOLE
de Yasmina
Reza
mise en scène
Luc Bondy
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****
Théâtre de la Madeleine
Tel: 01 42 65 07 09
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Bonne nouvelle!.... Depuis près de quatre mois, "Une pièce
espagnole" s'est pérennisée au théâtre de La
Madeleine, alors même que son accouchement en janvier s'était
opéré dans la polémique manichéenne entre
pourfendeurs et défendeurs de l'auteur Yasmina Reza!...
La mise en scène haut de gamme de Luc Bondy était hors sujet
pour les uns et renforçait la perspective pirandellienne pour les
autres!...
Tous s'accordaient à dire que les professionnels du théâtre
en prenaient pour leurs grades, aux premiers rangs desquels les comédiens
et surtout bien entendu les comédiennes!...Et donc dans tous les cas,
l'auteur Yasmina Reza faisait écran mondain ou intellectuel avec le
sujet de sa " Pièce espagnole " écrite pour Luc Bondy en trois
mois!...
Curieusement le casting d'enfer réuni pour la cause passa souvent
par pertes et profits en oubliant confusément qu'en la circonstance,
c'était bien davantage les professionnels de la critique parisienne
en place qui faisaient preuve de condescendance à l'égard des
interprètes oeuvrant sur scène que le texte d'une pièce
qu'ils stigmatisaient et où de fait se mêlaient dans une intrication
subtile et versatile, Imaginaire et Réalité!...
Désormais, loin de toutes ces controverses orchestrées,
comment en effet ne pas apprécier dans des effluves de Flamenco en
rouge et noir, la pertinence à la fois hystérique et
indifférenciée de Bulle Ogier, la vampirisation judicieuse
de Marianne Denicourt, l'évidence de Dominique Reymond,
célébrée par ses pairs grâce à une nomination
aux Molières (second rôle comédienne)?
Toutes trois faisant bloc dispersé face à Thierry Fortineau
et André Marcon, feignant eux à tort ou à raison, de
relativiser les signes avant-coureurs d'un naufrage familial!...
Pilar la mère (Bulle Ogier), Nuria (Marianne Denicourt) et
Aurélia (Dominique Reymond), les deux soeurs triompheraient-elles
de la récurrence de leurs tourments respectifs grâce aux vertus
de la répétition théâtrale concernant une pièce
improbable où la fiction pourrait endosser bien davantage que la
gravité du réel?
Ou bien, au contraire décideraient-elles de se situer
délibérément hors cadre d' "Une pièce espagnole"
pour mieux en servir la théâtralité?
Choix à la carte et jubilations à souhait!...
Theothea le 05/04/04
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LES JOYEUSES COMMERES
DE WINDSOR
de William
Shakespeare
mise en scène
Jean-Marie
Villégier & Jonathan Duverger
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****
Théâtre de l'Athénée
Tel: 01 53 05 19 19
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"Dégraisser le mammouth"!... Shakespeare n'en demandait pas tant
que l'ex- ministre de l'Education Nationale, Claude Allègre dans le
texte, puisse lui servir d'interprète en "fidèle
infidélité" pour une transposition de facétie venue
directement de l'Angleterre Elisabéthaine jusqu'à nos oreilles
ébaubies de tant d'audace de la part de Jean-Marie Villégier,
co-adaptateur et co-metteur en scène avec Jonathan Duverger, de cette
"seule véritable comédie farcesque du grand Will"!...
Sur l'autre bord de l'échiquier politique contemporain, nous aurons
droit au fameux "Je suis droit dans mes bottes" d' Alain Juppé tout
aussi pertinent interprète d'une facétieuse plaisanterie
anachronique!...
Ainsi, tout à l'avenant seront convoqués Louis Jouvet et
son timbre si propice aux imitations, Pierre Brasseur et ses intonations
venues d'ailleurs, de même que Julio Iglesias en apothéose
musicale!...
S'inscrivant dans un imaginaire de bande dessinée, les Dupond-Dupont,
Batman, Superman, Robin des bois, Charlot, la Castafiore et autres consorts
vont se mettre au service d'un Falstaff revu et corrigé en Don Quichotte
plus azimuté qu'Ubu pourtant roi incontesté du paroxysme!...
De simples tréteaux pour des jeux de rideaux aussi prolifiques
qu'un sac de noeuds en goguette serviront de cadre à un incessant
manège de gaudrioles que seul l'entracte aura l'outrance
d'apaiser!...
Qu'elles sont joyeuses ces commères au théâtre de
l'Athénée transformé temple de la transgression comique....
pour le plaisir de ceux qui veulent bien jouer à ce jeu!...
Theothea le 06/04/04
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GENGIS PARMI LES
PYGMEES
de Gregory
Motton
mise en scène
Thierry de Peretti
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Théâtre du Vieux-Colombier
Tel: 01 44 39 87 00
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© Jean-Paul Lozouet -
Plus d'un mois durant, le théâtre du Vieux-Colombier aura
proposé à son public, en création française,
le deuxième épisode de Gengis devant donner lieu par la suite
à un triptyque!...
C'est en 1999 que la création de "Chat et souris (moutons)" au
théâtre de Gennevilliers devait faire émerger le personnage
de Gengis, sous l'inspiration subversive de Gregory Motton.
Charge forcenée contre le consumérisme initié du
système capitaliste ne trouvant plus d'alternative planétaire
à sa taille, cette pièce s'auto-évalue grâce à
deux personnages récurrents, Tonton & Tata qui conseillent et
influencent Gengis auquel sont dévolues la maintenance et la survie
de ce système!...
D'humour anglais jusqu'au bout des références, la
démonstration atteint rapidement ses limites en s'appuyant sur une
mise en scène surévaluant la permanence des gags à toutes
fins, pas nécessairement utiles!...
Néanmoins de guerre lasse, le spectateur admettait par principes
les contingences du genre et pouvait notamment trouver son contentement dans
l'interprétation décapante et déchaînée
de Guillaume Galienne, répondant à celle particulièrement
démoniaque de Coraly Zahonero!...
Quant à Mathieu Genet et Pierre Vial, ils s'investissaient sur
des registres plus conventionnels à l'occasion de ce délire
théâtral qui pourrait par ailleurs inspirer le jeu par essence
expérimental du Conservatoire d'Art dramatique dirigé encore
il y a peu par l'actuel secrétaire de la Comédie-Française,
Marcel Bozonnet!...
Theothea le 05/04/04
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CREATURES
de Alexandre
Bonstein & Lee Maddeford
mise en scène
Agnès Boury
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Théâtre de la Renaissance
Tel: 01 42 08 18 50
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"BATTEMENTS DE COEUR POUR UN
DUO DE CORDES" aurait pu être à "CREATURES" ce que le salé
est à l'épicé, ce que l'intime est au collectif, ce
que l'hyper sensibilité des cordes vocales est à la volte-face
des démons intérieurs, c'est dire si la musique et le chant
qui constituent le point de ralliement du spectacle vivant ont su trouver
dans ces deux comédies musicales spécifiques, la face cachée
d'une dynamique iconoclaste!…
Montrer l'indicible, faire toucher par l'ensemble des sens les revers
du paradoxe vital, voilà bien le thème d'une renaissance
théâtrale, celle qui ose s'affranchir des balises du politiquement
correct en s'esclaffant : "L'horreur est humaine!…"
Si cinq minutes de manège sur un train fantôme pouvaient
équivaloir à quatre-vingt-dix minutes de délire
fantasmé par Alexandre Bonstein & orchestré par Lee Maddeford,
toutes les fêtes foraines se substitueraient instantanément
en bacchanales, aussi aisément qu'une citrouille en carrosse
d'or!…
"Cultes" avant même d'ouvrir le rideau rouge du bouche à
oreille, ces créatures présentement au nombre de cinq simulent
effrontément le cauchemar éveillé là où
d'autres s'efforceraient péniblement à celui de
l'orgasme!…
Au royaume des monstres de l'enfance, les volcans de l'imaginaire
n'appartiennent pas au sacré!… A l'image d'Halloween, ils constituent
en revanche le viatique apaisant face à une réalité
absurde!…
Alors que Dieu, la sorcière, le diable, la veuve noire, le vampire,
la mort, le loup-garou, l'ange et le fantôme se donnent rendez-vous
pour une valse à mille temps, sans se croire aptes au bonheur, voilà
bien du souci pour le jeune William et tous ceux qui feront l'effort
désespéré de résister aux salves d'un rire
irrépressible!…
En fées machiavéliques, Liza Michael et Ariane Pirie
emmènent le bal à l'instar d'une salsa, où les démons
dissimuleraient à leur insu, l'innocuité candide de Christophe
Bonzon, Patrick Laviosa et même celle de leur démiurge à
tous, Alexandre Bonstein!… Un régal monstrueux!…
Theothea le 04/05/04
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DEUX ACTES SACRAMENTELS
de Pedro
Calderon de la Barca
mise en scène
Christian Schiaretti
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Comédie Française
Tel: 08 25 10 16 80
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© Jean-Paul Lozouet -
Durant deux mois en alternance sur les planches de la Maison de Molière,
un auteur se prenait pour Dieu et vice versa!...
La vie devint une métaphore du Théâtre pour laquelle
ce créateur (Andrzej Seweryn) distribua les rôles en vue d'une
représentation unique et au terme de laquelle une évaluation
sans concession attribuerait à chacun son mérite selon
l'accomplissement de la tâche ludique dévolue!...
Ainsi le Roi (Eric Ruf), le monde (Thierry Hancisse), la beauté
(Elsa Lepoivre), le riche (Jean-Pierre Michaël), le laboureur (Christian
Cloarec), le pauvre (Michel Robin), la sagesse (Catherine Salviat), la loi
de grâce (Céline Samie), l’enfant mort-né (Audrey Bonnet),
s’incarnaient en des concepts vivants sur un ring balisé par des cordes
symbolisant l’éphémère temps du spectacle sous la
vespérale lueur de la «servante»!...
Des consignes strictes de mise en scène dispensaient de
répétitions fastidieuses!... l’humilité devenait le
talent suprême auquel chacun devrait aspirer s’il entendait se construire
un destin d’éternité apaisée!...
La règle du jeu était claire: «Agir bien car Dieu est
Dieu»!...
Cette tautologie fondamentale masquerait néanmoins le terrible
combat que se livrerait en seconde partie l’âme et le corps au point
de réclamer leur séparation «de leur vivant»!...
Dichotomie spéculative aux conséquences redoutables que
suscitait le travail de sape systématique du péché singeant
la Mort (Madeleine Marion), sans en posséder les
prérogatives!...
Pedro Calderon de la Barca a effectué une entrée remarquable
à la Comédie- Française sous la houlette de Christian
Schiaretti laissant la nudité du plateau sublimer l’esprit du spectacle
vivant, au point d’en livrer une substantifique épure
théologique!...
Theothea le 10/05/04
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